LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Chroniques > Archives > L’Encyclopédie de la LTE > 22 !

Le Dico de la LTE - Chapitre 10

22 !

mercredi 10 mars 2004, par Jarod

L’auteur du désormais célèbre dico de la LTE que je suis a reçu cette lettre :
“Mon cher Jarod,
J’ai lu avec beaucoup de plaisir chacun des chapitres de ce dico depuis le début. C’est vraiment très bien écrit et très instructif. Je me demande simplement si vous allez aborder un genre qui honore un corps de métier glorieux et trop souvent décrié : la série policière.
Merci et encore bravo pour votre travail.
Nicolas S., Place Beauveau, Paris”
Comment ne pas répondre positivement à cette demande si gentille (Surtout si je ne veux pas subir des représailles dans le cas contraire)

La Définition :

Police Procédural : Sous catégorie des la série policière se concentrant uniquement sur les enquêtes stricto sensus des policiers.

L’autre plus vieux métier...
Depuis que Caïn a tué son frère Abel, le crime fait parti de la vie des hommes, et donc par ricochet l’enquête policière. Genre prolixe tant en littérature qu’au cinéma, le polar est, quand il est bien fait, une véritable plongée sociologique et ethnographique dans un milieu par la biais d’une enquête de police. Il serait long et fastidieux de faire la liste des grands auteurs du genre, citons Simenon, Conan Doyle, Chandler, Connelly, Ed McBain, Ellroy (bien sur j’en omets, et je prie les lecteurs de bien vouloir m’excuser si leur auteur préféré n’est pas dans cette liste).

Du général...
Dans son ensemble le policier est un genre qui occupe une place importante sur les écrans. En France, bien avant que le mot d’ordre sécuritaire soit lancé, les flics trustaient déjà quasiment la moitié des production télé. Navaro, Julie Lescaut, Cordier, juge et flic, Femme d’honneur, P.J., La Crim’, Groupe Flag, feu Police District, pour ne citer qu’une partie de ces séries qui occupent les soirées de nos chaînes nationales. La qualité malheureusement n’est pas à la hauteur des exemples venant d’outre atlantique que nous pouvons voir depuis plusieurs années. De plus le soucis de réalisme n’est pas au rendez vous, ce qui nuit quelque peu à ces séries. Si nous avons (je parle pour les plus âgés) grandi avec Starsky et Hutch, Mannix, Kojak et autres Homme de Fer, le genre s’est grandement renouvelé grâce notamment à Steven Boshco dans les années 80’. Avec Hill Street Blues Steven Boshco à donné un coup de fouet à un genre ronronnant, j’en ai déjà parlé je n’y reviendrais donc pas.
Depuis avec un certaine régularité nous découvrons des productions explorant divers aspect du genre. Dernièrement The Shield s’autorise un personnage de flic pourri comme héros, ou encore The Wire, héritière de Homicide, décide de consacrer toute une saison à une seule affaire.
Le policier est un genre qui peut se prêter à toutes sortes de traitements, la parodie (Police Squad !), le mélo (NYPDBlue), voire même la comédie musicale (Cop Rock), je ne vais en traiter qu’un seul, celui qui se place au plus près de la réalité du travail des forces de police : le police procédural.

...au procédural.
Dragnet.
Avec Dragnet la télévision rentrait dans l’âge adulte. Issue d’une dramatique radiophonique, cette série adopte une traitement quasi documentaire, utilisant de vraies affaires policières pour alimenter ses scénarii, le spectateur en était averti puisque chaque épisode s’ouvrait par ces mots “L’histoire que vous allez suivre est authentique. Seuls les noms ont été changés pour protéger l’innocent.” Le style résolument réaliste nous faisait suivre les enquêtes de Joe Friday, interprété par Jack Webb le créateur-producteur-scénariste-réalisateur, et se concentrait uniquement sur l’enquête, et rien d’autre “Just The Facts”. D’une durée de 26’ elle adoptait un style très sec, refusant les actes de bravoure ou les numéros d’acteurs, sans pour autant refuser le spectaculaire. Véritable institution aux USA cette série a connu deux époques avec le même producteur dans les années 50 (236 épisodes de 52 à 59) puis à la fin des années 60 (100 épisodes de 67 à 70), une adaptation cinématographique parodique avec Tom Hanks et Dan Ackroyd, avant que Dick Wolf ne la ressuscite de façon éphémère il y a quelques temps.

Law & Order(New York District/Police Judiciaire)
Aujourd’hui doyenne des drama serie aux Etats Unis, Law & Order doit, pour la première partie de ses épisodes, beaucoup à son aînée Dragnet (Dick Wolf ne l’oubliera pas en lançant une nouvelle version comme je l’ai dis juste avant). Tout d’abord les scénaristes ne cachent pas qu’ils trouvent leur inspiration dans les faits divers (même s’ils les accommodent pour les faire rentrer dans le cadre dramatisé des épisodes).
Le réalisme de la série vient à la fois de son traitement cinématographique quasi documentaire, caméra mobile, grain de l’image “sale”, et surtout tournage dans les rues de New York (alors que des séries comme NYPD Blue ou New York 911(Third Watch) sont tournées à Los Angeles, l’équipe ne se déplaçant que deux à trois fois par an pour tourner dans les rue de Big Apple). Cet aspect réaliste vient également du traitement scénaristique des enquêtes. Elles sont présentées au plus proche de ce qu’elles sont. Lenny Briscoe et ses collègues passent plus de temps à arpenter les trottoirs qu’a courser des suspect en voiture. Ils sortent plus rapidement leur carnet et leur stylo que leur arme. Ce n’est sans doute pas un hasard si les policiers New Yorkais estiment que c’est cette série qui se rapproche le plus de leur travail.

CSI (Les Experts)
Avec CSI nous quittons le monde très réaliste des enquêtes de nos amis new yorkais, et nous rentrons dans celui plus stylisé des investigations scientifiques de la brigade de Las Vegas.
Les héros de cette série de sont pas vraiment des policiers, même s’ils font partie de la brigade de police scientifique. Pour autant nous nous trouvons bien devant un police procédural. La procédure n’étant pas la recherche des faits comme dans les deux exemples précédents, mais des preuves, qui conduiront au fait (toutélié).
De prime abord cela n’a rien de bien excitant. C’est le traitement qui fait toute le différence. Les enquêteurs scientifiques nous conduisent au plus profond le leur recherche. Nous pénétrons les chairs lors de l’autopsie, nous rentrons dans les détails des fibres, nous suivons la trajectoire des balles. Allant encore plus loin (si c’est possible après être rentré dans le coeur d’un mort) nous avons le privilège de voir les pensée des enquêteurs, des policiers ou des suspects qui nous dévoilent leur vision des événements, vision qui peut évoluer au fur et à mesure des avancés de l’enquête et de ce que les preuves révèlent. Car dans ce monde une seul chose ne ment pas, la preuve.

Ces trois séries ont un point commun, il n’y a que l’enquête qui a de l’importance, la vie des personnages n’est que secondaire, et en dépit du charisme que peuvent avoir Logan ou Grissom ce ne sont pas eux qui sont aux centres des épisodes, mais l’enquête.