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2.16 - Unspoken truths
Le club des ex
Paradis artificiels
samedi 22 janvier 2005, par
Tao s’en va, Colin revient, j’arrive ... c’est l’épisode amorçant les changements
Bonjour à tous, petits et grands, malades ou non. J’ai pris le pouvoir sur Everwood avec Sonny Burnett. On a kidnappé Tao et on le maltraite dans la cave d’un lieu sombre et mystérieux. Pourquoi avons nous fait cela ? Par nécessité. Il devenait urgent de vous ouvrir les yeux sur cette série et cette seconde saison et Tao ne le pouvait pas. La Everwoodite aïgue a eu raison de lui et lui a fait perdre tout sens critique. Heureusement, je suis immunisé. Mais je crois que Sonny ne l’est pas. Ne vous étonnez pas de le voir lui aussi subitement disparaître après sa critique du prochain épisode. Je les aurais tous les deux kidnappés et ligottés dans une cave. C’est pour leur bien. Il n’y a que ce remède qui est efficace. Donc pas de Tao aujourd’hui, ni pour le prochain épisode.
Mais tout le monde le sait, Tao sera quand même toujours présent. Car les gens ne sont jamais plus présents que lorsqu’ils ne sont pas là. Et ils s’évertuent toujours à venir gâcher la vie des présents. Et nos couples Everwoodiens (Everwoodais ? Everwoodois ?) le savent bien. Commençons par le couple de jeunes musiciens.
Ephram / Madison :
Madison et son groupe doivent se produire dans un concert avec la possibilité d’empocher un contrat. Madison est toute excitée et Ephram aussi du coup. Il va venir assister au triomphe de sa petite amie lorsqu’il aura récupérer une fausse carte d’identité auprès de la bombe des fausses cartes (Kimber dans Nip/Tuck). Une fois sur place, il se saoûle, frappe l’ex de Madison et le couple semble se quitter.
Enfin les choses semblent un peu bouger dans ce couple. Je n’ai jamais vraiment accrocher à leur relation, surtout du fait qu’elle n’avance pas d’un poil. Revenons 10 épisodes en arrière : Madison et Ephram se papouillent en privé, Ephram veut le faire en public, Madison veut pas parce qu’elle a peur de la réaction des gens. Les seuls au courant sont le groupe de Madison où se trouve l’ex de Madison et ils n’aiment pas la relation de leur chanteuse avec le fils Brown. Et 10 épisodes plus tard, ben c’est pareil.
Malgré tout, le passage au concert est très bien mené, amenant Ephram a ouvrir les yeux sur l’impossibilité de leur couple lorsqu’il voit et entend les deux porcs baver sur les jambes de Madison et qu’il se rend compte qu’elle appartient à un autre monde presque lorsqu’il ne peut la suivre. Et sa jalousie contenue ressort au cours d’un Ben McKenzie acting style qui m’a surpris. Voir Ephram se battre m’a amené à me demander si je ne rêvais pas. Cela semble tellement hors de proportions pour ce personnage tout en paroles. Et pourtant, cela marche à la perfection.
Cumulé aux scènes drôles avec Bright pour récupérer la carte et l’auto punition, on se rend compte que l’on est devant un épisode clé de la maturation d’Ephram. Il veut se voir plus adulte qu’il ne l’est entre l’auto punition et sa relation amoureuse mais il reste encore un adolescent dans son amitié avec Bright et sa réaction impulsive au bar. Ephram est en pleine mue et cet épisode est celui qui nous le démontre le mieux jusqu’à présent.
Il y a un point négatif tout de même : il n’y a aucune insistance sur le coté illégal des actions d’Ephram et aucune remarque de Papa Brown au sujet de la fausse carte (obtenue bien trop facilement à mon goût. Et 26 ans ???) et de la consommation d’alcool d’Ephram.
Amy / Tommy :
Tout comme Ephram, Amy est une personne qui se cherche. Sa descente aux enfers prend encore plus de vitesse avec cet épisode.
Son bulletin trimestriel est revenu et affiche des F (alors que celui de Bright affiche des A, notamment en espagnol, ce qui lui vaut le surnom de El Gato). Discussion avec le geek de l’orientation et les parents et Amy se retrouve avec des cours de rattrapage déjà planifiés pour elle. Cela la déprime bien évidamment ce qui rend plus facile d’accepter des bières et autres alcools à une fête des potes de Tommy ainsi que du GHB, la drogue du viol. Ca y est. Le moment tant attendu arrive, Amy est devenue une junkie ! Et son père le découvre aussitôt lorsqu’il vient suite à son appel pour aider Tommy inconscient.
La conclusion est là inévitable et attendue depuis quelques épisodes. Forcément, elle allait prendre de la drogue et Tommy la fait démarrer doucement avec le GHB. Vu l’esprit tordu de ce personnage, nul doute que c’était pour la rassurer envers les drogues avant de la faire passer une drogue plus sérieuse et violente. Malheureusement pour lui, cela ne va pas se passer comme ça. Et le cliffhanger de l’épisode nous amène de nombreuses questions : comment va réagir Harrold à la défonce de sa fille une fois qu’il se sera occupé de la santé de Tommy ? Tommy va t’il s’en sortir ? Quelles seront les conséquences sur la psyché fragile de la jeune Amy ?
Je n’ai jamais trop accroché à cette storyline Amy/Tommy mais elle est très bien menée et progresse, contrairement à Ephram/Madison. La descente aux enfers d’Amy est magnifiquement retranscrite depuis le début de la saison et atteint son apogée ici. Sa récente remise sur les rails avec une vie semblant reprendre normalement n’était qu’une illusion, le calme avant la tempête. Le bulletin vient rappeler que si tout semblait aller mieux, en fait, rien n’allait mieux. Et une fois consciente de cela, du coté misérable de sa vie, franchir la ligne était facile et elle l’a fait. Amy se noye. Et comme dans le season premiere (ou peut-être le 2.02), qui vient sauver Amy lorsqu’elle se noye ? Colin ! Oui, Colin is back, fruit de l’imagination droguée d’Amy mais il est là. Et ce fantôme lui dit ce qu’elle avait besoin d’entendre : elle doit oublier Colin. Elle doit lui dire au revoir et passer à autre chose. La scène est tout simplement magnifique et Emily Van Camp la joue parfaitement.
Encore une fois, cet épisode marque un moment-clé. Après la prise de conscience d’Ephram de n’être qu’un ado, cet épisode fait prendre conscience à Amy de la dure réalité : elle doit oublier Colin pour avancer. Sa maturation passe par là.
Il reste quand un point négatif : la drogue n’est pas décrite comme dangeureuse. Au contraire même, elle apparait comme le seul moyen de fuir des mauvais résultats à l’école et en prime, offre la clé de la remontée pour Amy. Elle apparait presque comme une nécessité et cela peut être mal interprété. Ce positionnement non moralisateur me surprend d’autant plus qu’on a eu droit à un sermont sur trois épisodes sur les dangers de la médication d’anti dépresseurs.
Andy / Linda :
Troisième couple dans la tourmente. Leur relation semble être entrée dans une phase pépère. Ils sont bien ensemble et tout roule. Et dans leur sadisme appris à l’école de scénaristes, nous avons droit à un problème pour faire vasciller ce bonheur. Et le problème s’appelle Nina. Ou plutôt le futur ex-mari de Nina. En effet, celui-ci demande le divorce. Bien évidemment Andy s’en mèle et décide encore de tout à la place de Nina, à savoir pour aujourd’hui, de faire cracher un max au mari alors que Nina semble prête à tout laisser pour en finir vite. Il va ainsi consulter les plus grands avocats, assume tous les frais financiers et ne se préoccupe que de cela, laissant Linda de coté, observatrice des mouvements du grand docteur Brown.
Et ce que Linda observe revient en pleine poire d’Andy. Il se comporte comme un mari et non un ami contrairement à ce qu’il croit. Encore une fois, Andy a tout faux dans la conception des rapports d’amitié. Cela soulève bien l’aspect solitaire d’un homme qui n’a jamais eu de véritable ami avant, se trompant toujours sur l’attitude à avoir. Andy apparait lui aussi en phase d’apprentissage. Mais il n’apprend pas la vie en elle-même, il apprend l’amitié et surtout la place des amis par rapport à celle du compagnon.
La relation Linda/Andy est fragilisée par cela et notamment la réaction de jalousie de Linda (pourquoi d’ailleurs ? Elle a poussé Andy versd Nina il y a trois épisodes). Il ne faut pas que cette relation s’ancre trop profondément on dirait et à l’instar des autres relations évoquées au dessus, il apparait qu’aucun couple ne survivra à la saison, tous étant condamnés (Ephram/Madison pour la question d’âge, Amy/Tommy parce que soit il va mourir, soit Harrold va le balancer aux flics, soit Amy s’en débarrassera pour repartir du bon pied et Linda/Andy à cause de la maladie de Linda ou des problèmes relationnels d’Andy)
Le reste :
Pas d’intrigue médicale (Tao doit être content au fond de sa cave de prisonnier) à signaler et l’épisode ne s’en porte pas plus mal.
On peut regretter l’absence de rebondissement sur la découverte de Delia par rapport à la médication de Linda. Par contre, revoir Nina, et en prime sur son lieu de travail, est agréable. Bright est pas mal présent en début d’épisode et est en très grande forme. Les parents Abbott par contre, s’avèrent absents et surtout, se positionnent comme soutiens d’Amy, prêts à l’aider à n’importe quel moment et cela me gêne un peu beaucoup quand même, ce geste apparaissant comme un revirement trop soudain et sans autre explication que la nécessité de faire apparaitre Harrold à la fin lors de la fête.
Revoir Colin est un plaisir même si l’acteur souffre face à la performance d’Emily Van Camp.
Enfin, dernier point : la relation Andy / Ephram continue son évolution amorcée depuis quelques épisodes. Andy ne cherche plus à s’imposer et imposer son point de vue à son fils. Il se contente de l’écouter et d’éventuellement le conseiller et cela marche à merveille. Andy est enfin là pour son fils quand il le faut même si son esprit d’ado ne semble pas l’avoir encore remarqué.
Voilà, Tao n’était pas là (because séjour ligoté et bailloné sur une chaise au fond de la cave), mais comme dans cet épisode, la présence de l’ex se fait sentir puisque la forme de la critique ressemble beaucoup à une critique traditionelle taoienne. (taoiste ? taoniaise ?)
Un épisode clé, amorçant des changements lançant les personnages dans la dernière ligne droite de la saison. Andy, Ephram et Amy sont en pleine prise de conscience d’eux même, de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ne sont pas. Manipulant à merveille l’oubli du passé pour avancer par l’intervention du passé (relisez lentement et cela se comprend facilement), nous sommes devant un épisode émouvant, véritable réussite dans la description de l’apprentissage de soi-même.
Mais tout n’est pas parfait. Un gros défaut émaille l’épisode : il n’y a aucune insistance sur les dangers de la drogue qui apparait même presque comme la solution à adopter. Je ne suis pas partisan des speechs moralisateurs mais là ... De même, certains aspects des trois relations sont mal menés. Dommage, cela fait baisser la qualité d’un épisode qui avait tout pour être un grand.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires