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1.16 - A Human Reaction
Farscape : La Fin
jeudi 1er juillet 2004, par
Les faux semblants, on en parle souvent dans cette série. Et là, on y a encore droit.
I’m John Crichton, an astronaut, bla bla bla, I’m just looking for a way home. Formidable, au début de cet épisode il en trouve un ! Oui, car à sa plus grande stupéfaction, un vortex se trouve devant Moya, au bout duquel il voit sa chère planète. Il n’hésite pas un instant et décide de quitter ses amis pour rejoindre sa planète, son univers, son monde, sa maison quoi. Et la série se finit comme ça, au 16ème épisode. Je dois dire que j’étais vachement déçu, on m’avait parlé de 4 saisons de 22 épisodes, d’une série magistrale, et là je me rends compte que tout ça n’était que du pipeau, les scénaristes sont déjà à court d’idées et le but du personnage principal qui était de retrouver son chez-soi est déjà assouvi. Une grosse supercherie en somme. Merde à tous les Scapers qui m’ont menti , et à mort Stratego ! Enfin bon, on va quand même parler de ce qui se passe.
La Terre, une planète idyllique
Aaaaaaah, c’est beau l’Australie : il fait beau, il faiut chaud, il y a la mer, bref c’est le cadre idéal pour vivre. Et comme le temps est magnifique, tout le monde il est de bonne humeur et y a aucun problème. La vie est belle quoi. En plus, John retrouve ses amis, son père, il a vraiment tout pour être heureux. Sauf que...
En fait, la Terre, c’est une planète qui est envahie par une des pires engeances : l’Humanité. Une espèce qui se croit supérieure parce qu’elle est douée d’intelligence, mais qui n’a pas grand mérite puisqu’elle est la seule à la surface de la planète, elle n’a eu aucun mal à dominer les espèces animales cohabitant avec elle. Mais ce complexe de supériorité cache un complexe d’infériorité par rapport à l’existence de créatures extraterrestres. La preuve en est que chaque fois qu’elle s’imagine une forme de vie venant d’ailleurs, il faut toujours qu’elle soit plus développée technologiquement et plus intelligente. Et ce complexe engendre une peur qui fait que si jamais des aliens se présentaient sur Terre, à aucun moment les humains ne penseraient que leurs intentions sont pacifiques mais au contraire belliqueuses.
Réactions humaines
C’est ce que narre la première partie de l’épisode, quand Crichton se trouve sur Terre. En effet, il se trouve que l’équipage de Moya a fini par suivre l’astronaute, pour son plus grand malheur. La peur dont je parlais est illsutrée par l’emprisonnement des amis de John, des interrogatoires à n’en plus finir pour savoir qui les envoie et ce qu’ils viennent chercher sur Terre, ainsi que des analyses scientifiques pour pouvoir déceler les faiblesses de l’adversaire... C’est ainsi que l’on est gratifié d’une scène choquante où l’on voit Rygel ouvert sur une table d’opération : on l’a disséqué pour savoir comment il était fait. Crichton tout comme le téléspectateur est écoeuré de l’attitude des gens de son espèce. Mais en même temps, c’est tellement réaliste ; c’est exactement comme ça que l’on imagine la réaction des pontes des grands gouvernements si jamais cela se passait dans la réalité. La critique opérée dans l’épisode se fait par l’intermédiaire de la voix de Crichton qui condamne fermement les actes commis par ses compatriotes, et il se rend compte que la peur d’être attaqué a fini par muer dès que les aliens ont été entre leurs mains...
Je veux bien sûr parler de l’intolérance, qui est finalement le grand thème de cet épisode... Car qu’est l’intolérance, sinon la peur de l’étranger, de ses us et coutumes, de ses croyances ? Et ce problème est majeur dans toute société, on y est soi-même confronté tous les jours... Et cette intolérance est très mal perçue par les compagnons de Crichton, qui l’accablent pour la mort de Rygel et le comportement ignoble de ceux qui sont pour eux à ce moment ses acolytes. Cela fait d’autant plus mal à D’Argo qu’il a déjà été victime de ce sentiment et qu’il en a payé le prix cher : la mort de sa femme et la perte de son fils Jothee. Cette perte de confiance en leur ami très cher amène un autre point que je vais m’empresser de développer.
Le dilemne de Crichton
Ce clash avec sa deuxième famille (celle de Moya) le met dans une position absolument détestable : celle d’un traître. Et le pauvre ne peut pas dire grand chose pour sa défense, toutes les apparences sont contre lui, surtout qu’il est le seul à les comprendre (because microbes traducteurs) : ils ont donc l’impression que le Terrien ne fait pas grand chose pour les aider. Il doit donc très vite faire un choix : soit il reste sur Terre où il appartient mais condamne ses amis et aura leur probable mort sur la conscience, soit il les aide à s’échapper en allant avec eux et condamne ainsi toute chance de retour sur sa planète, comme Aeryn. Mais John, malgré ses tares et sa faiblesse (il a déjà craqué psychologiquement, notamment dans That Old Black Magic), fait ce qui lui semble juste : ses amis passent avant tout. J’aime beaucoup cela car cette fois-ci, alors qu’il passe souvent pour un débile, il fait preuve d’un vrai héroïsme, et fait le sacrifice le plus important qui soit. Le message porté ici est très fort : il est possible de former une famille (pas celle liée par le sang, mais liée par un amour fraternel très puissant) hétéroclite, composée de membres d’espèces différentes. La tolérance c’est quand même bien mieux non ? Mais ce choix a été difficile à faire non seulement pour les raisons évoquées, mais aussi parce que John se pose quelques questions.
Les doutes de Crichton
Tout au long de l’épisode on voit le beau mâle Terrien (là c’est pour contenter mes lectrices) avoir des doutes quant à la réalité de ce qui se passe. Il a du mal à croire qu’il est vraiment rentré sur Terre, il est comme incrédule. Il a l’impression de connaître tout le monde, et cela ne lui paraît pas normal. Mais magré toutes ces questions, ce qui le convainc définitivement qu’il ne rêve pas, c’est la présence de son père. Celui-ci agit de manière cohérente, comme avant que John ne soit happé par le vortex. Il est toujours du côté de son fils, le fait sortir de la cellule d’isolement dans laquelle il a été placée à son retour sur Terre et l’aide même à s’enfuir quand il prend la décision de délivrer ses amis. Mais quand John se rend compte que depuis quelques jours il vit dans un monde restreint, qu’il ne se déplace que dans des endroits qu’il connaît, et qu’il s’aperçoit qu’il se rappelle des visages de tous les gens qu’il voit, il pète les plombs. Ce n’est pas posssible, il n’est pas sur Terre ! Tout ce qui est autour de lui lui est familier, et lui apparaît exactement comme dans ses souvenirs. Il percute alors, et est définitivement persuadé que tout cela n’est qu’une supercherie (je vous l’avais bien dit en début de review que c’en était une hein...). Et ça nous amène au twist de l’épisode.
Le segment mythologique
Lors de son premier passage dans un vortex, au debut de ses aventures, John a attiré l’attention d’une espèce - les Anciens - chargée de la surveillance de ces derniers. Celle-ci cherche une planète où se réfugier, et a traqué John dans l’espoir de trouver une espèce supérieure et évoluée avec qui ils pourraient cohabiter. Les Anciens ont donc recréé la Terre à partir des souvenirs de Crichton qu’ils lui ont volé. Cela dans le but de le placer dans un contexte permettant d’observer les réactions humaines par rapport aux aliens. Ceci pour savoir s’ils seraient tués ou accueillis à bras ouverts sur Terre. En quelques minutes, tous les thèmes abordés pendant l’épisode se retrouvent concentrés en quelques paroles de l’Ancien qui s’adresse à John et trouvent une conclusion naturelle que l’on avait déjà tirée soi-même selon la vision de John : les humains sont intolérants et réagiraient de la pire des manière en exterminant les Anciens.
C’est bien mais...
J’aime beaucoup les thèmes abordés dans l’épisode, et tout ce qui se passe sur Terre est très bien traité. C’est bien construit, les divers comportements des personnages sont réalistes et le clash entre Crichton et ses amis sonne juste. Le ryhtme est bon, et les petits éléments distillés pour nous faire douter tout comme John que tout ça n’est pas réel sont assez subtils. Pour ce qui est de la deusième partie, la justification du guet-apens des Anciens tient debout sans problèmes. Mais...
Deux gros défauts pour moi dans cet épisode. Premièrement, le vortex donnant sur la Terre, c’est un peu trop gros pour y croire complètement. Deuxièmement, la dernière partie de l’épisode sur les Anciens est trop longue ! Honnêtement, je me suis bien fait chier la première fois que je l’ai vu, avec les spots qui s’amusent à faire des flashs et la musique qui endort à moitié. Il y a beaucoup trop de temps morts, et je trouve ça dommage. Mais cela n’engage que moi. Enfin, je vois un dernier défaut mais là ce n’est que ma vision personnelle : c’est pas cool de reléguer au second plan le sacrifice héroïque de Crichton qui finalement n’a servi à rien. Mais bon, en même temps, s’il perdait tout espoir de rentrer chez lui dès la première saison, ça aurait plombé la série qui serait devenu une belle supercherie (tiens, ce mot là je l’aime bien aujourd’hui).
Excellent épisode, qui traite de très belle manière des sujets importants et qui fait réfléchir sur l’intolérance dont fait parfois preuve l’espèce humaine. Sur un plan plus formel, je ne supporte pas la partie de l’épisode avec les Anciens que je trouve beaucoup trop longue. C’est là que je me dis que le format de 50 minutes de la première saison n’est pas toujours très bien maîtrisé. Mais bon, même si la fin m’ennuie quelque peu, je ne vais pas faire la fine bouche sur un épisode qui a son lot de révélations et dont la première partie est quasi parfaite.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires