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Le Dico de la LTE - Chapitre 02
Coup Double
jeudi 30 octobre 2003, par
Pour prouver aux détracteurs des amateurs des séries télé qui ne voient en nous que des illettrés, avachis sur leur canapé, abrutis par la vision à outrance des programmes tv, incapable de réciter l’alphabet correctement (si besoin était après que Mad_Dog ait apporté une preuve de la grande culture des amateurs de séries en nous parlant si bien de Pétrarques une récente review d’Alias) je vais mettre un peu d’ordre dans ce Dico en reprenant l’ordre alphabétique, et pour me faire pardonner d’avoir commencé par le C je vous livre deux mots.
La définition
Act : n/m- Segments d’un épisode. Généralement les épisodes des séries US sont divisés en 4 actes, plus un prégénerique (Teaser) et un épilogue (Tag).
D’une scène à l’autre
Il ne faut pas être sorti de polytechnique pour comprendre que le rapprochement du va se faire avec les pièces de théâtre. Ces dernières présentent à peu de chose près le même découpage narratif en actes. Chaque acte servant à exposer une partie de l’histoire (je reviendrais plus tard sur ce point). Ce rapprochement évident en cache un autre (comme un train, qui peut en cacher un autre). Si les pièces sont découpés de la sorte ce n’est pas juste pour une question de narration, mais cela vient également d’une contrainte à laquelle il a fallut répondre. Il fallait pouvoir changer les décors, les acteurs devaient pouvoir changer de costume, et il fallait permettre au public de souffler à l’entracte.
Pour faire face à ces impératifs les auteurs découpèrent leur oeuvre et trouvèrent le moyen d’exploiter cet état de fait.
Même si les premières séries pouvaient être tournées et diffusées en direct, et ainsi se rapprocher des pièces de théâtre, les studios permettaient d’avoir plusieurs décors dans un même lieu et de passer de l’un à l’autre en utilisant des plans de coupe ou des inserts en vidéo, et n’auraient donc pas eu à recourir au découpage en act (sinon les séries française auraient eu recours au même procédé).
C’est à la publicité que l’on doit tout cela. Dès son origine la télévision US voyait ses écrans occupés par les messages de leur annonceurs. Les fictions, comme le reste des programmes devaient faire de la place pour que les réclames puissent vanter les mérites de toutes sorte de produits tout aussi formidables le uns que les autres. Les scénaristes durent donc intégrer cette donnée dans leur oeuvres, découpèrent en act leurs histoires.
D’act en act : Le découpage d’un épisode
L’épisode qui va être décrit dans ce chapitre correspond bien entendu à une série de une heure (pause publicitaire comprises) et a ce qui peut de se faire de pire en la matière (pardon par avance pour le choix des exemples)
L’épisode s’ouvre par une séquence prégénérique (teaser) destinée à attirer l’attention du spectateur. Roswell s’ouvre sur Maria servant des hamburger au Crash Down nous laissant croire que cette semaine son personnage va avoir quelque chose à défendre.
Après le générique le premier acte sert d’exposition à l’intrigue de l’épisode. Les différents aspect de l’histoire nous sont présenté. John Doe appelé à la rescousse par les forces de police, après qu’elles aient découvert un crime, étale sa science comme il sait si bien le faire.
Dans le deuxième acte à lieu la première partie du développement. Les soeurs Halliwell cherchent dans le livre des ombres un moyen de vaincre le démon de la semaine et Leo va voir du côté des Fondateurs s’ils n’ont pas de infos.
Le troisième acte place les protagonistes dans une impasse d’où ils semblent ne pas pouvoir sortir. Lana est coincé avec le kryptoboy de la semaine alors que Clark est loin de là.
Enfin, parce que tout est bien qui fini bien, le quatrième acte apporte le dénouement de l’intrigue. John Doe arrête le méchant et s’aperçoit qu’il n’a rien à voir avec lui, Le “Pouvoir des Trois” élimine le méchant démon, Clark arrive à la rescousse, Max fait un truc d’extraterrestre.
Comme on ne peut pas se quitter comme ça, un épilogue (tag) vient soit détendre l’atmosphère (tout le monde au P3),apporter une morale à l’histoire (papa Kent et sa leçon de vie), donner une note d’amertume (John Doe seul face à son incommensurable savoir) ou de romantisme (Max et Liz sous la voûte étoilée). Ou par un cliffhanger, voir le chapitre 1 de ce dico (et je prouve que j’ai de la suite dans les idées)
Des exemples particuliers
Si l’oeil du téléspectateur non averti peut passer à cote de ce découpage qui ne se manifeste à l’écran sous nos latitude uniquement sous la forme d’un fondu au noir, il existe des séries qui ont joué avec ce découpage.
La plupart des production Quinn Martin des années 70’ ont souligné à l’écran le déroulement de l’épisode en indiquant le numéro de l’acte, lui donnant parfois un titre particulier, et recourant à une voix off pour accompagner le tout.
Les Mystères de l’Ouest accompagnait la fin des différent act par un arrêt sur image qui prenait une coloration sépia et venait s’insérer dans les cadres du générique.
Passons au second mot de cette chronique, pour ceux qui n’en auraient pas eu assez avec le premier.
L’autre définition
Arc : n/m - Série d’épisodes racontant une même histoire.
Pourquoi chercher des origines ?
Dans l’optique de rapprocher les séries télé de genres artistiques plus “noble” j’aurais pu dire que les arcs narratifs que l’on peut suivre sur notre petit écran trouvent leurs origines dans les romans feuilletons, les serials ou les comics, mais ce sont les séries dans leur ensemble qui découlent directement ou indirectement de ces genres littéraires et cinématographiques.
Cependant l’arc est une invention récente de la télévision.
Les séries jusqu’à l’orée des années 80’ étaient composées d’épisodes indépendant, sans lien entre eux en dehors des personnages, des décors et de l’ambiance générale. Les scénaristes semblaient appuyer sur le bouton reset à la fin de chaque épisode, et chaque nouvelle aventure démarrait comme si la précédente n’avait jamais eu lieu. John Steed et Emma Peel n’évoquent jamais leurs anciens exploits (en dehors des cybernautes), Jim Phelps et ses coéquipiers ne s’intéressent pas à ce qui a pu arriver aux méchants qu’ils ont manipulés par le passé, et en dehors de Miguelito Loveless, James West et Artemus Gordon passent de vilains en vilains sans jamais regarder en arrière.
Il faut attendre le renouveau des séries au début des années 80’ pour que les personnages (et les séries) développent leur mémoire et que les histoires explosent le cadre horaire des épisodes.
Souviens-toi de l’épisode précédent
Le Dr Welby guérissait ses patients au cours des 50 minutes qui lui étaient accordées, Kojak résolvait ses enquêtes dans le même laps de temps. Les médecins de St ElseWhere et les flics de Hill Street Blues doivent être moins performant que leurs aînées cathodiques puisque dans ces séries il n’est pas rare d’entendre parler d’un patient sur plusieurs épisodes, de sa maladie, et des répercussions qu’elle a eu sur les médecins, il faut plusieurs épisodes pour les policiers avant d’arriver à boucler une affaire, et il arrivera même qu’elle ne le soit jamais. Au delà de ces aspects professionnels, ce sont les personnages eux même qui eurent une histoire personnelle, des maux, des joies, des déceptions, le lot complet des plaisirs et souffrances humaines. Ses histoires qui courent sur plusieurs épisodes constituent des arcs narratifs qui contribueront à ancrer les séries dans un réalisme, où le temps s’écoule et à les mêmes répercussions que dans notre vie.
Des arcs à revendre
Si les arcs devinrent fréquent dans les séries suite à l’apparition des deux suscités, une poussa plus loin encore l’utilisation de ce procédé en en faisant la base même de sa structure narrative. Un Flic Dans La Mafia (WiseGuy) propose tout au long de ses 4 saisons plusieurs arcs centrés sur un des aspect du crime organisé aux USA. Commençant dans le milieu des jeux d’Atlantic City, la série au travers des missions d’infiltration de Vinnie Teranova (ou de Franck McPike) explorera successivement ceux du trafic d’armes, des milieux néo-fascismes, de la mode, du show-biz, de la mafia new yorkaise, de la politique, des milieux financiers.
Chaque arc raconte une seule et même histoire qui conduit au démantèlement du réseaux mafieux, l’arrestation ou la mise hors d’état de nuire du parrain. Entre chaque ligne narrative des épisodes de transitions viennent donner un éclairage sur les personnages et permettent au téléspectateurs de souffler avant de replonger dans une nouvelle histoire qui le tiendra en haleine pendant 6,7, 8, 9 ou 10 épisodes.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires