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1.11 - Monster’s brawl

La peine parentale

Les gladiateurs

mercredi 6 octobre 2004, par Speedu

Une enquête criminelle mène Joel à s’interroger sur sa raison de continuer à vivre avec sa femme.

Je vais commencer en parlant de la difficulté que j’ai avec cette série. Il y a toujours quelque chose à dire. Chaque épisode nous amène son lot de réflexion et/ou d’interrogations sur nous-même ou sur un de nos proches. Chaque épisode transcende l’enquête policière pour mieux s’attarder sur un personnage et sa vie personnelle bien plus proche de la notre que dans n’importe quel autre cop show.
Et ici, dans cet épisode, la grande interrogation qui nous renvoit à nous-même, c’est la difficulté d’un couple face à une tragédie et plus particulièrement celle du père/mari face à cette tragédie.

Comment en arrive t’on là ? Simplement avec un cadavre d’un clochard retrouvé avec le crâne fracassé sur le quai. Heureusement, un ticket permet de retrouver qui il est et de contacter les parents qui affiche leur soulagement de savoir enfin ce qu’est devenu leur fils. Mieux vaut le savoir mort que ne rien savoir du tout après tout. Car tant qu’on est dans l’incertitude, on ne peut pas faire son deuil et laisser au temps, le temps de faire son oeuvre. Or, là, après plusieurs années de disparition, le fils est retrouvé mort et cela soulage les parents qui se laissent enfin aller à leur peine mais que pour un court instant. Car lorsque Joel leur montre des photos, il s’avère que ce n’est pas leur fils mais un inconnu avec la veste et le sac à dos de leur fils.
Mini choc avec cette fausse révélation (et oui, l’épisode n’a même pas 10 minutes au compteur). Alors qui est ce clochard ? Et pourquoi a t’il les affaires du fils ? (Après recherche dans ma petite tête et aussi tv tome, le fils s’appelle Bradley)

Joel envoie alors Tom et Ray à la recherche de renseignements dans la parc à clochards (oui, ils sont organisés les clochards de L.A. puisqu’ils passent tous leur journée dans le même parc qui est à proximité du lieu du meurtre. Il doit y avoir une subtilité qui a sauté au passage à la vf ou tout simplement que j’ai raté). Et pendant ce temps, David, notre adjoint procureur préféré vient mettre un peu la pression à Joel et Fonceur pour retrouver le meurtrier. Papa Bradley entend ça, lui qui errait au commissariat comme un zombie avec sa femme et là, il vient gueuler sur Joel à cause d’une de ses réflexions. Echange très intense entre les deux où le père cherche à faire comprendre sa peine à Joel. Et Joel décroche en cours de route plongeant dans un de ses souvenirs (il rentre chez lui, entend de l’eau couler, ouvre la porte de la salle de bain et son visage s’horrifie). Pourquoi ? Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Faut attendre la fin de l’épisode et da la partie résumé de ma critique pour le savoir.

Bref, c’est pas tout ça mais on n’avance pas vraiment dans l’enquête. Heureusement, Thérésa sort la tête de son puits sans fond pour reprendre de l’air et en prime, débloquer la situation. Bah oui, elle est arrivée en première sur les lieux du crime et a vu deux gars filmer la scène et a relevé le numéro de la plaque d’immatriculation de leur voiture car elle était garée sur une place handicapé et qu’elle fait toujours cela pour vérifier si ils ont leur macaron spécial pour stationner là. Et là, nouvelle grosse lourdeur nous annonçant à peine le futur de Thérésa (car c’est la troisième ou quatrième fois qu’on nous lance sur cette piste) : Joel lui sort qu’elle ferait un excellent flic vu que certains ne relèvent pas ou mal les plaques. Et il dit ça juste quand Ray passe dans son champ de vision. Il ne le regarde pas spécialement, ni affirme cela comme un reproche envers Ray mais la coïncidence est troublante quand même.

Donc, Joel et Fonceur partent chez les caméramen en herbe pendant que Ray et Tom arpentent le parc à clochard avec la photo de Bradley. BIngo ils le trouvent. Problème, il se barre en courrant. Tom est prêt à sprinter comme il adore le faire mais Ray le retient. Faut dire que Bradley boite et ne va donc pas vite. Course poursuite hallucinante à vitesse de marche entre la voiture et Bradley. Et quand Bradley veut s’éloigner de la route traversant le parc sur laquelle circule la voiture de police, Ray sort le haut parleur et lui demande (il n’ordonne pas !) de retourner vers la route parce que sinon ils vont bousiller leurs pneux et l’herbe en roulant dessus. Et Bradley revient vers la route ! Puis il tombe et là, Ray et Tom le coince.
A l’interrogatoire, Bradley dément avoir tuer l’autre clochard. Problème : Joel revient de chez les cameramen avec la vidéo le montrant en train de fracasser la tête du clochard. Bradley se défend en racontant qu’il est alcoolique et que les cameramen lui offert des bouteilles de vodka si il se battait avec l’autre clochard qui lui avait "piqué" ses fringues (les cameramen les avait volé à Bradley pendant qu’il comatait pour les filer à l’autre clochard). Et un des cameramen (Neill Patrick Harris) lui a offert une bouteille de plus pour frapper l’autre avec une brique. Mais Bradley a refusé. Neil Patrick lui a alors mis la brique dans la main et là, bourré comme il était, Bradley a laissé parler sa rage. Sa version se tient et Joel veut y croire. Surtout avec la pression du père. Et avec ce que ramène Tom : des cassettes vidéos produites par Neil et son pote caméraman, Christopher Gorham, futur Jake 2.0. Ces cassettes montrent des combats de clochards. Des combats extrêmement violents voire à mort. Des cassettes asssez répandues aux USA sous le manteau.
David convoque alors Neil Patrick. Petit face à face interessant entre les deux et il s’avère que Neil est un avocat et qu’il s’y connait. Et quand David ressort, il avoue qu’il faut plus que ça pour le coincer pour incitation au meurtre.
Et la situation ne s’arrange pas quand Joel est inculpé pour brutalité policière sur Jake 2.0. En effet, Joel s’est rendu chez Neil Patrick et Jake avec Fonceur pour essayer de les intimider verbalement, leur mettre la pression pour qu’il fasse une erreur et Jake 2.0 passait son temps caméra sous le nez de Joel. C’est déjà la deuxième fois qu’il fait (il l’avait fait lors de la première visite). Et on comprend Joel qui n’a fait que le pousser pour avoir un peu d’air. Problème : la cassette se retrouve chez les journalistes tv et les brutalités policières à L.A. font les gros titres.

Je vais abréger la fin parce que je veux passer au principal de cette critique. Donc Joel est menacé d’un procès par David. Seul moyen de faire tomber la brutalité policière : faire tomber Neil Patrick et Jake 2.0 pour incitation au meurtre. Ce qu’ils feront grâce à un téléphone portable planqué illégalement chez nos cameramen. Bref, Neil et Jake en taule. Voilà, fin.

Enfin presque. Il reste la belle scène de la voiture. Joel y retrouve Fonceur et le remercie de n’avoir rien dit après l’incident de sa femme alors qu’il s’avait que c’était une tentative de suicide. Reflashback. On revoit la scène mentionnée plus haut puis la caméra tourne quand on voit l’horreur sur le visage de Joel. Sa femme Kelly (la sublime Megan Ward) est dans son bain devenu rouge sang parce qu’elle s’est ouverte les veines du poignet. Pourquoi cela ? Parce que leur second enfant vient de mourir alors que c’était un petit bébé. On ne sait toujours pas comment il est mort mais cela évacue l’hypothèse de la fausse couche. Par contre, on n’apprend rien sur la tentative de suicide. Ce n’est qu’une confirmation de ce dont on se doutait fortement. Et il explique alors qu’il ne voulait pas que ça se sache (une femme de flic se suicidant, ça le fait pas) et il a brisé la porte vitrée de la douche pour faire croire à un accident.
Et le tout est vraiment bon car cela fait référence à toutes les bribes d’informations réparties sur les 10 précédents épisodes (comme par exemple le pilote où Thérésa demande à Joel si sa femme va mieux après l’accident de la douche). Très finement joué de la part du scénariste qui finit cette scène par un espoir puisque Kelly semble aller mieux depuis sa sortie à Halloween (encore une belle référence au teaser de l’épisode 1.05 : Seule à bord/ All Hallow’s Eve) et après Thanksgiving (situé entre l’épisode 1.06 et 1.07 mais on ne voit rien de cette soirée).

Le générique se profile et on voit toujours mal le rapport avec le père de Bradley et ce qui a déclenché ce flashback de Joel. Et bien, c’est tout simplement la dernière phrase de Joel et de l’épisode : "même si j’ai envie de tout lâcher et de la laisser tomber par moment, je ne le ferais pas". Cela fait référence à une phrase du père précédent le premier flashback qui dit la même chose : Même si les flics s’en foutent, il ne lâchera pas et continuera à chercher son fils et à croire en un retour, une réapparition de celui-ci. La père a perdu Bradley et Joel a perdu sa femme. Le père ne désespère pas de le retrouver tout comme Joel ne désespère pas de voir sa femme sortir un jour de sa dépression. Tous deux en ont marre d’attendre mais tous deux tiennent malgré les pressions dans l’autre sens (la mère ne croit plus que son fils et en vie et aimerait que son mari fasse le deuil, Joel dort sur le canapé et doit faire face aux avances légères de Thérésa >> Encore pleins de références à des petites situations vues auparavant (la scène du café entre eux deux, la scène du base ball, les regards de Joel sur la belle ambulancière, ...).
Bref, un très bon parallèle entre la situation de ses deux pères et maris, une situation tellement proche. En espérant une conclusion plus heureuse pour Joel et sa femme que pour la famille de Bradley.

Enfin, je le place là ne sachant pas trop où le mettre, je dois dire que le traitement de l’alcoolisme de Bradley est vraiment bon. Sans être moralisateur, sans être agressif, le problème de l’alcool est bien posé, le traitement comportemental qui en découle est bon tout comme le jeu de l’acteur de Bradley. Bref, le message "boire c’est mal" passe très très bien. Comme quoi, avec un peu d’effort et un minimum de subtilité, un message de ce type passe sans problème. Pas besoin de pointer le doigt en criant "c’est mal ! tu es une épave si tu bois !"


Boomtown se pose vraiment en grande série. L’épisode en lui-même n’est pas fantastique même si l’enquête policière est interessante et bien menée. Le parallèle entre la situation du père et de Joel est gros comme c’est pas possible mais extrêmement bien traité et très finement joué par les deux acteurs. Mais là où se trouve la force de cet épisode, c’est qu’il pose la série en véritable univers propre grâce aux multiples références aux épisodes précédents pour la situation de Joel. Là où les autres épisodes étaient des puzzles à eux tous seuls, cet épisode va chercher ses pièces dans les 10 précédents épisodes et nous offre un tableau final agréable. La série est parfaitement maitrisée et tout cela nous promet des épisodes encore plus extraordinaires par la suite j’espère. Surtout que la qualité de jeu des acteurs ne cesse de s’améliorer.