LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Le Monde de Joan > Une question de foi

1.08 - The Devil Made Me Do It (A Contre-coeur)

Une question de foi

samedi 15 octobre 2005, par Eclair

Best. Episode. Until Now. Ca vous va comme teaser ?

Moi les questions de foi, de décisions, ça a toujours été mon truc. Ne vous étonnez donc pas si j’use et abuse de superlatifs lors de cette critique. Un bon thème, c’est déjà beaucoup de points. Mais quand en plus c’est amené intelligement, et surtout quand ça exploite la profondeur des personnages, je ne peux qu’applaudir.Cerise sur le gâteau, on sent même une très nette inclination à vouloir faire évoluer ces personnages.
Voilà, dit comme ça, ça a l’air élogieux, et...c’est voulu. Parce que mine de rien, on commence à s’y attacher, à nos personnages !

Vous remarquerez que je m’obstine à vouloir utiliser le terme "personnage" au lieu de "héros". un indice sur le thème du jour...

Une question de foi, donc...

La mission de Joan consiste à empêcher Adam d’exposer son oeuvre au lycée. Tout simplement.
De quoi se poser des questions sur la nécessité de le faire. Est-ce possible que Dieu puisse demander d’agir de mauvaise manière ? Parce qu’Adam est plutôt doué d’après Hélène, et même s’il n’a pas acquis les bases, il montre un sacré potentiel dans ses sculptures.

Première méthode : Joan essaye d’acheter l’oeuvre d’Adam. Surtout, surtout ne pas lui laisser croire que ses oeuvres ne valent rien. Et comme Adam semble touché par son geste, il lui propose de la lui donner...après le show. Raté !

Deuxième méthode : Joan va essayer de voler la sculpture. Mais la sculpture est trop imposante. Impossible de la déplacer seule.

Au tour de Joan de demander conseil à son entourage : son père a bien tué un voleur. Donc des fois il est ok de faire des choses "mal" ? La réponse du père est émouvante. Ce n’est pas quelque chose dont il est fier ! Oui mais pour une ado qui cherche encore à délimiter la frontière du bien et du mal, (et en cela c’est un comportement bien enfantin) ça ne l’avance guère...

Joan part donc demander conseil à Grace. Et se rend chez elle pour la première fois. Manque de bol, elle n’est pas là, et son père, un rabbin (!) lui ouvre la porte. Oui on imaginait pas que le père de Grace puisse être rabbin, vu son comportement. Autre surprise on apprendra le nom exact de Grace, mais les noms à rallonge imprononçables ne sont pas mon truc, alors on va juste dire que je vous l’ai dit, hein ! Le conseil du rabbin ne se révèlera pas plus efficace : est ce le diable qui lui ordonne des choses ? le diable n’est pas un concept juif, le véritable problème serait plutôt la confusion dans l’esprit de Joan. Il faut suivre sa voie dans un esprit de sagesse.

Euh oui mais là on est pas plus avancé. Est ce vraiment Dieu ? Pourquoi Dieu ne lui donnerait pas ses raisons ? La réponse divine est simple et claire. C’est une question de foi.Pas besoin d’explications. Toute nouvelle décision est une chance de faire le bon choix. A Joan de trouver le bon moyen et de faire preuve d’imagination.

L’exposition a finalement lieu, et Joan ne fait rien. A sa grande surprise, Adam lui annonce que son oeuvre (qu’il avait promis de donner à Joan) a été achetée 500 dollars. Waow !. Adam a vraiment du talent. Le problème, c’est qu’Adam a pris la grosse tête : sûr de son art, (alors qu’il n’a jamais réellement étudié l’art) il décide de quitter l’école, en accord avec son père, car il a prouvé qu’il rapportait de l’argent. Cette décision est évidemment dramatique, Adam ne pourra jamais vivre de son art tant qu’il n’a pas atteint un certain degré d’éducation.

Pour Joan, qui comprend l’horreur de la situation, il ne lui reste qu’une 3è méthode : détruire immédiatement l’oeuvre d’Adam, qui vaut 500 dollars. La scène est magistrale, Joan poussée à bout, utilise une chaise pour réduire en morceaux la source de fierté d’Adam et la représentation de son amour pour sa mère...sous les yeux de tout le monde...dont l’artiste, écoeuré. Joan sera expulsée de l’école pendant 3 jours, Adam ne portera pas plainte mais refusera la demande de pardon de Joan. Encore une autre très belle scène, où Adam lui annonce que leur amitié est brisée à jamais. Joan est inconsolable, son père ne comprend pas son attitude et sa mère lui assure qu’il y avait quantité d’autres choix à faire. Elle a clairement manqué d’imagination...et de maturité. Croire en dieu, et faire le bon choix...Mission ratée.
Pire encore, sa mère laisse entendre qu’Adam et Joan sont bien plus que des amis, ce que Joan nie, évidemment. A y regarder de plus près l’alchimie entre ces deux là était si forte que ...peut-être...En tout cas de très belles scènes finales, que ce soit à l’école, ou en famille... Amber Tamblyn est épatante. C’est dans ces moments là qu’on se dit qu’on a bien fait de continuer à regarder la série :)

L’autre storyline du jour concerne une fois de plus Kevin Je veux dire, Kevin l’handicapé. Parce que les scénaristes arrivent chaque semaine à rajouter une couche sur le mal-être de l’aîné des Girardi. Et ma foi, c’est encore une fois plutôt réussi.
Kevin s’aperçoit qu’un CD est tombé sur son fauteuil au magasin de disques : il est sorti sans se faire fouiller alors qu’il met en route la sirène en passant devant les détecteurs. Honnête il retourne au magasin, et le vendeur, compatissant lui dit de le garder. Parce qu’il a su se montrer honnête ou parce qu’il inspire de la pitié ? La réponse est éloquente, et Kevin furieux, lui montre qu’il peut tout faire désormais, un handicapé a le droit de voler "parce qu’il a d’autres problèmes", n’est ce pas ?

Dans un autre magasin, cette fois-ci avec Luke, Kevin décide de mettre à profit ses nouveaux "super-pouvoirs" et se met à faucher sous les yeux affolés de son petit frère.
Mais Luke est honnête et paye tout, alors que Kevin vide ses poches devant un vendeur plus que compatissant. De quoi se mettre en rogne devant tant de pitié...

La dernière scène entre les deux frères est particulièrement juste et touchante : Kevin a compris que Luke a agit comme un grand frère pour lui. Et cette inversion des rôles ne lui plait guère. Plus jamais il ne fera un truc pareil, et il remboursera Luke au centime près. Il ne veut pas de sa pitié. Il reste son grand frère, même en chaise roulante.
La fratrie Girardi est plutôt bien amenée, avec le sentiment que l’handicap ne fait pas de vous une personne inférieure. C’est encore une fois très bien joué. Et Kevin reprend la place qu’il occupait avant son accident.

Bon on s’en doutait, l’histoire policière n’est pas top. Sauf que là, elle n’est pas aussi médiocre que d’habitude. Et ce pour plusieurs raisons :

- Est ce agir bien que de tuer un délinquant qui a fait feu plusieurs fois sur vous ? Ce thème de la délimitation morale du bien et du mal trouve ici une seconde lecture. Oui, c’est moi qui utilise expressément le terme de morale au lieu de celui de la justice. Car pour Papa Girardi qui a déjà tué un voleur, il y a quelque chose qui va bien au délà de la loi quand il s’agit d’assumer les conséquences de son geste. Mais son boulot en décide autrement, et lorsqu’il a un doute sur le tueur "bon père de famile", il ira jusqu’au bout, faisant fi de l’exploitation médiatique "morale" de ce tueur.

- L’autre raison, qui est en fait le principal argument, c’est que Will Girardi va en subir les conséquences. Alors que les pressions politiques (soumises elles -mêmes au dictat et à la bien-séance des médias) se font de plus en plus fermes pour éviter un procès, Will engage une procédure judiciaire. Ce qui signifie que son emploi ne sera pas prolongé d’ici 6 mois.
En d’autres termes, Will va être viré !

Oui je vous vois tous chanter, hurler de bonheur, mais je doute que cela signifie l’arrêt des intrigues policières. Enfin voir le perso évoluer, c’est toujours ça de pris !


Je le redis ici : Best. Episode. Until Now.
Excellentes scènes entre les personnages, des questions de foi abordées intelligemment, et une question sur la délimitation enfantine du bien et du mal, traitée avec quelques erreurs mais c’est un sujet o combien difficile.
9/10
Au delà de ça, les relations entre les personnages s’épaississent, et l’univers de Joan prend ici une tournure particulièrement savoureuse ... Encore !