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1.09 - The David McNorris Show
What a show !
Tel père, tel fils
mercredi 22 septembre 2004, par
Avec un titre comme celui-là, il est pas étonnant de se retrouver avec un one man show de notre assistant procureur préféré. Mais pourtant, il n’est pas le centre d’intérêt de l’histoire, simplement un moyen au service de l’histoire.
Et cette histoire est la paternité. Et trois exemples nous sont fournis dans cet épisode : David, Joel et le bad guy du jour.
Tout d’bord Joel ou la difficulté d’enseigner aux éponges que sont les enfants. Comme les Spontex, ils absorbent tout, y compris ce qu’on croit qu’ils n’ont pas entendu. Donc notre ami Joel, l’inspecteur à la femme dépressive est en jour de repos et que fait on pour ne pas se coltiner sa femme ? On va faire un tour dans un endroit bien peuplé, histoire qu’elle reste à la maison à déprimer toute seule. Voilà donc Joel parti avec son fiston au mondial de l’aéronautisme ou un salon équivalent sur les avions. Et on récupère les deux fuyards de la maison en plein conversation, Joel questionnant son fils sur l’endroit où il entendu ces vilains mots. Qu’a t’il dit ? Merde, crottre ou autre ? Mystère. Mais cela ne plait pas à Joel qui accuse les copains de son fils puis la télévision avant de faire avouer à son fils que c’est lui qui lui appris ces vilains mots, Joel les prononçant sans arrêt au volant de sa voiture.
Pauvre Joel. Mais je le comprends. Déjà que moi j’insulte tout ce qui passe à ma proximité alors que je conduis dans une petite ville ... Et lui, il pilote dans Los Angeles. Mais bon, le mal est fait et retiens t’il la leçon ? Non. Parce qu’après, on va faire un peu de baseball avec ses potes, à savoir Fonceur, Thérésa (toujours aussi sexy même sans l’uniforme d’infirmière) et pleins d’autres inconnus dont on n’en a rien à battre.
Thérésa à la batte. Fonceur lui envoie une balle en cuillère (bonjour le clichés de la femme et du sport ...). Bref, une balle toute momolle que Thérésa frappe comme ... une femme ou moi (qui ne suit pas une femme), c’est à dire que la balle part vers le bas et rebondit à un mètre d’elle avant de fuser. Bon, je ne vais pas faire un speech sur les règles du base ball que je maîtrise mal mais quand on frappe la balle, il faut courir en suivant la ligne qui forme un "carré" (le lanceur étant au centre de ce "carré"). Et à chaque coin de ce "carré", on trouve une base. Il faut être sur l’une d’elle quand l’équipe de celui qui a lancé la balle au frappeur l’a récupéré. Sinon, on est out. Et Joel se trouve sur la première base (la rencontre devait opposer flics aux pompier/ambulanciers, pratique très courante aux USA). Et pour blaguer, il enserre Thérésa "amicalement" pour l’empécher d’aller sur la base (ce qui est interdit entre parenthèses). Ca se pelote dans tous les sens en rigolant (oui ! unbelievable mais Joel sourit et rigole même !). Et tout ça sous les yeux du fiston.
Hop, ellipse, et on est à la fin du match. Fonceur occupe fiston pendant que papa Joel drague sec la belle Thérésa toute en sueur. Ca rigole bien et ça se finit sur Joel parlant de ses problèmes de vulgarité avec fiston. Et "que va t’il apprendre de son père marié flirtant avec une jolie jeune femme ?" et Thérésa répondant génée : "on est juste amis, il le sait". Oulala, ça devient chaud entre eux. Ils éprouvent chacun quelque chose pour l’autre mais fiston empêche son père de conclure (note pour moi-même : ne jamais emmener mon fiston avec moi quand je chercherais une amante si un jour je suis marié et si j’ai un fiston)
Bref, tout cela pour en venir au principal : Eduquer son fils est quelque chose de difficile et même quand on s’y prend très bien comme Joel, ces éponges prépubères trouvent toujours une faille pour contrarier leurs parents.
Le bad guy et son ado de fils
Papa est super riche et fiston vient de tuer une asiatique. Ouch. Bon, background sur papa : il a commencé à faire fortune dans le poisson (ou la poisscaille pour David McNorris). Il dirigeait une enterprise de pêche et avait tout compris : pas besoin d’aller en Asie pour trouver des employés pas chers et sans syndicat. Il y en a en Alaska ! Donc il a fait fortune en rachetant des bateaux pourris tenant par miracle sur les flots et y a fait bosser des gars du coin pour pas chers. Et il a tout revendu. Première fortune. Mais, ce n’était pas assez. Il s’est ensuite lancé dans le cinéma et pour son premier film produit, il a choppé une sorte de Blair Witch : le truc qui coute que dalle et rapporte des centaines de millions de dollars. Le voilà péter de thunes. Et comme les riches attirent les juges et comme la légalité, il s’en bat un peu les couilles, il finance toutes les campagnes d’élections du coin, y compris celle de l’actuel maire de Los Angeles et celle de l’actuel procureur de la ville qui ne serait pas à son poste sans cet argent, ce qui fout en rogne David.
Bref, papa n’a jamais hésité à se salir les mimines et quand son fils se retrouve inculpé de meurtre, on achète David (voir plus bas), on balade la police à droite et à gauche et au Venezuela avant d’aller planquer fiston (qui est toujours là en fait) aux Caraïbes. Normal, on ferait tout pour protéger son tueur de fils mais ... Mais celui-ci n’a pas tué la fille. Et il ne l’a payé pas non plus comme une prostitué mais comme une aide scolaire qui a fini par succomber au charme de fiston et plonger dans son lit. Oupsssss gros choc pour le père.
Et comme David le fait remarquer : on n’est pas tous comme son père, on ne devient pas tous comme lui. Ce qui sera son propre déclic.
David McNorris
Après la paternité avec un fiston de 8 ans, puis avec un de 16 ans, voici la paternité par de là la tombe avec un fiston dans la trentaine. Et ce fiston est l’assistant du procureur aux yeux bleu acier, j’ai nommé David McNorris.
Lors de plusieurs épisodes, on en a appris pas mal sur David et son père. Ce dernier était alcoolique et multipliait les maîtresses dans le dos de sa femme. Et David n’a qu’un seul but : ne jamais devenir comme son père. Chose dont il doute au début de la série puisqu’il aime bien téter la bouteille socialement et qu’il y va gaiement avec Andréa la journaliste alors que sa femme l’attend à la maison. Et il se voit devenir comme son père. Hop, larguage plus ou moins mutuel avec Andréa puis stop la bibine. Il est en bonne voie. Mais voilà l’affaire du jour. Et quand papa producteur offrira à David sous les yeux de son patron de procureur le financement intégral de sa campagne pour devenir procureur (pendant que l’actuel procureur se présentera à la mairie) en échange d’une manipulation pour sauver fiston tueur, David accepte ! Il accepte de l’argent pour sauver un tueur ! Et il va faire son show (d’où le titre) pour orienter les flics là où il faut pas tout en assurant coté offusqué (comme quand il hurle sa rage contre papa producteur dans sa limousine sous les yeux des flics).
Bref, David a vendu son âme et s’en veut. Et quand à la fin, il se rend compte qu’il a tout fait pour rien (fiston producteur n’étant pas le tueur) et qu’en plus, papa producteur et le procureur lui conseille de rester assistant, puisqu’il est parfait en homme de l’ombre et exécuteur des choses pas claires, David commence à craquer. Et il craque complétement en se rendant compte que fiston producteur n’est pas comme son père alors que lui qui a tout fait pour ne pas l’être est devenu la copie conforme de son père : quelqu’un d’alcoolique, infidèle et corrompu.
Il craque et trouve une bouteille, picole sous la pluie, et finit chez Andréa où il entre en pétant un carreau et lui raconte alors toute l’histoire (celle de papa producteur voulant couvrir son fiston, celle de l’épisode quoi, la pétage de carreau étant le teaser) avant de lui avouer qu’il l’aime toujours comme un fou. Mais Andréa le rejette. Il va alors chez papa producteur, lui pétant la gueule pour n’avoir à aucun moment envisager que son fiston pouvait être innocent et que tous les fils ne sont pas comme leurs pères contrairement à lui. Puis il rentre chez lui où il retrouve sa femme aimante et attentionnée en voyant son état et sa blessure à la main (dû au pétage de carreau chez Andréa) et il lui avoue tout y compris le trompage avec Andréa. Et là, sa femme fait de suite ses valises, lui reprochant non pas la tromperie mais de lui avoir menti (Elle lui avait demandé et il avait dit qu’il ne couche pas avec Andréa à la soirée d’Halloween, ce qui était techniquement vrai, les deux étant séparés)Et David bourré lui fait part de cette subtilité de langage. Sa femme s’en tape et se barre le laissant seul face à la vitre où les gouttes dégoulinent. David a tout perdu : sa femme l’a quitté, Andréa se refuse à retourner avec lui et son boulot est une impasse sans promotion possible parce qu’il est plus utile dans l’ombre et que de toute façon, il a pété la gueule au financeur officiel de campagne politique du coin.
David n’est plus comme son père, il s’en est détaché en sacrifiant tout. Va t’il en profiter pour repartir à zéro ou va t’il s’enfoncer dans l’alcool et les femmes faciles ? Le plus grand choix de sa vie est là. A lui de ne pas se tromper. Il est enfin devenu un adulte, acceptant de faire des sacrifices pour obtenir ce qu’il souhaite par dessus tout : ne plus être comme son père.
Souvenez vous du dicton (ou proverbe ou je sais pas quoi) "Tu seras un jour un homme mon fils". Ce jour est arrivé pour David. Il est devenu un homme. Mais quel homme est il devenu ?
Les autres
Ray, Tom (les deux officiers en bleu) et Fonceur sont là sans être là. Ils ont chacun leurs segments et participent à l’enquête sur le véritable meurtrier de la jeune asiatique. Mais rien n’a d’intérêt dans la thématique du jour. A savoir le véritable meurtirer.
Le dernier père, le père ultra protecteur
Quand on a su que fiston producteur n’était pas l’assassin, il ne restait qu’une possibilité et c’est là le seul point faible (si on peut considérer cela comme un point faible) de l’épisode, on le devine sans surprise : c’est le père de la victime l’assassin. Heureusement, l’histoire ne traine pas sur son point et à peine on a percuté cela qu’il avoue tout.
La victime était donc asiatique, vietnamienne pour être plus précis. Ces parents ont immigré à la fin de la guerre du Viet-Nam et sont naturalisés américains depuis plus de vingt ans. Et ils ont une fille élevée à l’américaine. C’est une surdouée en quelque sorte et elle aide des élèves en difficulté comme fiston producteur. Et elle est tombée sous le charme de celui-ci. Et comme elle a été élevée à l’américaine, ils ont filmé leurs ébats et la cassette a circulé dans le campus et sur internet, là où son père l’a vu. Ignorant qu’ils baisaient par amour et qu’elle obtenait l’argent de cours particuliers, il en a déduit qu’elle se prostituait pour avoir cet argent. Et gros souvenir pour lui qui a dû se prostituer auprès des soldats américains pendant la guerre. Il a disjoncté et pensait que cela était dans ses gênes et a tué sa propre fille pour l’empêcher de devenir ce qu’il avait été. Un drame très fort, imprévu (penser que ce père s’est prostitué est vraiment un twist imprévisible mais pourtant logique et pas sorti de nulle part.) En plus de parler de prostitution masculine, ce qui est une chose très rare à la tv us, on nous sert une victime traumtisée par la guerre du Viet-Nam qui n’est pas un soldat us. Chose également rare. Il a subi des horreurs dans sa jeunesse et le traumatisme est tel qu’il s’est imaginé que sa fille en faisait de même et que cela était de sa faute, qu’il avait ça dans le sang et lui avait transmis. Il a alors tué sa fille pour pas qu’elle subisse ce qu’il a subi. Il l’a tué par amour.
Un épisode extraordinaire qui nous brosse 4 portraits de relations père/fils en 42 minutes. Et les 4 portraits sont vraiment très bien dépeints et réalistes. Chacun apporte sa morale même si une constante revient dans les quatres : il n’est jamais facile d’être un fils et encore moins un père.
Le tout est très intelligemment traité et en prime, l’épisode "obligatoire" sur les retombées de la guerre du Viet-Nam est expédié de belle manière, sans nous gonfler et en nous prenant à contre-pied en instaurant un vietnamien en victime.
Un épisode magistral, un véritable exercice de style mené avec brio. On est loin d’un bête cop-show à la Bruckheimer. On est même loin d’un cop-show, l’intrigue policière n’étant qu’un prétexte pour soulever un problème contemporain relativement mal esquissé dans les autres séries. Avec cet épisode magistral à tous les niveaux, Boomtown s’inscrit définitivement dans les très grandes séries.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires