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Highlander

Bilan général

lundi 22 décembre 2003, par Zmaster

1. Présentation de la série

Né de l’imagination de Grégory Widen, l’univers Highlander n’a cessé de s’enrichir au fil des années. Fort aujourd’hui de 4 films (le dernier sortira cette année 2001 en France), de deux dessins animés et deux séries : Highlander, l’immortelle et Highlander la série. C’est de cette seconde dont je vais vous parler.

Créée en 1992 par Davis et Panzer, Highlander n’est aujourd’hui plus produite après 6 années de service et 119 épisodes. Elle met en scène un Highlander (habitant des hautes Terres d’Ecosse) : Duncan Macleod alias Mac né en 1592. Touché mortellement lors d’une bataille, il se réveille pourtant comme si rien ne lui était arrivé. Une péripétie qui lui vaudra d’être pris pour un démon et d’être exclu de son clan. Il apprendra vite qu’il est immortel, que son destin est de rester jeune, de vivre pour toujours et d’affronter d’autres immortels (qu’il repère grâce à un signal : l’accélération dès qu’ils sont à sa proximité) dans un duel à mort où le vainqueur décapite son adversaire et s’approprie toute sa puissance : le Quickening, c’est d’ailleurs le seul et unique moyen d’éliminer un immortel. Le but de tout ce petit manège, c’est d’être le dernier immortel en vie, la puissance qu’il aura alors accumulée lui permettra de dominer le monde en bien si c’est un bon immortel ou en mal si s’en est un mauvais. La seule règle à ne pas transgresser : se battre sur un lieu sacré.


2. Les personnages

Duncan Macleod (Adrian Paul) est le personnage central de la série qu’on suit à travers les siècles épisode après épisode. Il incarne le héros parfait rempli de bonnes intentions, sympathique, loyal, juste, ne revenant jamais sur une promesse, reconnaissant... Tout irait pour le meilleur du monde, si ce cher Duncan n’avait pas un long passé derrière lui, qui nous montre les limites à cette perfection, les vieux démons de son passé sont nombreux à venir le hanter. Le personnage est un régal car la longue période sur laquelle s’étale son développement permet une grande richesse et permet la découverte à chaque épisode d’une nouvelle facette, d’une nouvelle attitude ou d’un nouveau comportement face à des situations évoluant avec l’époque. Ces nombreux siècles permettent donc de suivre l’évolution à long terme du personnage à travers chaque époque.

La volonté de Duncan peut-être considéré comme une vraie leçon, il a tendance à perdre tragiquement les personnes qui lui sont très proches, mais réussira toujours à aller de l’avant bien que chaque nouveau départ soit toujours aussi difficile le temps n’y changeant rien.

Richie Ryan (Stan Kirsch) était un jeune voyou avant de rencontrer Duncan qui le prend sous son aile, il est impulsif et irréfléchi mais gagne rapidement en maturité. Il devient immortel au début de la seconde saison ("Plus sombre que la nuit"), après s’être fait abattre par un junky et devient par la même occasion l’élève de Duncan. Comme tout jeune immortel, il ne réalise pas tout de suite toutes les implications que cela entraîne et redescendra vite de son petit nuage. Il meurt décapité par erreur par Duncan lorsque celui-ci mène un combat contre le mal. Duncan aura vraiment beaucoup de mal à surmonter cette nouvelle épreuve.

Tessa Noël (Alexandra Vandernoot) la fiancée de Duncan au début de la série et depuis déjà 10 ans, elle est mal dans sa peau car elle sait qu’elle est la seule à vieillir et a beaucoup d’appréhension concernant leur futur, elle vît sans cesse dans l’inquiétude à chacun de ces nouveaux duels et comme cela ne suffisait pas, les joies de la maternité lui sont refusées puisque les immortels ne peuvent pas avoir d’enfants. Elle meurt tragiquement au cours de la même attaque qui rendra Richie immortel.

Amanda (Elizabeth Gracen) est une amie de longue date de Duncan depuis leur rencontre en 1635. Bien qu’elle soit 3 fois plus vieille que lui, elle en est autant de fois moins mature. C’est une experte du vol et des coups tordus entraînant irrémédiablement Duncan dès qu’un problème se présente à elle, le mêlant ainsi à des affaires dont il se passerait bien. C’est un personnage à caractère plutôt comique puisqu’on la retrouve en général dans des épisodes du même genre, ce qui ne l’empêche pas parfois d’être sérieuse.

L’année suivant l’arrêt de la série, le personnage d’Amanda obtient la sienne sans nul doute bien inférieure à l’original, rompant totalement avec l’esprit Highlander virant même vers le policier et avec une Amanda métamorphosée en l’espace de quelques mois en femme mature, débrouillarde et sérieuse. Bref, pas joli à voir ! Ces changements ne plurent pas aux téléspectateurs puisque la série fut annulée au bout d’une saison.

Méthos (Peter Wingfield) le plus vieil immortel et le plus sage. Il rencontre Duncan au cours de la saison 3 (dans un épisode intitulé "Méthos"), il sait se faire discret car beaucoup de monde ne voit en lui qu’un mythe. Du haut de ses 5000 ans, il a su accumuler une connaissance et une sagesse impressionnante et vitale car nombreux sont les immortels qui rêvent de lui prendre sa tête. Il est réfléchi et jamais impulsif, il est bon conseiller pour Duncan, jusqu’au jour où il rencontre l’amour de sa vie dont les jours sont comptés, complètement transformé il partira avec elle sur un coup de tête faire le tour du monde, nous montrant ainsi que les faits et gestes d’une personne ne sont pas prévisibles même si on croit la connaître et l’avoir cerné parfaitement. Après cette péripétie il retrouvera sa sagesse légendaire mais il n’en sera pas moins transformé en son profond intérieur. Bien que son évolution ne soit que peu visible au cours des derniers siècles, elle n’en est pas moins existante, et son passé de tueur sanguinaire resurgira au moment où il s’y en attendra le moins.

Joe Dawson (Jim Byrns) fait partie de la société secrète des Guetteurs qui a pour but d’observer et de consigner les faits et gestes des immortels sans jamais interférer dans leur vie. Mais ce n’est pas si simple puisque, une branche de cette société dont James Horton est à la tête, s’est marginalisée et s’est donnée pour objective d’éliminer les immortels les considérant comme des erreurs de la nature, un affront à la race humaine. Ce qui posera pas mal de problèmes à la relation amicale interdite entre Duncan et Joe son guetteur, puisque Duncan fera tout ce qui lui est possible pour empêcher cette société de nuire à ses congénères. Comme Duncan, Joe est loyal, il aura d’ailleurs du mal à trahir ses anciens compagnons devenus renégats mais il est également juste et responsable puisqu’il sera faire le choix lorsque celui deviendra indispensable.

Les guetteurs amènent un plus qui manquait lors de la première saison : une mythologie, qui ne rend la série que plus intéressante à suivre.

Charlie DeSalvo (Philip Akin) gérant du dojo de Mac et issu d’un milieu difficile, il est l’exemple qu’avec un peu de volonté il est possible de s’en sortir. Il meurt également d’une façon tragique dans les bras de Duncan.

Darius (Werner Stocker) est un ancien général qui écumait l’Europe il y a des siècles de cela et qui décida de changer de vie pour devenir prête et ne plus se battre, après avoir décapité un saint homme. Aujourd’hui, il passe son temps à aider les autres au lieu de détruire leur vie. Conscient de sa grande sagesse, Mac vient souvent chercher conseil auprès de lui. Il meurt décapité dans son église par les guetteurs renégats.

Anne Lindsay (Lisa Howard) médecin et fiancée de Mac après la mort de Tessa. Lorsqu’elle découvre l’immortalité de Mac, elle se retrouve confrontée à un dilemme : l’amour qu’elle a pour lui et son aversion pour les exécutions qu’il est amené à faire. Elle décidera en fin de compte de se séparer de lui ne pouvant se faire à l’idée de vivre avec un homme qui en tue d’autres alors qu’elle a décidé de consacrer sa vie à les sauver.


3. L’esprit de la série

De nombreux sujets intéressants sont abordés par la série qui essaye de jouer sur deux tableaux en mêlant les épisodes "comiques" et détendus aux épisodes beaucoup plus sombres, le plus omniprésent est sans aucun doute l’immortalité et vous me direz c’est assez normal.

L’immortalité est un des grands rêves de l’humanité, mais il suffit de regarder la série pour tout de suite comprendre ce qui l’en est et le message apporté est très clair : la vie éternelle est plus un calvaire qu’un cadeau, voir vieillir et mourir tous ses proches régulièrement à lui seul est un argument assez convaincant, mais ce n’est pas tout le fait d’être immortel implique qu’il faut rester discret car la chasse aux sorcières pourrait vite être donnée, la célébrité n’est pas interdite mais ne peut-être qu’éphémère et il est souvent difficile de retomber dans l’anonymat le plus complet, tous les 10 à 20 ans il faut repartir de zéro ou presque dans un autre pays. Ce sont toutes ces contrariantes qui ont fait craquer plus d’un d’immortel dans la série, chacun d’entre eux est un jour passer par une période noire mêlant lassitude et dépression, l’issu pouvant être tragique. D’ailleurs Duncan dit bien à plusieurs reprises qu’il donnerait tout pour vivre normalement, pouvoir vieillir au coté d’une femme et avoir des enfants.

L’autre avantage de ce sujet de l’immortalité c’est qu’il amène inévitablement une réflexion sur la vie et la mort, la volonté et la force pour continuer à vivre ou l’envie de mourir.

Un autre message que la série essaye de faire passer est le fait d’apprendre à pardonner et sur les questions : "Peut-on tout pardonner ?" "Des siècles de bonnes actions effacent-ils quelques années de mauvaises ?", et là aussi le temps sur lequel se déroule l’action s’y prête bien car nombreux sont les immortels qui ont su évoluer de personnes peu respectables en personnes repentis de leurs méfaits passés, comme Méthos ou Darius général qui écumait l’Europe et qui décida un jour de ne pas détruire Paris et devenir prête pour aider les autres. Ceci est tout à fait transposable, pour une période bien sûr plus restreinte, au monde réel.

La série disserte également sur la frontière fragile qui existe entre le bien et le mal à travers les immortels : qu’est ce qui peut bien pousser les gens à franchir le pas qui les sépare du bien du mal et vice versa ?


4. Côté technique

Coté technique la série nous gratifie d’une très bonne B.O. reprise du premier film et réalisée pour l’occasion par Queen ("Princes of the Universe", "Who wants to live forever ?"...), ce qui colle donc parfaitement à l’esprit de la série celle-ci étant du même ton que le premier volet des aventures de Connor MacLeod.

Les effets spéciaux tiennent également la route notamment lors des scènes de Quickening, mais le plus remarquable, et de loin, est la richesse des décors et des costumes avec une réelle volonté de restituer au mieux les différentes époques où nous sommes plongées lors des flash-back de Duncan, le tout mêler avec des reconstitutions de faits historiques réels comme les grandes guerres, les épidémies de peste, l’esclavagisme, la ségrégation...Highlander nous propose une revisite de l’histoire mondiale pour apprendre, pour ne pas oublier ou pour apprendre à ne pas oublier.

La série est une coproduction franco-américaine, elle fût longtemps la série "française" la plus vendue à l’étranger avant de se faire détrôner par "Sous le soleil". D’abord diffusée et produite par Gaumont-TF1, elle passe dès la seconde saison sur M6 qui lui offrira une programmation disons plus ou moins acceptable, souvent sur le coup de 18 heures-18 heures 30 en semaine avec une rediffusion à peu près tous les ans, ce qui fait tout de même un peu trop (chaque rediffusion ne leur coûtant rien vu qu’ils produisent la série). Les épisodes ne sont pas toujours diffusés chronologiquement et la série n’est pas souvent proposée dans son intégralité, bien que la chaîne pallie son erreur en programmant les épisodes quasi-inédits en 3ème partie de soirée, mais nous restons tout de même gâtés lorsqu’on sait qu’aux USA chaque épisode était amputé de 4 minutes pour satisfaire aux caprices de la publicité.

Signe de cette coproduction, la série fût tournée à Vancouver et à Paris et le casting regroupe en général des acteurs français ou américains.

En résumé, on n’est tout de même loin de crier au génie pour cette série, mais elle est très agréable à regarder et n’est pas dénuée d’âme et de sens, bref un bon divertissement