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1.08 - Like a Virgin

Neptune’s Angels

Le Test de Pureté

vendredi 7 avril 2006, par Black Widow

Trois drôles de dames font leur entrée sur la scène de Neptune tandis que Veronica se retrouve enfin face au meurtrier présumé de Lilly. Le meilleur de VM commence à s’enclencher...

On aura vu toutes de sortes de personnes à Neptune, dont deux catégories dominantes : d’un côté des incompétents se prenant pour les meilleurs, de l’autre des gens réellement doués et intelligents traités comme des moins que rien. C’est pour cela que Cliff McCormack, l’avocat commis d’office, est un de mes personnages préférés. Il a beau être un personnage très secondaire, servant surtout à créer plus de contenance à la ville, il n’en est pas moins intéressant car bien différent des acteurs principaux de l’histoire. Il n’est pas un excellent avocat mais il le sait et l’admet sans complexe, ce qui en fait l’un des plus sympathiques éléments. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fait sans arrêt appel à Mars Investigations pour chacune de ses affaires. La série avait démarré assez fort question personnages antipathiques, il est dorénavant temps de changer un peu la donne et de faire dominer la coolitude. VM n’est pas qu’une série noire et mystérieuse, c’est aussi un divertissement que l’on prend plaisir à suivre. Et il n’y a pas de plaisir sans un certain équilibre entre ceux auquels on peut plus facilement s’identifier et ceux que l’on peut prendre en grippe. C’est pour cela qu’on a droit cette fois-ci à plusieurs nouveaux visages : trois femmes fort appréciables et sur lesquelles il faudra dorénavant compter, et un homme que l’on rencontre enfin après en avoir tant entendu parler. Place au sang neuf.

Mars et M&M’s

Deux nouvelles alliées débarquent dans la vie de Veronica : Meg et Mac. Des adolescentes plutôt opposées, leur sympathie naturelle mise à part, mais qui ont en commun d’être du côté de miss Mars. Et c’est tellement rare à Neptune que cela ne les rend que plus importantes. Meg est une blonde cheerleader adorable et pure comme Blanche-neige, qui subit le problème du moment tandis que Mac, qui cumule rock’n roll attitude et personnalité de geek (on peut oublier la belle et rebelle de l’autre jour), aide à le résoudre (et le provoque un peu malgré elle). Si elles ne se rencontrent jamais, elles sont pourtant introduites dans la série par la même enquête, Veronica se proposant spontanément d’aider l’une et collaborant avec l’autre. Chacune d’elle a son utilité toute particulière. Avec Mac, petit génie de l’informatique (qui ne doit son surnom qu’à son nom de famille, mais la coïncidence est amusante), notre James Bond en jupon rencontre enfin sa Q. Le duo est efficace et malheureusement bien plus cool que celui avec Wallace. Entre celle qui sait voler une voiture et celle qui sait probablement hacker des sites gouvernementaux, elles sont très fortes. Le plus incroyable est de découvrir que Mac est celle ayant vendu les tests pour se faire de l’argent. C’est sacrément culotté et il est impossible de lui en vouloir d’avoir utilisé les bêtises des ados riches. Go Mac !
L’essentiel à retenir de cette intrigue, c’est que pour une fois notre héroïne n’est pas celle qui fait la leçon mais la reçoit. Veronica réalise qu’elle ne peut plus mettre la haine à son encontre sur le compte de son père. Les personnages ont de la mémoire et les coups bas de Veronica pour arriver à ses fins lui reviennent en pleine figure. C’en est fini de mettre la responsabilité de ses malheurs sur le dos de quelqu’un d’autre, Veronica doit dorénavant assumer ses choix et leurs conséquences. Ce n’est pas qu’elle soit mauvaise, mais elle ne se rend souvent pas compte de ce que ses bonnes intentions peuvent causer comme torts. Wallace avait déjà essayé de lui faire comprendre, c’est maintenant au tour de Meg d’apporter son point de vue. Et qui de mieux placée que celle qui incarne une ancienne version de Veronica. D’après Meg, se montrer forte est une bonne chance, mais vouloir être quitte à tout prix n’est pas forcément la meilleure solution. La preuve, à force de chercher les gens, Veronica ne fait que prolonger son propre martyre. Dans cette guerre des bacs à sable, c’est à ceux qui arrêteront les premiers et personne ne semble le vouloir. Il faut savoir pardonner, ce que fait Meg, mais pas Veronica. En même temps, la situation de Veronica est si compliquée que tout réduire à cette belle leçon est un peu facile. T’es gentille Meg mais n’oublis pas que t’es blonde. Miss Mars fait-elle les bons ou les mauvais choix ? A chaque spectateur de se faire son jugement... Une chose est sûre, les scénaristes sont parfaitement conscients des questions morales qu’ils soulèvent à travers leurs personnages, mais ne cherchent pas pour autant à imposer leurs conclusions. Voilà le genre d’écriture que j’aime.

Malgré le girl powa ambiant, on peut noter avec amertume que les mentalités n’ont pas tant changé que cela puisque les garçons sont fiers de faire un score minimum niveau pureté tandis que les filles au même niveau sont dites « faciles » (et encore, ils sont moins polis que moi). Avec d’un côté l’habituel toutou Duncan se comportant en salaud et de l’autre Veronica subissant encore la mauvaise réputation qu’elle se traîne depuis cette fameuse soirée où l’on a abusé d’elle (une soirée dont on ne connaît toujours aucun détail), nos héros ne sont pas sous leur meilleur jour et c’est une peinture assez vieillotte des comportements face à la sexualité, toujours existente, que l’on nous expose. D’ailleurs puisqu’on parle des étiquettes, si vous n’êtes pas allés chercher sur TWoP comment Veronica a fait pour savoir qui était Froggie, déjà c’est bien (il ne faut pas lire mes concurrents, surtout s’ils écrivent mieux !). Ensuite, sachez que c’est ainsi que les français sont surnommés à cause de notre spécialité culinaire : la grenouille (frog en anglais). Oui, les étrangers ont tendance à croire qu’on en mange tous au déjeuner, accompagné d’une baguette et de vin rouge, notre béret vissé sur la tête... donc, comme il n’y a très probablement qu’une seule allemande à Neptune, il n’y a aussi qu’un seul frenchie dans le coin, d’où la facilité à deviner de qui il s’agit. Tout simplement. Mais cela ne m’explique pas pourquoi la nouvelle voiture de Mac ressemble étrangement à une grenouille sur roues. En mémoire des problèmes qu’elle aura enclenchés pour se la payer ? Pour faire une bonne transition avec la suite, car le vert est la couleur associée à Lilly ? Je cherche trop d’explications tordues pour des choses insignifiantes ? Sûrement, mais ça m’amuse.

Shoe business

Veronica rencontre enfin Abel Koontz, en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Mais à sa grande surprise, il sait parfaitement qui elle est. Forcément, l’homme en première ligne dans l’histoire sur Lilly Kane ne peut ignorer qui étaient ses proches. Là où il surprend vraiment, c’est quand il annonce qu’il a bien connu ses parents. Ramener Lianne sur le tapis par la bouche de Koontz est parfait car nous n’avons pas besoin de tout un discours pour imaginer un tas d’hypothèses en liant leurs différents cas. Mais l’heure n’est pas vraiment à la disparition de Lianne, ni même à la question des fameuses chaussures que Koontz évince vite fait. Il n’a pas l’air du tout de vouloir qu’on l’innocente (on peut en conclure que ses aveux n’ont pas été faits sous la menace mais volontairement) et balance à la figure de Veronica qu’elle n’est pas la fille de Keith Mars mais de Jake Kane. Nous apprenions précédemment que Jake et Lianne étaient sortis ensemble au lycée, ainsi la révélation de Koontz paraît logique et sans réelle surprise à cause des nombreux indices parsemés (Duncan évasif en apprenant que leurs parents sont sortis ensemble, Lilly qui soutient Vero puis change d’avis et l’encourage à sortir avec quelqu’un d’autre, Veronica à l’esprit qui divague à la question « qui est le père ? » concernant quelqu’un d’autre...). Le choc de l’épisode est-il raté ? Peut-être un peu, mais l’intérêt n’en est pas moins intact. La nouvelle est enfin jetée et ce qu’elle va entraîner laisse fébrile. Cela nous offre pour le moment une scène remarquable où Kristen Bell est tout simplement parfaite. Veronica fond en larmes dans sa voiture en réalisant tout ce que cela implique : que son père qu’elle aime plus que tout n’est pas son père biologique, ce qui peut expliquer l’acharnement de Keith contre Jake (si le premier est au courant bien sûr), mais surtout... que Duncan est son demi-frère. Cela explique bien des choses mais surtout, cela ferait flipper n’importe qui. La scène quelques minutes auparavant, où les anciens amoureux tentaient vainement de faire croire à l’autre qu’ils n’avaient plus aucun sentiment, ne semble plus si adorable. C’est un tout autre regard que l’on porte désormais sur ce couple, que je résumerais par un énorme « Ewwwwww ». Et l’expression que Keith aime sortir pour rire à sa fille résonne à nos oreilles bien différemment. C’est d’ailleurs là que la VF du Pilote blesse, avec sa traduction de « who’s your daddy ? » par « qui est ton héros ? ». Il y en a qui croient encore que Rob lâche des mots en l’air pour faire joli...

Les deux font la paire

Une sous-intrigue est fournie à Wallace, qui n’a pas besoin d’être constamment collé à Veronica et ses enquêtes pour qu’il se passe des choses dans sa vie. Ils sont amis et par conséquent passe du temps avec elle, mais ne cesse pas d’exister dès qu’il s’en éloigne. Pour preuve ses petits ennuis familiaux (ce privilège n’est pas donné qu’aux Mars, Kane et autres Echolls), qui nous donnent l’occasion de faire connaissance avec sa mère Alicia (il y a aussi un petit frère dans le lot, mais on s’en fiche royalement). Vero et Wallace se complètent parfaitement et il s’avère qu’il en est de même pour leurs parents, dont la rencontre est particulièrement intéressante puisqu’ils nous rejouent une situation assez similaire de celle qu’ont connus leurs enfants. Alicia connaît quelques ennuis et Keith vient à son aide spontanément. Mais ils ne nous rejouent pas une réplique exacte du Pilote, déjà parce que ce serait inintéressant au possible, ensuite parce qu’ils y ajoutent ce qui les différencie de leur progéniture. Keith et Alicia ont beau être des adultes, leurs réactions ne sont pas si éloignées de celles des adolescents : l’une se fie aux mauvaises rumeurs, l’autre n’en fait qu’à sa tête, et au final le pacte de l’amitié est signé pour service rendu. Mais Alicia est bien moins positive de nature que son fils et démontre un caractère solide pour une femme à la vie difficile à gérer. Encore une fois, le casting est impeccable et Erica Gimpel est parfaite face à Enrico Colantoni. Un Keith au grain de folie qui ressort plus que d’habitude lors de sa confrontation hilarante avec le locataire récalcitrant. A voir ça on en viendrait presque à croire que l’adulte chez les Mars est Veronica ! Après les pathétiques Kane et les psychotiques Echolls, cela fait du bien de voir des parents plus ou moins équilibrés et au capital sympathie élevé. Finalement ce sont les familles mono-parentales qui s’en sortent le mieux parmi toutes celles présentées. C’est dire s’il faut arrêter de se faire aux idées reçues.


La famille et ses dysfonctionnements a toujours été l’un des thèmes centraux de la série, qui n’en finit pas d’en repousser les limites. Neptune n’a jamais plus semblé être un microcosme où tous ses habitants sont étroitement liés.