The Cheapest Thing

Ce qui fait la particularité d’une grande série, c’est que même quand on n’aime pas (en l’occurrence c’est même pas du tout) un épisode, il y a toujours des choses intéressantes à en dire par rapport aux thèmes traités. Et celui-là est finalement assez riche, mais c’est le cas pour la plupart des épisodes de Farscape de toutes les façons, et je ne dis pas ça pour rentrer dans les bonnes grâces de Stratego (va falloir vous habituer, j’ai trouvé le gimmick de mes reviews : une référence à lui à chaque fois. Ne vous inquiétez pas, il m’a dit hier que son égo n’avait pas besoin de ça pour être flatté, donc ses chevilles n’enfleront pas plus que ça).

L’élément de départ

L’équipage de Moya se trouve sur une planète qui possède à sa surface un généticien dont la réputation n’est plus à faire. Leur visite tient au fait que ce dernier est capable de trouver la localisation de la planète d’origine d’une espèce à partir d’un simple échantillon d’ADN, car il possède une banque génétique très impressionnante. Vous voyez tout de suite où ça nous mène : le désir de tous les personnages de rentrer chez eux. Mais le prix demandé par NamTar est élevé : il veut un bras de Pilote...

Clashs en série

Tout de suite, quand le générique arrive, on se dit que la situation n’est pas des plus commodes, et on se demande comment ils vont pouvoir négocier pour finalement avoir le cristal contenant les coordonnées de chaque planète qui leur a été promis. Cristal qui servira bien sûr pour Moya. Mais à la surprise générale, toute la bande ? sauf Crichton et Aeryn ? coupe un bras de Pilote pour servir leurs desseins et le donnent au scientifique sans aucun remords ! Que penser de tout ça ? L’acte est condamnable, mais en même temps ils veulent à tout prix rentrer chez eux et c’est une occasion à ne pas manquer... Pour démêler tout ça, intéressons-nous aux réactions de John et Aeryn, et de Pilote.

Crichton - Aeryn où la voix de la protestation

Oui, les deux condamnent fermement le geste. Ce qu’ils ont fait à Pilote est inacceptable. De plus, ce n’est pas rassurant de voir Zhaan participer à la perpétration de ce geste horrible après avoir appris à user de ses pouvoirs pour infliger des souffrances sur la planète de Maldis (That Old Black Magic), elle qui était avant la voix de la sagesse. Mais alors que leur attitude à tous deux paraît la plus juste, le scénariste se permet le luxe de remettre aussi en cause leur réaction. En effet, Aeryn a perdu toute chance de rentrer chez elle dans le pilote (l’épisode, pas le personnage) en s’enfuyant de sa planète et en étant considérée comme une traîtresse chez les Pacificateurs. Crichton, lui, n’apparaît pas dans la banque de données de NamTar, qui ne pourra donc pas localiser la Terre à partir de son ADN (ça voudrait donc dire qu’il est vachement loin de chez lui vu la renommée intersidérale du scientifique). Ca atténue franchement leur propos, parce qu’il est plus facile de critiquer l’acte de leurs compagnons alors qu’ils n’ont pas la même motivation sur le coup... Cela dit, le script est assez bien écrit pour ne donner raison à personne : chacun se fait sa propre idée sur la situation. Pas de propos moraliste donc.

Pilote, la voix de la soumission

Pour l’avoir vécu au début de mon visionnage de la série, on a souvent tendance à oublier Pilote et à ne pas le considérer comme un personnage à part entière, et c’est un vilain tort. Cet épisode s’efforce de mettre en avant le personnage et développe sa psychologie pour le rendre plus complexe, pour qu’on le comprenne mieux. Donc, au cours d’une discussion avec Crichton qui ne comprend pas qu’il ait pu se laisser faire et qu’il n’en veuille à personne, ce dernier lui dit que son espèce est une espèce servante, qu’à partir du moment où ils sont liés à un Leviathan le but de leur vie est de servir les autres. Il s’estime déjà bien heureux d’être lié à Moya pour avoir le privilège de voir la galaxie pour en vouloirà Zhaan et consorts pour cet acte qui leur permettra peut-être de rentrer chez eux. C’est un passage assez prenant, car la soumission de Pilote a un effet à double tranchant : d’un côté ses propos justifient la perte de son bras, mais la profonde compassion qu’il inspire la condamne. Encore une fois bien vu, et mission réussie pour la mise en valeur de Pilote.

Mais ce n’est pas fini mes enfants ! Il se pose un autre petit problème...

Chuis Preum’s ! Non c’est moi ! Ta gueule, céçuikidikiyé !

Eh oui, un conflit s’instaure très vite entre Rygel, Zhaan et D’Argo... C’est bien beau d’avoir le cristal avec les coordonnées, de pouvoir rentrer chez soi, mais par où commencer ? Et là, le sujet est très sensible, personne ne veut céder. Même Zhaan est particulièrement agressive et ne s’en laisse pas compter (mais bon, je l’ai déjà dit : elle file un mauvais coton). L’égoïsme exacerbé des protagonistes est bien rendu, car dans ces conditions personne n’est disposé à faire des concessions. Penser aux autres, ça a du bon, mais dès qu’il s’agit de rentrer chez soi, c’est chacun pour sa pomme ! Ajoutez à cela des problèmes de nourriture volée par Rygel et vous comprendrez que l’ambiance est assez epxlosive sur Moya.

Finalement, ça en fait des choses à dire sur ce thème, je vous l’avais bien dit ! Ce qui est le plus intéressant, c’est que les réactions de chacun sont mises en relief afin de ne pas donner raison à telle ou telle personne mais de laisse le téléspectateur se forger sa propre opinion selon ses convictions. Good job.

Un savant fou, mais vraiment pas con

On est donc en présence d’un scientifique peut-être fou, mais qui reste très lucide. En effet, son vrai dessein n’est pas vraiment d’aider les autres et ses recherches ne servent pas au développement de la science en général : il veut simplement améliorer son corps. C’est pour cela qu’il récolte des échantillons du corps de plusieurs espèces, parce qu’il veut atteindre la perfection en devenant un être mélangeant les meilleures capacités de toutes les espèces existantes ; d’où sa demande pour le bras de Pilote. Mais pourquoi un membre entier et non des simples échantillons d’ADN ? Pour pouvoir tester ses croisements génétiques sur des cobayes afin de constater les éventuels rejets ! Quand je dis qu’il est fou mais pas con du tout, il s’évite ainsi bien des déboires.

Et c’est cette façon de procéder qui va introduire un élément trèèèèèèès important dans la série : il utilise Aeryn comme cobaye pour tester l’ADN de Pilote. Et même si cette dernière sera guérie en fin d’épisode (parce qu’à un moment elle est vraiment très mal), elle conservera dans son ADN des traces de celui de Pilote et ça sera bien utile par la suite dans la série.

Le fin mot de tout ça, c’est que finalement il se fait remettre à sa place et se fait injecter un fluide-chais-pas-quoi confectionné par les soins de sa servante (qui lui a aussi servi de cobaye en un temps ancien, bla bla bla) et redevient la petite créature chouinante et moche qu’il était avant. Autant dans la première partie de mon analyse j’appuie bien sur le fait qu’on laisse le spectateur à sa propre impression, autant là la critique est sans appel : à force de vouloir jouer à Dieu, on finit toujours par se faire punir. Deuxièmement, ça pose une question importante : qu’est-ce que la perfection ? Selon la vision de NamTar, ce serait le concentré des meilleures qualités de toutes les espèces, et il a failli prouver que c’est vrai. Mais au vu de son échec, on peut penser que la perfection n’existe pas, et que l’imperfection est bien plus intéressante. Non, je ne développe pas, je vous laisse à vos propres réflexions ! Je vais pas tout faire non plus.

Mais alors, pourquoi il dit que c’est nul le reviewer ?

Parce que visuellement c’est affreux ! NamTar, dans ses deux formes, est vraiment abominable (si c’est ça son idée de la perfection, je crois qu’il a oublié la beauté, ça doit pas être dans son vocabulaire). Enfin, beaucoup plus quand il se transforme en bestiole ridicule à en pleurer de consternation. Je sais bien qu’il fallait faire passer le message que faire joujou avec la génétique c’est maaaaal, mais on était pas obligé d’être gratifiés d’un truc aussi pitoyable. Y a des fois la saison 1 elle est dure à regarder avec ses marionnettes pas terribles (voire plus).

Et je parle même pas du rythme qui est lent à en mourir, et la bande son que je ne trouve pas géniale. 50 minutes, c’est beaucoup trop long, et cet épisode est l’illustration même que ce format est vraiment pas maîtrisé parfois dans cette première saison (et le fait que ce même format soit passé à 42 minutes à partir de la deuxième me conforte dans mon opinion). De plus, Farscape à ses débuts au niveau décor c’est vraiment cheap, et des fois c’est vraiment dur de passer outre. C’est quand même con, mais malgré la richesse de l’épisode, je me suis littéralement emmerdé la première fois que je l’ai vu (et je sais pas si je pourrais le regarder en entier une autre fois : pour faire ma review j’ai juste calé les passages importants pour me remémorer l’intrigue) à cause du visuel. Et je me rends compte que même s’il y a le fond, si la forme ne suit pas ça ne sert strictement à rien, en tout cas pour moi.

Je sais, je suis peut-être dur dans mes propos et je vais sans doute sacquer au niveau de la note car je me suis vraiment K%@# ! en visionnant cet épisode pour ceux qui n’auraient pas encore compris. Mais cette dureté provient du fait que je suis assez frustré en reviewant cette série puisque je me tape des critiques sérieuses, construites et pas délirantes pour un sou. Et je n’ai pas l’imagination de Mad pour inventer une scène qui n’a pas eu lieu. Va falloir que j’aille reviewer deux ou trois daubes de X-Files, ça me calmera.