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Episode 1.05

Adaptation - Épisode I - La menace cinéma

mercredi 12 janvier 2005, par Jarod

Ouvrons en ce début 2005 (bonne année à tous) une série de chroniques, une trilogie (parce que ça fait bien d’avoir une trilogie dans son oeuvre) consacrée aux adaptations diverses dans l’univers des séries télévisées. Vaste sujet dont le premier épisode est consacré aux échanges entre télévisions et cinéma.
Il m’est impossible de parler de toutes les adaptations cinéma et télévisées. Je ne me pencherais que sur les plus significatives, les plus marquantes, et celles que je n’ai pas oublié.

Du petit au grand

Depuis une dizaine d’années l’industrie cinématographique hollywoodienne en mal d’inspiration s’est tournée vers le petit écran afin d’y trouver des idées de scénarii. Deux films, deux succès au box-office (et deux réussites tout court) ont lancé la mode des adaptations cinématographiques de séries populaires.

Les Incorruptibles
Avec un réalisateur de renom, Brian De Palma, un casting mêlant vedettes montantes, Kevin Costner, et stars confirmés, Sean Connery et Robert de Niro, des scénaristes s’attaquant à une série des plus populaires et des plus classique de la télévision américaine et mondiale le pari était risqué. Le pari est remarquablement réussi.
Le film n’a pas à rougir de son aînée cathodique. Bien sur on peut objecter que déjà la série était une adaptation et que le film n’est donc pas véritablement l’adaptation de la série culte. Il n’empêche que pour le commun des spectateurs Les Incorruptibles est avant tout une série télé, et que nombreux sont ceux qui sont aller voir le film en ayant mémoire les aventures d’Elliot Ness sur le petit écran.

Le Fugitif
Autre monument télévisuel, Le Fugitif en passant sur grand écran donne lieu à un film de très bonne facture. Mettant en vedette Harrison Ford et Tommy Lee Jones, l’adaptation cinéma respecte la série originale. La série était une course poursuite, le film est une course poursuite. Certes le scénario se recentre autour de “la mythologie” de la série, la double chasse à l’homme Kimble après le mystérieux manchot, Gérard après Kimble. Pour autant le film ne dénature pas l’esprit de l’original, il modernise le propos et le rend accessible à un nouveau public, et provoquera la mise en chantier d’une nouvelle série télé, mais qui ne connaîtra pas la longévité de son aînée.

Ces deux succès critiques et public donnent des idées au studio en mal de scénarii. Et si l’adaptation des séries cultes était la recette miracle pour le box-office.
Prenez un programme a succès, encore dans les mémoire collective grâce à de nombreuses diffusions télé, et donc possédant un public potentiel important, remplacez les anciens acteurs, de toute façon trop vieux pour le rôle, par des vedettes d’aujourd’hui susceptibles d’attirer encore plus de monde, rajeunissez le concept pour coller au goût du jour, secouez fortement et vous obtenez le cauchemar des amateurs de séries.

Mission : Impossible
Fort de son succès avec les incorruptibles c’est à Brian De Palma que fut confié l’adaptation cinématographique d’une des plus grandes série de l’histoire de la télévision. Les fans avaient de quoi être impatient de voir le résultat, même si la présence incongrue de Jean Reno et Emmanuelle Beart pouvait les refroidir. Tout comme celle de Tom Cruise.
Ils ne furent pas déçus. Du moins pendant la première demi heure. Le pré générique nous montre la fin d’une mission avec retrait de masque et démontage de décors de théâtre typique de la série. Le générique reprend la construction de l’original avec la musique de Lalo Shiffrin. Puis Jim Phelps reçoit une mission sur une cassette qui s’autodétruit après cinq secondes, il monte une équipe, échafaude un plan et puis tout s’écroule. Le plan foire, l’équipe est tuée. Enfin presque il ne reste que Tom Cruise. Le reste du film est un “Cruise Show”. Le Beau Tom devient à lui seul toute l’équipe de l’IMF foulant allègrement le concept de la série, nous embarquant dans une histoire totalement incompréhensible. Avec pour insulte suprême envers les fans et la série originale la transformation de Jim Phelps, leader emblématique de l’équipe, en vulgaire traître motivé par l’argent.
Le second film signé John Woo ne fera pas mieux. Mission : Impossible sera pour toujours une grande série. Les films n’ayant rien à voir avec elle, et ne pouvant pas faire oublier ce qu’elle était.

Chapeau Melon et Bottes de Cuir
Serpent de mer, Arlésienne, le projet de film tiré des aventures de Steed et Peel fut maintes fois évoqué (bien avant que ce genre de long métrage ne soit à la mode) et maintes fois repoussé. Les fans s’impatientaient. Profitant de l’effet de mode l’adaptation fut enfin lancée. Uma Thurman en Emma Peel, Ralph Fienes en John Steed, Sean Connery en vilain et un tâcheron à la réalisation. Les premières inquiétudes se firent sentir devant ce casting où fut oublié la différence d’âge qui existaient à l’origine entre Steed et Peel (dans un très bon article M. Winckler soulignera qu’il aurait été plus judicieux de donner le rôle de Steed à Connery). Mais ont ne pouvait préjuger du résultat. Pourtant la déception fut à la hauteur des attentes. Il ne suffit pas de reprendre les gimmiks de la série, rue de Londres vide, poursuite en voiture dans la campagne, repère du vilain dans un manoir, costumes excentriques, voire de piller les idées déjà exploités, QG de Mother dans un bus, maison diabolique, pour faire un film.
Scénario indigent, réalisation pitoyable, outrage lèse majesté (Steed ne doit jamais embrasser Peel sous aucun prétexte), dialogue lourdingues loin des sous entendus de la série. L’apparition de Patrick Mac Nee ne viendra pas sauver le film du naufrage. Au moins l’échec au box office nous épargnera de voir une suite.

Les grandes séries ne sont pas les seules à subir les outrages du passage sur grand écran. D’autres qui n’ont pour elles que le fait d’avoir eu un petit succès en leur temps se voient transposés au cinéma.
Qui aurait pu croire qu’il y aurait un jour un film Starsky et Hutch. Comment imaginer que cette série devant laquelle nous somnolions après le repas dominical deviendrait une “oeuvre” cinématographique (pas si mauvaise que ça en plus). Plus fou encore Les Drôles de Dames sont en passe de devenir une franchise cinéma après 2 adaptations clipesques (totalement nulles, Bille Muray étant le seul bon point du premier opus, et il n’est même pas dans le 2).
Juste un mot pour évoquer des séries presqu’inconnues sous nos latitudes qui eurent droit à un passage par les salles obscures. Lost In Space la kitchissime série de S.F. se retrouva miraculeusement sur grand écran avec Gary Oldman, Matt “Joey” Leblanc, William Hurt et Heather Graham, ce qui ne l’empêcha pas d’être un désastre complet. I Spy (Les Espions) série soporifique avec Bill Cosby et ? se transforma en comédie nullissime pour Eddy Murphy. Clara Danes après Angela ce commit dans l’adaptation de Mod Squad.

Toutes les transpositions ne sont pas l’oeuvre de producteurs assoiffés de dollars cherchant dans les succès télévisés matière à pop-corn movies.

The X Files
Cas unique dans l’histoire d’une série, le film fut produit alors que la série était toujours à l’antenne. Je ne développerais pas le sujet, ayant déjà signé un Previously On consacré au film.

Star Trek
Si la série fut un échec lors de sa première diffusion télévisée, elle fut sauvés de l’oubli par la grâce de la syndication et les nombreuses rediffusions. Le culte était en marche et il fut question à la fin des années 70 de faire revenir l’Enterprise de Kirk sur le petit écran. Mais entre temps le succès de Star Wars incita la Paramount à lancer la production d’un long métrage. Gene Rodenberry, créateur de la série supervisa ce premier film pour conserver l’esprit de la série. Cette première aventure cinématographique déçu quelque peu les fans mais rapporta suffisamment d’argent pour que Kirk et son équipage continuent leurs aventures au cours de 5 autres films de très bonne facture (sauf le 5). Picard & co eurent aussi droit de s’amuser sur grand écran à quatre reprise.

Twin Peaks
OTNI, série poético-fantastico-policièro-soapesque, Twin Peaks de David Lynch après la fin prématurée de son bébé télévisuel se tourna vers le cinéma pour donner un extension à son univers.
Le film nous conte les 7 derniers jours de Laura Palmer. Plus sombre, manquant de l’humour qui coulait dans la série, plus hermétique aussi, le prequel de Twin Peaks répond à un certains nombre de questions tout en posant d’autres et laisse le spectateur perplexe devant cette transposition sur grand écran des aventures se déroulant dans le ville aux 51501 âmes.

Babylon 5, Firefly
Les fans de séries, s’ils s’attendent plus à grande chose quand ils entendent parler de prochaines adaptations de leur show, attendent avec impatience la nouvelle aventure de Babylon 5 que JMS leur prépare pour le cinéma. Tout comme ceux qui furent séduit par les 13 épisodes de Firefly attendent le printemps pour découvrir Serenity le film que Joss Whedon à tiré de sa courte série de SF. Il est à noté que seule police Squad ! fait mieux que Firefly qui se retrouve sur grand écran après seulement 13 épisodes. La série du trio ZAZ ne connut que 6 épisode et 3 long métrages, ce qui fait que Frank Drebin à passé plus de temps sur grand écran que sur petit.

Il ne faut pas chercher uniquement de l’autre côté de l’Atlantique pour trouver des adaptations de séries au cinéma.

Belphegor
Avant de s’attaquer à Arsene Lupin (qui malgré l’outrage s’en remettra) Jean Paul Salomé mis en scène l’adaptation de Belphegor ; Ce feuilleton tint en haleine la France dans les années 60, et provoqua plusieurs traumatisme sur des enfants en bas âge, subit les mêmes outrages que ses homologues US lors de son passage sur grand écran. Casting prestigieux (Sophie Marceau, Michel Serrault, Julie Christie, Frederik Difendhal) apparition anecdotique d’acteur de la série originale pour légitimer l’entreprise (Juliette Greco fantomatique) rajeunissement de l’intrigue, utilisation d’effets spéciaux, scénario tout pourris, fan en colère devant le résultat catastrophique.
Vous pensez qu’on ne peut pas faire pire...

Absolument fabuleux
Gabriel Anghion persuadé qu’il est un grand cinéaste abordant les sujets tabous tout ça parce qu’il a eu un succès avec le pas drôle Pédale Douce s’est cru autorisé à adapter le monumental, génialissime, jouissif Absolutly Fabullous. Le déception ne pouvait être qu’à la hauteur des espérances vulgaire, pas drôle, pathétique, mauvais, à vomir.
Après ça comment ne pas craindre de la possible adaptation de Amicalement Votre par un réalisateur français ave Édouard Baer et Michael Youn. Il ne manquerait plus que Max Pecas songe à adapter Le Prisonnier.

Du grand au petit

Le cinéma n’est pas le seul à se nourrir de créations d’autres médias. La télévision elle aussi a puisé dans le grand écran pour alimenter ses programmes. Avec de la même façon plus ou moins de sucées.

Ma sorcière bien aimée
Si l’on remonte dans les années 60 on trouve un premier exemple de transposition de succès cinématographique sur le petit écran. Le film de René Clair “J’ai épousé une sorcière” est très librement adapté dans Ma Sorcière Bien Aimée (Bewitched). Le concept, l’idée de départ est le même : un mortel épouse une sorcière, et tout deux doivent apprendre à vivre ensemble. Le mortel doit faire avec les pouvoirs de sa femme, la sorcière doit cacher le plus possible son statut. Le film de Clair est une fantaisie poétique, la série s’oriente plus vers la comédie en utilisant des personnages comme la belle mère, les voisins, les clients de Jean-Pierre.
Juste retour des choses la série va se retrouver au cinéma Samantha prenant les traits (et quels traits) de Nicole Kidamn.

Si cette adaptation n’est pas évidente aux premiers abord (il faut connaître l’histoire du cinéma pour voir le rapport entre le film de René Clair et la série) celle qui suit est plus flagrante.

M*A*S*H
En 196 ? Robert Altman réalise l’adaptation d’un livre relatant la vie quotidienne d’un M*A*S*H (Medical Army.....) pendant la guerre de Corée. Il insuffle une dose d’humour noir, d’irrévérence et d’antimilitarisme ce qui permet au film de décrocher la palme d’or à Cannes.
Consciente du potentiel de cette satire de la guerre en plein conflit du Vietnam la 20th Century Fox lance une série dérivée du long métrage.
Rapidement M*A*S*H , la série, devient un succès. Reprenant la critique acerbe de la guerre, l’humour noir, les blagues de potaches et la vision réaliste des opérations chirurgicales elle s’impose comme l’une des critiques les plus efficace de la guerre du Vietnam. Beaucoup de téléspectateurs penseront que le conflit décrit dans le show s’y déroule. Les producteurs de scénaristes ne feront que peu d’effort pour les détromper.
Même si Altman n’aime pas M*A*S*H, la série, pour de sombres histoires d’argent, elle n’en reste pas moins, tout comme son aînée cinématographique, une réussite. Pendant 12 saisons à l’antenne elle obtiendra des taux d’audience excellent, le dernier épisode détiendra pendant un temps le record d’audience pour une série.

Nikita/Highlander
Le film de Besson fut un tel succès (comme tous les films de Besson, parfois on se demande pourquoi, enfin ce n’est pas le sujet) les américains en firent un remake à la sauce Yankee. Celui ci rencontra également un large public. La télé s’intéressera donc exploit de la femme Nikita. Une série vit le jour, produit sans prétention mais sans grand intérêt non plus. Tout comme Highlander.
Déjà le film avec notre Christophe Lambert national n’avait pas grand intérêt. Pur produit des années 80 dont le seul bon point était la présence du seul et unique James Bond Sean Connery. Les deux suites étaient proche de la nullité absolue, alors pourquoi en faire une série ? Certes l’idée de lutte entre immortel peut fournir une source quasi inépuisable de scénarii, tous bâti sur le même modèle et ultra répétitif. Le pire c’est que ça a marché, qu’il y a eu une série dérivée et un quatrième film réunissant les héros des films et de la série.

Stargate
Au départ il y a un film mélangeant mythes égyptiens, théories farfelues sur la construction des pyramides, SF cheap, imagerie militaire triomphante. Le résultat est à la hauteur du mélange : indigeste. Mais c’est un succès.
La MGM saisi la balle eu bond l’idée de décliner le concept en série. On reprend les mêmes thèmes, on change le cast, on étends un peu l’idée de départ et on lance la machine. La porte des étoiles s’ouvre sur mille et une planètes inconnue (mais où tous les aliens parlent l’anglais) plus ou moins hostiles (il faut remplir 45’ hebdomadaire) avec des grands méchant pas beaux récurent(c’est bien d’avoir un semblant de continuité). Stargate SG1 est au départ une série sympathique, sans prétention, avec une touche d’humour qui manquait au film. Puis à force de tourner en rond, de ne pas évoluer elle perd de son capital sympathie pour devenir un simple produit, sans intérêt, déclinable à loisir, et surtout responsable de l’arrêt de Farscape, chose totalement impardonnable.

Buffy, the vampire slayer
En 1992 sort un film de série Z. L’histoire d’une ado investie d’une mission, celle d’éradiquer les vampires et autres créatures méchantes. Elle s’apelle Buffy. Tout ceux qui l’on vu à l’époque préféreraient l’oublier et retrouver cette heure et demi perdue. Maquillage ridicules, costumes pitoyable, décors nases, scénario tellement réécrit que le scénariste original un certain Joss Whedon désavoue le résultat, et on ne peut que le comprendre. Tout aurait pu finir sur les étagères d’un vidéo club de seconde zone ; Mais voilà Whedon tient à son idée. Puisqu’il n’a pu l’exprimer au cinéma il se tourne vers la télé. Redevenant maître de son projet il va pouvoir donner toute l’ampleur qu’il voulait à son héroïne.
Joss Whedon a pu au cours des 7 saisons que dura la série raconter ce qu’il voulait. Décrire les affres de l’adolescence, la difficulté de grandir, d’apprendre à s’affirmer en tant qu’individus, et surtout que les filles ne sont pas que des victimes sans défenses mais qu’elles peuvent aussi se dresser contre les forces du mal que ce soient des vampires ou des choses plus terre à terre.

Prochain épisode le 16 février avec un deuxième volet de cette trilogie.

P.S. Quelques mots encore pour rendre hommage à Génération Séries qui fut pendant longtemps la revue de référence en matière de série, et sans qui je n’aurais pas cette culture sériesque qui vous subjugue chronique après chronique. Après 15 ans et 47 (tiens comme c’est étrange) numéro le magazine a quitté notre village, et il va me manquer.