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1.01 - Pilot
Les ensorceleuses
Premier Contact
dimanche 4 décembre 2005, par
Lorelai a 32 ans, une fille de 16 ans, des parents avec qui elle s’entend mal, un gérant d’un resto pour qui elle a le béguin, et des problèmes d’argent qui la forceront à faire des choses dont elle n’est pas fière. Mise en bouche
Autrefois la meilleure nouvelle série de la saison, aujourd’hui devenue l’un des derniers bastions de qualité sur la WB. Gilmore girls a su remporter les faveurs des critiques et du public, un succès largement mérité (même si un de mes collègues -dont je tairai le nom- n’est pas de cet avis. Que la honte éternelle soit sur toi !)
Le problème avec Gilmore girls c’est qu’il y a presque autant de chose à dire sur un épisode que ce que la mère et la fille peuvent se raconter en dix minutes, une montagne ! Les reviews seront donc difficiles pour ma pauvre petite personne, mais ça n’en est que plus excitant (non pas dans ce sens-là, pervers).
Entrons donc dans le vif du sujet avec la critique du pilote, c’est toujours mieux pour commencer. Sauf pour Lord (me demandez pas comment il fait, j’en ai aucune idée, pouvoirs magiques sûrement...)
Pré-générique
Une jolie brunette, la trentaine, entre chez "Luke’s" et supplie... Luke, casquette vissée sur la tête et l’air aussi accueillant qu’un lama qui vient de vous cracher à la gueule, de lui donner du café. Aussitôt assise, un garçon se met à la draguer. Mais apparemment le tombeur est tombé sur la mauvaise personne et est remballé vite fait bien fait. Une autre jolie brune entre et rejoint la brunette numéro une. Ça parle maquillage et emprunt de CD et brune numéro une retourne au comptoir pour prendre du café à brune numéro deux.
À ce stade de l’histoire on peut se dire, encore une histoire de copines qui s’adorent et qui passent leur temps à parler de leurs derniers rancards et de leurs menstruations autour d’un café. Du Sex and the city en moins trash quoi. Mais arrive la suite...
Brunette#1 se retourne et découvre que monsieur le tombeur s’est trouvé une nouvelle victime en la personne de Brunette#2, quelque peu intimidée. En bonne copine B#1 va porter secours à B#2 et voilà que la révélation tombe. B#2 n’est pas la copine de B#1, c’est sa fille ! Et si le tombeur raté s’empresse de fuir, ce n’est pas le cas du téléspectateur dont l’intérêt vient d’être piqué au vif. Bien joué.
Les filles Gilmore
Lorelai est brune donc, yeux bleus, un débit de parole avoisinant les 1024k. Un joli petit bout de femme qui dispose de l’arme la plus redoutable qui soit, un humour ravageur.
Rory est brune donc, yeux bleus, un débit de parole avoisinant les 1024k. Une séduisante adolescente qui dispose de l’arme la plus... Suis-je vraiment obligé de poursuivre ?
Vous l’avez compris, la mère et la fille Gilmore se ressemblent énormément, et s’entendent à merveille. Une relation mère fille basée sur la communication, une bonne dose de légèreté et un respect mutuel. Deux copines qui partagent tout. Une relation idéale, quoi.
Bien sûr si la mère et la fille se ressemblaient en tout point, l’intérêt serait limité. Petit topo...
Lorelai est une trentenaire tout ce qu’il y a de plus moderne. Culottée, engageante, indépendante, c’est aussi une gérante de pension efficace, bien qu’elle ait un peu de mal à se faire entendre du réceptionniste français grincheux et de l’harpiste toujours sur les nerfs qui lui servent de personnel. Heureusement que sa cuisinière et amie Sookie est là pour parler des derniers potins et lui faire goûter des sauces dans la cuisine.
Lorelai a réussi à se bâtir une vie dont elle n’a pas à rougir malgré le fait qu’elle soit tombée enceinte très jeune et quitter la maison familiale en conséquence. Des épreuves qui lui ont forgé sa personnalité si particulière et tellement attirante.
Rory est une adolescente studieuse à l’école et, comme l’un va rarement sans l’autre, assez timide. Un peu ; voir carrément déconnecté lorsqu’il s’agit de la vie du lycée. Comme elle le dit, elle ne parle pas beaucoup et préfère se plonger dans ses bouquins plutôt que de perdre son temps à se mettre du vernis en cours avec les autres filles de son âge. Tout ce travail s’explique par le fait que Rory a un grand rêve, elle veut aller à Harvard.
Ce n’est pas pour autant qu’elle en oublie totalement sa vie sociale. Hormis sa mère, elle peut également compter sur son amie Lane pour partager les derniers évènements qui jalonnent sa petite vie.
Mais les filles Gilmore ne se limitent pas seulement à Lorelai et Rory, il y a aussi Emily, la mère de Lorelai, à mille lieux de ce qu’est sa fille. Autant Lorelai passe pour une fille de la classe moyenne américaine, Emily, elle, est l’archétype de la bourgeoise. Hautaine, stricte, pédante, protocolaire, ignorant tout de l’existence du second degré. Emily fait le cauchemar des uns et des autres et de Lorelai en particulier.
Les rapports très tendus qu’elle entretient avec sa fille remontent à son adolescence, époque où Lorelai est tombée enceinte et a décidé de garder son bébé. Une décision que n’a absolument pas cautionné Emily et qui a incité Lorelai à la fuir le plus loin et le plus longtemps possible. Et lorsque l’inévitable rencontre se produit, elle ne rate aucune occasion pour rabaisser sa fille ou la mettre dans une situation embarrassante.
Heureusement pour nous, ces relations orageuses feront le grain de sel de la série et la saveur de ce pilote, où chaque partie de ping-pong verbale (ou au contraire ces silences à glacer un bonhomme de neige) entre la mère et la fille est un plaisir de tous les instants.
Richard
Père de Lorelai, époux d’Emily, grand-père de Rory. Richard est le type même du paumé volontaire, sauf quand il s’agit d’argent. Ses réponses totalement à côté de la plaque et ses plongées régulières dans la lecture appliquées de son journal révèlent une tendance à fuir les problèmes familiaux. Une famille dont il n’a pas l’air de faire vraiment parti, préférant laisser aux soins de sa femme tout ce qui concerne les rapports avec sa descendance. Richard fait parti des meubles et on ne serait pas étonné de voir la femme de ménage lui faire la poussière.
Bienvenue à Stars Hollow. Population : dingue !
Les Gilmore habitent la ville (imaginaire) de Stars Hollow, dans le Connecticut. Une petite ville américaine typique avec ses trottoirs propres et ses arbres fleuris, mais qui cache une population pour le moins atypique.
On a déjà parlé de Michel, le réceptionniste français condescendant, de Sookie, la douée mais très maladroite cuisinière de l’hôtel, meilleure amie et confidente de Lorelai, toujours de bonne humeur. Ou encore de Lane, la meilleure amie de Rory, une ado américano-coréenne étouffée par une mère très stricte qui tente de lui inculquer les bonnes valeurs coréennes (incluant la présentation de nombreux prétendants, tous futurs docteurs et tous coréens), mais qui ne stoppe en rien son enthousiasme à tout épreuve à propos des garçons et des derniers morceaux rocks. Je vais passer également sur la charmante et imposante Miss Sally, professeur de danse de son état, et dont les manières viennent d’une autre époque.
Ne reste plus que Luke, patron du petit restaurant de la ville et dont le comportement envers sa clientèle laisserait pantois le plus grossier des conducteurs parisiens ! Il partage une relation particulière avec les filles Gilmore. Un brin paternel avec Rory, autoritaire envers Lorelai et sa consommation phénoménale de caféine. Le monsieur à la casquette exprime son affection d’une drôle de façon, mais ne trompe personne. Entre lui et Lorelai il y a anguille sous roche, et sous cette façade de dur à cuir se cache un gros nounours plein de tendresse (même si faut pas trop lui chercher des noises au nounours).
L’acceptation
Après des années de travail acharné, cela a fini par payer. Rory est accepté à la prestigieuse école de Chilton. Surexcitées, Lorelai offre déjà sa tenue d’écolière à sa fille (même s’il va falloir raccourcir un peu la jupe) et Sookie prévoit un petit repas de fête pour l’occasion.
Mais cette bonne humeur générale va être gâchée par une autre nouvelle beaucoup moins réjouissante. Les frais de l’école sont exorbitants (dis donc qu’est-ce qu’il y a comme 0 après le 5) et Lorelai ne peut pas assurer financièrement. Plusieurs options sont envisagées par la mère et son amie Sookie, comme vendre la voiture de cette dernière. Mais la situation ne semble pas trouver de solution... à moins peut-être de faire appel aux riches parents de Lorelai. Une issue que la jeune femme refuse catégoriquement, avant de rabaisser sa fierté et d’aller sonner à la porte de la demeure familiale. Réaliser le rêve de sa fille est plus important qu’une fierté mal placée après tout.
Le contrat
Emily accueille sa fille avec une certaine surprise (on est déjà à Pâques ?) et beaucoup de froideur. La tension est palpable entre la mère et la fille, on est loin de la complicité entre Rory et sa mère. Richard est également surpris par la présence inopinée de sa fille (on est déjà Noël ?) et Lorelai a soudainement besoin d’une grande quantité de café. Finalement elle se lance et annonce à ses parents l’entrée de Rory à Chilton et les problèmes qui vont avec. Emily y voit une bonne occasion de s’impliquer dans la vie de sa fille et de sa petite-fille et propose un marché à Lorelai. Elle lui donnera l’argent et en contre partie sa fille devra lui rendre compte des résultats de Rory, mais aussi venir dîner chez eux chaque vendredi. Un marchandage au goût amer, mais que Lorelai accepte à condition que Rory ne soit pas mise au courant.
Le béguin
Alors que Rory se réjouit de son départ du lycée de Stars Hollow et de son entrée à Chilton, là où elle n’aura pas à se soucier de ce qu’elle portera comme fringues. Elle fait la rencontre brutale de Dean, un beau garçon qui l’a malencontreusement percuté alors qu’elle vidait son casier. Si la jeune fille se montre agressive avec lui au départ, sa colère s’évapore vite lorsque Dean se montre capable de comprendre une référence faite à Rosemary Baby (c’est un bon film, tu as du goût).
Les présentations se font alors que Dean ramène Rory chez elle. Dean est beau, Dean porte une veste en cuir, Dean a les cheveux qui lui tombe jusqu’aux yeux, Dean vient de Chicago (ville du vent et d’Oprah), Dean cherche un petit boulot et Dean avait déjà remarqué Rory avant. Il n’en faut pas plus pour qu’elle tombe sous son charme et lui propose d’aller voir Miss Sally pour sa recherche d’emploi.
La dispute
Rory et Lorelai se retrouvent chez Luke pour un dévorement en règle d’hamburgers. Et si la nouvelle d’un dîner chez ses grands-parents surprend Rory (y a quoi comme vacances en septembre ?), l’annonce de cette dernière qu’elle a décidé de ne pas aller à Chilton décontenance totalement Lorelai, qui veut en connaître les raisons. Et alors que les arguments de Rory ont presque convaincu sa mère (pas d’argent, trop loin...), Miss Sally vient mettre son grain de sel en disant à Rory, devant sa mère, qu’elle a trouvé un boulot pour Dean et qu’elle a bon goût, car il est très mignon. Il n’en faut pas plus pour qu’une (rare) dispute entre la mère et la fille s’engage. Lorelai ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec sa propre histoire et refuse de voir sa fille gâcher son avenir pour un garçon. Elle fait donc ce qu’elle a rarement l’habitude de faire, ordonner à sa fille d’aller à Chilton, qu’elle le veuille ou non.
Le dîner
C’est vendredi soir, l’heure du premier dîner de la famille Gilmore un jour où les banques sont ouvertes est arrivée. Si l’ambiance est tendue (que se soit entre Lorelai et Emily ou Lorelai et Rory) tout se déroule plutôt bien hormis quelques réflexions de Lorelai qui ne sont pas du goût d’Emily. Puis arrive le moment où Richard fait part d’une récente conversation téléphonique qu’il a eu avec Christopher, le père de Rory. Et balance à sa fille en pleine figure toute l’admiration qu’il a pour ce jeune homme et le fait que Rory a dû prendre de lui. S’en est trop pour Lorelai qui s’éclipse dans la cuisine pour... faire la vaisselle. Emily rejoint sa fille pour la convaincre de revenir à table.
Beaucoup de chose sont dites durant cette conversation houleuse. Des choses sur Christopher, sur la grossesse de Lorelai, sur son départ de la maison, sur le fait que Lorelai pense qu’elle avait besoin de fuir pour ne pas être sous le contrôle de sa mère et qu’à présent elle est heureuse de sa vie qu’elle a obtenu sans l’aide de personne, alors qu’Emily pense tout à fait le contraire et qu’elle aurait dû accepter une petit d’aide mais qu’elle était trop fière pour ça. Lorelai rétorque qu’elle n’est pas aussi fière que sa mère le pense pour venir lui demander de l’argent. Au final les deux parties se séparent sur ces derniers mots d’Emily "Très bien, tu as ta précieuse fierté et j’ai mon dîner hebdomadaire. N’est-ce pas parfait ? On a toutes les deux gagnées."
Une dispute intense et réussie, qui nous montre que beaucoup de choses n’ont pas été dites au moment opportun. Mais c’est aussi une dispute contenue qui nous fait dire que "beaucoup de cadavres sont encore dans les placards". Cette façon de faire représente parfaitement la conception qu’Emily Gilmore a de la famille, où il vaut mieux garder les apparences plutôt que de mettre les choses sur le tapis (tout le contraire de sa fille). Il est aussi intéressant de voir que Lorelai considère sa vie réussie alors même qu’elle est effrayée de penser que sa fille pourrait suivre les mêmes traces qu’elle. On imagine que Lorelai a dû durement en baver durant ces années et qu’elle souhaiterait un avenir plus commun à Rory.
Finalement les mères Gilmore se ressemblent plus qu’elles ne le pense (la scène pré dîner est, à ce sujet, éloquente). Chacune d’elles a le même but, offrir à Rory ce dont elle rêve. Même si pour Emily l’action est plus intéressée et animée d’un esprit de compétition.
Après la tempête
Finalement Lorelai et Rory sortent de ce dîner en un seul morceau, mais pas indemne pour autant. Car Rory a entendu la dispute et sait à présent ce que sa mère a dû faire pour qu’elle puisse aller à Chilton et lui fait comprendre qu’elle est d’accord pour y aller. Les filles se rendent chez Luke pour boire un café et manger quelques frites, et l’épisode se termine sur Lorelai interrogeant sa fille sur ce mystérieux et séduisant garçon.
Deux héroïnes aussi belles qu’attachantes, des personnages secondaires qui ont une réelle présence, des dialogues drôles, intelligents... et épuisants (qu’est-ce que ça parle !) Une intrigue principale enthousiasmante et qui pose parfaitement les bases de la série, des acteurs tous à la hauteur et qui sortent des canons de beauté habituels. Non franchement tout est tellement parfait dans ce pilote que la note que je lui attribue n’est même pas représentative de tout le bien que je peux penser de cette série. Les Gilmore m’ont ensorcelé...
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires