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Le Dico de la LTE - Chapitre 03

Chrestomathie

samedi 15 novembre 2003, par Jarod

Dans notre entreprise d’exploration du vocabulaire sériesque (et du vocabulaire tout court, puisque je me permet d’apprendre à ceux qui l’ignorait que chrestomathie n’est autre qu’un synonyme d’anthologie, vous ne serez pas venu pour rien) abordons une forme de série qui a eu son heure de gloire il y a bien longtemps.

La définition

Anthologie : n/f - Série dont chaque épisode raconte une histoire fermée, sans personnage ni décors récurent.

Mais d’où cela vient-il ?

Il ne faut pas croire que je cherche à chaque fois à donner une caution littéraire à un terme de l’univers série, mais l’anthologie avant d’être appliqué au sujet qui nous concerne, est un mot lié au monde de l’édition. D’anthologie de la poésie en anthologie du polar, en passant par anthologie de la littérature érotique, des plus belles pages de tel auteur aux grandes lettres d’amours, de nombreux volumes regroupent dans leurs pages des textes qui n’ont entre eux un rapport plus ou moins original et plus ou moins ténu (cela permet aussi à certains prétendant écrivain d’entrer dans les bibliothèques facilement, cf le Président Pompidou et son Anthologie de la Poésie Française).
S’il faut chercher à tout prix une origine aux anthologies télévisuelles c’est du côté de la radio qu’il faut se tourner. Dans les années 30’ les stations proposaient des adaptations littéraires dans des dramatiques radiophoniques en direct, dont les plus célèbres sont sans doute celle interprétés par la troupe du Mercury Theatre on the Air d’Orson Welles et en premier lieu l’adaptation de La Guerre des Mondes fit grand bruit (voir le film de Woody Allen Radio Days consacré à l’age d’or de la radio)

Un genre précurseur.

Les anthologies sont les premiers programmes de fictions produits pour la télévision. Le principe sera identique aux anthologies radiophoniques puisque ce sont des grandes marques qui devinant le potentiel que recelait le nouveau média mirent en chantier ces programmes qui regroupaient sous un titre générique, qui bien entendu reprenait le nom de la marque en question, des adaptations d’oeuvres littéraires sous la forme de dramatiques tournée en direct qui n’avaient, en dehors du titre pas de liens entre elles.

L’age d’or en trois pépites
The Twilight Zone (La Quatrième Dimension)
Les récits de cette anthologie ont pour point commun leur caractère fantastique. Ce sont les histoires de personnes ordinaires qui se retrouvent bien malgré eux plongés dans un univers décalé, une réalité altéré(un homme ordinaire se voit accorder trois souhait et finit dans la peau d’Hitler, un employé de banque,rat de bibliothèque s’enferme dans la chambre forte pour s’adonner à sa passion et en sortant découvre le monde dévasté par la bombe atomique, des cambrioleurs découvrent un appareil photo qui prends des clichés du futur et finissent par se voir mort sur l’un d’eux) la fameuse Quatrième Dimension. Le deuxième lien entre toutes ces histoires c’est leur chute, abrupte, surprenantes, déroutante (Des extraterrestres supérieur viennent soit disant pour apporter la paix aux humains jusqu’à ce que l’on découvre un livre de recette pour cuisiner les hommes, Un homme doté d’une montre magique capable d’arreter le temps se retrouve coincer au milieu d’un monde entièrement figé quand il la casse, et le petit rat de bibliothèque si heureux d’avoir tout le temps du monde pour lire tous les livres qu’il veut casse ses lunettes avant d’avoir lu une seule ligne). Dernier lien, et non des moindre, Rod Serling, le créateur, scénariste, producteur, et hôte de la série, qui présentait les épisodes aussi sobrement que Hitchcock le fera fantasquement. Anthologie d’une très grande qualité (les scénarii étant écrit aussi bien par Serling que par Richard Matheson, maître du fantastique) elle marquera l’histoire de la télévision à tel point que plusieurs remake furent produit, le premier dans les années 80’ (connu en France sous le titre de La Cinquième Dimension, parce que diffusé sur feu la 5), puis au début des années 2000, avec Forrest Whitaker en hôte (diffusé par 13° Rue, et donc baptisé la 13° Dimension).
Spielberg lui même produisit un film inspiré de la série, sous forme de sketches réalisés par Joe Dante, Georges Miller, John Landis et lui-même.

Alfred Hitchcock Presents (Alfred Hitchcock présente)
Sous le haut patronage de Sir Alfred Hitchcock cette anthologie est une suite de récit policier à suspense adaptés de nouvelles dont le réalisateur de Psychose et de La mort au trousse était très friand, et grand connaisseur. Adoptant le même principe que The Twilight Zone (en réalité Alfred Hitchcock Present est antérieure à l’anthologie de Serling et c’est donc cette dernière qui reprendra le procédé) de la chute brutale et surprenante, cette série est marquée également par l’empreinte de son hôte. Si Hichcock est moins omniprésent sur la série que ne le sera Serling (il ne réalise que 17 épisodes sur les 268 que compte la première série, et ne signe aucun scénario) ces apparitions en début et fin d’épisodes marquent fortement les esprits par leur humour noir, les situations décalés dans lesquelles il est mis en scène (en épouvantail puisqu’après avoir fait peur aux hommes il doit être capable de faire peur aux oiseaux, jouant de la batterie avec des os, expliquant l’origine de la cornemuse...) et par les textes introductif et les morales, souvent totalement immorales qu’il délivre à la fin de l’épisode. De grand noms du genre policier écriront les scénarii de la série (Ed Mc Bain notamment) et des réalisateurs débutant s’y feront la main (Altmann, Friedkin, Pollack...)
Comme The Twillight Zone, Alfred Hitchcock Presents aura une suite <i<The Alfred Hitchock Hour (Suspicion) et un remake dans les années 80’ sous le titre original.

The Outer Limits (Au-delà du réel)
Dernière des anthologies marquantes des années 60’, The Outer Limits n’a pas l’ambition de ses deux aînées, mais possède toutefois des qualités propres. Si The Twilight Zone est orienté vers le fantastique, Alfred Hitchock Presents vers le suspense, celle ci est franchement une anthologie de SF.
Ici les situations sont clairement outrancières. Des extraterrestres débarquants régulièrement sur Terre (des spores empoisonnés venus des confins de la galaxie menacent la Terre, des astronautes sont capturés par des extraterrestres qui les torturent) des savant plus ou moins fou mettent au point des inventions franchement déplaisantes dans leur résultats (machine pour transférer les esprits d’un corps à l’autre, pour accélérer l’évolution de l’humain).
Marqué par le monstre de la semaine que les patrons de la chaîne imposèrent aux producteurs, les histoires de The Outer Limits n’ont pas la portée de celles de The Twilight Zone. En dépit des bonnes intentions des scénaristes et des créateurs elle ne comptera que deux saisons.
Heureusement les classiques de la télé peuvent revivre et un remake sera produit dans les années 90’, diffusé en France sous le titre Au-delà du réel, l’aventure continue.

Les nouvelles anthologies.

Le genre tomba en désuétude avec l’arrivée des série “à héros” plus susceptible de fidéliser le public. En dehors des remakes sus cités, et de quelques production marginales (Les contes de la crypte entre autre) le genre à déserté complètement les écrans. Cependant des séries apparu dans les années 90’ peuvent être considérées comme des anthologie moderne. Ces séries si elle possèdent des héros récurent proposent des histoires se déroulant à chaque épisode dans des décors différents, dont le ton peut varier radicalement de l’un à l’autre.
The X Files en premier lieu, et son premier titre français, Aux Frontières du Réel, ne peut que renforcer cette idée, est une nouvelle anthologie de SF (du moins avant que la mythologie confuse ne se mette vraiment en place et parasite l’ensemble de la série) où l’on rencontre au gré des épisodes des histoires de paranormal, d’extraterrestres, de dérives technologiques, de mutants, thèmes qui firent les beaux jours de The Outer Limits.
Quantum Leap (Code Quantum) est dans son genre une anthologie historique, Sam explorant 50 ans d’histoire américaine, dans des aventures tantôt grave, tantôt légère, abordant les genres policiers, fantastiques, comique, de la comédie musicale.
Sliders est une cousine éloignée de The Twilight Zone, la bande de glisseur devant découvrir à chaque aventure un monde légèrement différent de celui qu’ils connaissaient, et si l’on réfute cette filiation il n’en reste pas moins que c’est une anthologie sociologique qui explore les divers aspect de la société américaine, et plus largement occidentale.

Rendons à César...

Je ne voudrais pas vous faire croire que j’ai la science sériesque infuse, la majorité des infos relatives aux trois grandes anthologie des années 50’ 60’ décrites dans cette chronique sont tirées de l’ouvrage Les grandes séries américaines, des origines à 1970, par Alain Carrazé et Christophe Petit (Huitième Art, 1994).