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3.20 - Nostalgia

Empêchez-moi de continuer...

Nostalgie

vendredi 16 juillet 2004, par BuBu

Emma vient enquêter en compagnie de Frank dans une ville où elle a passé une partie de son enfance et où un tueur sévit depuis 6 ans...



Un petit loner avant de conclure cette saison et la série, cela ne peut pas faire de mal. Surtout quand l’histoire et l’ambiance qui s’en dégage nous revoient aux origines.
Un épisode tout en psychologie, où finalement, l’enquête en elle-même a assez peu d’importance. Elle reste assez classique avec le traditionnel cercueil vide et les autorités locales qui ont mal fait leur travail ; mais ce sont les personnages qui sont dépeints qui lui donnent sa force.
Avec une mise en scène qui parvient presque à nous apitoyer sur le sort d’un tueur de 6 jeunes filles...


Emma et Frank débarque donc dans une petite localité où un chien a déterré un pied humain. L’ambiance est au beau fixe, tout comme le temps, Hollis racontant les deux années qu’elle a passé ici. Et notamment une curieuse histoire d’un garçon qui était sans doutes amoureux d’elle et lui avait cassé deux doigts ; histoire qui m’a immédiatement rappelé sa réaction quand Jordan avait agressée Lucas. Est-ce le fruit du hasard ou bien les scénaristes ont-ils décidés de donner une vraie continuité à la série et une vraie consistance au personnage de Hollis ? D’accord, c’est un détail, mais il m’a sauté aux yeux et je crois bon de le signaler.
Toujours est-il que cette ambiance va peu à peu se noircir au fur et à mesure que l’enquête progresse. Rapidement d’ailleurs, un piste se dessine clairement : dans un cabanon au bord du lac, Frank devine que c’est là que le tueur a observé ses victimes et il a même éjaculé. Une séquence qui renvoient tout droit à la Saison 1 avec ses dialogues crus. Et comble de l’ironie pour Emma, c’est là qu’elle avait appris à nager.


Le shérif Briggs est un peu dépassé par les conclusions de Frank sur la présence d’un tueur en série, car ce cas ressemble à 6 autres perpétrés dans la région. D’autant que bientôt, une empreinte doigt est trouvé sur la vitre avant de la voiture de la dernière victime. Les autorités ont donc un suspect et un ADN pour effectuer une comparaison - celui du sperme de la cabane. L’enquête est pour ainsi dire bouclée ; alors que peut-il se passer ?
L’homme a qui appartient l’empreinte digitale est le garde du parc, Terry Nilson. Il plaide non coupable avec véhémence, sous le regard impassible de Frank qui n’exprime ni doute ni tristesse, comme si cette réaction lui paraissait évidente, pareille aux dizaines d’autres qu’il a déjà vu par le passé. Mais Nilson finit cependant par avouer pour le sperme, tout en continuant à nier les crimes.
Malgré le manque de preuves, Frank est convaincu, comme souvent, qu’il tient le coupable. Mais il lui est déjà arrivé de se tromper - Cf. 3.07 - Recommencement. Alors s’il s’attelle à travaille d’enquête classique, en compagnie d’Emma. La clef vient sûrement de Liddy Hooper, que Frank considère comme la première alors qu’elle morte noyée il y a 6 ans de cela. Aucune autopsie n’a été pratiquée à l’époque et un pièce à conviction a disparue : son journal intime, qui pourrait révéler le nom du coupable. Pourtant, une preuve évidente étaye les dires de Frank : les bleus à ses chevilles, comme sur les autres victimes. Un idée vient alors à notre esprit : y a-t-il une loi du silence au sein de cette ville ? Un accord tacite pour étouffer les évènements ? Tout le monde ne cherche-t-il pas à camoufler tout ceci, afin que l’on ne découvre pas quelque chose d’autre ?

Frank fait donc exhumer le corps ; qui, bien entendu, n’est plus dans le cercueil - d’ailleurs, cette scène aurait pu être éviter, car un cercueil déterré qui tombe, s’ouvre et qui se révèle vide, on en a déjà vu des dizaines, voire plus ; il n’était pas utile d’en rajouter. Mais peut-être que cela n’est qu’un prétexte pour nous montrer Nilson, qui semble ne pas aller bien et tente de se noyer dans baignoire, au fond de laquelle il a placé la photo de Liddy. Ce qui fait que cet homme est désormais lié aux meurtres comme le pense Black, qu’il en soit l’auteur ou simple observateur.
Entre temps, le carnet intime a été étrangement retrouvé dans une cafétéria par Briggs. En vérité, il est clair qu’il l’avait subtilisé car son nom y apparaissait. Car la petite Hooper était loin d’être sainte et couchait avec tout le monde. L’ambiance s’alourdit un peu plus : le comportement de la jeune fille l’a en partie conduite à sa perte. Et cela, bien plus qu’on ne le croit alors.
Notons aussi qu’au dehors, et depuis un moment déjà, le temps est gris. Et ce n’est pas un hasard. Au contraire, tout devient plus en plus sombre.

Frank se rend à la borne 27.1 qui semble avoir une signification particulière pour els gens du coin. Dont ne fait pas partie Emma, ce qu’on lui fait bien remarquer ; ici, elle est une étrangère. Les interrogatoires qu’elle mène l’éloigne d’autant plus que beaucoup de gens ont des choses à se reprocher : Nilson a eu de nombreux rendez-vous avec Liddy, pour des cours de canoë dit-il ; Briggs a mal enquêté il y a 6 ans, concluant trop hâtivement à un accident. Encore une fois, les dires sonnent faux, comme s’ils cherchaient à camoufler quelque secret.
Parallèlement, Frank a remonté la rivière, jusqu’à un barrage, puis un pont. Pont sous lequel il a trouvé une énorme dalle comportant deux anneaux. Anneaux qui ont servis à maintenir les pieds des victimes alors qu’on les noyait...

Frank rejoint ensuite Jerry Nilson au bar, qui entreprend de tout lui raconter. Il le croit, mais lui demande de l’emmener où il a vu Liddy pour la dernière fois.
Ils arrivent à la borne 27.1 où l’agression nous est reconstituée avec Frank en voice over. Au même moment, Emma raconte sa vie à Briggs. A ce moment, nous sommes tiraillés : le témoignage de Jerry ne nous convainc pas, et le comportement de Briggs est louche. Qui est le meurtrier ? L’ambiguïté est à ce moment à son comble. Car Emma peut tout aussi bien être surprise par celui auquel elle accorde sa confiance.
Mais Frank nous a déjà dit qui était coupable. Il nous propose alors une séance d’aveux comme on en voit rarement, c’est-à-dire en faisant le portrait psychologique du tueur comme s’il comprenait sa pensée. Il ne cherche pas à le prendre en défaut ou à s’attirer sa sympathie en faisant semblant de se mettre de son coté. Non, il expose à Jerry ses propres pensées - car il ne fait plus l’ombre d’un doute à ce moment précis - celles qui sont tapis au fond de lui et qu’il ne peut exprimer : la façon dont il voyait Liddy s’autodétruire, le traumatisme que cela générait en lui et surtout, son incapacité à s’arrêter de tuer. Jerry voulait qu’on l’arrête et il fut lui-même surprise que ce ne soit pas le cas 6 ans plus tôt. Et ce pied, qu’un chien avait utilisé comme jouet, était sa façon t’interpeller les autorités sur ce qu’il était. Et à aucun moment Frank ne porte de jugement sur ses actes ; tout comme il n’a jamais mentionné le nom de Jerry, parlant toujours du « tueur ». Nilson est désemparé. Et le spectateur, malgré qu’il sache que plusieurs femmes sont mortes, ne parvient pas à condamner complètement cet homme. Ce qui est paradoxal et presque effrayant. Et qui fait aussi la force de l’épisode.
Frank conclue la scène en demandant à Jerry, calmement, avec une voix presque douce, comme s’il s’agissait d’un enfant qui a simplement volé un objet, où il a caché les corps.

Cela, on ne nous le montre pas. Et qu’importe. L’histoire est conclue. Il n’y a pas besoin d’en voir plus, ni d’expliquer quoi que ce soit. Tout a été exprimé.

Et le Cherokee rouge de Frank et Emma quitte la ville, le retour du soleil les accompagnant...


Un épisode de tueur en série traditionnel mais avec des personnages forts, dans un style qui penche sans équivoque vers la première saison.
La répartition Frank / Emma est réussi, même si cette dernière ne participe pas réellement à l’enquête, on découvre plutôt une partie d’elle-même et son personne acquiert de la profondeur.