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Le Dico de la LTE - Chapitre 11

Objection votre Honneur

mercredi 24 mars 2004, par Jarod

C’est fou ce que je peux recevoir comme courrier en ce moment. Ainsi après avoir publié ici même il y a quinze jours la lettre du petit Nicolas j’ai reçu celle ci, que je vais reproduire par soucis d’équilibre politique.
“Cher Jarod,
Comme mon collègue et néanmoins a..., désolé j’arrive pas à l’écrire, enfin passons, revenons au sujet de ce courrier, je suis un fidèle lecteur de vos chroniques. Je me félicite d’ailleurs de vous savoir bordelais, venant ainsi ajouter un écrivain de talent à la déjà longue liste que compte notre belle ville : Montaigne, Montesquieu, Mauriac, Sollers, euh non pas Sollers. Enfin tout ça pour dire que ayant eu quelques problèmes avec la justice dernièrement j’aimerais savoir si ce thème est abordé dans les séries télé, histoire que je me documente un peu.
Amicalement,
Alain J, Palais Rohan, Bordeaux”

Mon cher Alain, ta lettre me fait très plaisir, si ton cas n’est pas évoqué, pas encore, dans les séries, de nombreuses d’entre elles se penche sur ce qui se passe au sein des tribunaux, et je te propose de te guider pour en découvrir quelques unes.

La définition

Court Show : Série dont toute ou partie de l’action se déroule dans un tribunal et mettant en scène des avocats, des procureurs ou des juges.

Bon alors au début...

Je ne suis pas bien au fait des exemples de la littérature usant des avocats, procureurs ou juges (on a tous ses limites). C’est vers le cinéma que je me tourne pour trouver encore une fois des antécédents. 12 hommes en colère, Le Verdict, Des Hommes d’Honneurs, et bien d’autres film prennent place dans ou autour d’une salle de tribunal. Du grand au petit écran il n’y a qu’un pas.

See You in Court.

Un procès c’est très excitant. Surtout quand la procédure est très théâtrale comme c’est le cas aux Etats Unis. Moins propice à une dramaturgie la procédure française à donné quelques exemples de série ou programmes télé, hier Messieurs les Jurés, aujourd’hui Avocats et Associés. D’outre manche nous est venu une très bonne série prenant pour cadre un procès : The Jury.

Les pièces à conviction

Perry Mason.
Avant d’être une série à succès Perry Mason est un héros de roman imaginé par Erle Stanley Gardner. Après avoir connu plus de 80 aventures sur papier, être passé par le cinéma et la radio, il s’installe sur les écrans de télévision où il prit les traits de Raymond Burr. Perry Mason est un avocat brillant qui gagne systématiquement ses affaires grâce aux révélations que lui apporte son détective privé attitré et qui donnent lieu à un retournement de situation lors du procès.
La première série connut 9 saisons de 57 à 66 et se termine après son 271° épisode dans lequel Erle Stanley Gardner tient le rôle du juge.
Pris par son rôle dans L’Homme de Fer, Raymond Burr ne participe pas à la deuxième série où il est remplacé par Monte Markman. Cette série fut un échec et ne connut qu’une seule saison entre 73 et 74.
Dans le mouvement nostalgique des années 80 Perry Mason eu droit à un téléfilm réunion Le Retour de Perry Mason. Le succès de ce dernier lança la production d’une série de téléfilm de 90 minutes qui compte 26 épisodes. La série fut suspendue suite au décès de Raymond Burr en 1993.
En France nous n’avons vu que cette troisième adaptation.

La Loi de Los Angeles (L.A. Law).
Après avoir révolutionné le genre policier avec Hill Street Blue, Steven Bochco s’attaqua à un autre genre en lui adaptant les mêmes méthodes le court show. Ce qui donna naissance à L.A. Law.
Apparu sur les écrans de NBC en 1996 la série nous fait découvrir le quotidien d’un cabinet d’avocats prestigieux. Le cadre de L.A. Law est plus glamour que celui du commissariat de Hill Street. Le soleil de la Californie change des rues sombres, les boiseries rompent avec la décrépitude des locaux du commissariat de Furrillo.
Pour autant Bochco ne change pas son fusil d’épaule est fait de L.A. Law une réflexion sur la justice, la place des avocats, leurs cas de conscience, l’arrivisme de certains, et le découragement d’autres.
Radiographie du système judiciaire américain dont chacun des rouages est détaillé, expliqué, L.A. Law n’évite pas non plus les grand sujets de société aux USA (et ailleurs) du racisme à la peine de mort en passant par le SIDA.
L.A Law fera débuter un scénariste qui prit par la suite une place importante à la télévision David E. Kelley.

Murder One.
Après L.A. Law Steven Bochco mis à l’antenne ce qui peut être considéré comme le plus grand Court Show jusqu’à présent : Murder One. Cette série nous fait pénétrer par l’intermédiaire du cabinet Hoffman & Associés, et de l’affaire Jessica Costello dans toute la complexité du système judiciaire US en prenant le parti de nous raconter un seule et unique procédure tout au long de la saison (avec dans les premiers épisodes quelques affaires annexes).
D’une qualité scénaristique et cinématographique exceptionnelle, cette série est un véritable chef d’oeuvre télévisuel sur lequel je ne m’étendrais pas tout ayant été dit dans un "récapitulatif et bilan" que je vous invite à lire.

The Practice.
D’une certaine façon on peut considérer The Practice comme l’héritière de L.A. Law. Le côté glamour en moins. Ici le cabinet d’avocat n’a rien de prestigieux, ses locaux sont vétustes, les affaires qu’il traite sont le plus souvent glauques et sa santé financière est plus que précaire. L’univers de The Practice est noir, les clients de Donnell et Associé sont des petits trafiquants de drogue ou des assassins sordides. Devant de tels rebuts de la société les avocats doutent, s’interrogent sur leur métier, l’éthique, et leur rapport à la loi.
Si ces interrogations, ces réflexions rendent la série intéressante à ses débuts, au fil des années elle perdent de leur pertinence, et à force de répétition deviennent presque caricaturale.

New York District (Law & Order).
Dans le chapitre précédent j’ai eu l’occasion d’évoquer la première partie des épisodes de L&O centré sur les procédures policières et leur traitement réaliste. La seconde moitié tournant autour de l’aspect judiciaire ne l’est pas moins.
Contrairement aux autres séries traités plus avant dans cette chronique nous ne rentrons pas dans les coulisses du travail d’avocats de la défense mais celui des substituts du procureur. Mêlant enquêtes annexes, négociations avec les suspects et les avocats de la partie adverse, scène de tribunal, cette partie nous présente tous les aspects techniques de la procédure judiciaire, rendant ceux qui ont suivis la série depuis ses origines incollables sur le système judiciaire américain.
Il est regrettable qu’une telle série n’existe pas en France.

P.S. Rendez-vous exceptionnellement la semaine prochaine pour un chapitre... spécial