Accueil > Chroniques > Le Monde (Merveilleux) des Séries > Made In France - Part Two - Dans les vieux pots
Episode 1.09
Made In France - Part Two - Dans les vieux pots
mercredi 11 mai 2005, par
Dans ma précédente chronique j’ai dénigré la production télévisuelle française avec une certaine mauvaise foi, mais un grand talent. Il ne faut pas croire que toutes les productions française sont de grosses bouses (actuellement sur le site Un Amour à Taire superbe téléfilm est mis en avant) je m’en vais vous le prouver en revisitant une partie de l’histoire de la fiction hexagonale.
Les Rois Maudits
Les Rois Maudits est la dernière des grandes dramatiques de la télévision française, celle qui out en reprenant les codes du genre (tournage ne studio, décors dépouillés...) s’en affranchit (utilisation de la vidéo, de la couleur...)
La force de cette production tient à la grande qualité du scénario adapté par Marcel Jullian de l’oeuvre de Maurice Druon, s’appuyant sur l’Histoire réelle (le procès des Templier) les auteurs inventent une malédiction touchant la lignée des Rois des France, et utilisent cette toile de fond pour se concentrer sur l’histoire de Robert d’Artois cherchant à retrouver ses terres par tous les moyens. Ainsi qu’a la réalisation du téléaste Claude Barma utilisant à merveille les couleurs, composant la série comme une succession de tableaux, jouant parfaitement des décors minimalistes pour suggérer et stimuler l’imagination des téléspectateurs.
Grande réussite de la télévision française Les Rois Maudits n’a pas perdu de sa force et supporte une nouvelle vision avec plaisir 20 ans après sa création. En sera-t-il de même pour la version “moderne” que doit livrer sur France 2 Josée Dayan ?
Belphegor
“Il y a un fantôme dans le Louvre...”
Oubliez la version cinématographique déplorable et replongez dans l’ambiance sans pareille du feuilleton des années 60. A cette époque la France a peur devant cette version télévisuelle du roman de Arthur Bernede réalisée par Claude Barma.
Belphegor intrigua les téléspectateurs. Qui se cachait derrière le masque de cuir et la costume noir du fantôme du Louvre ? Mêlant enquête et ésotérisme Belphegor fascine le public, mieux l’envoûte, il se perd dans les meandres de cette histoire portée par des acteurs confirmés comme François Chaumette ou Juliette Greco ou des débutants comme Yves Regnier. Servi par la caméra de Barma jouant des clairs obscurs, Belphegor est une expérience unique qui a marque l’esprit de génération de téléspectateurs qui ne peuvent pas visiter le Louvre sans chercher au coin d’un couloirs la silhouette noire du fantôme.
Rocambole
Avant l’arrivée des formats courts modernes tel que Caméra Café, Le Train ou Kaamelott pour ne citer que les meilleurs, la télévision française avait déjà utilisé ce format pour des fictions quotidiennes. Je ne parle pas des Shadocks, chef d’oeuvre d’animation absurde de Jacques Rouxel, mais de Rocambole.
Pour respecter le format du feuilleton quotidien sous laquelle est apparu le personnage dans la presse, la télévision choisi d’adapter l’oeuvre de Ponson du Terail sous le forme d’épisodes de 15 minutes.
Ce traitement permet de retranscrire à merveille l’ambiance des histoires de de brigand devenant justicier. Histoires échevelées rebondissements permanents, personnages hauts en couleurs, aventures palpitantes. Ce n’est pas un hasard si Rocambole fut à l’origine de l’adjectif rocambolesque.
Les 15 minutes quotidiennes sont très bien remplies et le téléspectateur trouve devant son poste un vrai plaisir à suivre bien joués et bien écrites.
Vidocq et Les Nouvelles Aventures de Vidocq
Sous les traits de Bernard Noël puis de Claude Brasseur le personnage historique haut en couleur de Vidocq devient une figure marquante de la télévision française.
Bagnard fugitif dans la première série, personnage multiple par ses déguisements , se jouant de la police et pourtant enquêteur à ses heures Vidocq est d’emblée sympathique.
Mais dans ma mémoire Vidocq est avant tout Claude Brasseur, l’ex bagnard devenu chef de la sûreté parisienne, employant ses anciens compagnons de cellule pour mettre sous les verrous brigands et criminels de toutes sortes.
Cette seconde série en couleur est trépidante, il n’y a pas un seul temps mort, pas le temps de s’ennuyer devant son poste. Le secret de ce tempo irrésistible est donné par Marcel Bluwall, scénariste de la série, script était destiné à remplir 90 minutes alors que l’épisode ne durait que 55 minutes. Autant dire qu’il n’y a pas de répit et que l’on est loin de Derrick.
Les 5 Dernières Minutes
Dans une précédente chronique j’ai parlé de Maigret, l’autre grande série policière de la télévision française des années 60, 70 est Les Cinq Dernières Minutes.
C’est en 1958 qu’est créée la série. A l’époque elle est tournée en direct et c’est un jeu. Deux candidats suivent en même temps que les téléspectateurs l’histoire et doivent à la fin résoudre l’énigme.
Cet aspect ludique fut abandonné et de jeu le programme devint série à part entière.
La série offre une radioscopie de la France sur près de 40 ans, chaque épisode se déroulant dans un milieu professionnel diffèrent. D’abord portée par Raymond Souplex, qui laissera à la postérité le “bon Dieu ! Mais c’est bien sur !”, il sera remplacé après son décès par Jacques DEbary, et enfin dans les années 90 Pierre Santini.
Série essentielle de l’histoire de la télévision française de part sa longévité et surtout sa qualité. Même si les scénarii sont moins percutant dans les ernières années de sa production.
Les Brigades du Tigre
Attention série culte.
Dans toute l’histoire du regretté magazine Génération Séries une seule série française eu l’honneur de se voir attribuer la couverture. C’est dire à quel point cette série est de qualité.
Entièrement écrite par Claude Dessailly elle s’appuie sur des événements historiques pour nous raconter des histoires totalement inventées.
Si les brigades mobiles furent bien inventées au début du XX° siècle par Clemenceau elle ne s’appelèrent jamais Brigades du Tigre et n’eurent jamais à résoudre des enquêtes qui nous sont présentés dans les épisodes. En aucun cas les hommes ayant servis dans les véritabels brigades ne furent des super policiers comme Valentin, Terrasson et Pujol.
Les “mensonges” passent pourtant pour des faits historiques grâce à une reconstitution fidèle et au travail de Dessailly qui a étudié en détail l’époque afin de créer des contextes historiques véridiques. En ce sens Les Brigades du Tigre est une cousine française des Mystères de l’Ouest.
De la même façon la série mélange les genres, les épisodes peuvent tout aussi bien être des enquêtes classiques, des histoires de complots politiques, ou carrément flirter avec le surnaturel.
Les Brigades du Tigre est la dernière grande série française libre et créative, osant prendre le téléspectateur pour quelqu’un d’intelligent, capable d’accepter des audaces scénaristiques, des ruptures de ton, et le mélange des genres.
Ces quelques exemples (et il y en aurait d’autres, commme Cheri Bibi, La caméra explore le temps, Le Temps des Copains, les Saintes Cheries...) démontrent qu’il fut un temps où, quand elle n’était pas contrôlée par des décideurs frileux, persuadés de savoir ce qui est bon pour le public, bridant les créateurs et contrôlant les scénaristes, une époque donc où la télé française pouvait produire des séries de qualité, populaires et audacieuses, n’ayant pas à rougir des productions anglo-saxonnes. Cela ne peut que nous faire regretter ce que nous avons aujourd’hui en majorité sur nos écrans.
Cette chronique est dédiée à mon ami Damien. R.I.P.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires




