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1.02 - Possession
La vérité est un puzzle complexe
Possession
mercredi 4 août 2004, par
Le pilote nous a perturbé dans notre perception des enquêtes policières avec une narration éclatée et le peu de codes qu’on a pu en tirer est à jeter dès ce second épisode.
Je me souviens de l’époque pas si lointaine de décembre 2003 où Canal a mis en place une grosse promotion pour la diffusion de Boomtown début janvier 2004. Et c’est surtout l’accroche qui m’avait marqué : "Un crime, sept points de vue différents".
Le pilote suivant cette logique puisque nous avions une morte et puis, le point de vue des 7 protagonistes à la suite nous éclairant chacun son tour sur la résolution du crime. Mais il avait déjà un couak avec la présence du point de vue du coupable en tout fin pour nous éclairer complétement sur l’enquête.
Bon, nous voilà donc avec une série où on ne connaitra le fin mot de l’histoire qu’après avoir vu successivement le point de vue des 7 protagonistes ... Et bien oubliez ça. Le second épisode nous offre rien de moins que 11 points de vue !
On démarre avec le point de vue d’un télémarketteur qui appelle une personne. Mais celle-ci n’écoute pas son speech puisqu’elle hurle "au secours" avant de se faire tuer de deux balles juste après que le tueur lui ait dit qu’il allait tuer sa femme chez son médecin à midi. Il est 9h du matin. Le temps presse.
Une séquence de prégénérique avec une photographie superbe nous démontrant le sadisme de ces télémarketteurs qui ont les numéros en mémoire et qui appellent les personnes les unes après les autres et récitent leur speech affiché à l’écran avec toutes les réponses possibles. Arggggg ce personnage nous apparait vraiment antipatique tellement il nous renvoit à ces crétins de confrères qui veulent nous vendrent n’importe quoi au moment le plus inopportun.
Les points de vue s’enchaînent et on découvre que le mort semble être l’amant d’une femme mariée et le tueur le mari de celle-ci. Une histoire banale me dirait vous ? Et bien non, car le point de vue de la "femme" (Remarquable Jennifer Sky) nous éclaire : elle est en fait une strip-teaseuse un peu particulière puisqu’elle offre à ceux qui le souhaitent de vivre maritalement avec elle dans une pièce amenagée dans son club pendant une heure ou deux. Le meurtrier est donc un des ses clients et la victime n’est autre que le petit ami et videur du club.
Finalement, après quelques péripéties pour occuper le tandem de flics et justifier le budget élevé de la série avec une mémorable course-poursuite, le client est arrêté alors qu’il était chez le médecin en train de forcer la strip-teaseuse à le suivre pour qu’ils vivent heureux ensemble.
Le résumé fait, attardons nous un peu plus sur les 7 personnages principaux.
David McNorris
Neil McDonough
Procureur ambitieux ne rêvant que de reconnaissance. Il a les phrases choc qui font mal et la réplique qui tue pour les journalistes. Il est tout en haut de la chaine et c’est lui qui va achever le criminel. Il sait qu’il a un énorme pouvoir et cela lui plait. Il en veut. Et cet épisode nous éclaire un peu plus sur lui. Son père n’avait pas vraiment réussi et il fait tout pour ne pas être comparé à son père. Et son infidélité à sa femme avec Andréa la journaliste vient appuyer ses doutes sur sa ressemblance avec son père qui était lui aussi un coureur de jupons. Ses petits passages dévoile la faille, le coté peu sûr de lui d’un procureur qui donne l’image d’être un roc incassable comme le démontre sa petite scène d’intimidation avec le "mac" des strip-teaseuses qui se finit avec son poing enfoncé dans le platre du mur.
Ray Hechler et Tom Turcotte
Gary Basaraba et Jason Gedrick
C’est le tandem de flics en uniforme. C’est eux qui interviennent en premier sur les lieux d’un crime ou qui pourchassent les méchants. Et dans cet épisode, ils pourchassent le pick up du suspect dans les rues de LA. Et c’est une longue poursuite menée par eux deux en tête de file des voitures de police. Ils ne sont pas en tête par hasard vu qu’ils ont la priorité sur cette poursuite vu qu’ils étaient les premiers sur le coup. Un petit coup de radio au central leur confirme cela. Et cette petite scène résume bien ces deux flics. Ils sont blasés par leur boulot (Joel : à quoi ça sert de fuir ? Il ne peut pas nous échapper) et trouvent les petits plaisirs là où ils sont. Pour Ray notamment qui est tout heureux de faire la poursuite car il est le champion de la poursuite. Son autre truc, c’est le blablatage sans fin sur des sujets insignifiants. Il ne s’arrête jamais. Joel, au contraire, reste toujours calme, ne dit jamais un mot de plus qu’il ne faut. Il écoute son partenaire et on ne sait pas si cela le lasse ou si il aime cela. En fait, il semble en perpetuelle réflexion.
Fonceur/Fearless et Joel Stevens
Mykelti Williamson et Donnie Walhberg
Ce sont les deux inspecteurs de la série. Fonceur est le noir en apparence cool mais sa coolitude révèle en fait son coté casse cou (le sans peur de son surnom en vo) hérité de la guerre du golfe où il aurait dû prendre une balle dans la tête d’un sniper si un Zippo n’avait pas brillé et attiré son attention le faisant se baisser. Depuis, il a une liste de choses à faire avant de mourir (pilote) et dans cet épisode, il se jette dans la pièce où se trouve le dingue de meurtrier en se faisant passer pour le "mac" de la strip-teaseuse.
Joel est beaucoup plus réservé et comme pour l’officier Tom Turcotte, on sent qu’il porte un poids lourd : celui de sa famille et d’une femme perturbée à cause d’un enfant mort (jeune ou né ou en couche ? - Episode pilote). Il ne fait rien d’exceptionnel dans cet épisode et son segment fait redondance avec celui de Fearless vu qu’ils restent tout le temps ensemble.
Andrea Little
Nina Garbiras
Elle est journaliste mais surtout amante du procureur McNorris. On ne sait que peu de choses d’elle si ce n’est que cet épisode l’a montre clairement amoureuse de David. Son segment n’apporte rien à l’histoire et elle semble trop liée à McNorris pour pouvoir être d’une utilité réelle à la série. En plus, sa profession de journaliste la place hors enquête, ce qui n’aide pas. Si encore, elle était indic d’un des inspecteurs mais même pas.
Teresa Ortiz
Lana Parilla
C’est l’ambulancière et le dernier point de vue récurrent. Son rôle est tellement creux et inutile que j’ai dû aller voir sur un site le nom de ce personnage tellement il ne marque pas. Le physique de son actrice par contre ... Lui il marque l’esprit. Elle était inutile dans le pilote, elle est inutile dans cet épisode et je sens qu’elle va être inutile dans un paquet d’épisodes si les scénaristes ne la relie pas avec un des autres personnages. Mais son métier va lui rendre la liaison encore plus difficile que pour Andréa la journaliste.
Son seul plus dans cet épisode reste qu’elle permet une citation d’un personnage qui rêverait de se réveiller avec les pouvoirs de Johnny Smith (de Dead Zone - voir le futur d’une personne en la touchant) après sa chute sur la tête.
Cet épisode a un début au bon endroit et une fin au bonne endroit, c’est à dire que l’on voit le début au début de l’épisode et la fin à la fin de l’épisode. Entre les deux, les segments sont chronologiquement désordonnés ou incomplets et on ne les comprend tous qu’à la fin ou un peu plus tard. Je pense notamment à la séquence d’intimidation du "mac" par le procureur. Elle arrive là sans rapport, on ne sait pas pourquoi. Et on apprend son utilité et son intérêt que dans le segment de Joel qui nous révèle que c’est lui et Fonceur qui ont fait appel à McNorris pour faire parler le "mac" qui voulait appeler son avocat.
Dans sa structure, le cahier des charges de la série est bien respectée. Seulement un gros point faible apparait : plusieurs segments sont inutiles (Andrea pour l’enquête mais pas pour la vie privée de McNorris - l’ambulancière pour tout, enquête et vie privée) ou font doublon avec un autre (le segment de Joel n’apporte rien à l’enquête, celui de Fonceur agrémenté d’une séquence du segment de Joel aurait suffit).
Ce petit détail pas vraiment gênant alourdit un petit peu l’épisode et leur rend un peu plus chaotique. Le schéma narritf est vraiment prenant mais un peu plus de simplicité pour les premiers épisodes ne serait pas du luxe le temps qu’on se fasse à cette nouvelle méthode de narration des enquêtes policières.
Et en prime, ce schéma particulier n’apporte rien au crime en lui-même qui reste somme toute banal. Il ne faut pas que les prochains meurtres soient aussi banals car une fois la surprise de la narration éclatée passée, les histoires devront être solides pour nous accrocher. La narration éclatée ne doit pas servir de cache-misère.
Un bon épisode dans la lancée du pilote qui s’affirme tout aussi perturbant dans la forme. Mais quelques points faibles apparaissent. Il faut espérer que ceux-ci ne deviennent pas récurrents.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires