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2.07 - Misbegotten
The Johnny Smith Project
dimanche 7 mars 2004, par
Johnny a trois filles pour lui tout seul. Le petit veinard...
Il n’est jamais facile après un épisode mythologique aussi réussi que le précédent de proposer un loner qui tient intéresse le téléspectateur et le tient en haleine. Pour y parvenir, celui que je critique maintenant met en place l’enlèvement de Johnny par trois jeunes femmes qui tournent un documentaire dans une maison fermière (oui bon ça va, je ne sais pas trop comment traduire le mot farmhouse) où un crime atroce a été commis 20 ans auparavant. Les trois acolytes se sont réunies sur un salon de discussion sur le net mais n’ont pas du tout les mêmes motivations pour participer à cette "aventure".
L’amoureuse de service
Penny Barton est une brave femme qui ne ferait pas de mal à une mouche mais qui est un peu fofolle sur les bords. Elle est en admiration totale devant Johnny et s’imagine qu’elle le connaît et qu’il y a quelque chose entre eux. Elle va même jusqu’à se faire inviter chez Johnny en solo avant le coup prévu avec ses compagnonnes, foutant en l’air de la même manière leur plan à l’eau, puisque Johnny avait fait appel au bureau de Walt pour la faire sortir de chez lui. C’est là qu’un petit truc me gêne : comment Johnny a pu faire pour ne pas voir l’enlèvement ? Réponse de moi-même : tout simplement parce qu’il ne l’a pas touchée, il s’est simplement rendu compte lui-même qu’elle n’était pas très équilibrée et que son admiration très déplacée pour lui était un peu flippante. Le fait que Johnny décide ensuite de faire installer un système de sécurité performant dans sa maison suggère même qu’elle s’est invitée toute seule, mettant Johnny en position de défense ; c’est d’ailleurs pour ça qu’il sursaute quand il la voit prendre un couteau dans sa cuisine car il ne sait vraiment pas à quoi s’attendre.
Bref, c’est l’archétype de la groupie qui se croit amoureuse de son idole et qui rêve d’avoir un enfant de lui sans se rendre compte qu’elle disjoncte complètement et qu’elle fout les boules plutôt qu’elle séduit. C’est intéressant de traiter cette conséquence des dons de Johnny, surtout que les dérives ne s’arrêtent pas là. Les scénaristes profitent de l’occasion pour montrer les coulisses de la Fondation de Johnny avec Purdy comme guide. On voit que des milliers de lettres sont stockées, ainsi que des objets que des gens envoient pour que Johnny les touche ; et des personnes sont chargées de filtrer tout cela. Johnny est un grand homme, non seulement il aide les gens en les sauvant ou en réglant leurs problèmes, mais en plus il crée des emplois pour les gens dans le besoin. C’est peut-être ironique mais ce n’est pas tout à fait faux, toute une industrie est en route derrière pour assurer la protection de sa vie privée, ce qui confirme une fois de plus s’il en était encore besoin que quoiqu’il veuille Johnny est à part et le sera toujours. Pas possible d’avoir une vie normale, il est une célébrité bien malgré lui.
La passionnée de cinéma
Maddy. De Los Angeles. C’est là d’où elle vient, pas son nom de famille. Et si je raconte des bêtises c’est pour meubler un peu, donner l’impression que mes parties sont équilibrées et par conséquent que ma review est vachement bien construite, un peu comme d’habitude quoi. Brèfle, Maddy est une passionnée de la caméra, qui fustige sans cesse le Projet Blair Witch, parce que c’est à ses yeux un film commercial scripté et sans intérêt, alors que ce qu’elle fait avec Johnny est un VRAI reportage, pas un simulacre censé faire peur (enfin moi la première fois ça m’a bien angoissé quand même, tout seul dans le noir dans ma chambre). Elle n’est pas aussi bien développée que ses deux partenaires mais ce projet lui tient vraiment à coeur et elle est très heureuse que Purdy décide de passer sur la chaîne de la Fondation le montage qu’elle s’est cassé le cul à faire.
J’en profite donc pour changer de direction et m’intéresser un peu à Purdy, qui une fois de plus n’est pas très net dans cette histoire. D’un côté il fait tout pour retrouver Johnny et met ses moyens à la disposition de la police (enfin surtout de Dana et Sara, mais j’y reviendrais), mais de l’autre il voit aussi le côté financier ; et quand Mike Kennedy lui dit que diffuser le reportage de ses ravisseuses ne ferait que le plus grand bien à leurs économies, il le fait... Le visage qu’il compose à l’annonce de ce point de vue laisse toutefois penser qu’il était dans l’embarras et qu’il a hésité avant d’accepter la proposition, tout comme sa présentation mal assurée lors de la diffusion. Si on ne le savait pas déjà, le Révérend est un homme très complexe, partagé entre ses sentiments envers Johnny, ses obligations financières et ses devoirs d’homme d’Eglise. Pas facile facile tout ça.
La clé de l’histoire
Anita est la meneuse, c’est elle qui a décidé de monter ce projet. Elle s’intéresse de près à cette histoire de meurtre de toute une famille il y a 20 ans, dans la maison de campagne (ah oui tiens c’est mieux que maison fermière ça, sauf qu’on a plus l’impression qu’elle est à la lisière d’une forêt mais bon). Le but n’est pas d’enlever Johnny pour avoir une rançon mais pour comprendre ce qui s’est passé grâce à ses visions. Pour qui pour quoi ça on ne sait pas, mais seulement au début parce qu’à la fin on le saura. Un peu logique en même temps. Oui parce qu’Anita n’est autre que Nicolas, le jeune garçon qui a massacré sa famille 20 ans auparavant, parce qu’il ne pouvait pas gérer ses sentiments et ses émotions. Après cela il est devenu quelqu’un d’autre, qu’il aurait dû être, c’est-à-dire une femme. Mais c’est en fait une personnalité qui s’est développée indépendamment de celle de Nicolas. Nicolas a tout refoulé au fond de soi, et Anita est la partie de son moi qui cherche à comprendre, à ne pas se voiler la face. Et lorsqu’Anita comprend que c’est Nicolas qui a tué ses parents, cela crée un tumulte intérieur assez violent. Lorsqu’il ou elle est à terre effondré à la fin de l’épisode, après avoir tenté de tuer Johnny à la faucille (il manquait le marteau), on a du mal à ne pas avoir pitié de lui/d’elle.
Hein quoi ? Non, dans cette partie il n’y a pas de rapport avec la Fondation comme dans les deux autres. Ca vous gêne ? Pas moi.
FIN
Erf non, il y a encore des choses à dire. Notamment sur l’ambiance.
Un huis-clos bancal
Beh oui, c’est quand même pas vraiment oppressant. Pourtant, toutes les conditions sont mises en place, avec enlèvement, position très inconfortable de Johnny emprisonné et non libre de ses mouvements, histoire de tueur à la saucisse et au marteau, première vision flippante, photographie sombre dans une petite cave pour mettre la pression... Mais ça ne prend pas plus que ça, à part peut-être la fin de l’épisode quand Johnny cherche Anita/Nicolas. Là, c’est bien angoissant, même si on connaît les tenants et les aboutissants de l’histoire et que l’on sait que fatalement notre héros s’en tirera sans grand dommage (sans égratignures même). Il y a en tout cas bon nombre de références au Projet Blair Witch, notamment lorsque Penny demande à Maddy si elle pourrait arrêter de filmer dans un moment pareil. Si vous avez vu TBWP, vous comprenez la référence, sinon tant pis. Mais si on a vraiment du mal à être angoissé, c’est parce que l’épisode table aussi sur le léger avec un duo inédit.
Le combat des poules
Oui, c’est péjoratif, et alors ? Bref, Johnny n’a pas que trois femmes à ses trousses dans cet épisode, mais 5 : Sara et Dana sont de la partie. C’est doublement original car c’est la première fois qu’elles sont ensemble aussi longtemps - et du coup la première fois que leurs interactions sont autrement intéressantes que de se balancer des vacheries - , et parce que ce sont elles qui mènent l’enquête à l’extérieur plutôt que Johnny ou Walt. Et c’est intéressant dans le contexte : Dana est en pleine relation avec Johnny et est légèrement jalouse de Sara. Parce que Johnny, un peu dépassé par les évènements, a couché avec Sara à la fin de la saison 1 et ne sait plus trop où il en est et ne s’investit pas du mieux qu’il le pourrait. Et la belle Dana le sent. Mener l’enquête côte à côte pour retrouver Johnny les mène à la Fondation, où elles découvrent que des milliers de lettres sont adressées à Johnny. Devant les élucubrations de toutes les admiratrices qui pensent le connaître (à noter un détail sympa, l’une d’elles pense que Johnny est un envoyé de Dieu et qu’il annonce la fin du monde à venir), elles se rapprochent en évoquant des petits détails qui font le charme du medium, qu’elles ont toutes les deux connues dans l’intimité. De ce fait, elles se rapprochent un peu, et Johnny en sera le premier surpris à la fin de l’épisode.
C’est la partie du script qui fait sourire, mais du coup ça désamorce un peu (voire même beaucoup la plupart du temps) l’ambiance distillée dans la maison abandonnée. C’est dommage. Maintenant, pour terminer la review, il faut éteindre votre écran, comme Johnny éteint la caméra qui tourne pour clôturer l’épisode.
Huuuuum. Bah en fait, c’est quand même plutôt bien foutu ; il y a quelques petits défauts mais les bons points de l’épisode l’emportent quand même largement, même s’il est vrai que l’épisode y aurait gagné avec une ambiance plus oppressante encore pour la storyline de Johnny.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires