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1.06 - The Freak
Freaktown
Dette d’honneur
mercredi 1er septembre 2004, par
Après Tom et Thérésa, c’est au tour de Fonceur d’avoir son épisode à lui. Les limites de la série se montrent elles au grand jour ?
Je préviens, ma critique ne va pas être condescendante. Voilà ce que je pensais mettre en introduction de ma critique à la fin de l’épisode. Mais la réflexion est passée par là et je dois dire que ...
Hier, je discutais tranquille avec Tao et il s’est presque moqué de moi parce que j’étais accro à Boomtown. D’ailleurs, il a lâché l’équipe et me voilà seul aux commandes des critiques sauf exception quand il aura maté l’épisode parce qu’il aura eu du temps ou que Kelly Rowan aura joué dedans. Bref, il s’est presque moqué de moi parce que je suivais la série avec enthousiasme. Son principal reproche : la banalité des histoires et que une fois la surprise du montage original passée, on n’était devant du super réchauffé.
Et bien, il a tort ! Boomtown est une très grande série.
On va commencer par la structure de l’épisode tiens. Encore une fois, la chronologie est parfaitement respecté. Pas de segments placé trop tôt ou trop tard ou venant expliciter un autre segement. Rien qu’une ligne droite et impossiblement droite même. Aucune surprise dans le déroulement. Ce n’est pas marrant d’avoir une histoire avec un début, un milieu et une fin placée dans cet ordre ! C’était la nouveauté de ce show : nous offrir du jamais vu complétement éclaté. Mais le public américain de NBC est con-con et il faut pas le perturber alors on remet tous les morceaux dans le bon ordre. Le fléau du téléspectateur moyen a frappé. Tous élevés à Rick Hunter, Starsky et Hutch et TJ Hooker ... Triste résultat. Pourtant, la forme originale a fonctionné avec 24 sur la FOX. Boomtown a t’elle été commandé par la mauvaise chaîne ?
En plus ces derniers temps, l’équilibre entre les segments se faisait de moins en moins respecté pour mettre en avant un des protagonistes principaux. Aujourd’hui, c’est Fonceur la star. Et il éblouit tellement que les segments d’Andréa, Thérésa et David sont rikikis. Et Ray n’a même pas de segment à lui !
Evacuons donc ces personnages qui n’ont rien à faire avec l’histoire centrale ou presque.
Tom et Ray :
Nos deux officiers in blue se retrouvent avec un cadavre qui a atterrit dans un jacuzzi. Ils trouvent rapidement le coupable : le meilleur pote du mort a récupéré le cadavre à la morgue et l’a foutu dans un canon de cirque (les canons qui propulsent l’homme-canon justement) et voilà comment il a fini tombant dans un jacuzzi. Et pourquoi il a fait ça ? Histoire de pari débile. Bref, on ne va pas loin avec cette histoire censée être drôle je suppose vu l’interprétation du pote.
Thérésa (ambulancière) , David (assistant du procureur) et Andréa (journaliste) :
Eux ont un rapport avec l’histoire principale mais sans y toucher vraiment. En gros, tuerie par un bonnet de la mafia russe. Une fillette témoin. David veut qu’elle témoigne pour faire couler le bonnet. Alors une petite scène pour bien que les flics comprennent : "vous me ramenez des preuves ou elle témoigne au risque qu’elle se fasse descendre après". Bah oui, la mafia fait toujours buter les témoins gênants.
Thérésa quand à elle ne fait que passer par là après la tuerie de départ et l’explosion parce que c’est son boulot d’ambulancière. Mais une scène grosse comme c’est pas possible transparait : elle soigne la petite juste à coté d’un cadavre sur lequel Joel se penche. Et elle en tire les bonnes conclusions : "Oh tu devrais te reconvertir dans la police Thérésa !" Oulala, Thérésa bientôt en flic, à l’instar de la fille Navarro. On va bien rire.
Enfin, Andréa fait que passer elle aussi après l’explosion. Elle se retrouve à coté d’un David complétement bourré car il a noyé son echec de la protection dans l’alcool. Hop, petite scène entre les deux ex amants qui se recollerait bien ensemble mais ... Et il nous avoue la conclusion de la semaine passée : A la question de sa femme "tu as couché avec Andréa ?" , David dit à Andréa qu’il a dit la vérité à sa femme :"Non, on ne couche pas ensemble ... Bah c’est vrai quoi, on est séparés Andréa". Quel comique ce David saoûl (ceux qui ne veulent plus de mes jeux de mots pourris, m’écrivez pas ! je n’ai pas un espace e-mail important :) )
Joel et Fonceur :
Je suis en train de me demander pourquoi je case Joel là vu qu’il ne fait rien ou presque comme tous les autres. Son seul avantage, c’est sa plus longue présence à l’écran dûe à la surexposition de son coéquipier.
Bref, c’est sur Fonceur que repose l’histoire principal. Problème avec la mafia russe, faut faire plonger le gros bonnet Vadim Solonick mais la seule témoin capable de le faire plonger est une jeune fillette de 6 ans (à peu près). Et comme tout le monde le sait (parce que je l’ai dis juste au dessus), les russes tuent les témoins gênants. Mais super Fonceur est préoccupé par un fantôme et du coup, il ne trouve pas d’autres preuves pour faire tomber Vadim. La fillette va témoigner. Mais le lieu où elle et sa mère sont planquées explose sous le regard satisfait de Vadim. Que c’est bête !
Heureusement les scénaristes nous laissent pas dans ce suspens qui nous touche absolument pas. C’était une feinte. la petite et sa mère sont planquées dans un motel et sont sous la surveillance de Fonceur. Mais Vadim l’apprend bien sûr et il débarque avec tous ces hommes. Séquence John Woo à la réalisation, Bruce Willis en John McLane à l’écran et Fonceur sauve la fillette et la mère et tue (de sang froid !) Vadim. Une scène de 5 bonnes minutes hallucinante sur le plan de moyens mis en oeuvre. Une scène digne des plus grands films d’action même si la réalisation s’avère un peu trop faiblarde pour l’ampleur de la scène.
Voilà pour l’histoire apparemment principale. Mais la vraie histoire de l’épisode, c’est ce fantome qui vient hanter Fonceur durant tout l’épisode. Le fantôme de Freaktown, le soldat qui a pris une balle à sa place durant la guerre du Golfe. Et c’est parti pour pleins de flashbacks explicatifs servis par une photographie sublime.
Freaktown était un soldat qui n’arrêtait pas de parler, chanter, s’exciter pour un rien. Il était super heureux d’être là en plein désert. Et à chaque fois, on ne rêve que d’une chose, sauter 13 ans en arrière et dans l’espace pour lui foutre une baffe et le calmer. Heureusement que Fonceur ne réagit pas comme ça. Pour lui, tout doit être bien carré et bien droit. L’opposé de Freak en quelque sorte. Et voilà Freak qui conseille Fonceur de chanter, de ne pas se prendre la tête, de faire le dingue un peu plus et de faire une liste des 100 choses à faire avant de mourir. Et paf, on nous recolle la séquence de la mort de Freak à la place de Fonceur qui se baisse pour ramasser un truc brillant.
Et c’est à cause de cela que Fonceur tient à ce que les deux femmes vivent aujourd’hui. Il veut qu’elles s’en sortent parce qu’il n’a pas su faire en sorte que Freak s’en sorte. (désolé pour la multiplication des "sorte")
Et là, on se prend une grosse claque dans la gueule en y regardant de plus près. La qualité du jeu est telle qu’on n’a rien vu venir. Fonceur agit comme il agit depuis la fin de la guerre par remord. Il s’en veut. Son ami est mort pour lui et tout ce qu’il fait depuis n’a qu’un but : honorer la mémoire de son ami et par là-même tenter de se racheter du fait qu’il est encore en vie et pas Freak. Et les apparitions du fantôme ne sont pas là par pur hasard. C’est l’anniversaire de Freak aujourd’hui et sous une tente, il avait fait promettre à Fonceur que ce dernier devait chanter à chacun des anniversaires de Freak. Et quand celui-ci se met à chanter sur les ruines du motel, Freak est heureux et disparait. Freak n’était pas là pour concentrer Fonceur sur la protection des deux femmes mais simplement pour lui rappeler qu’il doit chanter. Pour lui rappeler une amitié que Fonceur n’a jamais oublié.
Encore une fois, on ne connait la vérité sur l’épisode que dans les toutes dernières secondes. Et le montage est tel qu’on ne voit rien venir. L’accent est mis sur la protection qui occupe les 3/4 de l’épisode. Mais en y réflechissant, on remarque que toutes les scènes sur la mafia et la protection sont tournés de telle manière que tant qu’on n’a pas vu l’épisode entier, on est persuadé que c’est là que réside le principal et non dans l’amitié Freak/Fonceur. Seulement, à la lumière des dernières secondes, on se rend compte que ce qu’on pensait est inversé : la protection contre la mafia est du remplissage et les scènes entre Freak et Fonceur sont l’essence même de l’épisode. Toute l’histoire sur la mafia est parfaitement inutile et peut être remplacée par n’importe quelle histoire, c’est secondaire seulement.
Et c’est là la force de Boomtown. L’originalité de la série ne repose pas sur la segmentation de l’histoire, ni sur les points de vue différents, ni sur l’antichronologie du récit. Elle réside tout simplement dans l’idée que la vérité n’est jamais celle que l’on croit. On a la clé de la compréhension parfaite qu’à un seul moment, anodin. Bon, pour le moment, les épisodes ayant exploités correctement cela ne sont pas nombreux (le 1.04 "chimère" et celui-ci) et en plus, l’élément se trouve à chaque fois à la fin. Faudrait éviter une répétition sinon on tombera dans le prévisible :"oh, il va y avoir un élément à la fin qui nous prouvera que tout ce que l’on pense jusqu’à maintenant n’est pas la vérité"
Bref, Boomtown nous prouve encore une fois à quel point elle est une grande série nous incitant à une rélfexion poussée et un épisode ne nous livre sa vérité que plusieurs heures ou plusieurs jours après. Et ça c’est très fort.
"La vérité n’est jamais celle que l’on croit". Voilà une tagline qui pourrait illustrer cette série. Tout nous amène à penser que c’est ça qu’il s’est passé ou que ce sont ça les raisons. Et bien non, un petit élément vient tout contredire et éclairer l’histoire sous un jour nouveau et complétement différent. Un détail anodin, inattendu.
Et quand vous avez des acteurs de talent pour soutenir des scénarios de qualité, le résultat est un épisode comme celui-ci.
Un grand bravo pour cette histoire d’amitié avant tout, pour la scène à la "die hard" et pour le talent du directeur de la photographie. Servez nous des épisodes comme celui-là toutes les semaines mais en y collant une histoire centrale plus passionante que celle-ci soporifique de la mafia russe qui gâche un peu le décor.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires