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2.09 - The Man Who Never Was

Etre ou ne pas être...

jeudi 1er septembre 2005, par Sygbab

Après un petit intermède dans les airs pour un épisode un peu spécial qui visait à poser une question cruciale par rapport au don de Johnny, à savoir si ses visions pouvaient être fausses, les scénaristes traitent d’une autre conséquence que ses visions pourraient avoir su lui : la folie.

Johnny ne sortait déjà pas beaucoup avant, mais son récent enlèvement par les trois jeunes femmes l’a amené à investir dans un nouveau système de sécurité - un million de dollars, rien que ça - pour se protéger de toute intrusion. On peut donc dire que cela l’a secoué (et on le serait à moins), d’autant plus qu’il ne l’a vu venir que beaucoup trop tard. Mais pourquoi je reparle de ça ? Parce que plutôt que de nous gratifier d’un previously, il en est question rapidement par le biais des journaux télévisés que Johnny regarde (d’ailleurs, une des journalistes s’étonne que le voyant n’ait pas pu prévenir son propre enlèvement). C’est une manière astucieuse d’assurer la continuité. Bref, revenons à nos moutons : à force de s’isoler, Johnny ne finira-t-il pas par devenir fou ?

C’est en tout cas ce que se demandent Walt et Bruce, qui le voient un peu partir en sucette (pardonnez moi l’expression), du moins à ce qu’ils croient. En effet, Johnny commence par avoir la vision d’un vieil homme seul avant de se voir littéralement disparaître (vision d’ailleurs très bien rendue et assez flippante, à l’exception du moment où on ne voit plus que son buste et sa tête où là, il a l’air d’un paquet). Il décide de se rendre au domicile de ce dernier, qui se nomme John Grissom, et reste quelques temps en sa compagnie avant de se faire gentiment pousser vers la porte de sortie par l’infirmière du vieil homme. Se doutant que quelque chose cloche, il y retourne le lendemain pour se rendre compte que Grissom a disparu, laissant sa place à une famille apparemment installée ici depuis un petit bout de temps. Johnny est maintenant certain qu’il y a vraiment quelque chose de pas très net mais sa persistance à chercher des indices prouvant ses soupçons ne fait que le décrédibiliser puisque ceux qui se sont occupés de déplacer Grissom n’ont laissé aucune trace derrière eux. Et pour une fois, ses deux acolytes ont du mal à le croire et pensent qu’il s’imagine sûrement des choses (ça donne d’ailleurs une réplique très drôle : I don’t see things ! Ok, I see things, but I’m not imaginazing them / Je n’ai pas de visions ! Enfin si, mais je ne les invente pas.). C’est assez rare pour être souligné parce que d’habitude ses amis sont plutôt un grand soutien pour lui ; mais cela ne le fait pas démordre de son idée. Et il a bien raison, parce que ça va finir par être payant. Il s’avère qu’en fait Grissom est un ancien agent du gouvernement et que depuis qu’il s’est retiré des affaires, il est sous surveillance 24h/24.

Les visions de Johnny se voyant disparaître n’étaient donc pas une métaphore de la solitude comme il le croyait au début, mais plutôt de la perte d’identité. En effet, Grissom a passé sa vie à parcourir le monde en tant qu’espion et en est maintenant réduit à devoir endurer un simulacre de vie pour faire croire qu’il est mort à toutes les agences d’espionnage du monde entier... Pas beaucoup de repères donc. C’est pour cela qu’après tant d’années, il est heureux de voir Johnny sonner à sa porte car c’est le seul en mesure de retrouver la maison dans laquelle il habitait quand il était petit. S’il y tient autant c’est sans doute que ses seuls souvenirs en tant qu’individu remontent à son enfance et que cela a une résonnance toute particulière pour lui. Maison qu’il finira par retrouver d’ailleurs, après quoi il en profitera pour s’évanouir dans la nature, une fois de plus, mais cette fois-ci en étant libre. Johnny se fout un peu des conséquences que cela peut avoir qu’un ancien agent censé être mort se balade, parce qu’il pense que ce qu’il a fait est bien : il a rendu sa liberté à un homme qui ne l’avait peut-être jamais eue puisqu’il considère que les 16 ans qu’il a passé sous protection n’étaient ni plus ni moins que de la prison. Sans parler du fait que sa vie d’agent secret n’avait rien d’une vie libre. Comme Gissom le dit lui-même, il est devenu l’homme qui ne fut jamais, aux multiples identités mais n’en ayant aucune lui-même, se demandant s’il a jamais existé.

Vient alors s’ajouter une histoire avec une espionne de l’autre camp, dont Grissom était tombé amoureux. On peut se demander ce qu’elle vient faire là puisqu’elle ne semble pas avoir une importance majeure dans l’histoire, à part pour bénéficier de scènes assez stylées avec une photographie travaillée soutenues par une musique envoûtante, ou encore pour avoir une vision très spéciale dans laquelle s’immisce Grissom quand il dévoile à Johnny qui était cette femme pendant que le voyant vit la scène où l’agent secret regarde une dernière fois sa dulcinée avant qu’elle ne se fasse exécuter. Déjà, rien que pour ça, ça justifie amplement ce petit pan du scénario non ? Mais je pense que ça a sa place pour une autre raison, parce que cette histoire d’amour est ce qui définit Grissom en tant qu’homme, car c’est son choix d’être tombé amoureux de l’ennemi (si tant est que tomber amoureux est un choix puisque cela vient du coeur et non de la tête, mais l’idée que je veux faire passer et qu’il aurait très bien pu refouler cet amour mais il n’en a rien été). C’est clairement la femme de sa vie, puisqu’il n’a jamais pu l’oublier, la voyant hanter ses nuits et en entendant la chanson qu’elle chantait encore et encore... D’ailleurs, la première chose qu’il fait de sa liberté, c’est de retourner à Paris... Bref, pour ma part je trouve ça touchant et cela insiste bien sur la vie tellement triste et sans saveur de John Grissom qu’après tant d’années, la seule chose quasiment qui le fait tenir c’est l’amour qu’il portera toujours à une femme qui l’a trahi - ainsi que sa patrie.

Notons enfin que lorsque Johnny retrouve à nouveau Grissom, il a été assez intelligent pour rameuter des journalistes avec lui, histoire de ne pas passer à nouveau pour un fou en étant le seul à voir le vieil homme. C’est cohérent et surtout, ça me fait plaisir personnellement puisque ça permet de voir à l’écran la ravissante Kristen Dalton alias Dana dans la série. Bah oui, c’est une valeur ajoutée appréciable, non ?


On va encore dire que je suis trop gentil avec cette série, mais je trouve cet épisode intéressant et touchant... Intéressant pour la réflexion sur l’identité et l’idée que Johnny pourrait souffrir de ses visions en inventant des choses, et touchant parce que l’histoire de John Grissom est peu banale et assez tristounette quand même. De plus, les réactions de Bruce et Walt sont cohérentes et les scènes se déroulant à Paris sont vraiment très belles. Pour moi, c’est encore un bon épisode.