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1.04 - The Wrath of Con
Ghost of Mars
Dupés
dimanche 19 mars 2006, par
Un flashback peut être visuellement beau et apporter des éléments constructifs, tant à la narration générale qu’à un réel approndissement des personnages. Plusieurs flashbacks dans un même épisode peuvent être agréables à suivre et ne pas endormir les spectateurs. La preuve, Veronica Mars y arrive. Par contre, Kristen est toujours affublée de son horrible perruque dont on voit la colle aux racines. Comme quoi on ne peut pas tout faire à la perfection non plus...A quand l’échange de recettes entre Rob et JJ ?
Le toujours charmant Troy invite Veronica au bal de promo, cette dorénavant bien connue célébration américaine de la fin de l’année au lycée. Voilà l’occasion de bien s’habiller pour aller danser dans un gymnase horriblement décoré et de faire prendre en photo son brushing impeccable en compagnie de son(sa) chéri(e) du moment. L’évocation de cette fooormidable soirée en perspective ramène Veronica un an auparavant et ce sont deux adolescentes que nous découvrons sous un jour nouveau lors de ces séquences de flashback qui constituent les points les plus intéressants de cet épisode. Il y a d’abord Veronica, qui n’avait décidément pas grand-chose à voir avec la jeune femme actuelle. Le changement physique ayant eu lié en l’espace d’un an nous avait dès le début sauté aux yeux et ainsi apporté un sentiment de cassure due à la mort de sa meilleure amie. Ces séquences viennent d’autant appuyer cet état de fait. Veronica était une adolescente sans aucune assurance, n’osant s’affirmer ni transcrire la moindre règle, au contraire de la décomplexée Lilly qui la poussait à sortir de sa coquille. Leur discussion sur les vêtements dépasse l’anecdotique scène de midinettes aux préoccupations superficielles, car elle caractérise parfaitement les comportements des deux filles de par les dialogues comme leur gestuelle ou leur apparence. La mise en parallèle avec l’état présent vient renforcer son importance puisque Veronica a totalement changé (et on la préfère comme ça, même s’il a fallu que Lilly disparaisse pour cela). En témoigne la dernière scène où la robe rouge et le bain de minuit font écho aux paroles de Lilly. C’est la mort de celle-ci qui aura fait réaliser à la jeune Mars ce que signifie de profiter de la vie. Lilly Kane reste une influence majeure pour Veronica Mars et, au-delà du chagrin, il n’est pas étonnant qu’elle continue aujourd’hui encore de la hanter.
Remember Lilly
On nous sort donc le coup classique du bal de promo, mais c’est heureusement pour mieux le détourner. En effet, ce rite typiquement américain ressemble fortement à une organisation faite pour forcer la création de beaux souvenirs liés au lycée. Sinon les adolescents américains ne garderaient de ces années-là que les horribles et interminables heures de cours. Là au moins, ils peuvent repartir avec de jolies photos d’eux dans de belles tenues et croire le restant de leurs jours que leur jeunesse entière ressemblait à ce conte de fées méticuleusement organisé. C’est pourquoi Veronica, Duncan, Lilly et Logan n’y sont pas allés et se sont créé leurs propres souvenirs d’un bonheur véritable, sans besoin d’artifices autour. Quatre amis ensemble, ça suffit amplement, et c’est ce que démontre cet épisode. Il a de plus été immortalisé sur pellicule et sera exposé devant la foule, comme preuve de ce bonheur vécu. En plus de parfaitement raccorder tous les points de l’épisode (l’affaire des nerds mis à part), ce passage énonce un point essentiel. Ce ne sont pas les souvenirs lisses et parfaits que l’on doit garder en mémoire mais les moments véridiques qui nous ont construits. Le portrait idéal que fait sa mère de Lilly et les premières images de la vidéo ne représentent pas réellement la disparue, et se rappeler d’elle ainsi serait justement infidèle à sa mémoire. La vision de ce sacré petit bout de femme est une vraie célébration à ce que fut sa vie, si bien d’ailleurs que Jake en est bouleversé tandis que le visage de Celeste se renferme aussitôt. Une très bonne idée aura été d’incorporer des images de l’enfance d’Amanda Seyfried, son interprète, donnant ainsi une impression plus véridique à la vie de ce personnage fictif.
Si la détresse de Duncan face à la perspective de réaliser un montage sur sa sœur n’a rien de surprenante, connaissant son état fragile, l’attitude morne de Logan l’est en revanche. Ce n’est pas qu’on a toujours cru qu’il était dénué de sentiments, surtout lorsqu’il s’agit de Lilly, mais jusque là le personnage était à peine entrevu. La seule image qu’il dégageait jusqu’à présent était celle du « psychotic jackass » si bien décrite par Veronica dans le Pilote. Grâce à cet amour qu’il voue toujours à son ancienne petite-amie et les rapproche, lui et Veronica arrivent à s’entendre l’espace de quelques instants. Il faut bien le dire, si leur farouche haine l’un pour l’autre est le résultat d’une série d’évènements découlant de la perte d’un même être cher, c’est aussi en grande partie dû à la bêtise pure et dure de cette tête-à-claques. Car du temps des jours heureux, ils étaient plutôt complices (l’air du générique ne vous revient pas en tête ?). Leur amitié pourra peut-être se ressouder, qui sait... Le mémorial se conclue sur Weevil, que l’on avait quelque peu oublié de par son absence depuis l’affaire avec son cousin. Si sa présence et surtout ses larmes face aux images de Lilly sont surprenantes car nous ne leur connaissons aucun lien, cet effet marche d’autant plus grâce à sa disparition momentanée ayant suivit l’approfondissement de son personnage. Sa personnalité moins insensible qu’elle n’y paraît ne tombe pas tel un cheveu sur la soupe et nous est rappelée à un moment où l’on s’y attendait le moins. En voilà un rebondissement efficace.
Rob Thomas a réussi à créer une défunte des plus fascinantes. Car avant de pouvoir comprendre comment et pourquoi Lilly Kane est décédée, il faut comprendre comment elle a vécu. Cet épisode nous éclaire beaucoup à ce sujet. Lilly était non seulement l’aînée des enfants Kane mais aussi l’unique fille. Sa mère ne lui faisait aucun cadeau, et bien qu’elle et Duncan aient tous deux toujours subit certaines pressions de la part de leurs parents, elles n’étaient pas de même nature. Pour sa mère, Duncan était son bébé, son fils chéri, et Lilly le vilain petit canard, seule à se prendre des reproches. Elle était celle qui humiliait la famille la plus puissante de Neptune et ne créait que des ennuis. Soit-disant. Eh bien ma chère Celeste, pour une fois tu auras eu des raisons de râler, Lilly aura réellement réussi a créer un scandale et entacher la réputation de ta famille, au prix de sa vie. Tu lui en veux pour ça aussi ? Je comprends mieux les sentiments de Veronica à l’encontre de Celeste Kane. Cela n’est pas dû qu’à l’animosité qu’elle inspirait par le simple fait de sortir avec son fiston chéri, comme nous l’apprenions dans Credit Where Credit’s Due, mais bien à une attitude générale. Un épisode où l’on apprenait aussi l’absence d’alibis pour chaque membre de la famille...Loin de moi l’idée d’émettre gratuitement l’hypothèse qu’une mère a pu assassiner sa propre fille, aussi antagonistes qu’aient pu être leurs rapports, mais les accidents dus à des moments de colère arrivent et les conclusions qu’on peut en tirer ne me surprendraient pas. Celeste est donc une suspecte de choix. Concernant Jake, à ce stade là je ne vois toujours pas ce qui a permis à Keith d’avoir de gros soupçons. Voyez comme Kyle Secor est ému devant la vidéo sur Lilly... Ce n’est pas parce qu’il a fait les beaux jours d’Homicide qu’on est obligé de lui en coller un sur le dos ! Non, il est dur de croire que Jake est responsable. Par contre Celeste a une tête de mégère, si elle n’a pas tué sa fille, je suis prête à parier qu’elle a au moins massacré quelques animaux et qu’elle ne recycle pas. Mais les apparences peuvent être si trompeuses...qui suivra verra.
The Keith vs Charming Troy
Le mémorial et le bal de promo sont les deux déclencheurs des souvenirs de Veronica, qui se lient dans le final grâce à une vidéo. Ce support trouve ici sa seconde mise en avant, cette fois-ci de façon bien plus positive puisque la première vidéo de Lilly que nous ayons vu était celle de son corps baignant dans son propre sang. Après une démonstration des aspects les plus sordides que ce support peut apporter, c’est au tour des plus heureux car il offre la possibilité de figer des souvenirs d’un être aimé plus vivants qu’une photo. Mais ce bal de promo est aussi l’occasion d’une petite sous-histoire et d’une confrontation en toute légèreté entre deux hommes de la vie de Veronica : son père et son petit-ami. Keith exige de rencontrer le bellâtre qui ose tripoter sa fille sur le pas de sa porte et Troy, le tripoteur en question, pense avoir affaire à n’importe quel père se préoccupant assez de sa fille pour vérifier avec qui elle sort. Naturellement, il croit que briller par son incroyable sympathie et faire quelques courbettes règlera l’affaire. Mwahahah ! Comme tu es bien cruche petit, c’est à un ancien flic que tu as affaire et pas n’importe lequel. En plus d’être le plus cool, Keith Mars est aussi le plus intimidant des pères. Voir franchement inquiétant quand il le veut. Voir la tête de Troy en apprenant que Keith a enquêté sur lui et fait capoter sa réservation à l’hôtel (le vilain coquin), ça n’a pas de prix ! Voilà une scène courte mais grandiose, qui me fait toujours rire après plusieurs visions. Résultat du match : Keith : 1. Troy : 0.
Beauty and the Nerds
Le déclencheur de l’affaire de la semaine est Wallace, qui a le béguin pour une certaine Georgia et par conséquent ferait n’importe quoi pour se la mettre dans la poche. Comme de la présenter à sa super copine détective afin de régler son gros problème. Par excès de bonté ou de crédulité ou d’ultra stupidité (j’opte plutôt pour ce dernier choix), Georgia a prêté de l’argent à un illustre inconnu sur internet qui ne l’a jamais remboursée. Oui, Georgia est bien brave mais pas fute-fute. Un petit coup de fil et miss Mars est déjà sur le coup, sans jamais oublier de réclamer les intérêts qui lui sont dues. Et ça, c’est l’un des aspects que j’aime particulièrement dans cette série. On n’y perd pas le sens des réalités et dès le Pilote cet état de fait était très clair. Veronica Mars n’est pas riche et venir au secours de la veuve et de l’orphelin a un prix. Le forfait téléphonique, les timbres, les faux papiers, la pellicule photo et tout le toutim, ça coûte bonbon. Alors rendre service à son meilleur ami d’accord, mais ça n’empêche pas que la copine doit casquer. Y’a pas marqué Mère Thérésa sur son front ! Et surtout, sa blondeur a des limites. A ce propos la voir se moquer d’elle-même est absolument hilarant, lorsqu’elle fait remarquer que oups, elle est un peu cucul mais ça doit venir des cheveux. You rock Veronica ! Surtout lorsque tous les protagonistes sont démontrés comme des idiots. Georgia s’est faite arnaquée par un type qui lui-même s’est fait avoir en croyant participer à une émission de télé-réalité. Les bons samaritains du net ne valent pas mieux que les candidats de real-tv.
Mais qu’est-ce donc que cela, un Nerd ? C’est un passionné, très souvent par l’informatique, qui contrairement au sympathique Geek ne cherche à avoir aucune vie sociale. En plus simple : un insupportable prétentieux se croyant au-dessus de tous et fier de parler un langage incompréhensible pour le simple mortel. Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, sachez dorénavant que vous en êtes un. Et que ça se guérit. Pour accomplir incognito sa mission contre les nerds arnaqueurs, c’est une mini Sydney Bristow toute perruquée qui arrive au ralenti dans leur antre. Quelques minutes plus tard c’est au tour de Wallace de faire son Dixon et il suffit d’avoir vu un seul épisode d’Alias pour se fendre la poire. Rob, tu es génial ! Parce que voir deux adolescents arriver à faire exactement la même chose que des agents de la CIA, cela a de quoi ridiculiser ces derniers. Non mais franchement, mettre une perruque et raconter des bobards, c’est à la portée de tout le monde. La preuve ! Toujours avec des méthodes accessibles à n’importe qui (faire participer son père plus-cool-tu-meurs, parler dans un téléphone, vider des canettes...ok je vous concède le micro pour cette fois), Veronica fait échouer les plans des deux génies qui finançaient la création de leur jeu vidéo en arnaquant de riches et naïves étudiantes. J’avoue, cela n’a pas été si facile que cela, Veronica savait ce qu’elle faisait en démontant leur ordinateur et a tout de suite compris qu’elle avait trouvé leur sauvegarde. Pour moi c’était juste une grosse boîte, c’est vous dire mon niveau zéro de nerditude. Miss Mars n’est pas seulement plus inventive que moi, je l’admets, il y a un sacré petit cerveau caché sous cette masse blonde.
Cette histoire permet à Wallace de prendre un peu de relief en jouant les pimpants sidekick. Si la résolution d’intrigue est une seconde nature chez Veronica, c’est pour Wallace un passe-temps tout nouveau. Il a beau traîner avec la plus mal aimée du lycée, les activités dans lesquelles elle l’embarque sont pour lui si excitantes qu’elles sont au-dessus des préoccupations mornes des autres adolescents. Wallace est un garçon positif qui est un parfait contre-poids au tempérament de son amie et s’avère d’autant plus intéressant comparé à Lilly Kane. Si je voulais jouer avec les métaphores, je dirais que Lilly a ramené Vero à la surface de l’eau et que Wallace l’aide à nager. L’une l’a amenée à vivre pleinement, l’autre est là pour la maintenir dans cette perspective et l’empêcher de sombrer.
Wallace Fennel et Lilly Kane : deux amis, deux époques, deux influences majeures dans la vie de Veronica Mars.
Concentrez-vous sur Lilly Kane et vous avez un épisode encore un cran au-dessus. Parce que le personnage est parfaitement écrit et parce qu’Amanda Seyfried est tout simplement formidable. A ce rythme-là je vais finir par sortir mon dictionnaire des compliments et tout recopier sur le site, ça sera plus simple. Et la semaine prochaine, c’est mon esclave attitré qui vous fera partager son avis éclairé et ses titres moins honteux, tel Wallace venant sauver la mise à Veronica.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires