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Episode 2.02

Sex in The Series

dimanche 9 octobre 2005, par Jarod

Il y a un an à peu près je consacrais une chronique au thème de la mort, il me semblait donc logique après avoir traité de thanatos de faire une chronique consacré à eros

Cachez ce sein

Comme tout le monde le sait les états uniens sont très prude et la vision de la nudité les offusquent au plus haut point. Longtemps le cinéma était soumis aux restrictions du code Hayes (que Hitchcock s’amusa à contourner à plusieurs occasion). De la même façon la télévision occultait sciemment tout référence directe au sexe. Si un couple amoureux décidait de se connaître bibliquement un voile pudique tombait sur leur relation.
Dans Star Trek un flou artistique digne de David Hamilton couvrait l’écran pour suggérer des intérêt romantiques. Flou incongru quand on sait que les officier féminin de Starfleet ne portaient que de minuscules mini jupe ne couvrant pas grand chose de leur anatomie. D’autre part c’est dans Star Trek qu’eu lieu le premier baiser interracial de l’histoire de la télévision.
Même les années 70 et la libération sexuelle ne changeât pas la donne. Les productions continuent de taire les faits sexuels, pas question de rentrer dans les chambres à coucher des couples légitimes ou non. Les aventures du Love Boat (La croisière s’amuse en VF) occultent se qui se déroule dans les cabines du paquebot, pas question de Love explicite sur le Boat.
Si la télévison anglaise ne se montre pas plus démonstrative dans ses séries, les sous entendus sexuel qui parsèment les épisodes de The avengers continuent de faire le plaisir du téléspectateur que je suis.
Il faut attendre les années 80 pour que la télévison US ose s’aventurer sur le terrain de la sexualité. A l’hopital de St Elsewhere pour la première fois il est question de la sexualité sans tabou. Hétérosexualité et homosexualité ont droit de cité. En ce début d’épidémie de SIDA c’est également dans les couloirs de cet hopital précurseur qu’est traité de façon sérieuse et réliste de la maladie. Au même moment L.A. Law en fait de même.
En dépit de ces avancées importante les séries des network sont encore soumis à la censure et les draps pudiques couvrent encore l’anatomie des couples amoureux.
Sur le cable pas de tabou
Puisque sur les grandes chaînes hertziennes il est impossible de voir des seins (et n’allez pas croire que je suis un petit pervers) le câble et HBO va se charger de nous en mettre plein la vue.

Libération cathodique

Avant que les filles de Sex and The City viennent nous éclairer sur les ébats amoureux dans la ville de New York, Martin Tupper nous a fait découvrir qu’en amérique les femmes avaient des seins (et des beaux qui plus est) et que lorsqu’un homme et une femme (voire deux femmes) décidaient de se ‘rapprocher” tout ne se passe pas forcement dans un lit sous des couvertures. On peut également s’amuser sur un lave linge, un canapé, une table, un bureau, par terre.... Dream On “déniaise” la télé avec élégance et humour.

Quelques années plus tard New York sera à nouveau le théâtre de joyeuses partie de jambes en l’air dans Sex In The City. Cette fois ci se sont les aventures romantiques et sexuelles de quatre new yorkaises que nous suivons. Avec la même liberté de ton, les mêmes plan sur l’anatomie masculine et féminine. Ces chroniques sur l’état de la libido féminine au tournant du millénaires cassent un autre tabou en faisant des femmes les maitres de leur vie à la fois professionelle mais surtout sexuelle. Elles ne sont plus de simple objets de désir, mais des actrices actives, voire même des prédatrices. Sex In The City fait passer de nombreux hommes de l’autre côtés du miroir en découvrant se que se racontent les filles de leur désirs, de leurs nuits, de leurs mecs.

Aujourd’hui Nip/Tuck est sans doute l’une des séries où le sexe et les pulsions sexuelles occupent la place la plus importante. Sous couvert de nous faire pénétrer dans les coulisses de la chirurgie esthétique c’est avant tout une série qui se penche sur les frustrations sexuelles de toute sorte. Celles qui découlent de l’érosion du désir dans le couple, celles qui viennent de la multiplications quasi compulsive des partenaires, celles de l’ado découvrant le sexe, celles évidement qui conduisent à vouloir changer d’apparence, paraître plus jeune, plus désirable. Tout cela est fait de façon très subtiles sous un emballage “choc”, et le discours n’est jamais moralisateur, aucun des personnages n’est jugé dans ses pratiques et ses choix.

Il ne faut pas considérer cette évolution des représentations du sexe uniquement sous l’angle “érotique”. S’il est certes plaisant pour le regard de voir certaines anatomie ce boulversement visuel de nos habitudes télévisuelles entraine également une évolution du discours. Cessant d’être tabou la sexualité peut être traitée sérieusement. Ce sont à la fois les pratiques, les orientations mais aussi les conséquences de l’acte sexuel qui entrent dans les thématiques des séries adultes.
Dans un double article sur le site mère du FLT Sullivan a très bien décrit les différentes étapes de la représentation de l’homosexualité dans les séries. Je vous recommande la lecture de ces articles et je ne m’étendrait pas plus avant sur le sujet, allez donc lire la première et la seconde partie de cet article très bien fait

Après St Elsewhere et L.A. Law aucune série réaliste ne peut ignorer les conséquences médicales et légales de l’épidémie de SIDA. nombreuses sont les fictions à s’emparer du sujet et à apporter un éclairage plus ou moins subtil sur le sujet ,que ce soit dans Urgences où Jeannie Boulet se retrouve porteuse du virus, Law & Order qui abordera à plusieurs reprise le thème sous différents angles, où encore la superbe mini-série Angels In America qui revient de façon directe mais également onirique sur l’apparition de la maladie dans les années 80.

Retour à l’ordre moral...?

Depuis l’incident Janet Jackson lors du superbowl 2004 les network ont pris un virage radical (l’administration Bush ultra conservatrice et manipulée par les lobby catholiques y est également pour beaucoup) et la liberté de ton qui s’installait dans les fictions c’est trouvée remise en question parfois de façon tout à fait ridicule, comme cet épisode d’Urgences où l’on pouvait voir sur une table d’opération le sein d’une personne âgée le temps d’un seconde qui est désormais censuré par la production.
Dans cet état d’esprit si HBO continue d’adopter un liberté d’expression quasi totale, les chaînes du câble opèrent également un relatif retour à l’ordre moral.


PS Je profite de ce post scriptum pour répondre à mon premier mail de lecteur. Nicolas Bibard m’a fait remarqué que dans ma dernière chronique consacrée entre autre à la presse série j’avais omis de citer le magazine Arrêt sur Séries. Je doit reconnaître mon ignorance, je n’avais jamais lu ce titre. Je ne doute pas de sa qualité. Je répare donc cet oubli.
Si vous aussi vous avez des remarques sur mes chroniques je vous invite à cliquer sur mon nom en haut de cette chronique pour m’envoyer un message. Ça fait toujours plaisir.