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2.12 - Zion

J’ai enfin vu l’ange

dimanche 21 mars 2004, par Sygbab

Dead Zone nous offre un épisode dont le personnage central est... Bruce.

Bruce vient de perdre son père, il est en train de faire son éloge funèbre à l’église. Voilà un début d’épisode qui ne fait pas de chichis et ne tarde pas vraiment à rentrer dans le vif du sujet. Ceci pour une raison bien précise : dans les circonstances particulières de l’enterrement, Johnny se rend compte qu’il ne connaît pas vraiment Bruce, en fin de compte ; et c’est un peu la voix du téléspectateur car le moins que l’on puisse dire c’est que l’on ne sait rien de son passé. En ça, nous allons être largement servis, car l’épisode s’évertue à décortiquer la relation entre Bruce et son père par le biais d’une vision au fonctionnement pour le moins bizarre. Jugez plutôt : Johnny prend Bruce par l’épaule pendant que celui-ci touche son père, et cela semble activer sa zone morte. Cette petite astuce permettant de faire revivre le père de Bruce pendant l’épisode est très ingénieuse, je ne chercherais donc pas à savoir si cela est cohérent ou si c’est du nawak ; l’important est que ça soit crédible.

Tel père tel fils

La première chose qu’il voit est le jour de son départ de la maison familiale en colère contre son père, moment marquant qui est le tournant de sa vie. Son père aurait voulu faire de lui un pasteur qui prendrait sa succession puisqu’il a toujours prêché depuis qu’il est petit, mais Bruce lui en voulait d’avoir gâché son enfance et de s’être servi de lui, le dégoûtant à un tel point qu’il en avait perdu la foi et ne croyait plus en Dieu. Ce n’est pas un hasard que sa vision mette cet événement en avant car Bruce va ensuite se retrouver dans une réalité alternée dans laquelle il n’est jamais parti de chez lui. Ce qui est étonnant c’est que dans toutes ses visions, Johnny est toujours un spectateur, ici Bruce en est un acteur à part entière, il influe sur le cours des choses. Il est tout de même dépaysé car il ne comprend pas trop ce qui lui arrive, et il doit en plus faire le semon du jour sur « les malentendus qui nous divisent ». Un sujet parfaitement dans le ton et qu’il aborde avec merveille étant donné l’expérience qu’il est en train de vivre.

Le plus intéressant, dans cette histoire, c’est que le père de Bruce se rend compte que quelque chose n’est pas normal, que ce soit au niveau de l’attitude de son fils mais aussi parce qu’il y a un je-ne-sais-quoi dans l’air qui l’alerte. C’est presque comme s’il sentait au fond de lui qu’il n’est pas vraiment réel, qu’il est déjà mort. Mais cela donne une chance inouïe à Bruce de s’expliquer avec lui pour mettre certaines choses au clair. C’est une deuxième chance qu’il ne rate pas, se rendant compte qu’il aurait pu le faire depuis des années en faisant simplement un pas vers son père qui n’attendait que ça. Mais bien évidemment, il attendait la même chose de son côté. Les problèmes de communication entre père et fils sont montrés de très belle manière dans cet épisode, avec ce mélange de fierté et d’amour qui rend difficile l’expression de ses sentiments, qui empêche de dire ce que l’on pense sincèrement.

Dans la dernière scène de sa vision, Bruce est de retour avec son père à l’église. Ce dernier lui dit que si le moment le plus marquant de sa vie est le jour où son fils l’a quitté et la famille avec, il est aussi heureux qu’il l’ait fait car il a trouvé son chemin : aider Johnny. Il y voit un signe du destin, et Bruce y pense sans doute sûrement aussi en tirant les enseignements de cette vision : Dieu y est peut-être pour quelque chose, finalement. Ceci nous amène à la relation traitée en filigrane tout au long des 42 minutes : l’amitié qui lie Bruce et Johnny.

Johnny, psychic or psycho ?

La première chose que Bruce fait dans cette réalité alternée (heureusement que connaissant Johnny il commence à avoir l’habitude des phénomènes paranormaux, cela lui permet de rester lucide), c’est de d’essayer de contacter son ami par tous les moyens. Son sermon à l’église est d’ailleurs très drôle car il tire partie de la situation à merveille disant qu’il a enfin vu l’ange (il sa base sur le discours qu’il tenait étant petit) et qu’il s’appelle John, et exhorte la foule des fidèles à crier son nom, dans l’espoir que ce dernier entende. Bien entendu, cela ne marche pas. La deuxième solution est de lui téléphoner, mais comme son fixe n’est pas attribué et que son portable ne répond pas il décide d’aller dans le Maine.

Cela va être l’occasion de découvrir ce que serait Johnny s’il n’avait pas eu Bruce pour l’aider à la sortie de son coma, et pour cela il n’y a pas mieux que de placer tout cela dans le contexte de la campagne électorale de Stillson pour le Congrès, comme ça on rappelle que le politicien véreux n’est pas mort et puis c’est toujours sympa de se servir de la trame principale d’une série de façon détournée, en vue d’autres objectifs. De ce fait, on voit un Johnny que ses visions ont rendu complètement psychopathe. Il y a de quoi s’inquiéter quand Bruce lit des notes qu’il a laissées sur un carnet et où il se demande s’il tuerait Hitler s’il pouvait remonter dans le temps. Mais plus inquiétant encore c’est le fait qu’il veuille tuer Stillson lors d’un de ses discours. Finalement, c’est lui qui se fera tuer, et rien ne pourra dans cette réalité empêcher l’Apocalypse d’avoir lieu. C’est un premier questionnement important sur la folie vers laquelle Johnny serait entraîné s’il se laissait omnibuler par ses visions de l’Apocalypse.

Bruce prend donc conscience que son devoir est de rester auprès de son ami, car c’est grâce à son soutien que son ami tient le coup. Il a un rôle à jouer auprès de Johnny et il ne le laissera pas tomber.


Développement impeccable de Bruce qui porte l’épisode sur ses épaules sans problème. Sans compter que les visions sont remarquablement mises en scène. Du très bon.