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2.15 - Chapter Thirty-Seven

Nigga please...

Chapitre 37

dimanche 15 juin 2003, par LordOfNoyze

Vous vous souvenez peut-être que Senete transformait le chapitre 36 en bon épisode rien que par son jeu, et le traitement de son intrigue moins balourd que pour les autres intrigues ?? On se disait "Bon ils ont réappris à bien traiter les intrigues, est-ce qu’ils vont réussir à faire un VRAI bon épisode ??" La réponse est "Oui", mais il y a quand même du lourd.

Pour commencer il faut dire que j’ai fini (oui, j’avoue ça honteusement) par m’habituer aux insupportables Henson et Cooke. Et j’ai finalement compris pourquoi David E.Kelley les a appelé dans la série : non pas pour regonfler l’audience ou la crédibilité, tout au contraire, mais pour faire le maximum d’erreurs possible, pour le premier en faisant le bon pote des profs, pour la deuxième en faisant sa ch’tite sensible défendant les grandes causes (enfin, c’est clair qu’avec Senete comme coach c’est pas gagné...). Le tout pour un seul et unique but : s’en prendre plein la gueule, le plus souvent de la part de Harper et Guber. Et ayant compris ça, mon indulgence et mon respect s’en sont accrus. Maintenant passons à l’épisode.

Le thème majeur est un mot touchant la communauté afro-américaine fort bien représentée (eh oui, une série américaine c’est regardé, il ne faut pas que les minorités soient forcément méchantes..) par Harper, Hendricks et Sudor (qui la représente mieux, disons...enfin passons). Mais il s’agit d’un mot insultant, qui peu à peu a pris le synonyme de "pote", mais entre Noirs. Ce mot, je vous le donne en mille, c’est le mot "nigger" alias "négro". Et Henson ne trouve rien de mieux que d’en faire un débat entre élèves, puisque l’afrocentriste intello (eh ouais, il en faut un) a pété les plombs et tabassé un peu un Blanc qui le prononçait à l’encontre d’un autre élève. Il se fonde sur un bouquin intitulé "Nigger", ce qui provoque le courroux d’Hendricks qui ne manque pas de le signaler par deux fois. Le débat est très juste, très enrichissant, et on ne peut s’empêcher de faire un parallèle en se demandant comment Kelley a pu faire passer cet épisode, donc on se prend à transporter les affrontements Henson/Harper à Kelley/la Fox, qui lui conseille d’abord de changer de sujet puis menace de le virer. Le problème ?? C’est que le débat tourne vite en rond, une fois que les véritables raisons du "tabou" sont énoncées par les élèves ; la deuxième intervention de Hendricks tombe ainsi à plat, une fois le débat aplani. Mais cette intrigue a l’avantage de poser "Boston Public" en série polémique posant les grands problèmes de société ; en d’autres termes de redorer son blason.

Ensuite, on passe à l’intrigue Cooke, qui dans la série "Je fais bosser mes élèves en faisant n’importe quoi", peut rejoindre la Marilyn Sudor du Chapitre 32 aisément. En effet, dans le cadre d’un programme elle a fait dormir ses élèves sur le parking de Winslow, mais on a trouvé une élève sous les ponts. Résultat : Guber monte au créneau, mais l’élève s’avère vite être une SDF réelle... Là où ça dérape, c’est que Cooke a la lumineuse idée d’appeler les services sociaux pour aider sa mère, SDF elle aussi, à se recaser, et paie même le chèque de l’hébergement. A ce propos, une phrase d’un Guber plus excellent que jamais en proviseur adjoint (dès le prégénérique, son âme de cow-boy intransigeant refait surface) donne bien le ton désespéré de la série et, malheureusement, son recours au sentimentalisme sirupeux qui frappe encore en fin d’épisode : "En chaque prof sommeille une infirmière, c’est ce qui déprime la majorité des profs." Et effectivement, la fin est abusée, puisque l’élève promet qu’elle poursuivra ses études, sera bien sage et fera beaucoup d’enfants.

Puis l’intrigue Lipschultz, plus sérieuse cette fois-ci puisqu’il empêche carrément un élève de passer à l’université à cause d’une recommandation négative ! Mais Guber lui donne raison, puisque par principe on ne peut pas se permettre de retirer une plainte, qui plus est concernant un ado au comportement difficile. Lipschultz en est très émouvant à la fin lorsqu’il demande à Guber s’il est temps de se retirer, et ironise s’il faut "qu’il fasse un cours sur la vieillesse et la déchéance".


Donc en bref, un épisode très bon, même si un peu faible au bout de sa moitié, avec une réalisation plus hachée et plus cohérente en lien entre les intrigues. Le thème du "nigger" et Fyvush Finkel, formidable, hissent donc le niveau de cette saison 2 vers les cimes de la première saison. Pourvu que ça dure...