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Episode 2.05
Une histoire des séries - 1° Partie : Des origines à l’âge d’or
dimanche 8 janvier 2006, par
Depuis deux ans et des brouettes que je chronique régulièrement en ces pages j’ai toujours eu l’envie de m’attaquer à une histoire des séries télé. Projet ambitieux que j’ai toujours repoussé par manque de temps, de volonté, de courage.
Plein de bonnes résolutions en ce début d’année je me lance donc en implorant l’indulgence des lecteurs pour la non-exhaustivité, les approximations, les raccourcis et la subjectivité revendiquée.
Avant de commencer cette série de chroniques consacrées à l’histoire des séries télé je tiens à préciser trois points :
Tout d’abord je n’ai nullement l’intention d’être original, la plupart des informations contenues dans ces chroniques sont tirés d’ouvrages de référence disponible ou non en librairie dont je donnerais la liste à la fin de cette trilogie.
Je vais souvent parler des séries qui ont eu par le passé les honneurs de mes chroniques dans Le Dico de la LTE, Le Monde (Merveilleux) des Séries ou C’Dans les Vieux Pots. Certains pourront donc avoir un sentiment de déjà vu. L’objectifs de cette série de chroniques est de placer toutes ces séries dans une perspective historique.
Enfin même si à chaque fois je me pencherais sur les productions françaises et anglaises la plus grande partie de mes propos sera consacrée aux séries américaines. Ce parti pris est lié d’une part à la plus grande importance des productions US en terme quantitatif (et parfois qualitatif) et la plus grande influence de ces séries sur les télés françaises.
Ceci posé voici donc Une Histoire des séries télé (en 3 parties, euh non en fait 4)
Au début il n’y avait rien... ou presque
Il est sans doute difficile pour les enfants de la télé que nous sommes d’imaginer qu’il fut une époque où la télé n’existait pas . Aujourd’hui tous les foyers sont équipés d’un voire de plusieurs postes, des centaines de chaînes déferlent sur la France, les téléphones portables se font récepteurs. Bref l’image télévisuelle est toute puissante. Comment imaginer qu’il y a une soixantaine d’années il en était tout autrement. Que faire de ces longues soirées d’hiver sans Charmed, CSI ou Smallville. Lire ou écouter la radio, média de masse de l’époque.
Quand la télé fait son apparition, ce sont logiquement les réseaux radiophoniques qui s’emparent de l’outil. Aux USA NBC, CBS, et ABC sont les trois network historiques qui s’installent en premier sur les ondes télé après avoir occupé les ondes radio. En France où l’État met la main sur l’unique chaîne de la RTF ce sont des journalistes de radio qui sont engagés pour occuper l’antenne.
Dans les premiers temps, les moyens techniques ne permettent pas l’enregistrement des programmes qui sont donc diffusé en direct. Dans ces conditions, la fiction n’a que peu de place. Quelques expériences sont tentées, adaptations théâtrales essentiellement, mais elles restent marginales sur des antennes occupées par le sport et l’info.
Les premiers pas.
Les radios diffusaient déjà sur leurs antennes des feuilletons et autres fictions. Elles ont donc sous la main des scénaristes prêts à servir. Une fois que les outils permettant de produire de la fiction pour le nouveau média elles n’auront pas à chercher très loin pour remplir leurs programmes.
Au début des années 50 ce sont donc naturellement des fictions radiophoniques qui sont adaptées en premier pour le petit écran, The Lone Ranger, Dragnet ouvrent la voie, mais c’est quand les moyens économiques permettent une diffusion sur l’ensemble du territoire que les fictions prennent toute leur ampleur.
La fiction télévisuelle est un genre à inventer. même si les fictions phares des années 50 ne sont pas les premières elles restent dans les mémoires pour avoir défini le cadre dans lequel évoluerons toutes les séries pendant plusieurs décennies.
À ce titre toutes les sitcoms, jusqu’à l’arrivée des nouvelles comédies comme Dream On, Sex & The City, Scrubs ou Arrested Development, sont les descendantes de I Love Lucy.
Lucille Ball ne se contente pas d’être le personnage principal de la série, elle en est également la productrice. Sous son impulsion la série va changer radicalement le mode de production de ce type de programme.
Dans un premier temps, les tournages quittent New York pour Hollywood, rapprochant la production télévisuelle de son aînée cinématographique. Les passerelles entre les deux médias ne cesseront de se développer, mises en commun des moyens de production, des décors, des acteurs, des scénaristes.
Plus encore que cette délocalisation c’est la façon de tourner les sitcoms qui change radicalement. C’est désormais en public, donc avec de vrais rires, et avec trois ou quatre caméras pour un montage plus efficace. I Love Lucy invente un style que l’on retrouve encore de nos jours.
Autres productions marquantes des années 50 Alfred Hitchcock Présente et La Quatrième Dimension. ces deux fictions restent à ce jour les deux meilleures anthologies policières et fantastiques de la télévision. Portée chacune par une personnalité forte Hitchcock pour la première et Rod Serling pour la seconde. Ce dernier, contrairement à Sir Alfred, ne se contente pas d’être l’hôte du programme, il en est un des principaux scénaristes. La série porte sa marque, ce qui explique sans doute pourquoi les adaptations ultérieures du concept n’arriveront jamais à la cheville de l’original.
Si le genre anthologie ne perdure pas l’empreinte des scénaristes sur ces deux productions donne clairement le ton : les séries télé sont avant tout une affaire d’écriture.
Le premier âge d’or de la téléfiction
Période économiquement prospère les années 60 offrent à la télévision quelques-unes de ses meilleures séries.
Dans les années 60 les grands réseaux de la télévision US sont bien installés. Les structures de production parfaitement établies et les ressources économiques permettent de mettre en chantier des séries ambitieuses.
Au tournant des modes du western déclinants et des agents secrets montants The Wild Wild West mêle les genres pour accoucher d’une série hybride, à la fois western pour le décor (l’ouest à la fin du XIX°) espionnage par ces héros (James West et Artemus Gordon sont les premiers agents du Président Grant) mais surtout fantastique par ces histoires nous présentant des soucoupes volantes, des maisons hantées, des machines miniaturisantes, des guerriers mongols en plein far-west, des méchants mégalomanes avec en tête l’immense nain Miguelito Loveless. À sa façon The WWW est le pendant américain des aventures excentriques de John Steed et Emma Peel dans The Avengers.
À la même époque Bruce Geller crée de son côté l’un des monuments de la télévision : Mission : Impossible. Les personnages sont de nouveau, plus ou moins, des agents secrets, dans le sens où ils opèrent sous couverture pour une agence gouvernementale. Mais on est loin des James Bonderie de l’époque (qui sont dans les années soixante, avec Sean Connery à leur meilleur niveau). Pas de héros solitaire et rentre-dedans, Dan Briggs puis Jim Phelps opèrent en équipe. Celle ci joue plus sur l’aspect psychologique, les machinations bien huilées et les faux semblants.
Ces deux productions rencontreront un succès planétaire. Un peu comme Star Trek mais pas complètement. Créee en 1966 la série de Gene Roddenberry eu du mal à s’imposer sur les écrans. Le premier pilote fut refusé à plusieurs reprise, une fois à l’antenne la série ne trouvera pas son public et ce ne sont que les rediffusions en syndication qui lui permit de devenir une série culte. Son discours à l’époque de sa diffusion originelle était peut-être trop en avance, trop humaniste, trop optimiste. C’est ce qui lui vaut aujourd’hui d’être une série majeure de l’âge d’or. La seule à avoir connu 4 autres incarnations télévisuelles et 10 adaptations cinématographiques.
Au même moment....
...en Angleterre :
La fiction Britanique est également très développée. Revisitant le passé “mythologique” avec Ivanoé, explorant le monde des agents secret avec Destination Danger les productions outre-Manche sont de grande qualité. Mais les deux séries capitales des années 60 sont et restent Le Prisonnier et Chapeau Melon et Bottes de Cuir.
Toutes deux sont des oeuvres d’une grande richesse narrative et formelle. Très courte et très intense la première née de l’imagination de Patrick McGoohan, qui 40 ans après reste le n°6 marque les esprits par sa vision pessimiste, paranoïaque du monde et son avance considérable sur son temps dans les sujets abordés (fichage total des individus, présence permanente du regard des caméras, contrôles des individus par les médias...) et les techniques (téléphones sans fil, carte de paiement...)
CMBC série emblématique des années 60 (crée en 1961 elle disparaît en 1969) devient une série majeure quand Brian Clemens en prend les commandes et transforme une série vaguement policière, en un délire narratif et visuel, show psychédélique, et crypto érotique.
...en France :
Dans les années 50 et 60 l’ORTF produit nombre de dramatiques adaptées du patrimoine théâtral français. Contrairement à nos cousins d’Amérique et nos voisins d’outre-Manche il n’y a qu’une seule chaîne ce qui réduit la place que peux occuper la fiction. Pourtant, c’est à cette époque que sont produite les fictions les plus marquantes de la télévision française : Rocambole, le premier Vidocq, les Cinq Dernières minutes...
A la fin des années 60 la télévision est en plein essor, mais les crises économiques des années 70 viennent mettre un coup de frein à cet essor et un point final au premier âge d’or.
Prochain épisode : L’entre-deux
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