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2.08 - Chapter Thirty

Le rejet de soi et la caution des autres

Chapitre 30

dimanche 13 avril 2003, par LordOfNoyze

C’est le thème qui revient dans ce Boston Public beaucoup moins drôle, mais aussi plus élaboré que le précédents. D’abord, il y a un poil de Senete, un poil de Davies et même un poil de Lipschultz, hilarant dans sa doudoune verte : ça c’est la première bonne nouvelle. Ensuite, et là ça change, Cooke et Henson sont beaucoup moins tête à claques et neuneus que les épisodes pérécdents. Ensuite, c’est que les trois thèmes revenant dans cet épisode sont traités avec une grande maestria, refusant la facilité : à savoir la peine de mort, le génie précoce et l’homosexualité.

D’abord, la peine de mort avec cet ancien élève de Harper qui tente de le convaincre de participer à son éxécution. Harper est hésitant entre le fait d’assister dans ses derniers moments un élève qui l’a tenu en estime, bien qu’il ne s’en souvienne plus,de réconforter un homme rongé par le remords, et le refus de cautionner un geste horrible, refus vivement conseillé par le père de la victime. En même temps, il est vrai que ce crime est particulièrement atroce : torture, viol et meurtre par strangulation. Chi Mc Bride, comme dans pas mal d’épisodes depuis que Kelley a eu la lubie de développer son personnage trop souvent synonyme de droiture et de boule de nerfs derrière son bureau, y est grandiose. C’est une conversion réussie.
De plus, Kelley dépeint bien l’enfer d’un condamné à mort, et le rejet de soi qui constitue en lui-même une punition. Quant à la caution des autres, Kelley finira in extremis par choisir son camp : Harper refuse après une scène aussi amusante qu’émouvante avec sa fille. La rédemption est une notion bien trouble, et le pardon est bien difficile à obtenir. A vrai dire je reste encore perplexe devant la morale de cet épisode.

Ensuite, le génie créatif d’un élève sous tranquilisants qui arrête souvent de prendre son traitement. Là aussi, grand brio dans la façon de dénoncer les parents poussant leur enfant à exploiter leur génie et le rendant nerveux. La perplexité de Henson face à la joie de Cooke qui pense avoir résolu le problème en suggérant la discussion avec ses parents laisse entrevoir une possible suite : et si le gamin bluffait, comme pour l’affaire Peters ??
Meredith Peters, justement, apprend avec grand effroi que son fils unique Jeremy est homosexuel. Alors oui, le truc des caméras de surveillance, c’est un peu artificiel, mais ça surprend pas quand on voit la parano et les préjugés dans laquelle s’enfonce Mme Peters. Et quand le rejet de soi n’est pas un problème, c’est la caution des autres qui pousse à livrer bataille.Et donc là aussi, crise de famille : Meredith gueule sur Peters, puis sur Guber, qui se défend à sa manière en prenant ses grands chevaux conservateurs de "prrrroôôôôôôôvisseur adjoint", et il est grandiose lui aussi. Puis Jeremy gueule sur Guber ("Regardez-moi, Monsieur"), Guber qui n’en mène pas large, car son amour pour Meredith revient finalement à cautionner l’homophobie de cette dernière et la peur qu’incite cette révélation. Fin de l’histoire jusqu’au prochain épisode.


Même les Supremes du bahut m’ont pas saoûlé avec leur reprise de "Wake Up Everybody", c’est dire. Et puis, la pétition apportée par la mère d’élève aux mille parfums (vous savez, celle qui était intervenue lorsque Lipschultz avait envoyé ses élèves vider les poubelles) pour tenter d’interdire la pièce du prof de bio est franchement mortelle. Je conclurai donc en disant "Sentez-moi cette chaussette, c’est la chaussette de l’épisode réussi, de la bonne interprétation, des complexes persistants !! C’est la chaussette de l’hymne à la tolérance et de 43 minutes qu’on aimerait voir bien plus souvent !!"