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1.17 - Blackout
Lendemain de cuite
Trou noir
mercredi 17 novembre 2004, par
David McNorris est de retour et il est en très grande forme dans cet épisode extraordinaire.
Voilà, l’intermède Sygbab est terminé et je reprends les rennes des critiques. Je dois dire que cela m’arrange bien parce que je ne savais absolument pas quoi dire sur l’épisode de la semaine passé qui m’a plutot ennuyé. Mais là, gros choc ! La série reprend enfin le dessus.
Il faut dire que depuis le David McNorris show 1 (épisode 1.09 - One man show/The David McNorris show), la série s’était un peu perdue. Les deux suivants (1.10 Le meilleur ami de l’homme/coyote et le 1.11 Les gladiateurs/Monster’s Brawl) étaient bons mais il manquait un petit truc. Ensuite, la série s’était perdue dans des enquêtes de corruption banales et sans relief. Et là, choc. La série repart sur de bonnes bases, reprenant ce qui fait sa force et qui avait disparu : le centrage de l’histoire sur les personnages et la segmentation antichronologique.
Pour l’aspect segment, on retrouve différents segments bien habillement mélangés sans être dans le désordre complet. Mais l’impression d’éclatement chronologique est quand même là avec les passages en flashback.
Quand à l’histoire : on se centre sur David McNorris et ses problèmes. Souvenez vous de son bon vieux David. A la fin du premier McNorris show, il était devant un choix : refaire sa vie sur des bases saines ou s’enfoncer comme son père l’avait fait. Les épisodes suivants nous éclairaient un peu : David et la bouteille, c’est une grande histoire d’amour. Et cet épisode le prouve. David est à présent un alcoolique, il n’y a aucun doute là-dessus. Il boit tout le temps pour oublier. Mais oubliez quoi au juste ?
Il faut en revenir au début de la série. Cet épisode clôt la descente aux enfers de David qui s’est déroulée sur toute la saison. Dans le pilote, il est un assistant du procureur au top de sa forme et de sa popularité avec une femme aimante et une maitresse performante. Puis Andréa le lâche dans l’épisode 4 (Chimère/Reelin’ in the year), puis Marian, sa femme, a des doutes sur sa fidélité et David est obligé de s’enfoncer dans le mensonge et les tournures de phrases (1.05 Seule à bord/All Hallow’eve) puis on apprend que tout n’est pas rose au bureau du procureur : il voudrait de l’avancement mais n’en a pas. Il doit se plier aux volontés du procureur qui brigue la mairie, que ces volontés lui plaisent ou non. Enfin, l’épisode 9 met fin à la vie que David a connu : Andréa ne veut pas le reprendre comme amant, Marian le quitte et il apprend que quoiqu’il arrive, il restera assistant du procureur car c’est un homme efficace que dans l’ombre et les coulisses. A la fin de cet épisode 9, il est justement un homme neuf. Il a perdu tout ce qui faisait sa vie (femme, maitresse et ascecion professionnelle). Il n’a plus rien mais est libre de faire ce qu’il a envie si il en trouve la force.
Or cette force, il ne la trouvera jamais, fuyant dans l’alcool pour oublier ses echecs puis continuant la fuite dans l’alcool pour continuer d’oublier. C’est si facile de s’anesthésier comme ceci.
Alors qu’il aurait pû changer de carrière pour redevenir avocat ou même exercer un autre métier, il n’a rien fait, se laissant diriger par la laisse de son maitre de procureur. Alors qu’il aurait pû draguer des autres personnes, il a continué à implorer Andréa qui a continué de refuser ses avances. Et sa seule solution pour "approcher" une femme s’est trouvé être les strip-teaseuses et go-go danseuses.
Voilà où on retrouve David dans cet épisode : son boss fait un discours d’intronisation à la course pour la mairie rappelant à David à quel point il est coincé dans son poste d’assistant et rappelant comment il s’est laissé corrompre à cause de cet homme et a continué dans la corruption. Puis il va noyer son chagrin dans un club de strip où il croise la belle danseuse Layla (Susan Ward - Sunset Beach) qu’il réussit à ramener chez lui en la regardant dans les yeux et non les seins comme tous les autres hommes et en se plaignant de sa vie et de son métier de merde. Comme quoi, ce qui échoue avec Andréa marche avec une strip teaseuse.
Mais sur le chemin, il pête les plombs à cause d’un coup de fil de sa future ex femme Marian et Layla s’enfuit, laissant un David bourré et enragé reprendre la route. Et le lendemain matin, il se réveille devant chez lui avec le pare brise abimé et un phare explosé et couvert de sang. Et il apprend qu’un clochard s’est fait renverser par un chauffard dans la nuit et qu’il en est mort.
Que faire ? Un verre de Whisky plus tard, David est prêt à réflechir et prend l’affaire pour la contrôler. Malheureusement, cela tourne plutôt mal, les flics en bleu (Tom et Ray) et les inspecteurs étant en forme, l’étau se ressert autour de David. Les verres s’enchaînent tandis qu’il essaye de reconstituer sa nuit. Il en rate d’ailleurs un rendez-vous au tribunal ce qui laisse échapper à la justice un dealer que Joel avait coincé après six mois d’enquête. Mais le pire reste à venir : Après avoir revu Layla devant son club, la voilà au commissariat prête à témoigner sur le délit de fuite. David est mal, très mal.
Direction son garage où une bouteille l’attend. Et David disjoncte se faisant déjà son procès dans sa tête pendant qu’un sceau d’eau se remplit pour lui permettre de couvrir ses traces. Une scène magnifique et poignante qui m’a vraiment pris aux tripes et où Neil McDonough a laissé exploser tout son talent.
Ce qui est le plus interessant dans cette scène reste le face à face avec le mirroir et son reflet qu’il appelle Papa. David a tout fait pour ne pas ressembler à son père et le voilà face à lui-même et il n’y voit que son père. Une scène très forte, très bien amenée et extrêmement bien joué. Il faut noter que la vf est tout simplement impeccable retransmettant à la perfection l’émotion de la vo.
On en ressort presque aussi vidé que David de cette scène. Et la suite reste tout aussi intéressante.
C’est Ray qui retrouve David sur le point d’effacer les traces (même si il y avait renoncé de lui-même). Et là, cela nous permet d’aller vers le final de cette saison avec un rapport interessant entre ses deux personnages. David a la charge de l’enquête sur l’affaire de corruption dans laquelle est impliquée Ray. Et Ray a vu David sur le point d’effacer des preuves. La relation tendue entre les deux depuis quelques épisodes au sujet de l’affaire Vista prend un nouveau tournant très intéressant.
Ray amène donc David au commissariat et le place dans une salle d’interrogatoire. On se dit que David est fini et qu’il va craquer étant au bout du rouleau. Il est seul face à lui-même. Il semble prêt à tout assumer quand reviennent Fonceur, Ray, Tom et un type, le type qui s’est fracassé plus tôt la tête sur des chiottes dans l’affaire de maltraitance sur personne agée que Ray et Tom doivent résoudre.
Tom avait retrouvé une personne agée attachée à un lit et complétement désorientée. C’était le père de cet homme qui avoue devant David qu’il a attaché son père qui a perdu la tête et qui a renversé le clochard !
David n’en croit pas ses oreilles. Il n’a pas tué le clochard. Il est libre. Mais le regard de Ray en coin en dit long. Il n’est toujours pas sorti d’affaire et le mystère entourant Ray est toujours aussi grand et mystérieux. Est il un brave type accusé à tort ou bien un froid calculateur ? Le doute plane et impossible de trancher tant ses actions ont toujours un double sens.
Une fois "libéré", David, avec les éléments obtenus par Layla puis par le répondeur d’Andréa se rappelle de son accident : un chien. Il a renversé un stupide chien.
David est définitivement sauvé sur ce plan juridique. Mais il est encore plus bas moralement. C’est devenu une véritable épave alcoolique, sans fierté, sans estime et bientôt sans boulot si il continue à déconner comme ça. La conclusion de sa descente est violente mais logique, cadrant parfaitement avec toute la saison. Et on vient même à se demander si l’image d’homme fort et puissant projeté au début de la saison n’était déjà pas un masque. David est en fait un homme faible, incapable de résister à ses pulsions, à son coté obscure. Aujourd’hui, c’est un fait. Mais hierétait ce déjà le cas ? Sa faiblesse est elle innée ou bien le résultat des déboires récents ?
Reste tout de même un espoir, une faible lumière dans ce trou noir : Andréa. Elle l’aime toujours malgré tout ce qu’elle en dit. Et elle veut l’aider indirectement. Elle attirre l’attention de Marian sur la déchéance de David mais la future maman Cohen reste sourde. Andréa va t’elle oser faire face à ses sentiments, accepter qu’elle aime toujours David et qu’elle doit l’aider elle-même ?
David est définitivement la plaque tournante du show et sa déchéance publique redéfinit un paquet de relations : Joel est fou furieux contre lui, Fonceur doute de ses capacités, Ray a un moyen de pression sur lui et Andréa semble s’avouer qu’elle l’aime toujours. Même Thérésa a droit à un quelque chose puisqu’elle a deux lignes de dialogues dans cet épisode après 4 ou 5 épisodes sans dialogue et/ou présence. Comme quoi David est quelqu’un de très influent :-)
Au delà du cas David devenu une épave, cet épisode a le mérite de redéfinir les relations et affirme encore une fois David comme le centre de l’échiquier Boomtown. Le final de la saison est le prochain épisode et s’annonce explosif si le scénariste garde ce cap. Ca tombe bien, elle a signé deux très bon épisodes dans cette saison.
Et les acteurs sont au top de leur forme et de leur maitrise de leurs personnages.
Un très grand épisode, un véritable épisode de Boomtown sans faiblesse où le scénariste Fred Golan nous ballade admirablement. Ca faisait longtemps.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires