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1.09 - St. Joan

You say you want a revolution...

Toute Une Histoire

samedi 22 octobre 2005, par LordOfNoyze

Après les évènements plutôt sombres du précédent épisode, nous avons affaire à un épisode très riche de "Joan". Mais tant d’éléments peuvent-ils être traités avec égal bonheur ? Réponse dans cette critique.

Souvenez-vous. La semaine dernière, Joan détruisait la sculpture de Adam, Adam coupait les liens avec elle, le supérieur de Will apprenait à celui-ci qu’il serait viré dans six mois, et Kevin prenait une tournure de plus en plus sombre après avoir volé à l’étalage.

Cette fois-ci, la série utilise un clin d’oeil appuyé à son titre, une mise en abîme dont on se demande même pourquoi elle intervient aussi tard. En VO, la série s’intitule "Joan of Arcadia", ou "Joan d’Arcadie", référence appuyée à "Joan of Arc"....Jeanne d’Arc. Or, avec quoi commence t-on l’épisode ? Un cours du prof d’histoire, évoquant le rôle de Jeanne d’Arc dans la Guerre de Cent Ans. Bien sûr, Joan ne pourra s’empêcher de faire le rapprochement avec sa propre histoire. Pour le coup, on pourrait dire que la série connaît une baisse de régime...mais la suite va nous prouver le contraire. En effet, Dieu va lui ordonner de se défoncer pour obtenir un A, équivalent du "très bien", un comble pour cette élève d’habitude d’un niveau tellement...moyen.

L’intéressant n’est pas de savoir comment elle va s’en sortir pour obtenir une pareille note, mais plutôt les réactions en chaîne que cela va provoquer. Car Joan fait tout pour mettre le prof d’histoire en grippe, en devenant une spécialiste ès Jeanne d’Arc et en lui reprochant de ne pas enseigner correctement. Donc lorsqu’une excellente note arrive, les soupçons de triche s’affirment et Joan est priée de repasser le test. Soutenue par Grace, elle se retrouve malgré elle à la tête d’une rebellion étudiante contre les devoirs à repasser. En somme, dans la même posture que Jeanne la Française, mais à une échelle moindre, ce que ne manque pas de remarquer Dieu. Selon lui, il n’y a aucune gloire à être un martyr et cela risque fort de finir en eau de boudin si elle n’arrête pas la révolution. Cela surprend Joan autant que le téléspectateur, qui se demande : jusqu’à quel point Dieu est-il conservateur ?
En réalité, il ne l’est pas tellement, mais il se soucie plus des conséquences sur les relations de Joan. En effet, pour avoir continué à porter des badges, une grosse partie du lycée est suspendue une journée, et Grace voit d’un très mauvais oeil le changement de cap de Joan. Celle-ci craque, ce qui sous-entend qu’être un "martyr" a ses contreparties, et le poids à porter peut être plus lourd qu’on l’imagine.

Mais où voulait en venir Dieu dans tout ça ? Eh bien, le fait que Joan repasse le test avec le même succès a redonné espoir au prof d’histoire, Monsieur Dreisbach. En effet, il était sur le point de partir à la retraite avec le goût amer de celui qui n’a pas transmis son savoir et sa passion à ses élèves, mais la bonne note de Joan lui a redonné le courage de continuer encore un peu. Cette digression sur la dimension humaine des profs les plus barbants n’est pas sans rappeler les meilleurs épisodes de "Boston Public", et en ce sens, la pirouette est très réussie.

Une fois passé ce gros morceau, le reste de l’épisode se concentre surtout sur la décision d’Helen face à un Will réfractaire de commencer une thérapie familiale avec une psychologue. Cela donne lieu à une scène amusante, où Joan prend la psy pour Dieu, mais si Helen pense ainsi crever l’abcès avec ses enfants, c’est peine perdue. Il faudra attendre la fin de l’épisode pour que les raisons du comportement cynique de Kevin se révèlent au grand jour. Celui-ci explique qu’il est pleinement coupable de l’accident qui lui est arrivé, pour avoir pris la voiture avec un pote dont il savait qu’il était bourré. Son craquage à la fin de l’épisode est assez insoutenable, d’ailleurs.

Quant à Will, il essaie d’avoir du résultat et ne trouve rien de mieux que d’intervenir dans le nid à dealers de crack de la ville, alors que celui-ci était sous surveillance de la brigade antidrogues. La partie que j’ai clairement la moins aimé de l’épisode, puisque les méthodes de cowboy de Will sont réellement pitoyables à défaut d’être touchantes, on sent qu’il est prêt à tout pour sauver sa place. L’ensemble de l’épisode en lui-même n’est pas exempt de lourdeurs, par exemple, la scène où Joan étreint son papa en disant que c’est "un homme droit, qu’a fait le bon choix", est hors de propos et gluante de bons sentiments.


Un épisode qui annonce une tournure vraiment "drama", avec une Joan qui se met ses amis à dos, un Will qui ne sait plus quoi faire pour ne pas être viré, une Helen qui a de fausses bonnes idées, comme la thérapie de famille, un Kevin qui craque et un Luke se sentant invisible. La famille Girardi est plus que jamais dans la tourmente...et Dieu dans tout ça ?