C’est quoi ce truc ?

Et là, on détient vraiment la perle de la série de ce côté-là tant cet épisode est infâme. Mais pour ne pas que cela paraisse trop péremptoire, laissez-moi le temps de développer les raisons qui font que j’ai eu du mal à supporter ce “truc”.

1. L’épisode est centré sur Emma Hollis.
2. Le scénario est nul.
3. Le propos est... aïe.
4. La justification de l’épisode fait doucement rire.

Ce n’est pas encore assez ? Bon, d’accord, je vais essayer d’en dire encore un peu plus...

1. Rien que ça, ça suffit à faire fuir tout téléspectateur qui se respecte. Parce que Emma Hollis est chiante, est une tête à claques, et que Klea Scott ne sait pas jouer (peut-être hors caméra, à la limite, quoique...). Je suis sans doute méchant, mais c’est un véritable supplice pour moi rien que de la voir à l’écran, et je ne pense pas être le seul à trouver que sur MillenniuM, son jeu n’est pas vraiment au top... Et puis le background d’Hollis n’est pas assez étoffé pour en faire un personnage assez intéressant, si l’on excepte le fait que sa soeur ait été assassinée ; mais finalement ça la rend plus boulette qu’autre chose.

2. Autant le dire tout de suite, étant donné que j’ai eu du mal à terminer l’épisode au premier visionnage, j’ai zappé quelques passages, préférant me curer les ongles ou regarder le plafond plutôt que de poser les yeux sur mon écran. Par respect pour la série je ne voulais pas non plus lire en même temps, mais j’aurais dû parce que j’ai cru mourir d’ennui. Je vais quand même essayer de vous faire un topo. Donc, un vieil asiatique tout défiguré décide de se venger pour des raisons bidons, et comme il travaille dans le labo d’un dealer asiatique, il a contaminé la dope. Les effets sont très puissants : ils vous font prendre les caractéristiques de l’animal dont vous portez le tatouage (c’est bien connu, tous les miséreux qui se battent pour survivre se droguent et en plus portent des tatouages, vous ne le saviez pas ?). Cela correspond au trip ultime que recherche tout junkie, qui voit la face de Dieu, ou quelque chose de ce goût-là. Excusez-moi de le dire, mais c’est vraiment pourri. Ce que je déteste le plus dans une série c’est quand on utilise ses caractéristiques pour en faire nawak, et là c’est carrément le pompon. Essayer d’inclure une dimension religieuse - quasi mystique - dans cet épisode, il y a de quoi s’arracher les cheveux. D’autant plus que cette histoire de "drogue droguée" n’a pas sa place dans MillenniuM. A dire vrai, c’est même du sous X-Files (la comparaison revient souvent dans cette saison 3, et ce n’est pas vraiment à l’avantage de MM).

3. En fait, Emma est directement concernée vu qu’elle est sur le coup à cause d’une fille qu’elle considère comme sa soeur. Elle va donc essayer de lui venir en aide. Sauf que Frank pense qu’elle a tout inventé et qu’elle ne recherche que de l’attention. Ca, ça peut encore passer, il pourrait avoir raison. Là où ne ça va plus, c’est qu’il dit franchement qu’elle n’a aucun espoir, qu’elle ne peut pas s’en sortir, blablabla, et qu’Emma risque sa vie et sa carrière pour pas grand-chose. Je ne sais pas pour vous, mais ce genre de discours dans la bouche de Frank, alors qu’il est le premier à essayer de comprendre la douleur des gens et à se préoccuper du sort des autres, ça sonne vraiment très mal. Michael Duggan, le responsable de ce naufrage, essaye de retomber sur ses pattes en faisant dire à Frank qu’il n’y a aucune preuve de ce qu’elle avance. Comme si c’était le genre de choses qui l’arrêtait habituellement... Surtout que juste avant il a une vision où il voit clairement D (ou T, ce qui serait marrant vu que la fille du teaser s’appelle E (ET, pas drôle je sais)) avec un visage monstrueux. Le propos, c’est quasiment : « il ne faut pas aider ceux que l’on aime et qui sont dans le besoin parce que c’est trop dangereux, ça nous fait prendre des risques ». C’est franchement pas génial... Surtout de la part de Frank. Ajoutons à cela que la jeune femme en question est noire... J’ai du mal à y voir autre chose qu’un cliché. Et ça me gêne beaucoup.

4. Le plus drôle (du genre qui nous fait rire jaune), c’est que finalement, tout l’épisode sert de base à Baldwin pour dire : « Ecoute Emma, c’est pas bien de ne pas respecter le protocole et d’enquêter toute seule comme une grande de ton côté, parce que là tu ressembles trop à Frank Black, et on ne veut pas de ça ». Je ne dis pas que l’idée n’était pas intéressante, au contraire, car ça montre que petit à petit Emma se rapproche des méthodes de Frank, qui ne sont pas toujours très orthodoxes, alors qu’elle pourrait utiliser son potentiel autrement. Mais c’est le traitement de la chose qui laisse très perplexe.

Mais déjà avec un scénario solide, une enquête menée seule par l’Agent Hollis aurait été difficilement supportable tant elle n’en fait qu’à sa tête et joue les gamines capricieuses. Et comme c’est pire que ça...

Histoire de faire bien, une petite référence à X-Files se glisse subrepticement dans l’épisode puisque lorsque Emma inspecte les squats où elle espère trouver D , on entend un passage de l’épisode Kill Switch, pas mal du tout au demeurant. Mais c’est maigre pour remonter le niveau...

Bon, je vois que je n’ai toujours pas convaincu et qu’on a l’impression que j’ai balancé la review. Le fait est que c’est l’envie que donne cet épisode tant il ne correspond pas à l’esprit de la série. C’est un véritable gâchis, qui n’a pas une seule bonne idée à part le fait de montrer qu’Emma "suit les traces" de Frank, mais bonjour le traitement... Et même si c’est toujours bien réalisé, que la photographie est travaillée et que l’ambiance est toujours aussi sombre (c’est une constante) ; bref que techniquement parlant c’est toujours très bon, ça ne suffit pas. La base d’une série, ce n’est pas la technique mais l’écriture avant tout, et cet épisode est écrit avec les pieds, et encore c’est une insulte pour les pieds. Ce qui m’épate par contre, c’est la crédibilité que réussit à donner Lance Henriksen à Frank dans cette histoire minable. Son jeu est intense, comme toujours, et chaque attitude, chaque geste, chaque expression est travaillée. Et réussir à jouer de façon excellente dans ce machin, je trouve que c’est une très grosse performance qui démontre qu’il est habité par son personnage. Ce qui tranche parfaitement avec Klea Scott.