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Le Dico de la LTE - Chapitre 13
Du rire aux larmes
mercredi 21 avril 2004, par
Après une parenthèse 1° avrilesque que tout le monde préférera oublier rapidement revenons aux choses sérieuses dans ce dictionnaire plus porté sur les messages à caractère informatif que sur la gaudriole et la blagounette. Enfin sérieux par vraiment puisque que le thème de la chronique est la dramedie.
La définition
Dramedie : Série mi-figue mi-raisin, ni tout à fait sitcom, ni tout à fait drama.
Plus ça va plus c’est dur
Je pourrais encore une fois aller chercher dans les archives des exemples littéraires ou cinématographique, parler des comédies italiennes qui mélangent rires et larmes, des comédies sociales anglaises, et des très célèbres comédies dramatiques. Je ne citerais que Le Cid de Corneille qui est le premier exemple de tragi-comédie, comédie uniquement parce que le héros ne mourait pas à la fin de la pièce. Voilà je m’en suis encore une fois sorti.
Mélange des genres
Nous avions d’un côté les séries dramatiques en tout genre (policier, court show, SF, médicale) et de l’autre les séries comiques plus connues sous le nom de sitcom (voir le chapitre consacré pour plus de détail) et chacune remplissaient plus ou moins bien leur rôle, mais chacun de son côté.
Puis arriva un genre hybride. Ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre. Dans ces séries un peut tout aussi bien rire aux éclats que verser une larme. A part dans l’univers bien cadré des séries elles sont le plus souvent les séries qui parlent le mieux de la vie en la suivant au plus près, mettant en avant l’alternance des petits bonheur et des grandes déceptions, la joie et le malheur.
Les Hybrides
M*A*S*H*.
A l’origine M*A*S*H* est un film de Robert Altman qui remporta la palme d’or du festival international du film de Cannes en 1970(et même avant un livre de mémoire d’un médecin ayant servi en Corée, Richard Homberger qui utilisa le pseudonyme de Richard Hooker, en hommage à l’impérisable série de William Shatner). Du film subversif et critique des producteur attiré par le succès décidèrent de tirer une adaptation pour la télévision.
Tout comme le film la série nous conte le quotidien des médecins et des infirmières d’une antenne chirurgicale mobile de l’armée (Mobile Army Surgical Hospital ou MASH) durant la guerre de Corée.
Ces chirurgiens qui aimeraient être n’importe où ailleurs tentent malgré tout de remplir la mission qui leur a été confiée, à savoir sauver la vie des soldats blessés au front ou ailleurs, en dépit de conditions de travail précaires, ils ne sont jamais à l’abris d’une coupure de courant ou d’un pilonnage pendant un opération.
Pour supporter les horreurs que ne manque pas d’apporter la guerre, les deux héros, Hawkeye Pierce et “Trapper” John McIntyre puis BJ Hunnicut, usent d’un humour noir ravageur et abusent de substances alcoolisés (quand ils n’arrivent pas à attirer sous leur tente une infirmière comme la célèbre “Lèvres en feu”), ce comportement peu conforme aux règles militaires n’est pas du goût de tous leurs collègues, avec en tête le médecin chef Burns, mais le colonel Potter en charge du MASH ferme les yeux aussi souvent que nécessaire sachant très bien que c’est la seule façon d’éviter les dépressions voire pire.
Situé pendant le guerre de Corée mais diffusé en pleine guerre du Vietnam MASH est une charge féroce contre ce dernier conflit en particulier et contre toutes les guerres en général. Peu à peu le téléspectateur oublie que les médecins de la série ne servent pas au Vietnam tant les scénaristes utilisent ce conflit pour nourrir leur propos.
Série très drôle dont la portée ne faiblit pas plus de 30 ans après, MASH est aussi une série mélancolique, voire désespérée à l’instar du générique qui nous dit à chaque épisode “suicide is painless”, la seule façon de ne pas y avoir recours est encre de savoir rire de la mort.
Clair de Lune (Moonlighting).
Ce qui surprend le plus dans Clair de Lune, c’est tout.
Sur le papier c’est une série policière. Les héros sont détectives, enfin tout au début juste un, David Addison, il dirige une agence de détective, City of Angel, même s’il semble passer plus de temps à s’amuser notamment en dansant le limbo. L’autre personnage central, Maddie Hayes, est un mannequin richissime, enfin un ex-mannequin ruinée depuis que son comptable est parti avec son argent. Pour se renflouer elle décide de vendre ses différentes sociétés, dont fait partie City of Angel. Menacé de licenciement David arrive à convaincre Maddie de ne pas vendre l’agence et de la diriger avec lui. City of Angel devient Moonlighting. L’histoire peut commencer. Et qu’elle histoire !
Clair de Lune malgré son postulat de départ n’est pas une série policière, ou si peu. L’enquête dans chaque épisode n’est qu’un prétexte pour voir David et Maddie se chamailler, jouer avec les règles de la télévision, délirer à plein tube avec la complicité du téléspectateur étonné de voir cet OTNI.
Tout y passe, David et Maddie, ou plutôt Bruce Willis et Cybill Shepherd s’adressent directement aux téléspectateurs en début d’épisode pour leur expliquer qu’ils sont obligés de meubler en raison de la durée plus courte du scénario, les techniciens enlèvent le décors avant la fin de l’épisode parce qu’ils partent en week end, fausse fin personnages en pâte à modeler, appartée, parodie, présence prestigieuse de Orson Welles (dont ce fut la dernière apparition), Clair de Lune est un festival d’idée, un plaisir absolu pour le spectateur.
Si je place cette série vraiment comique dans ce chapitre ce n’est pas seulement parce que je n’ai pas trouvé d’autre endroit (même si ce n’est pas loin d’être vrai) mais parce que Clair de Lune n’est pas une sitcom (chaque épisode durant 45 minutes) , qu’il y a tout de même une intrigue policière (aussi anecdotique et farfelue soit elle) et parce que je fais ce que je veux.
Ally McBeal . Cette série est le mélange improbable entre Dream On, The Practice et Cosmopolitan (ou tout autre magazine féminin glamour et psycho machin). Le plus étonnant c’est que ça marche (enfin jusqu’à un certain point).
Ally McBeal est une jeune et brillante avocate qui vient de se faire virer de son ancien cabinet parce qu’un collègue lui a mis la main aux fesses. A peine lourdée elle croise un ancien camarade de fac, Richard Fish, qui l’engage dans le cabinet qu’il vient de monter avec John Cage. Là elle retrouve Billy Thomas, l’amour de sa vie qui l’a quittée quelques années plus tôt. Manque de pot il est marié avec Georgia. Ajoutons à ce tableau qu’elle hérite d’une secrétaire inventrice, Elaine et le tableau est complet (d’autres éléments viendront s’ajouter aux fils des saisons).
La Fox avait commandé à David E. Kelley quand il était encore l’enfant prodige du paysage télévisuel américain un série susceptible d’attirer le public féminin le lundi soir alors que les autres chaînes drainaient le public masculin avec les retransmissions des matches de foot. Ally McBeal est née.
Ally est fleur bleue, à un coeur d’artichaut, ses aventures amoureuses alimentent la série, tout autant que les affaires que traite le cabinet et qui tournent quasi exclusivement autour du sexe et du couple.
Il faut préciser qu’Ally est légèrement fofolle, qu’elle voit des bébés danser dans sa chambre et qu’elle visualise régulièrement ses fantasmes. Cet aspect permet de créer un univers visuel cartoonesque (les hommes ont la langue qui tombe par terre quand une belle fille passe, comme le loup de Tex Avery) qui fit, du moins à ses débuts, la renommée de la série.
Heureusement Ally n’est pas la seule à avoir un grain, tous les autres, à commencer par John Cage, sont gentiment timbrés. Ce dernier est certes un avocat redoutable, mais terriblement introverti, il cultive une passion pour Barry White, élève des grenouilles, et à un gros problème avec l’hygiène des toilettes. Fish est obsédé par le sexe et l’argent (l’un servant à obtenir l’autre), Elaine...est Elaine.
Cette joyeuse bande nous permis de vivre quelques grands moments dont le point culminant restera la 4° saison avec l’arrivée de Robert Dowey Jr. Nombreux sont ceux qui regrettent amèrement que tout ne ce soit pas arrêté là et font des cauchemars en pensant à la 5° saison.
Scrubs.
J’ai déjà eu l’occasion de parler de cette série dans le chapitre consacré aux sitcoms mais je vais en remettre un petite couche juste pour le plaisir et qui sait convertir un nouveau public a ce qui est à mon avis la série la plus drôle du moment, ainsi qu’une des meilleures série tout court.
En rédigeant le paragraphe consacré à MASH je me suis aperçu que Scrubs était une petite fille de cette dernière. Scrubs est bien entendu une série médicale comme le fut MASH, et comme dans celle ci l’humour sert de défense face à la maladie et la mort. le Dr Perry Cox est en quelque sorte un descendant de Hawkeye et Hunnicut. Il manie l’humour, la dérision et l’ironie pour se blinder, ne pas s’attacher et surtout être un bon médecin. Sans cela il dévasterait les labos (bon d’accord il l’a fait) ou se jetterais du toit de l’hôpital (bon il n’y a que 5 étages et finirais pas revenir à la case départ sur un brancard...) Comme beaucoup de ces personnes ultra blindé quand la carapace cède les dégâts sont importants, et font peine à voir.
Ne serait-ce que pour ce personnage absolument fabuleux (et je pèse mes mots) il est urgent de regarder cette série.
Comme auraient pu (auraient du) le dire les p’tit gars de EDUSA Perry Cox est Kief Cool est le monde doit le savoir
Gilmore Girls.
Dans le monde impitoyable des séries il existe des perles rares, des oasis de bonheur, Gilmore Girls est un de ceux là.
Dans le belle bourgade de Stars Hollow où tous les habitants sont un peu... décalés Lorelai Gilmore élève seule sa fille Lorelai (ce n’est pas très original mais on fait ce qu’on peut quand on à juste 16 ans et qu’on est shootée aux calmants après l’accouchement) que pour plus de commodité tous le monde appelle Rory. Elles vivent ensemble une belle vie bien tranquille (enfin façon de parler, comment peut on être tranquille quand on carbure au café du matin au soir) jusqu’à ce que Rorie entre dans la prestigieuse école de Chilton et que les frais de scolarité viennent dangereusement attaquer le budget du ménage. Une seule solution aller demander de l’aide aux parent de Lorelai (la première autrement ça n’a pas le moindre sens) dont jusqu’alors les relations se limitent au strict minimum.
Gilmore Girls en plus de proposer la plus belle galerie de seconds rôles déjantés de la télé depuis longtemps, est un festival en ce qui concerne les dialogues, d’un humour brillant et mordant. Les histoires de GG sont simples, elles racontent le quotidien, la vie (même si elles possèdent un petit grain de folie supplémentaire) ce qui fait toute la différence c’est le traitement général, le talent des actrices (et elles en ont) et celui capital des scénaristes ce qui donne à cette série un petit je ne sais quoi en plus qui la rend si attachante et même plus. Espérons que nous pourrons revoir bientôt Lorelai et Lorelai sur nos écrans en France (ceci est un appel à France 2)
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires