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1.01 - Pilot 1/2

Disparitions

Le retour

mercredi 2 février 2005, par Speedu

Enorme phénomène aux USA puis sur M6, que vaut réellement cette série ?

Tout d’abord, je remercie nos grands et humbles décideurs de m’avoir fait confiance pour écrire les critiques de cette série-événement. Voilà, un peu de lèche ne fait jamais de mal.

Passons à la série évènement. Meilleure audience pour une série sur le cable aux Etats Unis sur la chaine USA, la série a débarqué sur M6 un peu en douce n’ayant pas fait l’objet d’une promotion massive. Et le résultat est inouï puisque la série réalise la meilleure audience de la soirée et la meilleure audience pour une série sur M6 avec plus de 6,2 millions de téléspectateurs. Un énorme succès qui, je le dis déjà, est mérité.
Pourtant, un énorme sentiment de réchauffé prédomine cette première partie du pilote.

Toute ressemblance avec la mini-série Disparitions (Taken) ...

Peu de monde a vu cette excellente mini-série produite par Spielberg, diffusée il y a un an dans la confidentialité. Actuellement en rediffusion sur je ne sais plus quelle chaine ciné-quelque chose du satellite, il est fort dommage que le grand public n’ait pas eu accès à ce show sur une chaine hertzienne ou par un coffret dvd à un tarif plus attractif que 70 euros.
Mais cela n’est pas grave, Les 4400 vous permettent de revivre partiellement Disparitions. Pourquoi ? Des mystérieuses lumières blanches, Joel Gretsch (l’interprète de Tom Baldwin), la petite Maya et Orson Bailey.
Les lumières blanches, pas besoin d’y revenir. Ce sont les petits hommes gris venus d’ailleurs dans Disparitions. Et même si aucune réponse n’est donnée dans cette partie du pilote, on se doute fortement qu’ils sont derrière les 4400 enlèvements. Cela ne peut être qu’eux ou une entité divine mais comme la série n’est pas produite pour PAX (la chaine religieuse US), on peut sans trop de risques, parier sur les petits E.T.
Pour Orson Bailey, c’est facie, son interprète, Michael Moriarty, a joué dansDisparitions Tout comme Joel Gretsch qui tenait un des rôles phares de la mini série (le détestable Owen Crawford). Et en prime, il conserve la même voix française dans les deux shows.
La petite Maya rappelle fortement la petite fille de 8 ans, blonde, mystérieuse et mignonne comme tout de Disparitions. Ah ben tiens, elle montre aussi des talents spéciaux. Hum ...
Et finissons pour Diana, la collègue de Tom, frappée d’une ressemblance étonnante avec Heather Donahue qui interprétait la fille de Owen Crawford joué par Joel Gretsch.
Enfin, servez le tout accompagné d’un très grand nom du cinéma pour faire joli (Steven Spielberg presente : Disparitions / Les 4400 produit par Francis Ford Coppola.)

Bref, la forme fait énormément penser à une copie tels les multiples clones d’X-Files nés vers 1995. Mais pourtant, la série s’avère très différente dès que l’on passe ces détails. Là où la mini série de Spielberg s’attachait aux destins de 3 familles liées aux extraterrestres à travers 50 ans, Les 4400 ne se préoccuppent que du temps présent et de personnes totalement différentes et sans lien à priori. Des cas à part et séparés.

La sécurité intérieure des Etats Unis

Personne ne s’est jamais préoccupé des disparitions de gens. Jusqu’au jour où une pseudo comète qui n’en est pas une les ramène. Automatiquement, en bonne agence amérique, la paranoïa les gagne et on enferme ces 4400 revenants qu’ils relâchent parce qu’ils y sont contraints par un juge mais sans lâcher leur pression sur eux. Ils dépéchent des équipes pour surveiller ces revenants et comprendre ce qui s’est passé.
Je dois que là, c’est assez bateau. Le chef de la branche de Seattle en charge des opérations est d’un cliché assez lourd, ne nous surprenant à aucun moment dans ses actions et décisions. Dommage. Et on va suivre l’équipe Tom/Diana qui n’est pas sans rappeler les couples formés par le sieur Chris Carter. Bref, un traitement convenu mais l’essentiel n’est pas là, il se trouve dans la personne de Tom Baldwin.

Tom Baldwin

C’est le "héros" de cette série. On se défait très rapidement de l’image d’Owen Crawford collant à l’acteur grâce à son excellent jeu et son personnalité bien différente. Tom est un homme brisé. Depuis trois ans, il est au chevet de son fils Kyle qui se trouve dans un coma profond. Cela a affecté son travail à la sécurité intérieure où il se trouve en congés perpétuels mais cela a également détruit son mariage. Il est obsédé par une seule chose : trouver ce qui est arrivé à Shawn, son neveu, présent lorsque Kyle est tombé dans le coma mais introuvable depuis. Or, Shawn réapparait dans les 4400. Direction la sécurité intérieure où on le reprend sans trop de mal et où on lui affecte une scientifique comme partenaire. (Hum ... Son boss ne s’appelle pas Skinner pourtant.). Le voilà donc plongé au coeur du mystère et des enquêtes. Une enquête qui démarre par l’interrogatoire de son neveu, un interrogatoire qui se passe mal et où le neveu Shawn sert de défouloir.
Tom est un personnage tourmenté, très bien construit et servi par un très bon acteur. Le voir dépassé par les événements et son neveu ressuciteur d’oiseau ouvre des portes intéressantes. On sent déjà qu’il va être le témoin de ce qui va arriver et qu’il ne pourra rien faire d’autre qu’observer. Sa relation avec sa nouvelle partenaire part sur des bases de méfiance mais on sent (on sait ?) déjà qu’ils formeront un tandem très intéressant à suivre.

Quelques revenants

Plusieurs revenants nous sont présentés dans cette partie du pilote et on reviendra sur eux en détail dans la seconde partie. Ces revenants sont présents en 2004 en ayant l’impression qu’une seule seconde s’est écoulée (voire moins) depuis leur enlèvement/disparition qui remonte à pluiseurs mois, plusieurs années ou même carrément plusieurs décennies. Ils sont revenus, mais ils semblent revenus différents.

Maya
C’est une jeune fille innocente en 1946. Il semble qu’elle soit la première victime des enlèvements/disparitions. Elle avait 8 ans. Elle a toujours 8 ans mais semble afficher une maturité bien plus grande que cela. Elle est très egnimatique et fait preuve de dons de voyance en apportant un mouchoir avant le saignement du nez et en prévoyant la fuite du lave-linge. Le pire restant son regard. Est elle bien veillante ou non ? La jeune actrice me bluffe par son talent sur ce coup.

Richard et Lily
Richard est le second enlevé/disparu qui nous est montré. C’est un soldat noir fiancée à une blanche en 1951. Le contexte de discrimination raciale et de haine le met au banc de la société et les soldats de son unité (il se bat en Corée) le maltraite à cause de sa couleur et sa relation.
Lily quand à elle est une jeune mère (sa fille a 6 mois) lorsqu’elle disparait en 1993. Elle réapparait et fait une forte impression sur Richard dans la hangar où les 4400 sont examinés. Et pour cause, elle est le portrait craché de sa grand-mère, l’amour de Richard en 1951. Automatiquement, ils se rapprochent et s’entendent.
A travers eux, nous allons découvrir le thème de la série, ou du moins des premiers épisodes, à savoir qu’ils ne sont plus de ce monde. L’attitude d’étonnement de Richard nous le fait penser dans le hangar puis dans la vie réelle. Personne ne le regarde de travers, personne ne l’agresse parce qu’il est noir. Et le choc terrible se lit sur son visage quand il découvre le mélange de notre société dans un café où des couples blanc/noir exhibent leur amour sans secret, où des bandes d’amis mélangeant blancs, noirs et asiatiques rigolent ensemble et où le seul regard répréhensif qu’on lui lance est parce qu’il allume une cigarette dans ce lieu non fumeur. Très beau message de tolérance mais un peu déconnecté de la réalité quand même. Tout n’est pas si beau et si parfait dans notre société où les discriminations de tous genres sont encore bien présentes.
Le choc du retour est encore plus marquant pour Lily. Elle n’est plus là que depuis 11 ans. On se dit logiquement que les choses ne changent pas tellement dans ce laps de temps. Et pourtant ... Elle retrouve son mari remariée à une autre avec qui il a eu un enfant. Et elle retrouve sa fille qui ignore qui elle est et qui prend la second femme pour sa véritable mère. Le choc est terrible pour elle qui se voit rejetée froidement par son mari. Elle n’a plus rien vers quoi se tourner sauf Richard qui lui non plus n’a plus rien, même plus son quartier d’enfance remplacé par un pont sous lequel vivent des clochards qui voyent d’un mauvais oeil un nouvel arrivant.

Orson Bailey et Shawn
Shawn, le neveu de Tom, revient parmi nous après une disparition de trois ans. Et là aussi les choses ont bien changé pour lui. La jeune sur qui il fantasmait mais trop jeune à l’époque a aujourd’hui le même âge que lui, n’est pas devenue un affreux thon et l’attirance est mutuelle sauf qu’elle est la petite amie de son frère. Shawn est peu intéressant dans cette partie sauf qu’il introduit un concept : les 4400 ne sont pas revenus indemnes. Ils disposent de dons spéciaux et il le démontre involontairement en ressucitant un oiseau sous les yeux de Tom. Mais tous deux prennent cela pour un hasard, croyant l’oiseau mort comme n’étant que K.O.
Le concept super pouvoirs des revenants est illustré d’une meilleure façon par Orson Bailey. Il a disparu en 1979 (sauf erreur de ma part) alors que sa femme l’attend pour aller dîner. Il revient et constate lui aussi que le monde a changé : sa femme est devenue complétement gateuse et placée dans une institution spécialisée et sa petite entreprise d’assurance est devenue une grande entreprise. Il veut récupérer sa place de dirigeant mais il n’a plus une seule part, toutes revendues par sa femme après sa disparition. Le refus de lui rendre son poste par l’actuel dirigeant le met en colère et le bureau tremble. Rebelotte quand il va voir l’actuel dirigeant dans sa superbe propriété. Celui-ci refuse de voir Orson, ce qui le met dans une rage folle, fait trembler la maison, explose tous les verres et toutes les vitres de la maison, ce qui provoque un mal de crâne impossible à l’actuel dirigeant qui s’effondre sur un pied de la table en verre brisé. Il meurt empalé sur sa table dans une superbe scène malheureusement censurée par M6. Là, cela ne fait aucun doute, Orson a des capacités spéciales et rétroactivement, il est clair que les autres en ont aussi. Du moins Shawn et Maya, Lily et Richard n’ayant rien manifesté pour le moment.

Cette première partie terminée, on se dit "merde, c’est déjà fini" et oh surprise, M6 enchaîne sans publicité sur l’épisode suivant. Cool.

La censure de M6

M6 a donc rejoint TF1 dans son grand plan de massacre des séries. Bien qu’elle nous propose la série en 16/9eme, elle l’a amputé de plusieurs plans, notamment la scène finale où Orson tue le dirigeant chez lui. La scène intégrale est facilement trouvable (les suisses ne l’ont pas censuré à ma connaissance).
Sur M6, le dirigeant se prend la tête, le visage contortionné par la douleur et commence à tomber en arrière puis gros plan sur Orson tenant la grille et saignant du nez. Fin.
Dans la scène intégrale, lorsque le dirigeant tombe, on le voit s’empaler sur un pied de la table basse, puis gros plan sur Orson, puis vue du plafond du dirigeant allongé par terre, un pied de la table sortant de sa poitrine puis retour sur Orson saignant du nez. Fin.
La scène en elle-même n’est pas choquante. La perforation dure une demi seconde sans sang giclant dans tous les sens. C’est sobre. Mais c’est surtout indispensable à la compréhension pour la seconde partie.
Il semblerait que M6 justifie cette coupe pour permettre une diffusion grand public à cette horaire là. Pourtant, on a déjà vu bien pire dans la violence à cette heure là. Il suffit de regarder un épisode d’Alias par exemple. M6 aurait pu diffuser cet épisode en -10 (déconseillé aux moins de 10 ans). C’est vraiment dommage de censurer cette scène, surtout qu’à mon sens, la scène de haine raciale dont est victime Richard est beaucoup plus traumatisante et violente qu’un empalage causé par une force surnaturelle.


Que retenir de cette partie, indépendamment de la suivante ? (pfiou, ce n’est pas facile sans spoiler sur l’épisode suivant déjà vu quand j’écris ces lignes)
Elle est très efficace, mélangeant très bien des recettes déjà éprouvées (le couple mixte flic/scientifique, le chef stérétotypé qui les soutient, la parano américaine, les enlévements dans un but précis mais encore inconnu, les supers pouvoirs, ...). Elle nous présente à merveille les personnages et deux thèmes centraux de la série : l’adaptation face à un monde devenu étranger et les supers pouvoirs octroyés dans un but spécial. Le tout est servi par des effets spéciaux très réussis et un casting de haut vol. Que du bon malgré quelques faiblesses tout de même. Vite la suite.