LE QUINZO — 2.07 : Le Palmarès des Anneaux d’Or 2011
Toutes les deux semaines, l’humeur de la rédac’ du Village.
Par le Village & Carine Wittman • 10 janvier 2011
La rédaction du Village a revêtu costards et robes de soirée, et vous dévoile aujourd’hui sa remise de prix : les Anneaux d’Or. C’est cool. Et Piper Perabo n’est même pas nominée, c’est encore plus cool.

Après avoir dressé son Top 10 des séries européennes de l’année 2010 dans le dernier numéro du Quinzo, la rédaction du Village, à laquelle s’adjoint Carine Wittman, rédactrice en chef d’Annuséries (qui nous permet de combler quelques honteuses lacunes) vous propose sa remise de prix : les Anneaux d’Or, édition 2011.

Dans cette cérémonie au nom pas du tout improvisé, non, non, pas du tout, vous trouverez des catégories sérieuses, d’autres un peu moins. Après vous avoir dévoilé la liste complète des nominés sélectionnés par Carine Wittman, Dominique Montay, Emilie Flament et Sullivan Le Postec (toujours disponible en bas de l’article), voici aujourd’hui le Palmarès !

COUP DE COEUR

Ça ne date pas de 2010, mais nous, on l’a vu cette année. Et ça nous a marqué.

  • « Queer as Folk »
    De Russell T Davies.
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Les vies de Stuart et Vince, deux meilleurs amis presque trentenaires, piliers du milieu gay à Manchester, est bouleversée par l’arrivée de Nathan, 15 ans. Pour Stuart, il aurait du être juste un coup d’un soir. Mais il va s’incrustrer durablement dans leurs vies.

Extrait de la « critique de « Queer as Folk » saison 1 » :

Si « Queer as Folk » passionne, y compris au-delà du cercle homosexuel qui constitue forcément son public premier — c’était la première fiction télé mettant des gay en son centre, on était presque obligé de regarder et de se faire un avis — c’est d’abord et avant tout par ses qualités d’écriture et sa capacité à dépeindre, en 8x30 minutes, des personnages complexes, profonds, immensément attachants. Gay lui-même, Russell T Davies écrit sur sa communauté avec un rare recul. Davies possède à la fois la capacité de la sublimer et à ne jamais passer sous silence ses défauts, ses dérives, ses aspects sombres. Davies n’a pas peur non plus de mettre à l’image des ‘‘clichés’’, où ce que l’on désignera comme tels, et que le politiquement correct aurait requis d’oublier, sous prétexte que cela ne « présente pas bien » — en dépit du fait qu’il suffit de mettre le pied dans n’importe quel endroit où des gay se regroupent, pour constater qu’ils existent vraiment.
Et puis il y a cette liberté folle : les situations, le langage employé, le ton lui-même et sa légèreté, font de « Queer as Folk » un spectacle totalement détonnant qui est venu secouer le paysage audiovisuel britannique. A tel point que même si la série a énormément marqué, même si elle a recueilli de très bonnes audiences, et même si elle a installé Russell T Davies comme l’un des plus importants scénaristes britanniques, elle n’a pas vraiment engendré de suite. Il y a des succès tels que celui-là qui sont trop hors-normes pour encourager leur reproduction. Il a fallu attendre dix ans, et des séries comme « Skins » pour que QAF fasse des petits. Brian Esley, le showrunner de « Skins », fait partie d’une génération d’auteurs britanniques qui revendiquent d’être devenus scénaristes grâce à « Queer as Folk »…

(On a aussi parlé de « Queer as Folk » dans notre Podcast Devoirs de vacances.)

PRIX DE L’ACTEUR « NATUREL » : ON NE SAIT PAS VRAIMENT S’IL JOUE, OU S’IL EST SEULEMENT LUI-MÊME. MAIS ON S’EN FOUT : C’EST VACHEMENT BIEN !

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Cette catégorie n’est une insulte à personne. Elle exprime juste le fait que, parfois, la frontière se brouille entre un personnage et un acteur. Qu’on ne sait plus très bien ce que la caractérisation d’un personnage doit à la personnalité de l’acteur qui l’incarne plutôt qu’à l’écriture en elle-même.
Robert Sheehan incarne ça à merveille. Quoi que les scénarios de « Misfits » lui fassent dire, on a l’impression qu’il a improvisé la ligne de dialogue à l’instant. En fait, on n’a surtout pas l’impression du tout que c’est une ligne de dialogue. Résultat de ce naturel désarmant, de ce charisme extraordinaire, on ne remet jamais en cause le fait que Nathan est le personnage principal de « Misfits » alors qu’il n’a pourtant pas eu grand-chose à faire pendant la saison 2. On peut craindre pour Sheehan un avenir difficile dans lequel on le verra aligner des dizaines de variations du même personnage jusqu’à devenir pénible. Mais d’ici là, on apprécie pleinement cette force de la nature capable de tout oser.

(Notre dossier « Misfits » : super-British)

Avec une mention spéciale à :

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Par principe, pour être bon dans un soap quotidien, il faut être ce qu’on a appelé un « acteur naturel ». Pas le temps de vraiment répéter, pas le temps de s’approprier un personnage. Au milieu d’une année difficile pour « Plus Belle la Vie » où l’on a vu à l’antenne des signes évidents de fatigue créative (depuis le retour de Luna cet été, c’est une vraie succession de catastrophes scénaristiques qui a culminé avec une intrigue de veuve noire ratée de A à Z, et trappée en catastrophe par des scénaristes visiblement désespérés), la Victoire de Flavie Péan reste l’un des rares bons souvenirs. Même quand elle est prise dans une intrigue totalement tirée par les cheveux et vide de substance, comme c’est le cas actuellement, on a l’impression qu’elle y croit. Chapeau !

(Notre dossier : « Plus belle la vie », le succès d’un soap à la française)

PRIX DE LA MEILLEURE SÉRIE SELON MAMIE

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Parce que la télévision française a pris le mauvais pli d’oublier totalement qu’il existe des téléspectateurs de moins de quarante ans, un mouvement de balancier relativement logique conduit parfois à demander de liquider tous ces programmes. Sauf qu’il n’est pas très logique de remplacer un déséquilibre par un autre, et qu’on peut s’adresser à une cible clairement CSP++ et un peu âgée et être aussi de la télévision de grande qualité avec une vraie modernité. « Nicolas Le Floch » le prouve. Et on espère bien qu’elle va continuer.

(Notre dossier : « Nicolas Le Floch »)

PRIX DE LA MEILLEURE SÉRIE QU’ON A PAS REGARDÉE

  • « Downton Abbey »
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« Downton Abbey », diffusée cet automne sur ITV1 et en ce moment sur l’américaine PBS n’a pas été un succès, mais un triomphe, avec des pointes à 12 millions de téléspectateurs. Et au Village, on est complètement passés à côté. Heureusement, Carine d’Annuséries a sauvé l’honneur. Extrait de sa critique de la saison 1 de « Downton Abbey » :

C’est la vie d’un manoir, Downton Abbey, de ses occupants du dessus et d’en dessous comme disent les anglais. On découvre Robert et Cora Crowley, Lord et Lady de Grantham, qui ont la charge d’entretenir la propriété avec le soutien des domestiques. Au lendemain du naufrage du Titanic en 1912, les Crowley apprennent avec stupeur que les héritiers directs sont morts lors de la tragédie. Robert et Cora n’ont eu que des filles et le père de Robert a fait en sorte que jamais la propriété ne passerait entre les mains d’une femme. Robert se rend à l’évidence. Il doit contacter une branche éloignée de la famille, des bourgeois, Matthew et Isobel, sa mère.
A n’en pas douter, « Downton Abbey » est un must-see. Une écriture sans réel défaut, des dialogues délicieux de drôlerie, des émotions profondes servies par des acteurs incroyables et par une réalisation fantastique — même si l’on pourrait se passer de ces effets de flous qu’affectionnent les réalisateurs anglais en ce moment. Chapeau bas à la musique — très inspirée — et qui donne le sourire dès les premières notes.

PRIX DE L’ACTEUR/L’ACTRICE GÂTÉ(E) PAR LA NATURE QUI NOUS FERAIT REGARDER N’IMPORTE QUOI

On n’a déjà eu du mal à éviter la mutinerie pour se limiter à cinq ou six nominés, ne nous demandez pas de choisir sous peine de voir la rédaction s’affronter à coup d’armes de destructions massives. Chacun son chouchou, et c’est très bien comme ça !

MEILLEURE COMÉDIE FRANÇAISE

On attribue le prix ex-aequo aux deux nominés, « Hero Corp » et « Fais pas ci, Fais pas ça ». Et si la télé française pouvait se dérider un chouïa en 2011, et autrement que via « Camping Paradis », ça ne ferait de mal à personne, hein !

Un prix ex-aequo à l’ensemble des cinq nominés, c’est aussi ce qu’on attribue pour…

LE PRIX DE LA PLUS MAUVAISE PROGRAMMATION DE FICTION FRANÇAISE

Avec une mention spéciale aux trente-deux autres exemples qu’on n’a pas eu la place de relever. Puisque c’est à la mode, un bon gros Grenelle de la Programmation à la télé Française en 2011, ça ne ferait pas de mal. Le point de départ est facile : tout ce qu’on fait depuis trente ans est à la fois idiot et nul, il faut tout changer.

ACTEUR EUROPÉEN DE L’ANNÉE

Deux ex-aequo, qu’on a pas réussi à départager.

  • Matt Smith (Le Docteur dans « Doctor Who »)
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Franchement, on ne donnait pas cher de la peau du successeur de David Tennant. D’accord, Steven Moffat n’a jamais été mauvais dans l’art du casting, mais David Tennant, quoi. Au fond, je crois que tout le monde s’attendait à ce que le petit nouveau soit « pas mal, compte-tenu de »… Et en fait, il se sera juste avéré brillant !
Matt Smith compose un Docteur enthousiasmant, un peu plus taré que son prédécesseur, déterminé à cacher derrière un sourire et un enthousiasme permanents, mais de façade, les traumas qu’il a traversé. En gros, le Docteur de Matt Smith a la dépression joyeuse, et on a assez hâte de voir jusqu’où ce paradoxe va entraîner le personnage...

(Notre dossier : A brand-Who day)

  • Benedict Cumberbatch (Sherlock dans « Sherlock »)
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Ce n’est pas la première fois qu’on remarque Benedict Cumberbatch. Il était déjà épatant dans « Stuart, a life backwards » ou dans le rôle très éloignée de Sherlock d’un mari faible et effacé dans « Small Island ». Le « Sherlock » de Moffat et Gatiss lui donne l’occasion de briller, et de faire preuve de son charisme particulier, si britannique par essence.
Ce qui est fascinant dans la composition de Cumberbatch pour Sherlock, c’est son jeu corporel. A chaque instant, son corps témoigne de ce qu’il se passe dans le cerveau perturbé du génie aux tendances autistes qu’est Sherlock, du fait qu’il ne vit vraiment que sous le coup de l’adrénaline et du danger.

(Notre dossier : Sherlock, détective très moderne)

ACTRICE EUROPÉENNE DE L’ANNÉE

  • Ruth Wilson (Alice Morgan dans « Luther »)
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Extrait de la critique complète de la saison 1 de de « Luther » par Dominique, qui sera prochainement en ligne :

« Luther » réemploie le schéma de l’assassin qui fraternise avec le flic. Dès le premier épisode, Luther essaie de faire enfermer Alice (la fantastique Ruth Wilson), qui vient de tuer ses parents en commettant le crime parfait. Ce jeu de chat et la souris devient progressivement une étrange et pourtant si logique amitié. Tous deux sont intelligents. Tous deux sont des sociopathes, à différents niveaux de conscience. Et si l’un représente la loi et l’autre ce qu’elle punit, les rôles auraient pu être inversés sans que la dynamique ne change. Cette relation qui naît sous nos yeux, qui trouvent une base commune, le respect, est le fil rouge de la série ainsi que son chœur et son âme. Lorsque Alice sent qu’un danger pointe sur Luther, elle vient à son aide, qu’il le souhaite ou non, lorsque Luther est dos au mur, il vient la chercher. Et la réticence avec laquelle Luther accueille cette amitié au début n’est que l’expression de la peur qu’il a de lui-même, et du risque qu’il a de prendre le même chemin qu’elle.

SCÉNARISTE DE L’ANNÉE

  • Steven Moffat (« Doctor Who », saison 5, épisode 1 : « The Eleventh Hour »)
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C’était le premier épisode d’un « Doctor Who » régénéré. Attendu au tournant, et arrivant pourtant à être une agréable surprise. Epatant !

Extrait de la critique de « The Eleventh Hour » :

Il faut voir Steven Moffat introduire le Tone Meeting (lecture rassemblant les acteurs principaux, les producteurs exécutifs et les membres des principaux départements, réalisation, décors, costume, etc., pour préparer l’épisode) en indiquant à tout le monde : ’’ceci est l’heure de télévision qui sera la plus minutieusement scrutée de toute votre carrière’’. Le genre de challenge qui peut soit sublimer une équipe, soit la faire plier sous la pression.

RÉALISATEUR DE L’ANNÉE

  • Adam Smith (« Doctor Who », saison 5, épisode 1 : « The Eleventh Hour »)
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Et oui, encore. Mais « The Eleventh Hour » ne fait effectivement pas que régénérer scénaristiquement la série de SF la plus longue de l’histoire de la télé, elle la réinvente aussi visuellement et la fait monter d’un coup de cinq ou six crans en gamme, et atteindre un niveau où elle n’a plus grand-chose à envier à la fiction américaine.

Autre extrait de la critique de « The Eleventh Hour » :

Il y a plus de travellings, de soin apporté aux cadres, et la photographie s’inspire clairement du cinéma hollywoodien récent. On pense aussi à la séquence où Amy décide de suivre le Docteur, avec un joli passage au ralenti. Et puis, bien sûr, il y a la séquence dans la tête du Docteur, qui fait appel à la fois à un regard caméra et à une scène entière réalisée à partir de centaines de photographies. L’ensemble permet à la série de proposer des production values assez spectaculaires.

SHOWRUNNER DE L’ANNEE

  • Frédéric Krivine, Emmanuel Daucé et Philippe Triboit pour la saison 3 de « Un Village Français »
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Ils sont les seuls en France à proposer de la télé ambitieuse (par opposition à certaines séries policières dénuées d’identité et d’intérêt de TF1) au rythme de saisons de douze épisodes par an. Et malgré ça, ils ont proposé une re-conceptualisation spectaculaire de leur série, en en gardant toutes les qualités, sublimées, et en en éliminant presque tous les défauts.
Ce succès là c’est aussi la preuve que l’attitude de Canal+ sur ce type de sujets, qui se revendique de prudence, vire de plus en plus au conservatisme et à l’attentisme...

Extrait de la critique-bilan de la saison 3 de « Un Village Français » :

La troisième saison de « Un Village Français » laisse le sentiment d’une série qui a tout-à-fait trouvé son identité. Extrêmement addictive, elle élève de façon très visible le niveau de qualité des trois piliers de la série. L’intrigue, ses enjeux et rebondissements sont plus fluides, plus maîtrisés, et pour tout dire diablement plus intéressants que précédemment. Les personnages s’approfondissent, gagnent en réalisme, en complexité et deviennent aussi plus mémorables. La plongée historique dans la période de l’Occupation est toujours extrêmement soignée, visiblement documentée, et sait braquer ses projecteurs vers des éléments dont l’intérêt dramatique et fictionnel est très fort.

PIRE SÉRIE FRANÇAISE

  • « Nouvelle Maud »
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Rappelez-vous, le début des années 90. A cette époque, et sous l’impulsion de Claude de Givray, la fiction française se réappropriait le genre du soap, qui avait été le phénomène de la décennie 80 aux Etats-Unis. Pour se démarquer des « Dallas » et autres « Dynasty » les intrigues de passions amoureuses et de secrets de famille s’y voyaient situées dans le terroir français pour selon Olivier Szulzynger, ‘‘raconter une France des campagnes à des citadins qui ne partent pas en vacances’’.
On y recyclait alors quelques vieilles gloires un peu passées de mode et au talent d’actrice plus ou moins avéré (Annie Cordy, Mireille Darc, Danièle Evenou...) au milieu desquelles on jetait une héroïne jeune et belle et fraîche et romantique (Amélie Pick, Claire Keim, Marie Verdi…). Le tout était tourné à l’économie, avec un rendu film de vacances filmé au caméscope familial, qui rend le tout quasi inrediffusable aujourd’hui.

« Nouvelle Maud » s’inscrit parfaitement dans cette tendance. Seul problème, elle a été tournée et diffusée en 2010. En plus, non seulement c’est aussi mal filmé et visuellement horrible que les sagas d’il y a vingt ans, mais en plus c’est à peu près mille fois moins bien écrit. Dites-moi que je rêve !

MEILLEURE SÉRIE FRANÇAISE

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Au Village, on a nos chouchous et on assume. Après une première saison éminemment sympathique mais aussi maladroite et parfois trop visiblement fauchée, Simon Astier retourne la table et livrait il y a un an une saison 2 incroyable de par sa montée en puissance, son dynamisme, son addictivité et son ton beaucoup plus affirmé. Triomphe mérité. Sauf que du fait d’une programmation débilissime (que Comédie ! va continuer en 2011, évidemment) tout le monde a regardé la série sur internet. Du coup, la seule série française à avoir généré un véritable réseau de fans depuis... heu ben depuis toujours, quoi, n’est toujours pas sûre de continuer un an après. Pauvre France !

Extrait de la critique de la saison 2 de « Hero Corp » :

Ce qui frappe quand on a vu la saison 1 et qu’on découvre la saison 2, c’est son efficacité. On a l’impression que le dosage de l’ensemble des ingrédients de la série a été revu et que toute l’énergie créative a été canalisée pour donner 15 nouveaux épisodes, riches en personnages et en mythologie.
Plus d’effets spéciaux, plus de décors, des nouveaux personnages, des guests comme Pierre Palmade, Pascal Legitimus ou Alexandre Astier... ça semble évident : ils ont eu plus de budget. Et bien non ! La saison 2 a été signée avant la diffusion de la saison 1, et du coup, le budget est resté le même. Pour vous donner une idée, à ce tarif-là, avec 2 épisodes de « Braquo », on peut faire 3 saisons d’« Hero Corp ». 3 mois d’écriture, 2 mois de tournage à raison d’un-demi épisode par jour, et 5 mois de post-production... tout ça avec quelques sous et beaucoup d’astuces et d’implication de la part de l’équipe. « La seule série où les acteurs portent des pieds de projo ». Cet investissement est visible. On sent que toute l’équipe, et Simon Astier le premier, y met tout son coeur. C’est une série qui vient des tripes, pas d’une étude marketing. Et en ça, elle est juste exceptionnelle.

MEILLEURE SÉRIE EUROPÉENNE NON-FRANCOPHONE

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Ouaip. Brits do it better. Vers 2003-2005 (un tout petit peu avant le début de la ‘‘crise de la fiction française’’ chez nous), les britanniques se sont remis en cause.
Leur fiction télé s’était repliée sur elle-même et sur un seul genre, le drama naturaliste, décliné en costume, en sitcom ou en soap du soir, le tout s’exportant très peu et très mal (on doute que Jimmy payait cher les sitcoms drôles mais clivantes qu’elle proposait à un petit nombre d’happy fews). Elle avait, plus ou moins consciemment, abandonné la culture populaire de qualité à la série américaine pendant son âge d’or des années 90. La différence avec la France, c’est que là-bas, une remise en cause aboutit à un paysage entièrement transformé cinq ans plus tard. En 2010, la série anglaise donne dans tous les genres. Elle exporte à travers le monde entier de la série ado (« Skins », « Misfits »), de la SF (« Doctor Who », « Torchwood »), de l’espionnage (« Spooks »), du grand drama policier (« Wallander »).
A bien des égards, « Doctor Who » a marqué le début de cette tendance. Et « Sherlock » en est le prolongement direct. On y constate que c’est en se plongeant dans ses propres références de culture populaire, inconditionnellement british, que la Grande-Bretagne a redonné naissance à une fiction forte que le monde lui envie (et a envie de lui acheter, que ce soit sous la forme de droits de diff’ ou de remakes). Ca fait six ans qu’au lieu de se demander ce qu’est la culture populaire française, et comment lui insuffler de la modernité, on tourne en rond. Si la fiction télé était une course automobile, les français seraient garés sur le côté, perdus dans la contemplation du pneu qu’il faut changer, pendant que les anglais nous ont déjà mis trois tours de circuits dans la vue, et nous doublent une quatrième mois en se marrant. « Sacrés Français ! »

Extrait de notre point de vue sur « Sherlock » :

Quand on regarde « Sherlock », la première chose qui vient immédiatement à l’esprit, c’est le plaisir. Le premier épisode est purement et simplement virtuose. Tout s’y conjugue, comme cela n’arrive pas si souvent en télévision : une écriture extrêmement riche, tant sur le plan de l’intrigue que sur celui de la caractérisation des personnages ; une interprétation exceptionnellement réussie de la part des deux acteurs principaux ; une réalisation stylisée, inventive, sans céder à l’esthétique vidéo-clip : les images racontent quelque chose. Si le deuxième épisode n’est pas tout-à-fait au niveau, le troisième renoue avec le même dynamisme visuel et une intrigue très retorse.


Retrouvez l’intégralité des nominés, y compris les catégories décalées qui n’ont pas été reprises dans la Palmarès :

COUP DE COEUR

Ça ne date pas de 2010, mais nous, on l’a vu cet année. Et ça nous a marqué.

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  • « Queer as Folk »
    De Russell T Davies. Découverte par Dominique pour ses Devoirs de vacances, critique QAF saison 1 et QAF 2 par Sullivan disponibles.
  • « Coupling »
    De Steven Moffat. Dominique en a fait la critique.
  • « The Second Coming »
    De Russell T Davies, qui a vraiment quelques chef oeuvre dans ses tiroirs ! Sullivan a fait la critique de sa découverte tardive.
  • « Skins »
    De Brian Elsley. Sullivan l’a finalement découverte en 2010. Du coup, il promet qu’en 2011 il réparera l’erreur qui consiste à n’avoir pas consacré une ligne à la série au Village...

PRIX DE L’ACTEUR « NATUREL » : ON NE SAIT PAS VRAIMENT S’IL JOUE, OU S’IL EST SEULEMENT LUI-MÊME. MAIS ON S’EN FOUT : C’EST VACHEMENT BIEN !

Parfois, le naturel a du bon.

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PRIX DE LA MEILLEURE SÉRIE SELON MAMIE

Parce que le 3e âge a droit à la télé de qualité !

  • « Nicolas Le Floch »
  • « Petits Meurtres d’Agatha Christie »
  • « Inspecteur Barnaby »
  • « Au Siècle de Maupassant »
  • « Garrow’s Law »

PRIX DE LA MEILLEURE SÉRIE QU’ON A PAS REGARDÉE

Merde, c’est bien, pourtant !

  • « Un Flic »
    (parce que vu la diffusion de France 2 et l’absence totale de com’, j’ai loupé tellement d’épisodes que j’ai lâché l’affaire)
  • « Unforgiven »
    (parce que vu que c’est produit par Red, c’est sûr que c’est bien, mais que choper toutes les mini-séries anglaises n’est pas toujours facile)
  • « Downton Abbey »
    (mais heureusement que Carine d’Annuséries sauve l’honneur !)
  • « Any Human Heart »
    (parce que j’ai même pas su que la diffusion avait eu lieu)

PRIX DE L’ACTEUR GÂTÉ PAR LA NATURE QUI NOUS FERAIT REGARDER N’IMPORTE QUOI

Parce que parfois, on est faible, même au Village.

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  • Iwan Rheon (« Misfits »)
  • François Arnaud (« Yamaska ») [C’est une série Québécoise]
  • Andrew Buchan (« Garrow’s Law »)
  • Richard Armitage (« Spooks »),
  • Matthew MacFadyen (« Any Human Heart »),
  • Guillaume Cramoisan (« Profilage »)

PRIX DE L’ACTRICE GÂTÉE PAR LA NATURE QUI NOUS FERAIT REGARDER N’IMPORTE QUOI

Parce que parfois, Dominique est faible aussi.

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  • Karen Gillan (« Doctor Who »)
  • Audrey Fleurot (« Engrenages » et « Un Village Français »)
  • Keeley Hawes (« Ashes to ashes »)
  • Antonia Thomas (« Misfits »)
  • Aurore Pourteyron (« Hero Corp »)

LES SÉRIES QU’ON A (UN PEU) HONTE D’AVOIR REGARDÉES...

Nos Pêchés mignons.

  • « Strike Back »
    (vue pour le sex appeal d’un Richard Armitage dopé à la testotérone)
  • « Plus belle la vie »
    (parce que ça fait au moins un an qu’il n’y a pas eu une intrigue correcte et que les catastrophes scénaristiques de ces dernières semaines la rendent difficile à défendre.)
  • « Shaun the Sheep »
    (vue parce que BBC, parce que c’est Aardmann et que moi et mon fils de 3 ans et demi, ça nous fait marrer comme des baleines... et j’ai même pas honte)
  • « The Deep »
    (parce qu’on ne devrait pas tout tolérer sous prétexte qu’il y a James Nesbitt dedans)

MEILLEURE COMÉDIE FRANÇAISE

Aussi appelé prix de la diversité. Et on voit vraiment pas du tout qui va gagner.

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  • « Hero Corp »
  • « Fais pas ci, Fais pas ça »
  • « Hero Corp »
  • « Fais pas ci, Fais pas ça »
  • « Hero Corp »
  • « Fais pas ci, Fais pas ça »

LE PRIX NICOLAS DE TAVERNOST DU PROGRAMME QUI N’EST UNE FICTION QUE SELON SES STANDARDS

Il fume quoi, Nicolas ?

  • « Un dîner presque parfait »
  • « On a échangé nos mamans »
  • « L’amour est dans le pré »
  • « C’est du propre »
  • « Belle toute nue »

LE PRIX DE LA PLUS MAUVAISE PROGRAMMATION DE FICTION FRANÇAISE

La catégorie où il a été le moins facile de ne pas mettre 32 nominés.

  • « La commanderie » sur France 3
    (le samedi, par 3, avec un générique de fin incrusté sur la dernière scène cliffhanger)
  • « Les Bleus » sur M6
    (le samedi, par paquets de 12, en diffusant trois saisons mélangées, et en s’arrêtant au milieu de la saison inédite)
  • « AD, la Guerre de l’Ombre » sur TF1
    (série primée alors qu’elle vient de TF1, à 2h du matin parce que la chaîne bleu-blanc-rouge a honte de la qualité)
  • « Un village français » sur France 3
    (le dimanche soir pour venir se faire flinguer par les chtis)
  • « Hero Corp » sur Comédie ! et France 4
    (4 épisodes à la suite le soir où il n’y a pas un jeune devant la télé, ou tous les soirs en juillet à 20h quand tous les jeunes sont dehors.. et en rediff à 8h30 au mois d’aout quand ils dorment ! – La vache vous voulez vraiment que personne ne la voie votre série !)

PRIX DU RECORD DE DÉCIBEL

Parce qu’on aime les persos gueulards !

  • Malcom Tucker (Peter Capaldi) dans « The Thick of It »
  • Doug (Sébastien Lalanne) dans « Hero Corp »
  • Fabienne Lepic (Valérie Bonneton) dans « Fais pas ci, Fais pas ça »
  • Kelly (Lauren Socha) dans « Misfits »

PRIX DE LA PLANTE VERTE

A la mémoire des personnages qui n’auront servi à rien une saison entière.

  • Beth Bailey (Sophia Miles) dans « Spooks » saison 9
  • Dimitri Levendis (Max Brown) dans « Spooks » saison 9
  • Curtis (Nathan Stewart Jarrett) dans « Misfits », saison 2
  • Jennifer (Aurore Poutreyron) dans « Hero Corp » saison 2
  • Le Tardis dans « Doctor Who » saison 5 (on voulait voir où menaient tous ces escaliers, mince !).

ACTEUR EUROPÉEN DE L’ANNÉE

On est content, on a réussi à caser un français parmi les english !

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  • Matt Smith (Le Docteur dans « Doctor Who »)
  • Iwan Rheon (Simon dans « Misfits »)
  • Thierry Godard (Raymond Schwartz dans « Un Village Français »)
  • Benedict Cumberbatch (Sherlock dans « Sherlock »)
  • Martin Freeman (Watson dans « Sherlock »)
  • Idris Elba (Luther dans « Luther »)

ACTRICE EUROPÉENNE DE L’ANNÉE

Y’a même une nominée qui n’est ni anglaise, ni française ! Wait, y’en a même deux !

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  • Audrey Fleurot (Hortense Larcher dans « Un Village Français »)
  • Sofie Grabol (Søren Malling dans « The Killing »)
  • Valérie Bonneton (Fabienne Lepic dans « Fais pas ci, Fais pas ça »)
  • Alex Kingston (River Song dans « Doctor Who »)
  • Marie-Eve Perron (Cathy dans « Les Invincibles »)
  • Ruth Wilson (Alice Morgan dans « Luther »)

SCÉNARISTE DE L’ANNÉE

It’s all on the page !

  • Steven Moffat (« Doctor Who », saison 5, épisode 1 : « The Eleventh Hour »)
  • Simon Astier avec la collaboration de Claire Alexandrakis et Aude Blanchard (« Hero Corp », saison 2, épisode 13 : « Instructions »)
  • Neil Cross (« Luther », saison 1 : « Épisode 5 »)
  • Howard Overman (« Misfits », saison 2 : « Épisode 2 »)
  • Frédéric Krivine avec la collaboration de Stéphane Keller (« Un Village Français », saison 3, épisode 2 : « Notre Père »)
  • Julian Fellowes (« Downton Abbey », saison 1 : « Épisode 2 »)

RÉALISATEUR DE L’ANNÉE

It’s all on the screen !

  • Eric Rochant (« Mafiosa », saison 3 : « Épisode 2 »)
  • Tom Green (« Misfits », saison 2 : « Épisode 1 »)
  • Adam Smith (« Doctor Who », saison 5, épisode 1 : « The Eleventh Hour »)
  • Brian Kirk (« Luther », saison 1 : « Épisode 1 »)
  • Philippe Triboit (« Un Village Français », saison 3, épisode 3 : « La Planque »)

SHOWRUNNER DE L’ANNEE

Ou le prix du chef d’orchestre.

  • Simon Astier pour la saison 2 de « Hero Corp »
  • Neil Cross pour la saison 1 de « Luther »
  • Steven Moffat pour la saison 5 de « Doctor Who »
  • Frédéric Krivine, Emmanuel Daucé et Philippe Triboit pour la saison 3 de « Un Village Français »

PIRE SÉRIE FRANÇAISE

Parce qu’il y en a trop !

  • « RIS »
  • « Nouvelle Maud »
  • « Clem »
  • « Victoire Bonnot »
  • « Le Chasseur »

MEILLEURE SÉRIE FRANÇAISE

Parce qu’il y en a un peu !

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MEILLEURE SÉRIE EUROPÉENNE NON-FRANCOPHONE

C’est pas parce que tout le monde sait déjà qui va gagner que les autres nominés ne sont pas cools !

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