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Episode 2.04

Une histoire personnelle avec les séries

dimanche 18 décembre 2005, par Jarod

Avant d’entamer la nouvelle année avec une trilogie consacrée à l’Histoire des séries (sujet emplis de modestie) en guise de cadeau de Noël je vais vous parler de moi. N’ayez pas peur je ne vais pas faire 10 pages sur ma vie, mon quotidien, mes états d’âme comme pourrait le faire un certain Mad_D.. mais pour une fois Le Monde (Merveilleux) Des Séries sera le mien et je vais essayer de vous ex-pliquer pourquoi j’aime les séries et quel est mon rapport avec elles.

Il y a bien longtemps...

Quand j’étais petit garçon, je révisais mes leçons en chantant, je vi-vais dans un petit village de campagne où en hiver la nuit venue, et elle venait très tôt, il n’y avait que peu de moyen de se divertir. Mes longues avant-soirées je les paissais devant le poste de télévision à absorber les images sortant du tube cathodique. Casimir, Albator et autres Capitaine Flam furent mes premiers compagnons télévisuel. En cela je ne me distinguais pas beaucoup des autres enfants de mon âge et rien ne me prédisposait à devenir téléphage et série-phile. Puis il y eu Emma Peel.

Ceux qui ont lu le C’Dans les vieux pots consacré à Chapeau Melon et Bottes de Cuir savent déjà l’effet qu’eu sur moi la superbe, la splendide, la très sexy Diana Rigg. S’il n’y avait eu qu’elle j’aurais pu n’être qu’un érotomane fétichiste. Je n’aurais pas étalé ma science en ces pages mais sur un site réservé à un public averti et je n’aurais pas pu boire fièrement mon thé chaque matin dans mon mug arborant les couleurs du dit site comme je le fais avec celui de la LTE (d’autant plus que je bois mon thé devant des enfants).

En plus d’Emma et John, il ne faut surtout pas négliger la classe bri-tannique de Steed, il y eu le n°6 dont les aventures étranges ravis-saient mon imagination, Jim Phelps et son équipe qui auront droit à un prochain C’Dans le Vieux Pots, James West et Artemus Gordon, ou encore James T. Kirk entr’aperçu quelques dimanches après midi sur TF1. Toutes ces séries avaient pour point commun de nourrir mon imagination, de me permettre de m’évader de mon petit village bien triste. Ces fictions étaient les compagnes de mes lectures d’alors, le Club des Cinq, Jules Verne, Alexandre Dumas, Arsene Lu-pin. Je retrouvais devant mon poste le même plaisir simple et pour-tant essentiel de l’histoire, rebondissements, évasion, aventure étaient les ingrédients nécessaires à mon bien être.

Malheureusement il n’était pas très bien vu de se dire sériephile (vocable inexistant d’ailleurs). J’éprouvais une certaine honte à pas-ser tant d’heures à suivre les aventures de Magnum, Les péripéties de David Adison et Maddie Hayes où les bons temporels de Sam Beckett. Toute cette contre culture télévisuelle étaient joyeusement méprissée par les “élites” au même titre que la SF et les polars. De la même façon que je ne pouvais dire à mes profs que j’avais en horreur Balzac et Zola, que je dévorais Asimov ou Conan Doyle, dif-ficile de me dire fan de Code Quantum ou de Mission : Impossible. Il m’était pourtant facile de déclarer fièrement que je passais mes mercredi après-midi dans les salles de cinéma enchaînant deux séances. Il ne me semblait pas que c’était tellement différent que de passer une après midi à regarder deux ou trois séries chez moi.

C’est donc avec joie que je découvris Génération Séries et les Editions 8° Art. Même si, comme j’ai pu le dire par ailleurs, je ne pou-vais que rêver devant les très beaux livres de cette maison d’édition, le fait de trouver dans les rayons Beaux Arts de la Fnac des titres comme Le Prisonnier ou Chapeau Melon et Bottes de Cuir, série si importantes à mes yeux, rendaient mes plaisirs un peu moins “coupables”. Avec Génération Séries je découvrais que des “gens bien” aimaient les séries télés, et surtout partageaient cet amour aux travers de leurs articles. Alain Carrazé, Christophe Petit, Bruno Billion, Jacques Baudou, Martin Winckler, Jean-Jacques Schle-ret devinrent sans que je ne sache rien d’eux des compagnons pré-cieux.

En vieillissant mon intérêt pour les séries ne faiblit pas. Tout au contraire il grandit à mesure que je m’abonnais au câble et que les chaînes françaises découvrirent le potentiel que recèlent les produc-tions télévisuelles. L’intelligentsia française au travers de magazines comme Télérama ou les Inrock’ se mis à regarder de façon moins méprisante certaines séries. Il n’était plus honteux de suivre NYPD Blue, Les Sopranos ou Six Feet Under (ce qui eu un effet contradic-toire sur moi, je refusais d’aimer les mêmes séries qu’eux et conti-nuais à préférer Star Trek : The Next Generation, Babylon 5, Buffy productions qu’ils dédaignaient).

Aujourd’hui j’avale plus d’une vingtaine de séries différentes chaque semaine (dont je ne ferais pas la liste qui serait trop longue, mais je peux citer pour l’exemple Gilmore Girls, The West Wing, Arrested Development, The OC, Desperate Housewives, Scrubs, Seinfeld, ou encore Law & Order, The Wire, et Northern Exposure) grâce aux DVD, au câble ou à certaines troupe de théâtre qui rejouent pour moi (et d’autres) les derniers épisodes des séries US. Le petit plus c’est que grâce à l’internet je peux à mon tour faire partager mon goût pour les fictions télévisuelles, leur richesse thématique, narra-tive, créative. C’est avec une certaine émotion que j’ai retrouvé mon premier texte à avoir été publié. C’était à l’époque sur Annusé-ries, et je ne résiste pas au plaisir de le republier.


Pour un respect des séries télé

Est-ce que vous imaginez un éditeur supprimant (censurant) quel-ques pages des misérables (ou tout autre œuvre de la littérature ) pour faire des économies sur le prix du papier ; supprimant (censu-rant) les passages les plus violent pour protéger ses lecteurs (pau-vres lecteurs sans défense) et par la bande faire des économies sur le prix du papier ?
Est-ce que vous imaginez un éditeur qui publiant une œuvre en feuilleton se mette soudain à publier les épisodes en désordre ; sus-pende sans avertissement sine-die la parution du dit feuilleton ?
Est-ce que vous imaginez un éditeur donnant à traduire une œuvre étrangère à de parfaits incompétents multipliant les contre-sens, détournant les propos de l’auteur original, gommant tout ce qui pourrait choquer les lecteurs (encore une fois pauvres lecteurs) ?
Est-ce que vous imaginez un éditeur achetant une œuvre étrangère à prix d’or et la laissant dormir sur ses étagères ; la publiant en ca-timini à l’insu des lecteurs potentiel ?
Même en ayant une imagination débordante il ne nous viendrais pas à l’esprit de telles élucubrations. Mais remplaçons l’éditeur par la chaîne de télévision et l’oeuvre de littérature par la série télé, et là plus besoin d’imaginer quoi que ce soit, juste de constater que tout cela se passe en direct devant nos yeux.
Les chaînes françaises coupent dans le lard des séries les scènes qui leur semble les plus violentes, ou les plus susceptible de heurter la sensibilité de leurs téléspectateurs (pauvre téléspectateurs sans dé-fenses), certaines en profitant pour rajouter de la publicité, il n’est pas de petit profit.
Les chaînes de télévisions n’hésitent pas à programmer les séries dans le plus complet désordre, pourquoi ne pas commencer par l’épisode 5 et suivre avec le 12 qui cela va gêner ? Peut-être ceux qui cherchent un peu de cohérence dans une fiction en plusieurs épisodes. Les chaînes n’hésitent pas à suspendre les séries sans avertissement et sans donner la date d’une éventuelle reprise pour placer des programmes qui leurs semblent plus lucratif et dont la médiocrité ne troublera pas leurs téléspectateur (encore une fois sans défense).
Les chaînes de télévisions traitent par dessus la jambe le doublage des séries accumulant les contre-sens, censurant les propos cho-quant (pour les téléspectateur sensibles bien entendu), ayant re-cours à des acteurs de doublage qui trahissent les acteurs originaux (les acteurs de doublage ne sont pas en cause, ils sont soumis aux exigences des chaînes qui pensent que les séries policières doivent forcement être doublés par des voix graves et hystériques, et les séries “ados” par des voix crispantes.).
Les chaînes achètent des séries ayant eu du succès dans leur pays d’origine, et donc forcement vendu chère à l’étranger et les laissent moisir sur leurs étagères, et quand elles se décident enfin à les pro-grammer elles le font en plein été, à des heures tardives, excessi-vement tardives, ou de façon négligée en bouche trou dans les pro-grammes.
Cette attitude prouve s’il était besoin qu’en France les séries ne sont pas considérés comme des œuvres à part entière. C’est mépriser le travail des acteurs, des réalisateurs, et surtout le travail des scéna-ristes qui écrivent chaque semaines des histoires de qualité. C’est aussi mépriser les téléspectateur qui doivent se plier aux caprices des programmateurs pour suivre leurs séries.


Depuis ces quelques lignes, malheureusement toujours d’actualité, j’ai été recruté par la LTE où, depuis deux ans, je ponds avec une régularité étonnante en ces lieux des chroniques d’une qualité extraordinaire.
Je dois vous laisser j’entends frapper à la porte, ce doit être la troupe de théâtre dont je vous parlais plus haut qui vient jouer pour moi le dernier épisode de LOST.


Si vous aussi vous avez de belles histoires avec et autour des séries vous pouvez m’en faire part, un clic sur mon nom en haut de cette page et vous m’écrivez un petit message. Qui sait j’y trouverais peut être matière à une prochaine chronique.

Messages

  • >Est-ce que vous imaginez un éditeur
    >achetant une œuvre étrangère à prix d’or
    >et la laissant dormir sur ses étagères ;
    >la publiant en ca-timini à l’insu des
    >lecteurs potentiel ?

    Au risque de te contredire, ce genre de choses sont arrivées plusieurs fois dans l’histoire de l’édition moderne.
    On dira que ça arrive moins souvent.