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1.03 - Touch/Move
Stratégie d’un pion
samedi 10 septembre 2005, par
C’est le 3e épisode de "Joan of Arcadia", ma première review pour la série, et disons-le tout de suite, je ne sais pas trop où situer la série. Ce n’est pas qu’elle cherche à briser le carcan de ses épisodes.
C’est plutôt simple pour le moment : une mission confiée par Dieu à Joan, qui lui permettra de s’épanouir, une mission policière de Papa Girardi qui tentera d’être plus développée que la précédente...et qui échouera, quelques storylines secondaires pour assaisonner le tout, servez chaud à l’heure du week-end américain.
Non, la question est plutôt de savoir si Dieu est vraiment au centre de la série, dans ce cas-là le coulis moralisateur en deviendrait indigeste, mais y a t-il vraiment une morale dans "Joan" ? Ici l’auteur nous impose juste son point de vue, à savoir que les personnages sont comme un jeu d’échecs. Et au risque de me fourvoyer dans des métaphores stupides, chacun a droit à son coup.
Le roi
Un peu malvenu, étant donné qu’il est paraplégique, mais le centre d’attention principal de la famille c’est bien Kevin. Au début de l’épisode il rêve qu’il peut marcher, mais son bonheur est de courte durée car ses jambes prennent feu et il réveille toute la famille. Mais il révèle qu’en se réveillant, il a pu sentir la douleur de ses jambes. En attendant, il observe cette bizarrerie entre amusement et résignation et passe l’épisode à la recherche d’un emploi, recontre la nouvelle collègue médium de Will, qui lui prédit la bonne aventure. A savoir qu’il pourra danser à son mariage, ce qui soulève la question du "Et si ?"
La reine
Cette question est posée par la mère de Joan, qui se prend à rêver d’un miracle, et demande même son avis au prêtre de parking, le même qu’elle avait harcelé dans le pilote à propos de questions théologiques. C’est l’occasion pour Mary Steenburgen de montrer qu’elle sait être autre chose qu’un boulet, mais sa prestation de mère compatissante reste un peu fade et mélo pour qu’on aie réellement de la sympathie pour son personnage.
Le fou
Ou plutôt la folle en la personne de la médium, Helen Broome, présentée à Will en début d’épisode. A la suite d’une expérience post-mortem elle a développé des dons de médium et peut ainsi retrouver des personnes disparues, comme un bébé de 3 ans sur lequel la police patauge depuis 4 jours. Vous pensez que c’est abusé ? Will aussi, car notre vieux briscard préfère attendre un coup de fil providentiel d’un témoin pour perquisitionner des suspects, la vieille routine de cop show, quoi. Il goûte également peu le Psychic Show délivré par Broome, puisque ses rêves de grange rouge le mènent effectivement à un bébé mais également à une fausse piste. La solution viendra grâce à une suspecte toute trouvée, à savoir une déséquilibrée qui voulait jouer à maman et faisait passer le bambin pour son neveu. Et comme ils avaient rien pour l’arrêter, elle brandit un couteau en direction de Papa Girardi ! La providence, on vous dit. Sérieusement on a vraiment l’impression d’un gros foutage de gueule, sous prétexte d’occuper Papa Girardi (qui a dit que Joe Mantegna était sous-exploité ?), genre un épisode de "FBI Portés Disparus" bouclé 4 fois plus rapidement, et donc 4 fois moins intéressant.
Le cavalier
C’est Joan, évidemment. Joan qui se voit assigner deux missions : l’une par Monseigneur Livreur, à savoir jouer aux échecs. Bien sûr, devant cette mission farfelue, et munie d’un livre peu ragoûtant ("Comment maîtriser les échecs" vs. "Teen Generation", le choix va être dur...). Et l’autre par ses boulets d’amies superficielles, Blonde Bitch et Black Bitch, à savoir trouver si le garçon manqué de l’école, Grace, que nous avons connu dans l’épisode précédent, est une lesbienne ou pas. Le tout à la manière bon enfant : le test des ongles, savoir si elle aime le beau gosse capitaine de foot de l’école. Double problème : Joan ne le connaît pas, et sa petite amie est possessive. Les conséquences de ce plan sont plutôt inattendues : le simple fait de traîner avec Veau Footballeur (Dax de son prénom)attire sa petite amie jalouse vers Joan, pour un éventuel catfight. Mais la Grace n’est pas dupe non plus, et lui dit clairement de s’occuper de ses affaires. Mieux : Joan se retrouve enrôlée malgré elle dans le club d’échecs, et grâce à l’assistance de la Bible des échecs, bat le geek concentré en 6 coups ! Rien que de très formaté pour le teen show habituel, mais le tout se laisse regarder, et le propos de Dieu, se détourner des frivolités éphémères pour se concentrer sur ce qui peut apporter quelque chose à sa vie, passe encore mieux.
La tour
Finalement le Dieu de "Joan Of Arcadia" et ses missions fantaisistes ne vont en rien évangéliser le petit écran. On a la démonstration que Amber Tamblyn campe bien son rôle d’adolescente rabat-joie, et elle est fédératrice dans le bon sens du terme, puisque sa personnalité, habitée par une sorte d’humour cynique à la George Lass (adouci bien sûr), aide à faire passer tout le reste, les clichés, etc. Le Dieu débarqué dans sa vie est moins un interventionniste qui va changer sa vie, comme on l’a compris dans le précédent épisode, qu’un tuteur facétieux qui va lui expliquer comment trouver sa place dans le monde par petites touches. Mais ses prédicats pourraient être inspirés à Joan par n’importe quel ami farfelu, en somme la série pourrait exister sans Lui.
Un 3e épisode dans la bonne moyenne de ce début de saison. La mère de Joan prend de la sympathie, une place importante est accordée à Kevin, une bonne storyline pour Joan. Ne manque plus qu’une intrigue policière à la hauteur. Ah, et j’oubliais de mentionner des dialogues savoureux.
6/10
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