LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Dead Zone > Saison 2 > Conspiration

2.08 - Cabin Pressure

Conspiration

lundi 8 mars 2004, par Sygbab

Johnny se retrouve co-pilote d’un avion.

Les huis clos de déroulant dans un avion, ça reste quelque chose d’assez classique. Mais la situation est intéressante dans Dead Zone puisqu’elle place Johnny au centre de l’épisode. Même si Johnny est une personne altruiste qui aide les autres grâce à ses visions et ce malgré le fait qu’elles lui rendent la vie difficile, il doit avant tout se sauver lui-même. Le gros désavantage par contre, c’est que l’on se doute bien que l’avion ne s’écrasera pas et que Johnny va réussir à changer les choses. Comme dans tous les épisodes d’ailleurs ; c’est pour cela que la série demande une écriture intelligente pour ne pas sans cesse se répéter et se sortir de la prévisibilité constante des épisodes en ce qui concerne leur dénouement.

De même, comme quasiment à chaque fois, il va se heurter à l’incompréhension de ses interlocuteurs et va devoir les convaincre. Et dans un avion, son champ d’action est beaucoup plus limité et il est difficile de faire valoir sa parole, surtout quand on affirme avec certitude que l’avion va se crasher en se basant sur des visions et que les appareils de contrôle de l’avion n’indiquent rien d’anormal. Heureusement, il a à ses côtés le révérend Purdy qui tente de faire valoir son influence (pour une fois, il n’y a aucun doute sur ses intentions) ; mais malgré tout cela ne suffit pas. Cela aurait été trop facile et il convient de garder une certaine crédibilité dans les réactions du capitaine qui n’en croit pas ses yeux, et qui refuse logiquement d’envisager la possibilité que l’avion ait un problème technique. Il faut donc que Johnny s’y prenne autrement pour se faire entendre. Il se rabat donc sur la femme marshall - qui se nomme Kelly Park - qui se trouve à bord, et joue sur ses sentiments pour qu’elle agisse en sa faveur. Il apprend en effet par quelques visions (qui nous sont invisibles) que sa soeur l’avait appelée le jour de sa mort et que Kelly ne l’avait jamais rappelée, s’en blâmant toute sa vie. Mais l’effet est plutôt contraire puisqu’elle finit par le menoter, plus parce que cela lui fait mal de se souvenir de cela que par une réelle conviction que Johnny a tort.

Sa présence sur le vol est tout de même de la bonne fortune, mais cela est bien intégré au script. C’est là qu’une fois de plus Purdy se révèle utile. Outre son influence, sa deuxième fonction est d’introduire la notion de religion dans l’épisode, et tout ce qui va avec à savoir la Destinée de Johnny. Purdy pense sincèrement que le don de son protégé est divin, qu’il a une mission. De ce fait, la présence de Johnny dans l’avion est pour lui la volonté de Dieu, au même titre que celle de Kelly Park (elle porte d’ailleurs un médaillon de Saint Christophe, patron des voyageurs, ce que Purdy interprète comme un signe). On peut alors se poser la question suivante : mais pourquoi Johnny n’a pas eu de visions avant de monter dans l’avion ? Le scénariste n’oublie pas non plus de la poser par la bouche de Purdy, ce qui montre qu’il reste lucide sur les limites du pitch de l’épisode (comme le fait que les appareils de contrôle n’indiquent aucun problème en est une aussi). Mais dans ce cas, il n’y aurait pas eu cet épisode.

Mais pourquoi existe-t’il d’ailleurs ? En quoi apporte-t’il quelque chose ? Eh bien c’est pour émettre la possibilité que Johnny puisse se tromper même avec ses visions, mais de façon assez subtile car ses visions ne sont pas intrinsèquement fausses : c’est leur interprétation qui peut donner lieu à des erreurs ; même si Purdy se demande un moment si des conditions extérieures peuvent influer sur le comportement de son don. C’est ainsi que Johnny se rend compte que si les deux pilotes font la même manoeuvre amenant au crash de l’appareil, ce n’est pas parce qu’il y a une conspiration mais parce qu’ils tentaient (enfin tenteront puisque ses visions se situent dans le futur) de sauver l’avion. C’est une question qui a le mérite d’être posée, surtout que les enjeux sont ici très importants. Il en va de la vie des passagers, il n’a donc pas le droit de commettre d’erreurs.

Du côté de l’humour, qui est une des caractéristiques du personnage principal et qui fait partie intégrante de la série, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent ; juste un petit clin d’oeil à la fin lorsque Johnny s’adresse à un passager qui a dormi pendant toute la durée du trajet en lui disant que c’était un sacré vol.

Le must de l’épisode reste quand même les impressionnantes visions de l’avion qui se désagrège ou encore celle ou Johnny se retrouve sur une des ailes pour constater qu’un filet de glace commence à s’y former. On a aussi droit à la classique, celle où Johnny se balade parmi les gens figés sur place. C’est la marque de fabrique de la série, et c’est toujours aussi classieux. De toute façon, les visions de Johnny sont généralement très bien mises en scène et techniquement impeccable ; c’est plutôt rare de prendre la série en défaut à ce sujet.

Par contre, à aucun moment il n’y a une tension palpable, ce qui dans un huis clos reste assez dommage. Du même coup, il n’y a pas vraiment de rythme et ça reste assez planplan dans le déroulement, sans surprise. Deux autres défauts : la jeune femme apeurée qui va se marier ne sert à rien à part dire que Johnny a des donc psychiques formidables et pleurnicher, et c’est un peu gros que le capitaine reçoive des ordres directs pour écouter ce que Johnny a à dire.


Un épisode qui ne casse pas des briques et qui vaut surtout pour la question qu’il pose à propos du don de Johnny. 6/10