DOCTOR WHO — 7x00 : The Doctor, The Widow and The Wardrobe
‘‘Usually called The Doctor, the caretaker, or get off this planet’’ – Le Docteur
Par Sullivan Le Postec • 26 décembre 2011
Y a-t-il vraiment eu des Noëls sans Docteur ? En tout cas, la tradition continue en 2011 avec une aventure fantastique qui associe le Docteur de Matt Smith à Claire Skinner dans le rôle d’une mère de deux enfants, tout récemment devenue veuve.

Dernière ration de « Doctor Who » avant la diète. Cet épisode spécial de Noël 2011 est le dernier épisode avant l’automne prochain. Pour l’occasion, Steven Moffat poursuit son exploration des classiques britanniques : après Le Chant de Noël de Dickens qui a servi de base au scénario de l’année dernière, voici Narnia.

The Doctor, The Widow
And The Wardorbe

Écrit par Steven Moffat ; réalisé par Farren Blackburn.
Après avoir une énième fois sauvé la planète d’une menace extraterrestre, le Docteur s’écrase sur Terre dans une combinaison protectrice et requiert l’assistance d’une mère de famille, Madge Arwell, à qui il promet de revenir si elle devait un jour avoir besoin de son aide. Trois ans plus tard, Madge apprend à la veille de Noël que son mari, le père de ses deux enfants, est mort à bord de son avion – nous sommes pendant la seconde guerre mondiale. Elle décide de garder secrète la nouvelle le temps que Noël passe, pour le pas gâcher la fête de ses enfants. Le Docteur lui vient en aide en leur offrant un cadeau unique : un portail dimensionnel vers une planète enneigée. Mais Cyril ouvre son cadeau en avance et part seul explorer la forêt. Le Docteur et la sœur de Cyril, Lily, se lancent à sa poursuite. Tandis que Madge passe à son tour le portail, le Docteur réalise qu’ils sont en plus grand danger qu’il ne l’avait imaginé : les arbres de cette planète se préparent à l’évacuer avant sa destruction.

Christmas Special

Dans ma critique du brillant « A Christmas Carol », j’avais écrit que ce premier Christmas Special signé de la plume de Steven Moffat pourrait représenter la même bénédiction / malédiction que « The Eleventh Hour » pour la cinquième saison. Ce premier épisode qui introduisait le onzième Docteur, Amy et Rory était une aventure virtuose pratiquement sans faute. Mais il plaçait la barre tellement haute qu’il avait été difficile pour le spectateur ébahi de retrouver les mêmes sensations et le même sentiment de perfection dans le reste de la saison.

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Clairement, « The Doctor, The Widow and The Wardrobe » ne pourra pas prétendre faire concurrence à son prédécesseur. Les épisodes spéciaux de Noël de la série sont des aventures un peu particulières, de par leurs thématiques, mais surtout parce qu’elles sont regardées par des millions supplémentaires de britanniques par rapport à la série, des téléspectateurs qui ne voient qu’un épisode de « Doctor Who » par an. C’est d’ailleurs pour cette raison que ces épisodes ont presque toujours mis de côté les compagnons réguliers du Docteur et ont souvent misé sur le grand-spectacle avec plus (« The Runaway Bride ») ou moins (« Voyage of the Damned ») de succès.
Et autant « A Christmas Carol » s’était, dans la ‘‘tradition Steven Moffat’’, appuyé sur l’œuvre de Dickens pour proposer une histoire originale et mémorable, autant le recours fait ici aux livres de C. S. Lewis suinte le manque d’inspiration. Dans plusieurs interviews données l’année dernière, Steven Moffat expliquait qu’il lui fallait intégrer l’existence de l’œuvre de Dickens dans sa narration, sans quoi le fait que le Docteur et les autres personnages semblent tous ignorer les ressemblances aurait paru absurde, et le scénario serait donc apparu comme paresseux. C’est malheureusement exactement ce qui arrive cette année.

Moments

Tout n’est pas raté pour autant, mais le caractère simpliste de l’histoire et l’absence de véritable antagoniste concourent à donner l’impression d’un épisode occupé en majeure partie par un ventre mou un peu indistinct. Comme si nous avions davantage à faire à une collection de moments qu’à une véritable intrigue. Et encore, plusieurs de ces moments semblent un peu trop courts, ou trop survolés.
Parmi ces moments réussis, on citera la visite originale, guidée par un Docteur survolté, de la maison « réparée » par ses soins ; le cameo comique un peu court, mais tordant, de Paul Bazely, Arabella Weir et Bill Bailey ou encore une scène finale formidable et très émouvante dans laquelle le Docteur ne peut s’empêcher de retourner voir ses deux amis.

L’épisode bénéficie aussi d’une interprétation formidable de la part de tous ses acteurs principaux, et en particuliers des deux enfants. La télévision n’est pourtant pas avare en enfants acteurs insupportables, mais Moffat et son équipe de casting semblent avoir mis la main sur une mine : depuis la petite Amélia Pond de « The Eleventh Hour », le casting dans ce domaine est irréprochable.

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« The Doctor, The Widow and The Wardrobe » a été écrit en juillet dernier – Steven Moffat devait s’y mettre le lundi suivant le jour où nous l’avons interviewé à Comic Con Paris. A ce moment-là, il sortait tout juste de l’écriture et de la production de la saison 6 de « Doctor Who », qu’il avait immédiatement enchainée avec l’écriture de son épisode de « Sherlock », diffusé dimanche prochain.
Dans son introduction à l’épisode écrite pour Radio Times, Moffat écrit d’ailleurs qu’il s’est littéralement écroulé avec avoir livré sa première version du script. Après ça, il n’arrivait plus à retrouver l’esprit de Noël et de l’épisode, et c’est seulement une visite sur le tournage de « Sherlock », où l’on filmait justement une scène se passant à Noël, qui lui a permis de fournir des révisions satisfaisantes. L’anecdote en dit long sur un épuisement qu’il est assez facile de comprendre.

Il est sans doute heureux qu’il ait été décidé de ne lancer la prochaine saison qu’à l’automne prochain. Le tournage ne reprenant qu’en février, il aura eu un peu de temps pour recharger ses batteries et vivre sans la contrainte d’une production imminente.


Une aventure mignonne et divertissante, mais un peu creuse et superficielle d’un Steven Moffat dont on ne peut pas s’empêcher de penser que son écriture a l’air vidée de presque toute son énergie et de son inventivité. L’imagerie, très jolie, des boules poussant des sapins aux hommes-arbres, semble malheureusement un peu sous-utilisée. Les enjeux sont flous et nous impliquent peu, et même la résolution n’est pas aussi émouvante qu’on l’aurait voulue. Les moments de comédie fonctionnent, eux, parfaitement, mais ce n’est pas tout à fait suffisant.

Un vrai Spécial
Cet épisode de Noël est le premier dont la production a été complètement détachée de celle d’une saison. Il a en effet été tourné en septembre octobre, deux mois après l’arrêt de la production de la saison 6, et plus de trois mois avant le lancement du tournage de la saison 7. La convention de numérotation (7.00) habituellement assez juste, est donc ici un peu usurpée.

Nouveaux arrivants
La productrice Beth Willis ayant quitté la série, et Piers Wenger s’apprêtant à faire de même, cet épisode voit arriver la nouvelle productrice Caroline Skinner. Elle a précédemment produit « The Fades », série fantastique de BBC3 diffusée cette année, et qui était réalisée par Farren Blackburn, le réalisateur de cet épisode.

Prélude
Lors de sa diffusion en Grande-Bretagne, cet épisode a été précédé de quelques jours par la mise en ligne sur le site officiel d’un Prélude. Une scène originale mettant en scène le Docteur à bord du vaisseau extraterrestre, que vous pouvez découvrir ci-dessous :

Dernière mise à jour
le 18 mai 2012 à 08h46