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Episode 1.10
Et Dieu dans tout ça ?
mercredi 15 juin 2005, par
Pour finir cette première série de chronique du monde (merveilleux) des séries quittons le monde des mortels et élevons nous vers le royaume des cieux pour rendre visite au créateur de toutes de choses et donc le créateur de toutes les séries que nous aimons.
Dieu imprègne la culture américaine, jusque sur les billets de banque, il est donc logique de retrouver la religion et donc Dieu dans les fictions. Comme le fait très justement remarquer Martin Winckler dans Les Miroirs de la vie les fictions américaines ont deux grands sources d’influence, Shakespeare (que l’on cite même dans Star Trek) et La Bible. Cette utilisation des motifs religieux et divins donne des séries fort différentes.
Prosélytisme(?)
La télévision a été très tôt un moyen pour les puritains de faire passer la “bonne parole”, donner des leçons de morale, et éclairer les masses avec la vraie parole du Seigneur. Sans aller chercher du côté des télévangélistes et autres prédicateurs cathodique, les fictions avec plus ou moins de subtilité font passer le message biblique.
Nous avons tous vu ne serais ce qu’un épisode de La petite maison dans la prairie. Programmée en boucle sur M6 depuis la création de la chaîne, cette série primesautière (ou neu-neu) est aussi un moyen efficace de donner une leçon morale très biblique. En dépeignant des pionniers, de courageux américains qui surmontaient les difficultés de la vie grâce à l’aide du Seigneur tout puissant et les conseils du pasteur toujours prompt à ramener dans le droit chemin les brebis égarées, les âmes tourmentées et les pécheurs.
Série bien pensante et religieusement correcte La petite maison ouvre aussi la voie à Michael Landon pour aller encore plus loin dans sa “croisade” cathodique augmentant d’un cran le prosélytisme plus ou moins discret avec Les Routes du Paradis. Abandonnant la hache et la chemise à carreaux de Charles Ingals pour revêtir le blouson de cuir de l’ange, il parcourt accompagné de Victor French, ex policier et ange en devenir, les routes d’Amérique pour “aider” les pauvres pécheurs ayant perdus la voie tracée par Dieu et donc vivant dans la malheur. Grâce à leurs talents de persuasion ils réinculquent les vraies valeurs et ainsi sauvent la vie et surtout l’âme éternelle de brebis égarées.
Plus clairement orienté religieusement que la petite maison (qui reste un programme agréable à suivre) les routes du paradis devient rapidement insupportable, le message étant asséné avec si peu de subtilité, et surtout dépourvu de toute forme d’humour.
Après la disparition de ces anges masculins ce sont des anges féminins, mais tout aussi bien pensant (on est très très loin de l’incarnation angélique et au combien féminine d’Emma Thompson dans Angels In America) qui prennent le relais dans Les Anges Du Bonheur. L’époque change mais le principe et le message restent les mêmes.
Puisque toutes le recettes peuvent être modernisées 7th Heaven (7 à la maison) est une version moderne de la Petite Maison. Chaque épisode porte son message bien pensant, chaque situation épineuse peut être résolue grâce aux bons conseils de papa-pasteur et de maman prechi-prêcha. C’est tellement politiquement et religieusement correct, aseptisé, formaté pour plaire à toute la famille et surtout ne pas choquer les ligues de vertu chrétiennes bien pesantes que par moment on se croirait devant un épisode de l’Instit.
Le Cas Kelley
Une caractéristique es série de David E. Kelley (avant qu’elles n’offrent plus grand intérêt à force de recycler les mêmes idées) est la place qu’y occupent les questions religieuses.
Des sa première création Pickett Fences le ton est donné. Déjà la ville imaginaire dans laquelle se déroule la série s’appelle Rome. On y retrouve également un pasteur et un prêtre. Les questions liés à la religion aux diverses croyances, aux règles morales, aux dogmes sont aux centre de nombreux épisodes. Le traitement sans toujours être subtil évite les discours manichéen, le prosélytisme et offre une source de réflexion pour les téléspectateurs (ce qui n’est pas le cas des premières séries évoqué dans cet article)
Avec The Practice Kelley déplace le cadre de ses réflexions. Il ne s’agit plus de la communauté au sens large mais de la place du religieux dans un cadre juridique. Faisant appel à la loi juive pour justifier un meurtre, évoquant des principes moraux catholiques pour dénoncer l’euthanasie nombreux sont les exemples de cas épineux qui occupent les scénarii de la série. Malheureusement très vite le discours se fait pesant, la subtilité des premières saisons s’évanouit, et recyclant de plus en plus les mêmes thèmes The Practice tourne à la démonstration plus qu’a l’exposition.
Deux Ex Machina
Même si la religion est présente dans toutes les séries présentées jusqu’ici, Dieu n’est qu’une idée, une supposition, jamais il ne prend jamais part à l’action.
C’est dans Quantum Leap que Dieu devient un élément actif dans la narration. Dans les premières saison l’hypothèse d’un contrôle divin des voyages temporel de Sam est plus que probable, avant que la chaîne ne demande que les références soient gommées, mais Dieu reviendra en force dans l’ultime épisode. Dieu, ou son porte parole, se manifeste en chair et en os dans un lieu réel et irréel à la fois pour dévoiler le pourquoi du comment des pérégrinations de Sam.
Si dans Quantum Leap, à l’exception du dernier épisode, Dieu bien que partie prenante reste absent au sens physique, dans Joan of Arcadia il devient un personnage à part entière, certes multiforme, mais bien présent. La série n’est pas inoubliable, honnête mais sans plus. Elle à pour qualité néanmoins de ne jamais tourner au discours ultra-conservateur, et puritain comme cela aurait pu être le cas. Sans éviter tous les poncifs inhérent à l’utilisation de Dieu comme personnage, Joan of Arcadia sait contourner certains écueils, ne vire pas au prosélytisme, et reste tout à fait regardable.
Dieu et la Science (Fiction)
Les “meilleures” utilisations de Dieu dans une série sont à chercher du côté de la SF.
Lors de la 2° saison de Jeremiah le personnage de Mr Smith, porte parole et lien direct avec le créateur se révèle fort intéressant et bien écrit. Soulevant nombre de questions comme : Qui est-il vraiment ? et surtout : Entend-t-il Dieu ? Aucune réponse claire n’est donnée mais ce mystère avec lequel jouent habilement les scénariste ne fait que renforcer l’intérêt pour le personnage.
Dieu devient très présent, sans l’être physiquement, JMS en donne une vision très évangélique, bienveillant, miséricordieux et souffrant pour l’humanité mais n’interférant pas dans les affaires humaines.
Comme dans Quantum Leap c’est dans l’ultime épisode de Cosmos 1999 (je ne compte pas la seconde époque de la série moins riche thématiquement et plus orientée action qui n’a pas grande chose à voir avec la première saison) que Dieu vient mettre sa main, son empreinte profonde dans la série. Les errances de la Lune trouvent une explication, une raison, une finalité lors d’une très belle histoire rattachant la série au récit biblique de la genèse. conclusion idéale pour une très belle série.
Ainsi se clôt la première saison de Le monde (merveilleux) des séries. La chronique reviendra (ou pas) ne septembre pour de nouvelles aventures. Si Dieu le veut
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires



