CAPE WRATH (Meadowlands) — Saison 1
Addition d’ingrédients
Par Sullivan Le Postec • 27 mai 2008
« Cape Wrath » est une coproduction de l’anglaise Channel Four et de l’américaine Showtime, tournée en Grande Bretagne avec des acteurs du cru. « Cape Wrath » est le titre de la série sur Channel Four, « Meadowlands » celui sur Showtime.

« Cape Wrath » [1] est un de ces high-concept show qui laisse nécessairement celui qui doit les résumer plongé dans la perplexité le temps de trouver par où commencer. Mais essayons.

Il y a trois ans, Danny Brogan s’est associé avec des criminels pour ouvrir un bar ; un temps, le lieu fut un succès, jusqu’à ce que l’association de Brogan avec la pègre dégénère et que l’établissement soit incendié alors que l’un des deux enfants de Brogan se trouvait à l’intérieur. Mark, un jeune garçon fragile et couvé par sa mère, s’en est sorti avec simplement de graves brûlures aux mains. Mais les séquelles psychologiques sont plus graves : il refuse de quitter sa paire de gants et n’a pas prononcé un mot depuis. En conséquence, sa soeur jumelle, Zoe, avec qui il a une relation intinctive, est la seule personne dont il soit réellement resté proche. Mais déjà, je digresse. Nous sommes donc trois ans plus tard et Danny Brogan a du témoigner contre ses anciens associés et, pour sa protection, être placé dans un programme de protection de témoins. En fait, Danny Brogan ne s’appelle donc pas ainsi, mais Eddie Foy.
La famille ’’Brogan’’, Danny, sa femme, la jolie Evelyn, et les deux jumeaux, Mark et Zoe, est donc envoyée dans un village de carte postale, Meadowlands, dont tous les habitants font partie du même type de programme. Les voisins sont donc autant de personnages fantasques et/ou inquiétants qui composent un environnement des plus étrange qui doit néanmoins se fondre tant bien que mal dans un moule d’apparente banalité.

Nous sommes donc dans une sorte de « Prisonnier » — Les Brogan n’ont pas le droit de quitter le village de Meadowlands — rencontre « Twin Peaks » — les personnages ‘‘barrés’’ et le coté soap détourné — rencontre « Edward aux mains d’argent » — le style du Village et le personnage de Mark — rencontre « Desperate Housewives » — la vie ménagère entre voisins de banlieue aisée qui peuvent s’épier les uns les autres par la fenêtre, et la femme du médecin, sorte de Bree Van de Kamp trash — rencontre « Lost » — chaque personnage a un passé secret, et chaque épisode est l’occasion de découvrir le secret de l’un des personnages.
Et comme tout cela devait encore sembler un peu trop simple, il nous faut ajouter une dernière rencontre avec « X-Files » puisque le projet Meadowlands est plus qu’une simple programme de protection, mais une véritable conspiration, le théâtre d’une expérience comportementale secrète qui constitue la suite des travaux du père de l’agent de liaison qui sert de contact aux personnages de la série. Ouf !

On l’aura compris l’unique originalité de la série réside dans la nature contrastée et le nombre des références qu’elle mixe pas toujours sans éviter les problèmes d’indigestion. Intrigante au premier abord, la série finit par se saborder à force d’être avant tout un fourre-tout sans queue ni tête.

Nous ne passerons pas en revue les multiples personnages de la série, d’abord parce que cela serait fastidieux, mais aussi et surtout parce que cela serait déflorer le principal attrait de la série. Un mot quand même sur Mark, le fils aux tendances autistiques, formidablement interprété par Harry Treadaway : c’est un portrait fascinant, qui représente le meilleur de ce que « Meadowlands » a à offrir, notamment de part la relation charnelle hors norme entre cet adolescent de 17 ans et sa voisine Brenda, quasi-quinquagénaire aux formes généreuses !
Brenda est par ailleurs la mère d’une fille dont elle vante sans cesse la beauté prodigieuse. Ce qui n’est sans doute pas complètement faux, mais n’empêche pas d’être surpris au moment de découvrir l’adolescente aux formes très généreuses.

Un autre point sur lequel la série pêche, comme beaucoup de séries du câble récentes, c’est dans l’accumulation parfois abusive de rebondissements et de personnages ’’chocs’’, rarement aussi bien écrits que le cas particulier de la relation entre Mark et Brenda. En conséquence, la violence de l’ensemble aboutit logiquement à une sensation de gratuité. Pour protéger son fils sur le point d’être victime d’un viol, Mark Brogan assassine ainsi quelqu’un au deuxième épisode, avant de dissimuler son corps. Un événement qui n’est traité que sous l’aspect du ‘‘découvrira-t-on sa culpabilité ?’’, mais qui ne semble avoir aucune réelle conséquence sur la psyché du personnage. Même si c’est volontaire, il aurait fallu que ce soit traité.

Par ailleurs, la mythologie de la série en vient vite sur les 8 petits épisodes de la saison, à confiner au grotesque. C’est donc sans trop de regrets qu’on assistera à la conclusion sous forme de cliffhanger de la série, qui ne devrait pas connaître de suite.

Dernière mise à jour
le 16 février 2011 à 22h13

Notes

[1Channel Four/ Showtime/ Ecosse Film.
Créé par Matthew Alridge et Robert Murphy.
Première diffusion : été 2007.
Le premier épisode était présenté dans le cadre de la comptétion officielle des 21e RITV.