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1.21 - Episode 20
IVG
Cas De Conscience
dimanche 29 février 2004, par
Cet épisode a reçu du site internet "the futon critic" le prix du meilleur épisode de l’année 2003. Après avoir revu cet épisode une deuxième fois il y a quelques minutes, je ne peux que comprendre la décision du futon critic tellement cet épisode est engagé et pose un regard simple et humain sur un sujet aussi délicat que l’avortement et plus encore sur l’avortement des adolescentes.
D’habitude, l’intrigue médicale est le maillon faible de la série alors que dans cet épisode, c’est véritablement cette intrigue qui transcende les 42 minutes que dure le rendez-vous hebdomadaire d’Everwood. Et pourtant le sujet n’était pas facile. L’avortement ,même s’il est autorisé aujourd’hui de manière légale dans de nombreux pays, reste quelque chose de tabou et que l’on accepte pas si facilement que cela, en particulier dans les petites villes. C’est là que l’on comprend le point de vue du docteur Abbot. Il ne dit pas cela par peur ou parce qu’il refuse ce genre de pratique mais il pense avant tout aux conséquences que cela peut entraîner et quand on pense à certaines manifestations anti ivg on ne peut être que d’accord avec lui. Harrold pense avant tout à protéger Andy et a protéger la famille de ce dernier. Comme souvent la problématique est vue à travers le regard de différents personnages sans vraiment apporter de réponse ou de solution miracle. Mais comme le dit sagement Andy la décision de Kate sera la meilleure car ce sera la sienne. La première scène entre Kate et Andy au cabinet médicale est empreinte de beaucoup de pudeur et de réalisme. Andy exposant simplement les diverses alternatives que Kate peut envisager tout en restant profondément humain et proche de sa patiente. Comme il le rappelle intelligemment au père de Kate, c’est elle qui est sa patiente et c’est d’elle qu’il doit prendre soin et il ne se laisse pas le moins du monde influencer par ce père qui voudrait vite en finir avec cette histoire pour ne plus y penser. Il explique aussi clairement qu’il ne fait qu’appliquer la procédure liée notamment au temps de réflexion de la patiente. Cela à un petit côté pédagogique mais qui passe de manière habile sans donner l’impression d’être trop "scolaire". Mais n’allons pas croire que le père de Kate, par son attitude pragmatique, est sans cœur. Comme le rappelle Edna, les hommes se sont toujours voilés la face sur ce problème typiquement féminin et préférant fermer les yeux plutôt que d’affronter le problème.
L’intrigue montre également que le médecin de famille n’est pas seulement un simple guichet servant à obtenir une ordonnance quand on est malade mais est aussi un confident, une aide, un conseil vers qui on peut se tourner. Le médecin derrière cette apparence d’éminence grise qui sait tout est aussi avant tout un homme avec son passé, ses croyances, ses convictions. La mort de Julia a beaucoup affecté Andy, plus d’un an plus tard celle ci est toujours présente et la plaie n’est pas refermée. Pratiquer cet avortement est au dessus de ses forces et tout franc tireur qu’il est, Andy ne peut pas aller contre tout cela. En professionnel qu’il est et pour le bien de sa patiente, il passera le relais de ce fardeau trop lourd à porter. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’Harrold acceptera de le remplacer mais comme Andy, il fera passer sa patiente avant tout et en respectant et comprenant les motivations d’Andy. On voit à nouveau une complémentarité entre les deux médecins et un respect mutuel évident. La dernière scène de l’épisode à l’église et particulièrement magnifique car on voit là qu’Harrold a été au delà de ses propres conceptions en pratiquant l’avortement de Kate même s’il n’a fait que son devoir. Comme il l’a dit à Andy, il tient à respecter son serment et a honorer la mémoire de son père. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des sentiments troubles. Personne ne sortant indemne de cette expérience.
L’intrigue n’est pas un plaidoyer pour l’avortement pour autant. Elle pose juste une question de son temps avec finesse et dignité où le choix de la patiente est présenté comme sacré, ce qui n’empêche pas une profonde remise en question.
Le reste de l’épisode est sympathique mais ne peut rivaliser avec l’intrigue médicale.
L’intrigue Delia même si elle est drôle pose le problème du comment aborder la sexualité avec les enfants. Nina essaye mal à l’aise de se débrouiller comme elle peut pour répondre aux questions de Delia tout en ne brusquant pas les choses et ne présentant pas le nu et le sexe en général comme sale et dégradant. Elle s’y prend même assez bien car elle répond à la curiosité de Delia plutôt que de l’envoyer balader ou que d’être scandalisée comme le fait la mère d’Arnie. Cela en serait resté au stade de l’anecdote si Delia n’avait pas voulu offrir le magazine à Arnie. Et là il était de la responsabilité de Nina et même d’Andy de vérifier que Delia n’emporte pas le livre car ce sont eux les adultes et les responsables dans cette histoire, même si ce sont eux les plus mal à l’aise. Car comme Delia le dit, si ce n’est que la curiosité il n’y a pas de mal en soit mais il y a un âge pour chaque chose et c’est aux adultes à veiller sur les enfants et à les amener pas à pas vers l’âge adulte.
A l’inverse des autres épisodes c’est l’intrigue liée à Ephram que j’ai trouvé la plus faible et pas vraiment très intéressante. La seule bonne chose étant qu’Amy remet les choses à leur place. Elle a compris ce que lui a dit sa grand mère la semaine dernière et essaye de réparer les dégâts qu’elle a causé entre elle et Ephram. La froideur de leur scène en bas de l’escalier y est peut être pour quelque chose.
Le commentaire serait bien sûr incomplet sans parler du malaise choc de Colin. Mais cette scène était elle évitable ? Oui elle aurait peut être pu l’être si Colin et ses parents avaient écouté le docteur Brown qui leur demandait d’être prudent au sujet de sa guérison. S’ils n’avaient pas pris à la légère les tests et les examens certes contraignants mais nécessaire. Ils doivent aujourd’hui payer les conséquences de leur inconscience. Mention spéciale pour Mike Erwin qui convulse de manière très réaliste. Bravo.
Une intrigue forte et engagée qui transcende le reste de l’épisode et un cliffhanger qui laisse présager le pire pour Colin.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires