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1.02 - Credit Where Credit’s Due
Monstre Marsien
La Belle Vie à Crédit
jeudi 9 mars 2006, par
Come on now honey. Bring it on, bring it on yeah. Just remember me when...We used to be friends. A long time ago, we used to be friends...
Je ne sais pas comment faire pour me décoller ce générique de la tête. En même temps, je n’en ai pas envie. La chanson des Dandy Warhols est tout bonnement excellente et je ne m’en lasse pas. Je dois avouer qu’à la première vision du Pilote, j’avais trouvé son rythme entraînant un peu décalé avec la série et les thèmes qu’elle aborde. Pourtant ses paroles douces-amères sont en parfaite adéquation avec l’univers de la série et la vie de Veronica (« Il y a longtemps, nous étions amis mais je n’ai pas du tout pensé à toi dernièrement... »). Cela m’est vite passé et il m’est dorénavant impossible de la distinguer de VM. D’ailleurs toute la bande son est très bonne et principalement axée sur le rock, la pop et l’électro à travers des groupes connus ou en passe de le devenir. Cela ne gâche rien à un ensemble déjà fort agréable.
Mais venons-en à ce second épisode. Subit-il le fameux syndrome post-Pilote ? Oui et non. Il ne souffre pas de répétitions lourdes et de re-présentation des personnages grâce au "précédemment dans" bien utile, mais plutôt de l’omniprésence d’un monstre abominable, cette chose inhumaine appelée Paris Hilton ! Rob, que t’est-il passé par la tête le jour où tu l’as engagée ? Tu avais trop fumé à force d’admirer Kristen dans « Reefer Madness » ? Tu avais trop peur d’être annulé après l’audience médiocre du Pilote alors il a fallu que tu fasses un coup de pub people ? Quelles que soient les raisons, nous devons nous supporter 40 minutes de Barbie avec son scooter rose et ses 5 kilos de fond de teint pour tenter de cacher son aspect démoniaque. Et pour cette séance de torture, je pourrais en vouloir très longtemps à Rob s’il n’était pas si talentueux !
Preuve de son génie, il a beau nous commencer cet épisode avec le Monstre et d’autres sales gosses de riches sur la plage style Orange County, suivi d’une bagarre avec les loubards du coin, il nous conclu le teaser à sa manière bien Marsienne : les ados sont dispersés et la bière restante va atterrir directement dans les gosiers des flics. J’adore. C’est bref mais ça en dit long sur la façon dont les autorités de Neptune gèrent les problèmes de leur ville. Et comment VM sait se démarquer des autres teen shows.
West Neptune Story
Eli « le petit diable » Navarro est au centre de l’intrigue de la semaine, ce qui est bien sûr l’occasion de nous éclairer un peu plus sur sa personnalité. L’image apportée de lui dans le Pilote était celle d’un chef de gang violent, qui peut éprouver un certain respect pour quiconque fait un geste envers lui ou ses proches. On nous offre donc une vision plus approfondie du rebel pas à la personnalité pas si plate que ça. Il semble évident à première vue que Weevil est le coupable du vol de cartes de crédit. Evident, oui... sauf lorsque celui-ci balance à la figure de notre petite outsider qu’elle est mal placée pour se fier aux apparences. Les réputations ne sont pas le reflet de la vérité, en témoigne la sienne, et Veronica a beau jouer les filles supérieures, son mode de pensée reste aussi superficiel que ceux qu’elle fréquentait jadis. Ouch, ça fait mal. Non seulement Weevil vise juste mais il prouve qu’il est loin d’être idiot. Il a aussi le sens du sacrifice puisqu’il n’hésite pas à se dénoncer pour un crime qu’il n’a pas commis afin de rendre la liberté à sa grand-mère. Good boy. Quand Veronica le sort de taule, il la serre dans ses bras, alors qu’une semaine auparavant il était prêt à massacrer sa voiture, voir plus. Il y a un vent de changement dans l’air de Neptune qui semble atteindre tout le monde. Voilà une nouvelle relation assez étrange et par conséquent prometteuse. Pas mauvais bougre du tout, on comprend vite que la bad attitude de Weevil est plus un rôle qu’il se sent obligé de tenir pour survivre et qu’il préfère se faire des alliés que des ennemis. Ça vous paraît cliché ? Encore une fois, tout est dans la façon de faire. Pas une seule fois l’attitude de Weevil ou de son entourage ne paraît mielleuse et faite pour attendrir à tout prix. Il n’est pas question d’éprouver de la pitié pour Weevil, mais simplement de chercher plus loin que les apparences et de démontrer des facettes différentes d’un personnage. Weevil n’est pas le premier et ne sera certainement pas le dernier à être exploré plus en profondeur. Le Pilote nous promettait que les zones d’ombre et de lumière en chacun seront explorées et cela commence déjà. Quant à conclure si un personnage est principalement bon ou mauvais, c’est un choix laissé au spectateur. Prenez Weevil : il se sacrifie pour sa gentille mamie, il s’occupe de son petit-frère et admet qu’il joue les racailles par manque de choix. A côté, il va faire tabasser son propre cousin (ben oui, on se refait pas non plus). La leçon devait être donnée, c’est son rôle et il l’assume, bien que ça ne lui fasse pas plaisir. Comme tout personnage bien écrit, il est complexe et difficilement rangeable dans une catégorie « gentil » ou « méchant ». Une chose est sûre, son animosité envers les plus riches et surtout Logan trouve une réponse plus forte que l’injustice ou la jalousie à la découverte du métier de mamie Navarro.
Et puisqu’on en vient à Logan Echolls, il se trouve que celui-ci est affublé du Monstre comme petite-amie. Bon, je veux bien que la mort d’un proche soit traumatisante mais là... faut qu’il arrête l’ecstasy ! J’en viendrais presque à avoir de la peine pour lui. Logan se retrouve lié à Weevil lorsque sa cruche chérie le trompe avec un latino. Pire, un Navarro ! Et ça, ça le fout en mode Dalek (« exterminaaaaate »), plus par orgueil que par affection pour sa Barbie rachitique. La guerre entre les deux bandes peut commencer, les riches blancs contre les pauvres latinos. D’un côté il y a la bande à Logan, qui veut rendre sa propre justice, et de l’autre celle de Weevil qui va protéger le cousin par principe mais lui en veut quand même d’avoir créé autant d’emmerdes. Au milieu : une femme (ou ce qui a l’air d’y ressembler). Voilà une guerre...qui n’éclate pas. Car à notre plus grande surprise, Weevil et Logan se mettent d’accord. Quoi ? C’est plus un vent de changement, c’est une tempête qui s’abat sur Neptune ! On croit connaître par cœur ce qui va se passer, mais Rob Thomas nous surprend toujours (même dans un épisode pas terrible). Quand je vous disais qu’il aimait reprendre des histoires connues et en faire ce qu’il voulait... Au final, le Monstre est rejetée par tous, à l’image (déformée) de Veronica autrefois. Ils sont vraiment rancuniers ces ados. Moralité de l’histoire : tant va la cruche au Navarro qu’à la fin elle se casse.(non, ne vous forcez pas à rire).
Mars & Mars mènent l’enquête
La seule personne à croire Weevil innocent (après s’être pris une vérité en pleine figure) est évidemment Veronica, qui est assez sidérée d’entendre son père dire que l’affaire est réglée puisque le coupable s’est dénoncé. Une réflexion pareille venant de la part du seul mec en ville s’obstinant à croire que le meurtrier de Lilly n’est pas celui qui s’est confessé, cela a de quoi étonner. Mais si l’un des deux Mars a des doutes sur une affaire, l’autre lui fait confiance instantanément. Voilà un duo de détectives du tonnerre et rudement efficace. Le meilleur exemple étant lorsqu’ils n’hésitent pas à se servir de leurs liens familiaux pour jouer un petit numéro incroyable afin de récolter des renseignements. Cette situation extrême n’aurait absolument rien de drôle si elle était véridique, mais cela semble impossible que cela leur arrive et les Mars s’amusent comme des fous. Pourtant si on y réfléchit bien, Veronica s’est déjà trouvée dans une situation assez semblable puisqu’elle fut droguée à son insu et n’a aucun souvenir de celui qui a abusé d’elle. Non, vraiment, cela n’a rien de drôle. Mais la scène passe très bien grâce à l’exagération des Mars dans la comédie. Keith est incontestablement uber cool, que ce soit en duo avec sa progéniture ou lors de ses confrontations avec le shérif Lamb. Les combats du vieux baroudeur contre le jeune prétentieux sont tout simplement exquis.
L’affaire Lilly Kane continue aussi : en fin d’épisode dernier, Veronica apprenait que son père continuait l’enquête et en venait à douter de la résolution du meurtre, du rôle de son père dans toute l’histoire et son jugement. Une véritable cassure s’est opérée et il va maintenant falloir retrouver les morceaux et les recoller. Lilly a beau être morte, elle revient toujours rappeler son souvenir aux vivants. C’est cette fois-ci grâce aux nombreux PVs qu’elle a accumulés et qui font que la voiture de Duncan est arrêtée par les flics. Un an après ? Mais il a du rouler avec pas mal de fois depuis... c’est un peu tiré par les cheveux, à mon avis. Cela se règle vite car papa est l’homme le plus puissant de la ville, mais l’important est ce que cela entraîne : Lilly s’est pris un autre PV deux heures après laquelle sa mort a été déclarée. Conclusion : l’enquête a réellement été faussée et aucun des trois Kane n’a plus d’alibi. Qui a réussit à falsifier une autopsie ? Qui a passé cet appel anonyme au shérif ayant permit l’arrestation d’Abel Koontz, et n’est pas venu réclamer la récompense pour cette information ?
Tout comme nous, Veronica ne connaît pas les détails de l’enquête et son père refuse de les lui donner. Alors elle aussi pose une question qui fâche : pourquoi Keith s’en est-il pris à Jake Kane ? Keith admet que s’il avait su tout ce que cela entraînerait, il ne l’aurait pas accusé. Pense-t-il donc qu’il a commis une erreur à l’époque ? Si aucun Kane n’avait d’alibi lors de l’heure du meurtre, cela peut expliquer en partie la théorie de Keith selon laquelle Jake est responsable. Mais s’il en était encore persuadé, je ne pense pas qu’il regretterait ce qui s’est passé, même pour éviter les conséquences que cela a eu. Cela ne colle pas avec sa personnalité. La question à dix mille dollars est donc : sur qui se porte dorénavant ses soupçons ? Si on lie cela à la découverte de Veronica, cela peut être Celeste ou bien Duncan. Allez, prenons une pose spéciale réflexion, désormais nécessaire devant chaque épisode : un sourcil relevé, un doigt sur le menton, et faisons tous en choeur « Hum... ».
Roméos & Juliette
Veronica intègre, à notre pas du tout grande surprise, le journal du lycée où la nouvelle prof responsable est plutôt sympa et intelligente. Chouette... Accroché au mur se trouve une affiche du film sur l’affaire du Watergate « Les Hommes du Président » (merci à notre rédac chef adoré pour son œil de lynx). Voilà un summum de référence pour des journalistes en herbe dont la suprême ambition est de dégotter leur propre Gorge Profonde, leur source à eux qui les fera décrocher le Pullitzer. Ou en tout cas c’est ce que ce poster essaie probablement d’insuffler. Problème (et ça c’est réellement chouette) : Veronica se retrouve à faire un article avec Duncan, lequel sait dorénavant dire plus de trois mots et prend enfin vie, contrairement à ce qu’on avait entrevu de lui dans le Pilote. Malgré toutes les saloperies que les autres, y compris ses anciens amis, peuvent colporter sur Veronica, Duncan est le seul à rester véritablement sympa avec elle. Il l’évite, ils ne sont plus franchement amis, et surtout il est celui qui a le plus de raisons que n’importe qui de lui en vouloir. Car après tout, Keith a osé accuser son père d’être responsable de la mort de Lilly. Malgré tout cela, l’affection est toujours là. Peut-être parce qu’ayant été très proche d’elle par le passé, il est celui qui la connaît le mieux. Franchement, lui en vouloir pour ce qu’a fait son père dans le cadre de son boulot, c’est d’une incroyable stupidité ! Ah mais il a fallu qu’elle fasse un choix, attention ! Tu parles, qui aurait tourné le dos à son propre père ? Veronica a fait confiance en son jugement, comme beaucoup d’enfants. Je ne sais pas si Duncan a réalisé cela, j’ai du mal à faire confiance à ce qui lui sert de cerveau, mais si c’est le cas je lui dis bravo. Il faut dire que ça se comprend, Keith est loin d’être le dernier des abrutis. Les deux ados sont aujourd’hui parfaitement conscients que l’animosité existante est entre leurs parents, pas eux deux. Mais cela n’empêche pas l’attitude des autres envers les Mars à Neptune. Veronica serait-elle un petit génie évoluant au milieu d’une bande de crétin ? Je dirais que oui, pour la majorité d’entre eux. Pour en revenir à ce brave Teddy (c’est le prénom de l’acteur jouant Duncan. Et ses points communs avec un nounours ne s’arrêtent pas là), durant l’épisode précédent nous apprenions l’espace d’une seconde que Duncan mit fin à leur relation du jour au lendemain sans que Veronica ne sache pourquoi. Et là que nous dit Lilly (en flashback évidemment) ? Que sa chère maman Celeste est très possessive et pourrait très bien faire en sorte de les séparer. Laissez-moi reprendre la pose : Hummmm...
En bref, Vero et Duncounet c’est trop compliqué. Heureusement arrive un troisième laron, le bien nommé Troy. Et quand le charmant Troy rencontre la charmante Veronica ça donne... un couple adorable, bravo. Si son visage vous est familier, c’est que vous devez connaître son frangin, celui qui ne sait pas jouer et sort avec Michelle Trachtenberg (si j’étais monomaniaque je m’exclamerais « ahah, encore une connexion entre Rob et... » ! mais non). Aaaaaaron a heureusement hérité de meilleurs gènes pour la comédie. Bref, il est beau et très grand, elle est belle et toute petite, le soleil brille, il sait changer une roue et le bonheur pourrait être au rendez-vous. Car monsieur fait aussi miroiter à Veronica la possibilité de retrouver son ancienne vie parmi les plus cools du lycée, et mademoiselle a beau faire la fille détachée et bien au-dessus de ces abrutis, quelque part elle regrette de ne plus faire partie de leur club. Vous avez dit parfait ? Troy Vandegraff et Veronica Mars, voilà une affaire à suivre avec délice.
Mars à vrac
Du côté de Wallace, Veronica est ravie de le voir échouer au bureau du lycée puisqu’il pourra recueillir certaines informations confidentielles pour elle plus facilement. Oh, mais quelle jolie façon d’exploiter une amitié ! Wallace n’a pas trop l’air de se plaindre, au contraire ces petites missions qui n’ont rien de dangereux ont plutôt l’air de l’exciter. Etre le sidekick de Veronica Mars, ça lui convient. Ce qui ne signifie pas qu’il a une personnalité faible et facilement maniable. Wallace est un peu la voix de la raison, celui qui rappelle à son amie comment penser comme un être humain et non comme Robocop. Et aussi qu’elle est tout de même en train d’aider le mec qui l’a cloué à un poteau la semaine précédente ! Bon ok, il y a une pauvre grand-mère dans l’histoire qui n’a rien fait de mal, et celle-ci mérite bien qu’on l’aide. Mais il n’empêche que le rôle de Wallace se fait de plus en plus clair dans cet univers. La relation qu’il entretient avec Veronica est de nature bien différente de celle qu’elle a avec son père mais d’égale importance. Parce qu’ils sont amis et non liés par le sang, et parce qu’il est étranger au milieu policier, Wallace a une vision des évènements et des gens bien différente de Veronica et amène une perspective souvent intéressante et juste. Oui, j’aime bien Wallace.
Un autre fait bien appréciable est la façon différente d’aborder chaque flashback. La photographie change à chaque fois, mais ils gardent en commun cet aspect brumeux qui permet de ne pas les confondre avec le temps présent. Ils sont visuellement très réussis grâce aux couleurs s’adaptant à la tonalité de chaque souvenir en question et sont parfaitement intégrés au reste de l’histoire. Leur enclenchement est dû aux réflexions que se fait Veronica en rapport aux évènements de sa vie actuelle et n’ont aucun effet forcé. Surtout, ils ne servent pas à nous faire de portrait psychologique pour les Nuls mais à nous donner des faits, même si certains semblent plus anodins que d’autres. Qu’il s’agisse du scénario ou de la mise en image, on ne se repose pas sur ses lauriers.
Pour conlure, je tiens à faire remarquer qu’au cours de cet épisode, la costumière a du s’apercevoir que les vêtements dont elle accoutrait cette pauvre Kristen étaient ridicules et que l’absence de rose la rendait beaucoup plus crédible. A moins qu’elle ait été virée. En tout cas, merci à quiconque a eu cette révélation, ça donne moins mal aux yeux.
Moins enchanteur que le Pilote, Credit Where Credit’s Due est un épisode de moyenne facture qui a aussi le malheur d’héberger un monstre. Mais si, revenez la semaine prochaine, je vous assure que ce sera beaucoup mieux ! Ça arrive à tout le monde de trébucher quand on commence à peine à savoir marcher.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires