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Le Dico de la LTE - Chapitre 08
C’est bon de rire parfois
mercredi 11 février 2004, par
Quel meilleur moyen pour oublier un instant cette vallée de larmes où pauvres humains nous nous traînons lamentablement en attendant l’inéluctable conclusion de notre pitoyable existence que de rire un peu en attendant la mort. Le rire la seule chose qui différencie l’homme de l’animal (en dehors du four à micro onde et de la guerre atomique), qui comme le défini si bien le philosophe n’est jamais que la tétanisation forcée de nos muscles zygomatiques accompagné ou non d’un son répétitif, ce rire donc nous le retrouvons si nous avons de la chance dans les sitcoms.
La définition
Sitcom : Contraction de comédie de situation. Programme généralement court (22’ à 25’) tourné en studio et en public (ce qui explique les rires) et censé être drôle (ce qui malheureusement n’est pas toujours le cas).
Appelons les anciens
Si la sitcom est un type de programme typiquement anglo-saxon, nous autre français sommes à l’origine de ce genre de série avec les vaudevilles. Feydeau, Courteline et les autres maîtres du genre qui firent rires nos arrières grand parents, et nos parent grâce à feu “Au théâtre ce soir”. Quiproquos, portes qui claquent, apartés, mots d’auteur pullulaient dans ces pièces où les rires ne devait jamais s’arreter, laissant dans le meilleur des cas les spectateurs lessivés après 1h30 de folie.
Aperçu rapide du genre
Avant d’aborder au travers de divers exemples l’histoire de la sitcom aux USA, penchons nous un instant sur ce qui se fait sous nos lattitudes... rien de bon. Oublions rapidement les tentatives infructueuses de Canal +, les pitoyables H, et Eva Mag, ayons juste un regard bienveillant pour Blague à Part la seule tentative a peu près potable. Du cote de nos voisin anglais les choses sont bien meilleures, Father Ted, Bottom, Absolutly Fabulous, ou plus reccement Black Books nous prouvent qu’avec peu de moyen mais de vrais auteurs il est tout à fait possibles de faire aussi bien, sinon mieux que les américains (il suffit de voir ce qu’est devenu Coupling (Six Sexy) après avoir traversé l’Atlantique)
Survol historique du genre au USA en 5 exemples
I Love Lucy
Pour beaucoup I Love Lucy, crée en 1951, est l’ancêtre de toutes les sitcoms. Ce fut la première à être tourné sur film (et non pas diffusé en direct), à avoir recours aux caméras multiples pour dynamiser le montage, et à être enregistré en public.
Portée par Lucille Ball, vedette du cinéma de l’époque, cette sitcom en plus d’exploiter toutes les variations comiques autour de la vie de couple, est un reflet de son époque en étant une série féministe (bien avant l’emmergence du girl power porté par Buffy, Dark Ange ou Alias). Dans la réalité Lucille Ball est la créatrice-productrice et elle a imposé ses vue sur le fond et la forme de son show, dans la fiction Lucy ne rêve que de quitter son rôle de femme au foyer pour s’épanouir dans une activité professionnelle.
Peu connue en France (elle à été diffusée par Teva il y a quelques années, et l’est par Cinetoile actuellement) elle est considérée comme un classique aux USA.
Cosby Show (The Cosby Show)
Bill Cosby qui fut dans les années 60’ une vedette grâce à la série Les Espions (I, Spy) lance dans les années 80’ une sitcom qui fera de lui pendant de nombreuses années l’homme le mieux payé des USA.
Si le Cosby Show marque l’histoire des séries c’est en raison de son casting entièrement composé d’acteurs noirs.
Cette sitcom nous raconte la vie de la famille Huxtable de l’uper Mid-Class américaine. Le père Cliff est obstétricien, la mère Clair est avocate, et les cinq enfants apportent leur lot de problèmes familiaux.
En dehors de l’originalité de son casting, le Cosby Show est une sitcom familiale tout à fait classique. Si elle marque tant les esprits (du moins le mien) c’est qu’elle fut en France l’alternative au sacro saint journal de 20h. Lors de sa diffusion par M6 une campagne de but affichait en 4 par 3 le visage de Bill Cosby accompagné de ce slogan (approximativement) : “Note présentateur du 20h est noir, et en plus il ne présente même pas le journal”
Seinfeld
Crée par le scénariste Larry David et le stand-up comedien Jerry Seinfeld cette sitcom renouvela dans les années 90 un genre quasi moribond.
Ici pas question de famille mais d’un groupe d’ami plus ou moins déjanté. Jerry Seinfeld (plus ou moins dans son propre rôle) est le centre du groupe, c’est le plus stable, même s’il est comme les autres plutôt immature, et a des problèmes dans ses relations amoureuses. Georges Costanza (Jason Alexander) double de Larry David, meilleur ami de Seinfeld, radin, râleur, de mauvaise foi, voire dans certaines situation carrément antipathique. Kramer (Michael Richard) le voisin de palier de Seinfeld, un vrai phénomène, grande bringue dont les entrée dans l’appartement de Seinfeld sont à chaque fois un bonheur, son esprit dérangé est régulièrement traversé par des idées toutes plus folles les unes que les autres. Elaine (Julia Louis-Dreyfus) l’élément féminin du groupe, mais elle ne remonte pas pour autant le niveau, totalement névrosé, à la recherche du mec idéal, quête perpétuelle.
Seinfeld est “a show about nothing”, ce qui cependant en fera un des plus gros succès d’audience de NBC tout au long des ses neuf saisons. Véritable phénomène de société, la diffusion de l’ultime épisode conduisit certaines chaînes à interrompre leurs programmes, et Dharma & Greg firent un épisode tourant autour du l’événement.
Sports Night
Dans la lignée de Sienfeld les années 90’ voient le retour triomphant des sitcoms. Friends s’impose partout dans le monde comme la sitcom de référence, et le genre revient sur les écrans dans des productions plus ou moins bonnes. Toutes utilisent les règles établie par I Love Lucy 50 ans auparavant (tournage en public, en studio, avec plusieurs camera).
Dans ce paysage assez monotone une série va à nouveau donner un coup de jeune au genre : Sports Night.
Crée par Aaron Sorkin, avant The West Wing, elle remet en question le cinématographie du genre tournage avec une seule caméra, sans public, et sans rires enregistrés.
Sports Night nous fait rentrer dans les coulisses d’une chaîne du câble spécialisée dans le sport, et plus particulièrement dans la rédaction de l’edition du soir du journal. Rapport entre les journalistes passionnés et une direction soucieuse de faire de l’audience, tensions personnelles et professionnelle, relation amoureuses, et d’amitié sont le quotidien des personnages de la série.
L’écriture de Sorkin donne des dialogues savoureux qui font le sel des cette série formidable, malheureusement disparue après deux saisons, et dont une rediffusion en France serait la bienvenue.
Scrubs
Dans la lignée des sitcom nouvelle génération, dont fait également parti Malcolm, Scrubs est la série la plus drôle de ce début de siècle (et pour l’instant je n’ai vu que la première saison)
Elle se concentre sur les aventures de J.D., étudiant brillant mais quelque peu déboussolé quand il arrive à l’hôpital pour son internat, usant d’un humour à toutes épreuves. Autour de lui gravite turk, son meilleur ami, interne en chirurgie, beau gosse et qui le sait, Carla infirmière au fort tempérament, et accessoirement petite amie de Turk, Elliott, interne en médecine, belle blonde froide et coincée, tour à tour fantasme, amie, petite-amie, et amie de J.D., le Dr Cox, médecin cynique et désabusé, usant d’un humour tout aussi redoutable que celui de J.D., en constante opposition avec l’autorité surtout quand elle est incarnée par le Dr. Kelso, chef de service mielleux et vachard, incarnation du diable (selon le Dr. Cox), et l’homme d’entretien, meilleur ennemi de J.D depuis le premier épisode et une idiote histoire de pièce, dont toutes les apparitions sont hilarantes.
Sitcom pur sucre, qui dans la lignée de M.A.S.H., nous plonge dans l’univers impitoyable de l’hôpital, ou le seul moyen de survivre et de garder sa santé mentale est d’avoir l’humour (encore) solidement chevillé au corps, des amis sur qui compter, et quelques pastèques à jeter du toit d’un immeuble ( pour les plus atteint un labo à dévaster).
Véritable condensé de ce que la comédie télévisuelle a fait jusque là (groupe d’amis comme Friends, milieu professionnel comme Sports Night, milieu médical comme M*A*S*H*, visite des pensées du héros comme Dream On) Scrubs prouve qu’il est encore possible de faire des sitcoms intelligentes, justes et drôle (et c’est bien la moindre des choses)
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires