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2.20 - Humbug

Siamois qu’tu parles ?!

Faux-Frères Siamois

lundi 5 janvier 2004, par Innuendo

Pré-générique
Gibsonton, Floride
(extérieur nuit)



Deux jeune garçons chamaillent dans une piscine... un être à la peau desséchée, quasiment formée d’écailles, les observe tapi dans l’obscurité. Il plonge ensuite discrètement dans la piscine et surprend les 2 enfants. Ceux-ci ne sont pas le moins du monde effrayés... et pour cause : il s’agit de leur père !
Mais alors qu’ils partent finalement se coucher et que leur père reste un moment à barboter, une nouvelle créature rôde. Celle-ci attaque alors véritablement le père de famille. Alors que l’on entend ses cris d’agonies, la caméra s’attarde sur son van devant sa maison qui arbore le dessin de foire : The Alligator Man...


Cet épisode marque une date importante dans l’histoire des Affaires Non-Classées puisqu’il s’agit du tout premier spécimen d’un nouveau type d’épisode au sein de The X-Files. La série se départageait déjà clairement entre épisodes mythologiques et loners. Le premier scénario de Darin Morgan pour la série crée à mon sens une véritable sous-catégorie de loners : les loners décalés. Distinction d’autant plus importante qu’au fur et à mesure de l’avancé de la série, la plupart des bon loners des dernières saison ne seront plus que de ce nouveau type (là aussi ce n’est que mon humble avis et vous n’êtes pas obligé de le partager !).
Après lui, des épisodes aussi réussis que Le Seigneur du Magma, La Guerre des Coprophages, Prométhée Post-Moderne, Triangle ou encore Hollywood, pour n’en citer que quelques un, exploiteront avec bonheur cet inventif fillon.


Mais qu’à donc cet épisode de si nouveau ? Tout en restant un digne épisode The X-Files (enquête mystérieuse, ambiance d’épouvante, etc...), le scénario joue avec les codes mêmes de la série. L’humour ne vient plus des seuls mulderismes mais du décalage entre le concept de la série et la nature de l’enquête (ses protagonistes, son lieu, son déroulement). Le pré-générique donne d’ailleurs parfaitement le « la » : alors que la plupart des téléspectateurs pouvaient s’attendre à ce que les enfants soient dévorés par la créature, il s’agit en fait de leur père ! Non content de jouer avec les attentes du public (déjà en passe de devenir des clichés à ce stade de la série), la distance introduite par Darin Morgan vis à vis des préjugés des téléspectateurs n’a rien de gratuit puisque que le sujet même de l’épisode concerne les apparences trompeuses, via le monde des « monstres de foire ».


En effet, l’enquête mène Mulder et Scully à enquêter au sein d’une petite ville où les artistes du cirque Barnum avait pris l’habitude de séjourner durant l’hiver, la morte saison. On y trouve en vrac : un curé sans bras, une femme à barbe, un ancien enfant chien devenu Shérif depuis sa calvitie, L’Enigme (un homme capable d’ingérer n’importe quoi : poisson vivant, chiens vivant, clous, etc...) ou même le Dr Cabochard (un spécialiste de la performance physique, qui va jusqu’à s’enfoncer des clous dans le nez ou manger des ampoules !).
La victime faisait elle aussi partie de cette communauté puisque prestidigitateur et Homme Alligator.


Nos 2 agents spéciaux soupçonneront successivement L’Enigme et le Dr Cabochard alors que dans le même temps le tueur fera 2 autres victimes : un fabricant de masques d’horreur (ou plutôt de « sculptures » comme il préfère les appeler) puis le gérant du camping des forains (interprété par Michael Anderson, le Man from another place de Twin Peaks et plus récemment Carnivale).


Après ce dernier meurtre, le groom du camping, Lenny (interprété par Vincente Schiavelli) ira s’écrouler en cellule de dégrisement au commissariat. Scully l’y découvre ensanglanté, avec une cicatrice à l’abdomen... où devrait normalement se trouver son frère-siamois réduit, Léonard ! En fait Léonard à la capacité de se détacher de son frère. Plus incroyable encore, le tueur ne serait autre que Léonard, qui chercherait un nouveau frère mais ne serait pas du mal qu’il ferait au gens en leur perforant l’abdomen. (au passage, bravo au titre vf de l’épisode qui gâche le suspense...)
Après une poursuite finale dans les obligatoires maison fantôme et labyrinthes de glace, le pauvre Leonard a la mauvais idée de s’attaquer à L’Enigme... Mulder et Scully retrouve ensuite ce dernier en plein sieste digestive...
Lenny mourra lui dans la nuit... à cause de sa cirrhose du foie !


On aura noté au gré de l’épisode des idées aussi iconoclastes que poétiques, telle ces sauteurs de trampoline qui semble voler pour une Scully au réveil, puis un échange de regard entre un Leonard au peignoir laissant entrevoir son frère face à une Dana au peignoir laissant entrevoir sa poitrine !


Dialogue final
Scully :  »Je n’ai jamais vu ce genre de cas.
Dr Cabochard : Et bien ne comptez-pas en revoir d’autre : la génétique du XXIe siècle ne veillera pas seulement à prévenir tous les cas de frères siamois ou de gens couverts d’écailles, on va bientôt avoir du mal à trouver le moindre bec de lièvre... ou même des pommettes un peu trop saillantes ! J’ai eu des visions de l’avenir : à l’avenir on sera tous comme lui ! (désignant du doigt un Mulder qui « prend la pose ») Vous vous imaginez une vie entière avec un physique aussi insipide ?! C’est pourquoi il revient à des monstres volontaires en mon genre ou celui de L’Enigme de rafraîchir les mémoires.
Scully : Que voulez-vous faire savoir ?
Dr Cabochard : Que la nature abhorre la normalité... elle ne reste jamais longtemps sans inventer un mutant. Ça tient à quoi ?
Scully : Je ne sais pas...
Dr Cabochard : Je l’ignore aussi, c’est un mystère. Parfois les mystères sont fait pour ne pas être résolus.
(...)
Mulder : Votre ami n’est pas bien (parlant de L’Enigme) (...)
L’Enigme : ça doit être quelque chose que j’ai mangé ! »


Un épisode qui réussit, malgré son originalité, à ne pas sacrifier la terreur et le suspense. Un humour jouissif et une poésie salvatrice... un classique !