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1.08 - That Old Black Magic
Crichton vs Crais, le combat des Coqs
mercredi 23 juin 2004, par
La sorcellerie c’est pour les vilains pas beaux, et c’est maaaaaaal ! Sinon le titre de la review c’est la plus grosse partie de mon analyse alors viendez !
Y a des épisodes comme ça où le point de départ de l’histoire est un élément mineur comme par exemple le besoin de se poser sur une planète des Uncharted Territories pour trouver des médicaments aptes à soigner le pauvre Dominar Hynérien d’un milliard de sujets malade qu’est Rygel. Sauf que la planète en question réserve de bien mauvaises surprises aux habitants du vaisseau vivant Leviathan qu’est Moya... Hop, voilà le teaser de la review, trop bien fait en plus, avec des points de suspension à la fin pour laisser le suspense (c’est pas pour rien qu’on les appelle comme ça d’ailleurs).
Mais quelles sont ces surprises ?
Bon, en fait, y en a qu’une, mais elle est grosse : c’est un bouffon que rencontre Crichton. Non, pas un bouffon dans le sens un abruti de service (moi par exemple), un homme habillé en bouffon qui fait des acrobaties. Sauf qu’il fait pas vraiment rire le Terrien, c’est même plutôt le contraire. C’est que le bougre est inquiétant à savoir autant de détails sur John, comme sa condition de fugitif après qui court Crais (non non, cette phrase n’est pas mal construite, elle est grammaticalement correcte, relisez-la si vous n’avez pas compris ; j’ai autre chose à faire que de tout vous expliquer quand même !), et même où et quand il a perdu sa virginité... Flippant, mais aussi assez convaincant pour que l’astronaute le suive. Sauf que ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est entre les mains d’un puissant sorcier nommé Maldis qui est capable de changer de forme corporelle à sa guise, et que son esprit (celui de John) a été séparé de son corps(toujours celui de John). De ce fait, alors qu’il croit être en chair et en os dans l’étrange bâtiment où il a été conduit par le mystérieux bouffon (qui n’est pas un boulet mais qui est Maldis, vous suivez ? Finalement je vous explique tout en fait), son corps est en fait à l’extérieur, gisant sur le sable. A partir de ce moment, l’épisode se divise en deux intrigues parallèles : celle de John et celle de Zhaan et consorts. Et ça c’est carrément bien pour découper ma review.
Crichton vs Crais, le combats des Coqs
Eh oui, le capitaine Bialar Crais est aussi dans l’affaire, toujours à poursuivre Crichton. Il est tellement obnibulé par son désir de vengeance qu’il a même délibérément désobéi à un de ses supérieurs lui intimant l’ordre de cesser sa chasse et de revenir au QG des Pacificateurs. La haine qu’il voue à John est un bonheur pour Maldis, qui est un vampire assez spécial : il se nourrit de la douleur et de la mort de ses victimes. Son but est tout simple : offrir à Crichton la possibilité de parler à son ennemi intime et amener Crais en lui offrant Crichton sur un plateau, afin d’assister à un combat magistral rempli de coups traîtres et en-dessous de la ceinture, ce qui fait très mal et ce qui donnera des motifs de satisfaction au vampire. Très malin, et surtout très vicieux.
S’ensuit alors un combat autant verbal que physique entre les deux hommes, où Crichton essaie par tous les moyens de convaincre son adversaire qu’il n’y est pas pour grand chose dans la mort de son frère et que tout ceci n’était qu’un accident. Il parvient presque à lui ouvrir les yeux en appuyant ses propos sur le fait que ce n’est pas avec sa navette désarmée construite par une espèce inférieure qu’il pouvait avoir l’intention de détruire un vaisseau. Mais Maldis, sentant le danger, s’avise tout de suite de renforcer la colère froide du Sébacéen en lui montrant des images du passé. On apprend alors que le Pacificateur n’a jamais voulu être Pacificateur justement, qu’ il a été embrigadé, et que son père lui avait fait promettre de veiller sur son jeune frère. D’où sa douleur... Et le sorcier en rajoute une couche avec une vision d’horreur montrant la décomposition du jeune Crais et en criant que tout ceci est à cause de Crichton... Ce qui décuple la colère de son antagoniste.
Finalement, après plusieurs tentatives pour remettre Crais dans le bon sens de la marche, Crichton se laisse convaincre par Maldis qu’il ne doit en rester qu’un comme dans Highlander. Malheureusement, ce faisant, il renforce définitivement la haine de son ennemi et aide à accomplir le but final du méchant, qui comptait asseoir définitivement le conflit entre Crais et Crichton pour avoir à sa disposition tout le vaisseau Pacificateur quand il passera à sa portée.
Bon, je sais, j’ai résumé un peu longuement, mais cette partie étant le pan principal de l’épisode il fallait bien s’y attarder. L’affrontement entre les deux antagonistes est intéressant à mon sens : on voit Crichton se démener pour convaincre Crais qu’il n’a pas tué son frère intentionnellement, mais il fait face à l’entêtement aveugle d’une bête blessée qui marche énormément à l’auto-conviction (ça existe ça ?). Le Pacificateur ne veut absolument rien entendre et trouve sans cesse des justifications à sa haine, jusqu’à ce que son venin soit épuisé. On voit qu’il était très lié à son frère, mais plus que l’amour qu’il lui portait et le pseudo-meurtre du Terrien, c’est le sentiment d’avoir trahi son père en ne protégeant pas son petit frère qui le ronge. Tuer celui qui a accidentellement fait disparaître son frère le soulagerait et lui permettrait d’effacer cet échec personnel.
Du côté de l’astonaute, c’est intéressant de voir qu’il n’a pas peur de Crais quand il lui fait face. Il lui tient tête et parvient même presque à le convaincre ? à force de persévérance - qu’il n’est pas responsable de la mort de son frère. Il essaye dans un premier temps de s’allier avec son ennemi intime, mais celui-ci est borné. John ne cède pas au harcèlement de Maldis, mais il est faible et il finit par craquer sous les perisflements incessants du sorcier qui l’encourage à tuer Crais. Et ça c’est assez osé de montrer le personnage principal de la série craquer psychologiquement de la sorte, de le montrer sous un jour peu héroïque. Mais ce n’est pas pour rien puisque cette faiblesse inhérente à sa race sera réutilisée plus tard avec Scorpius à plus grande échelle. Mine de rien, on en profite pour poser des jalons pour la suite, et j’aime ça. Non, vous ne me ferez pas croire que je délire et que cela est innocent, sans suite dans les idées.
On en arrive à Maldis (diantre, la review est loin d’être finie si ça continue comme ça !), qui est un vampire un peu spécial. J’aime beaucoup cette façon décalée de traiter l’un des mythes les plus fantastiques et fascinants qui soient. C’est sûr, c’est autre chose que les vampires bas-de-gamme et débiles que Buffy éclate en deux temps trois mouvements. Donc, il se nourrit de la peur et la mort, et c’est donc pourquoi il gouverne les habitants de la planète par la peur. Très logique comme analyse non ? Cette peur constante dans laquelle les gens vivent le nourrit et lui permet de vivre aisément, plutôt que de courir après de potentielles proies.
Zhaan, la femme... pardon, l’arme fatale
La deuxième intrigue est beaucoup plus concentrée sur la prêtresse Pa’u, puisque Rygel est malade sur Moya et qu’Aeryn et D’Argo sont immobiles pendant pas mal de temps. Mais qu’est-ce qu’elle peut donc faire ? Elle essaye tout simplement d’unir ses forces avec un prêtre qu’elle a rencontré sur la planète pour pouvoir venir à bout du puissant Maldis. Mais pour cela, il faut qu’elle développe ses pouvoirs pour infliger de la douleur et non la soulager, et elle n’y parvient guère. Sa gentillesse extrême qu’on lui connaît l’empêche d’utiliser au mieux ses capacités et de s’en servir comme d’une arme. C’est très intéressant de la voir se débattre pour sauver John en allant à l’encontre de ses convictions pacifistes.
Elle réussira finalement à se débarrasser du sorcier (mais sans le tuer, ce qui par contre est très mauvais étant donné ce que ça implique, c’est-à-dire un épisode très nul en début de saison 2), mais cela a un prix terrible : non seulement elle a libéré en elle des forces destructrices qu’il faudra qu’elle apprenne à contrôler, mais de plus elle a tellement développé son pouvoir que le prêtre avec qui elle s’était unie psychiquement en est mort... Double peine pour elle, elle a une mort sur la conscience et elle est devenue une prêtresse avec des pulsions meurtrières, donc dangereuse. A tel point qu’à la fin de l’épisode elle demande à Crichton de l’éviter... Ce changement radical dans les caractéristiques du personnage est surprenant, et c’est tant mieux.
C’est presque fini !
A noter à la fin de l’épisode le meurtre de Crais qui brise la nuque de sa seconde qui était la seule à avoir connaissance de l’enregistrement qui contenait les ordres du supérieur du Pacificateur (ce genre de phrases avec beaucoup de propositions est assez lourd à digérer vous ne trouvez pas ?). Le bougre est toujours à la poursuite de Crichton, ça promet...
Ah oui au fait, Rygel va bien hein, il est guéri !
Une histoire découpée en deux intrigues distinctes qui ont un point commun : la douleur vue sous des angles différents. D’une part un être qui s’en nourrit, de l’autre une prêtresse qui a l’habitude de la soulager et qui apprend à l’infliger. Prenez en compte le fait que cela développe (très bien) le personnage de Zhaan, ajoutez l’affrontement entre Crichton et Crais qui n’est pas sans révélations et sans explications, mettez un méchant malin et vicieux, mélangez et vous obtenez un épisode bénéficiant d’un bon scénario et d’un très bon traitement des personnages. Ca vaut pas mal donc.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires