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1.03 - Exodus From Genesis
La vie doit continuer
mardi 16 août 2005, par
50 minutes, c’est vraiment de trop parfois.
Je sais, je le répète à l’envi et je vais encore me faire lyncher pour ça, mais le format des épisodes de la première saison fait que, souvent, ça se traîne un peu le cul, à fortiori quand on se situe au début de la série, avec toute la mise en place que ça implique surtout au niveau des relations entre les personnages. Néanmoins, et ça je le répète toujours aussi (peut-être que du coup je vais remonter dans l’estime de mon bien-aimé rédac’ chef Stratego), il y a toujours quelque chose à dire d’intéressant sur chaque épisode.
Ici, c’est le thème de la famille et les problèmes d’intégration de John.
La famille, il n’y a que ça de vrai
Les personnages sont confrontés à deux menaces dans cet épisode : les bestioles intergalactiques qui ont choisi Moya comme lieu de ponte et les Pacificateurs qui leur courent après. Et comme si ce n’était pas suffisant, la température à l’intérieur de Moya ne cesse d’augmenter et il n’y aucun moyen de la faire baisser puisque les bestioles ont bloqué tous les accès. De quoi bien mettre la pression et rendre tout le monde nerveux, sauf Zhaan bien évidemment. Mais ils sont tous dans la même galère, et ils sont bien obligés de se serrer les coudes en temps de crise. Deux personnages sont caractéristiques de cet état d’esprit, qui consiste à mettre de côté ses rancœurs personnelles dans l’intérêt de la survie du petit groupe.
En effet, Aeryn est un souci pour tous. Les Sébacéens ne supportent pas la chaleur, qui dérègle leur système nerveux central et les mène à expérimenter la « Mort Vécue ». Ce phénomène est appelé ainsi car ils perdent successivement la mémoire à court terme, puis la motricité puis la mémoire à long terme. En bref, ça doit pas être très joyeux de n’avoir que la conscience de l’instant présent sans pouvoir faire quoi que ce soit. Toujours est-il qu’Aeryn est une Pacificatrice, et que c’est son espèce qui a emprisonné Moya et les autres habitants du vaisseau. Il serait donc facile de lui en tenir rigueur et de ne pas l’inclure dans l’équation dont la solution est leur survie. Pourtant, D’Argo est le premier à souhaiter qu’elle s’en sorte, alors qu’il manifeste une haine profonde à l’égard de son espèce et qu’il aimerait bien les voir tous souffrir comme c’est le cas pour elle. De même, Pilot essaie de l’aider à refroidir sa température interne, alors qu’il est le premier à avoir souffert des mauvais traitements des Pacificateurs puisqu’il est relié neuralement à Moya et qu’il ressent donc une partie de ce que le vaisseau vivant ressent.
Même Rygel se retrouve finalement à aider, bien que cela ne soit pas de sa propre volonté au départ, forcé par Crichton et D’Argo d’inspecter les conduits. Malgré une humeur grincheuse et protestatrice pour commencer, il va finir par prendre cela au sérieux et va réellement apporter son aide puisque c’est lui qui découvre le nid, ce qui va permettre à Crichton de comprendre ce qui se passe. D’ailleurs, le Dominar va même réussir à arranger les choses pour l’équipage en faisant preuve de courage pour parler à la Reine face à face.
Si chacun poursuit son propre objectif et voudrait retrouver plus que tout son chez soi, ils sont bien obligés de composer avec les autres occupants du vaisseau et de se soutenir les uns les autres. Et si l’on parle de famille, c’est parce que fatalement, avec la proximité, des liens forts et profonds vont se créer, même si ce ne sera pas facile tout le temps et que des tensions feront fatalement leur apparition. C’est un des fondements de la série, et c’est très bien vu de traiter ce thème dès le début de la série, alors que les personnages ne se connaissent pas encore très bien.
Une lutte de tous les instants
C’est bien ce qui définit la situation de Crichton. Il est encore tout neuf dans cet univers que les autres connaissent par coeur, et il a des difficultés à s’adapter. Il ne sait pas où il est, il ne sait pas comment les choses fonctionnent... Et surtout il subit la pression constante d’Aeryn et D’Argo qui le considèrent comme une espèce inférieure qui ne fait pas preuve de grande intelligence. Mais il a un appui, un soutien de tous les instants en la personne de Zhaan, à qui il peut se confier. Elle est la seule à lui accorder du crédit (il faut dire que c’est la gentillesse incarnée), et tente de lui donner des conseils. Pour rentrer dans leurs bonnes grâces, il faut qu’il gagne leur respect par les actes, car ce sont tous deux des guerriers. Ce qu’il va réussir.
Tout d’abord, il réussit à négocier une trêve avec la reine des Drak, Monarch (monarque, reine... z’ont pas été très originaux sur ce coup). En recoupant les informations de Rygel concernant le nid et ce que dit la Reine, il comprend que les bestioles sont en cycle de reproduction et que la ponte ne peut s’effectuer que s’il fait très chaud. Ils ne cherchent donc pas à exterminer les habitants de Moya, et s’ils ont essayé de le faire c’est seulement parce que Crichton a tué un des insectes pour que Zhaan, qui se révèle donc être la scientifique du groupe, puisse l’examiner. Mais ce qui va surtout impressionner D’Argo, c’est le courage dont fait preuve Crichton quand il est confronté au leader du petit commando de Pacificateurs qui sont finalement parvenus à trouver Moya. Il le menace alors qu’il a un couteau sous la gorge...
Cette trame montre tous les efforts que va devoir faire l’astronaute pour être totalement intégré au groupe et pour s’adapter correctement à ce nouvel univers. A chaque fois qu’il croit détenir une clé, de nouvelles situations se présentent et le déstabilisent, bousculant ce qu’il croit acquis. La devise de Zhaan pour l’aider à y parvenir se résume en deux mots : temps et patience.
Critique
Déjà, je pense que je vais éviter de me pencher sur l’aspect visuel. S’il y a bien une chose avant tout qui peut rebuter celui qui découvre la série, c’est bien ça. C’est cheap au possible, et c’est même parfois très laid, comme les insectes par exemple, qui sont particulièrement affreux. Un autre élément est la musique très spéciale, qui fait parfois discordante (un peu comme le générique d’ailleurs). Il faut vraiment faire un effort pour passer au-dessus de ça, pour gratter ce qu’il y a derrière. Et là on s’aperçoit qu’il y a du bon, que les personnages sont intéressants, que leurs interactions sont soignées et sonnent vraies. On voit également que le scénario n’est pas trop mal, mais il y a quand même un détail qui me gêne. Le fait que les Drak soient capables de faire des clones de quelque espèce que ce soit n’est pas autrement justifié que par le besoin de faire croire au téléspectateur que ce sont de sales bestioles. Parce que ce n’est pas motivé par ce qui est considéré comme une attaque de Crichton, étant donné que les Drak récupèrent des échantillons d’ADN bien avant. Hors, ce sont des bestioles qui se reproduisent dans la chaleur mais qui vivent dans la froideur de l’espace... Quel intérêt y aurait-il à y vivre sous la forme de bipèdes, hein ? Bref, à moins que je n’aie vraiment rien compris, je ne suis pas du tout convaincu, et c’est bien dommage.
Et puis, j’y reviens encore mais par moments, c’est bien long, et l’ennui s’installe presque.
D’accord, j’insiste beaucoup sur le fait que ça paraît long, mais c’est parce qu’il faut vraiment s’investir dans ce début de série pour bien l’appréhender. Ceci dit, une fois que c’est fait, l’épisode apporte beaucoup de choses intéressantes, surtout au niveau relationnel pour les personnages. On est encore en pleine phase d’exposition, laissons le temps à tout ça de se décanter un peu...
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires