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Homicide
Saison 1
Homicide : Life on the Street
mercredi 18 août 2004, par

Contexte de la Saison 1
Neuf épisodes (seulement) nous sont ici proposés, une sorte d’entrée en matière compte tenu des 122 épisodes que l’on dénombrera au final. Neuf épisodes pour planter le décor.
Une première constatation me vient à l’esprit, les teasers (pré-génériques pour les non-initiés hi hi hi) sont très souvent indépendants des épisodes. Ils ne retracent pas une mort, ou un événement lié à une enquête, mais préfèrent s’attarder sur les enquêteurs en prise dans des débats philosophico-incompréhensibles ! Cette façon de faire surprenante (du moins comparés à d’autres séries) permet de pénétrer dans les personnages en dehors des enquêtes. Car c’est une sacrée bande à laquelle on a affaire ici, ils sont 8 inspecteurs au total : quatre équipes de 2 sous la tutelle du Lieutenant Al Giardello (Gee pour les intimes). Chaque équipe a en charge une affaire, certaines résolues illico, d’autres traînant sur plusieurs épisodes avant de trouver une solution, ou ne pas en trouver. Nous vivons donc en parallèle et de façon hyper réaliste (superlatif communément utilisé pour coller une image à ‘Homicide’ alors je le pompe !) les enquêtes de la Brigade Criminelle. Des 8 personnages, il apparaît tout de suite que certains sont plus en retrait que d’autres dans cette Saison.
CROSETTI / LEWIS ; peu convaincants
Ayant à charge la première enquête de la série, l’histoire d’une femme assassinant son mari pour toucher une assurance-vie, ces deux personnages vont se révéler plus ou moins dispensables. Deux personnalités peu marquées, que l’on est censé retrouver à leur avantage dans les épisodes 5 & 6 : Son of a gun, A Shot in the Dark, où ils sont affectés à la résolution de la mort d’un ancien collègue de Crosetti. Dans cette affaire à laquelle il est lié personnellement, l’inspecteur Crosetti n’hésite pas à condamner un innocent pour le meurtre de son ami, Lewis remet heureusement l’arrestation en question pour aboutir au véritable meurtrier. En somme, c’est un début poussif avec ces deux personnages difficiles à cerner, un peu mis sur la touche par les scénaristes.
BOLANDER / MUNCH ; les extrêmes
John Munch personnage principal d’Homicide ? Non, certainement pas, mais emblème de la série oui. Munch n’est pas plus à l’écran que les autres, mais ses apparitions marquent, une vraie figure ! Il faut l’entendre pour le comprendre, un véritable extraverti, éternel insatisfait en conflit permanent avec la société, toujours avide de reconnaissance. L’énergumène fait équipe avec Stan Bolander, un vieux routard plutôt timide et séquestré par son passé (divorce etc...), auquel Munch accorde le plus grand intérêt, mais on doute que les conseils du mystérieux inspecteur aux lunettes teintées soient très avisés ! Munch vient égayer l’ambiance morbide régnant dans l’enceinte de la Brigade, chaque jour des appels, des nouveaux morts, des nouvelles enquêtes, et des personnages dont la vie privée s’en ressent parfois.
HOWARD / FELTON ; la belle et le boulet :)
Beau Felton est un inspecteur abondant d’un humour niais et auquel colle une espèce d’image « gentillet » très très énervante. On se demande d’ailleurs comment Kay Howard (seule femme de l’équipe) arrive à supporter ce « boulet ». Leur enquête la plus intéressante intervient en deuxième partie de saison, traque de Pony Johnson, une « dealer » auteur de 2 meurtres-tortures dans une affaire de drogue. Felton apporte ainsi un côté décalé à la série, dans le genre « dédramatisation » de situation, il adoucit l’humeur de Kay qui n’est pas une femme facile à aborder. Concernant ces deux personnages, et surtout Kay, une place plus importante leur sera accordée dans la suite de la série, mais ça évidemment, on n’est pas censé le savoir à ce moment-là, et on est en droit d’être irrité par les interventions de Beau (prénom officiel : Beauregard lol) à qui la V.F. a en plus offert la voix du doubleur habituel de Bruce Willis. En conclusion, personnage attachant mais trop poussé. Une sorte d’appui plus que de véritable aide pour Howard, qui ne connaît pas avec lui de rivalité professionnelle de méthodes ou de réussite. Cela explique en partie qu’Howard n’exprime pas encore tout ce qu’elle a en elle, sa vision des choses etc... patience, cela viendra prochainement. En somme une affaire de drogues dans cette série qui se veut le reflet de la réalité, et nous confronte à tous types de meurtres, des règlements de compte aux meurtres d’enfant comme celui qui nous est raconté durant la moitié de la Saison.

BAYLISS / PEMBLETON & l’Affaire Adena Watson
Le meilleur pour la fin, le gros morceau de la Saison 1 (voire de la série...). Tim Bayliss, un jeune inspecteur, débarque à la Crim’ et est affecté en numéro 1 au meurtre d’Adena Watson, une fillette noire de 10 ans violée et assassinée (dans les enquêtes, des deux équipiers il y en a toujours un de premier sur l’affaire, c’est généralement celui qui répond à l’appel téléphonique concernant l’affaire). Il est mis en équipe avec Frank Pembleton, qui s’illustre rapidement comme l’individu le plus charismatique de la série (avis évidemment parfaitement subjectif mais bon c’est un putain de personnage quand même !). Le bonhomme ne manque pas de faire savoir à Bayliss qu’il préfère travailler seul et ne souhaite pas de son aide. Pembleton, black égocentrique, sait qu’il est un bon enquêteur (ce qui semble être vrai) et ne souhaite pas être dérangé dans ses habitudes. Cependant il n’a pas le choix, et va s’accorder peu à peu à faire équipe en bonne intelligence avec Bayliss. Pour sa première enquête, ce dernier se casse les dents : les cinq premiers épisodes retracent en fil rouge la recherche du meurtrier d’Adena Watson, pour aboutir à une impasse. La conclusion provisoire du dossier est l’épisode 5 de la série : Trois hommes et Adena (et non pas Trois hommes et un couffin...) Cet opus fabuleux, huis-clos, confronte Bayliss & Pembleton au suspect principal retenu parmi les trois hommes susceptibles d’avoir tué Adena Watson : un Marocain. Douze heures d’interrogatoire incroyables (un vrai truc de fou, ce serait la série 24 on aurait eu droit à une moitié de saison !), une pièce de la série d’une tension dramatique inimaginable, qui reçut d’ailleurs un Emmy Award (1993 donc) pour le prix de l’écriture, l’honneur en revient à Tom Fontana, auteur de l’épisode.
Le Marocain s’en sort intact, il a soit magnifiquement caché sa culpabilité, soit magnifiquement défendu son innocence, dans tous les cas pas suffisamment d’éléments ne sont disponibles pour le retenir, c’est un échec cuisant pour Bayliss -et de par le fait Pembleton bien sûr- mais l’impact psychologique sera beaucoup plus grand pour le jeune enquêteur.
Véritable classique du petit écran, ce Trois hommes et Adena est une bonne claque et je passe des superlatifs pour décrire ce bijou, en quelque sorte l’aboutissement de la montée en puissance de la série. Comme revers de la médaille à tout chef d’œuvre, l’enchaînement est difficile, et ici s’avère même médiocre.

- Adena Watson (saison 1)
2nde partie de saison Bof Bof Bof
Entre insipides et soporifiques (c.f. A dog and Pony Show), les épisodes 6 à 9 choquent un peu par leur manque de rythme et d’inspiration. Le contraste est énorme avec les épisodes 1 à 5, je m’explique difficilement une si grande scission, comme si ces épisodes post-Adena avaient été rajoutés.
Dans les faits marquants, on retiendra que Pembleton refuse une promotion en Lieutenant. L’occasion de revoir à l’écran l’antipathique Capitaine Barnfather, le genre de supérieur dont l’apparition est systématiquement associée à une embrouille, comme dans l’Affaire Adena Watson où il a rameuté toute une horde d’enquêteurs pour venir en aide à Bayliss & Pembleton (la pression, le temps qui passe blablabla), ce qui a induit la communication à la Presse d’informations qui n’auraient peut-être pas dû être divulguées.
On s’attarde un peu plus sur le quotidien des personnages : Bolander qui convoite une médecin légiste, Munch qui rompt avec sa compagnone (mais pourquoi a-t-elle attendu si longtemps ?!). De façon générale on s’ennuie ferme, Bayliss a un regain d’éléments de preuve dans l’affaire Watson mais c’est à nouveau un cul-de-sac.
To be continued
Vous l’aurez compris, on a fait le tour avec la Saison 1 de notre chère ‘Homicide Life on the street’, nous avons donc baigné durant neuf épisodes dans la bassesse de l’homme et la noirceur. La réalisation, est parfaitement maîtrisée, s’appuyant sur des micro-coupures volontaires qui font penser à des bugs lors d’un changement de plans. Cela s’accompagne par un léger retour en arrière. Un style à part, une façon de montrer qui ne se veut pas choquante, mais simplement hyper-réaliste (encore cet adjectif oui oui parfaitement et vous en avez pas fini je compte le recaser dans les chroniques des autres saisons).
Dommage dommage que cette fin de saison nous ait grave laissé sur notre faim, on est en tout cas bien imprégné (moi en tout cas) de la vie de cette petite équipe que l’on va retrouver dans une Saison 2 courte mais intense...
Petit rappel sur les raccourcis utilisés ci ou là dans le texte :
HLOTS sont les initiales de Homicide : Life on the Street
Gee est le diminutif d’Al Giardello
Munchkin est le surnom de John Munch
Le bocal est la pièce d’interrogatoire et... c’est tout.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires