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2.16 - The Hunt
Osama l’air louche
dimanche 4 avril 2004, par
Johnny participe à la lutte anti-terroriste.
Voilà le type même d’épisode casse-gueule dans une série. En effet, dans le contexte post-11 septembre 2001 qui a amené Bush à faire la chasse aux terrorristes et notamment Ben Laden, les scénaristes ont décidé de coller à l’actualité de l’époque ; et cela aurait pu tourner à la propagande et donner un épisode dégoulinant de patriotisme. Hors, bien heureusement, les écueils basiques dans le traitement des sujets de ce genre sont évités avec brio, et nous allons voir comment.
Introduction
Johnny est donc recruté par la CIA pour une opération secrète diligentée par une section qui s’occupe du paranormal. Le cadre de la mission est de localiser une cible X en Afghanistan (le nom n’est jamais prononcé mais il est évident qu’il est question de Ben Laden) à l’aide de médiums. Bien entendu, les pouvoirs psychiques de Johnny intéressent particulièrement l’agence au vu de tous les articles de presse relatant les affaires qu’il résout avec un succès proche des 100%. Il n’est donc pas le seul sur le coup et se confrontent à d’autres voyants. Petit aparté à ce propos : dans la review de l’épisode 3x05 qui fait écho à celui-ci (l’ironie du sort fait que je l’ai écrite avant celle-ci), je dis que je n’aime pas que Johnny ne soit pas le seul médium existant. Vous pourriez donc y voir une contradiction, mais la chose est différente ici car il reste toujours une dimension scientifique pour expliquer le "don" des acolytes de Johnny le temps d’un épisode, alors que dans le 3x05 la jeune fille possède de vrais pouvoirs psychiques développés un peu comme ceux de Johnny mais dans une voie différente. C’est bien vu d’épurer l’épisode de toute relation avec son cercle d’amis habituels et de le placer dans un milieu où il doit faire ses preuves et où on considère son don comme une donnée scientifique, qui a des lois et un mode de fonctionnement précis. Ces différents éléments donnent lieu à deux axes d’analyse, tous deux montrant que certaines choses ne sont ni mauvaises ni bonnes en soi et que c’est l’utilisation qu’on en fait qui le détermine. C’est d’ailleurs le propos du 3x05 aussi, transposé à la technologie. Comme quoi les scénaristes ont eu de la suite dans les idées.
Le don de Johnny
Dans cet épisode notre ami est quasiment contrôlé par la CIA et fait ce qu’on lui dit de faire. Ses visions ne servent pas à sauver un innocent, une vie, ou à rectifier une situation mal partie ; non, elles servent au gouvernement pour détermine une cible dont il ne connaît rien. Il fait donc ce qu’on lui dit car cela lui semble important, mais on ne peut s’empêcher de se poser la question suivante : et si les intentions avouées n’étaient pas les motivations réelles ? Que se passerait-il si les visions du médium étaient utilisées à des fins plus discutables, ou si Johnny tombaient entre de mauvaises mains ? Inévitablement certaines horribles choses pourraient être commises, et cela remet en cause le don de Johnny : il n’est pas un cadeau (pour les fans de MillenniuM dont je fais partie aussi maintenant, je n’irais pas jusqu’à dire que son don est sa malédiction, rassurez-vous) dans le sens où une mauvaise utilisation le pervertirait et le rendrait inévitablement mauvais. Et c’est une chose dont Johhny prend pleinement conscience pendant l’épisode, tout en ouvrant les yeux sur un autre problème.
Les dommages collatéraux
Alors qu’il est dans la salle où la CIA réunit les quatre médiums, Johnny prend ses acolytes à partie pour savoir ce qu’ils ont vu, alors que les règles établies pour le programme indiquent fermement qu’ils ne doivent en aucun cas le faire pour ne pas que leurs visions soient influencées (on en revient à la dimension scientifique des visions qui sont altérées par la condition psychologique des personnages, ce qui ne touche pas Johnny puisque ses visions ne fonctionnent pas de la même manière). Ces derniers sont plutôt réticents au début, mais Johnny réussit à les convaincre en s’insurgeant contre le fait qu’une opération pour éliminer ou capturer la cible soit montée en se basant sur si peu de faits. Ses visions sont peut-être véridiques, mais on ne peut pas leur faire aveuglément confiance sur des évènements qui se déroulent à des milliers de kilomètres, surtout si cela aboutit à un massacre et peut laisser éventuellement des victimes sur le carreau des deux côtés, et notamment chez les civils. Et heureusement qu’il se rebelle à temps, car l’équipe d’élite envoyée sur les lieux tombait autrement droit dans le piège qui leur était tendu (là, c’est quand même l’incohérence de l’épisode car on se demande comment les terroristes ont pu savoir que l’on découvrirait leur planque, même s’ils sont prévoyants et prudents c’est très fort), et réussit à les tirer de ce mauvais pas dans une scène bluffante. En effet, il peut guider les soldats car il est avec eux grâce à une vision, et les informations qu’il donne dans le centre de recherches sont retransmises par radio en temps réel sur le terrain. Il est donc question ici de la manipulation des informations : la façon dont on les recoupe peut amener à faire des erreurs.
Conclusion
Je l’évoquais au début de cette review, l’épisode traite du sujet de bien belle manière en évitant quelques écueils. Déjà, tous les musulmans ne sont pas assimilés à des terrorristes, il est juste question de Ben Laden et sa clique. Ensuite, le gouvernement américain n’est pas encensé, au contraire même on peut sentir une légère critique sur la façon de procéder à la chasse aux terroristes qui manque parfois de discernement, au travers des méthodes de la CIA. Enfin, la réflexion sur le fait que c’est l’utilisation que l’on fait des moyens et informations qui sont à notre disposition qui rend l’acte bon ou mauvais, pas les instruments en soi, est intéressante.
Un épisode intelligent avec un thème très bien traité, sur un sujet pourtant délicat. Une réussite.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires