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7.16 - Storyteller
Il était une fois, une Tueuse de Vampires...
Sous Influence
samedi 28 février 2004, par
Et hop ! Non seulement Storyteller marque la fin du creux de la mi-saison, mais en plus c’est la troisième perle de cette septième saison, avec Selfless et Conversations with dead people. Pourquoi ? La réponse est simple : Andrew !
Cet épisode est spécial à plusieurs niveaux : déjà il est centré sur Andrew, donc ça veut dire qu’il est très drôle, et en plus il est très original dans sa forme : Andrew nous raconte l’histoire de la Tueuse vue à travers sa caméra numérique, afin de laisser une trace de la mission de la Tueuse aux générations futures, s’il y en a.
C’est l’occasion de passer en revue tous les personnages, de faire une mise en abyme de la série et de développer amplement le personnage d’Andrew, qui était jusque là utilisé simplement comme ressort comique.
Comme tout très bon épisode, Storyteller n’est pas uniquement comique, il est également dramatique, notamment dans la fin, très réussie et émouvante. Comme dans tout très bon épisode de Buffy, il est aussi complètement intégré dans la saison, et indispensable dans son déroulement.
On a donc un épisode mythologique drôle et dramatique, avec de l’action et dont le procédé est parmi les plus originaux de la série.
L’épisode commence sur Andrew, confortablement assis dans une pièce chaude et agréable, dans une ambiance très XVIIIè siècle, en train de lire un gros roman tout en se délectant de musique classique. Il se présente au téléspectateur et annonce qu’il va raconter une histoire, celle de « Buffy, la Grande Tueuse de vampires »
Tout au long de l’épisode, caméra à la main, il prend les personnages du Scooby gang et les décrit, avec humour, caricature et souvent justesse : Buffy, ses discours rébarbatifs et son histoire largement caricaturée avec Spike ; Willow et sa relation avec Kennedy ; les origines, très simplifiées, de Dawn ; Alex et son utilité épatante dans le Scooby gang ; et enfin Anya, qu’il décrit avec justesse comme une laissée pour compte drôle, piquante et à la personnalité complexe, mais qui au fond a un cœur d’or.
Alex et Anya sont d’ailleurs les seuls qui acceptent de se livrer au jeu de l’interview. Cet entretien leur permet d’avoir une conversation émouvante et bien jouée dans laquelle ils s’avouent qu’ils s’aiment encore. Ils finissent par refaire l’amour sur le lit de Spike, et ce « bonus » leur permet de comprendre que tout est bel et bien terminé entre eux.
Après cette galerie de portraits tous plus comiques les uns que les autres, bien réalisés et qui donnent une mise en abyme de la série très « 2nd degré », Andrew en vient naturellement à se présenter lui-même, flashbacks modifiés à l’appui. Il donne ainsi au spectateur la vision qu’il aimerait avoir de lui-même : un homme charismatique, puissant et respecté. Il refait ainsi certains moments de la série, comme son face à face avec DarkWillow, dans lequel cette fois il tient tête à la sorcière furieuse, qui finit par s’incliner devant sa puissance !
Mais la réalité rattrape la fiction qu’Andrew tourne et dans lequel il se donne le beau rôle.
En effet, au lycée règne le chao le plus total : le sceau de Danzalthar situé sur la Bouche de l’Enfer exerce une influence très négative sur les élèves. En à peine 5 minutes, une élève devient invisible (référence à Invisible girl de la première saison), un garçon stressé explose littéralement et les bagarres se multiplient. La situation devient ingérable et Buffy et Wood concluent qu’il faut absolument désactiver le sceau. Pour cela ils demandent des comptes à celui qui l’a mis en activité : Andrew.
Le jeune homme se lance alors dans une histoire qui remonte à l’été 2002, quand il avait fui au Mexique avec Jonathan et que la Force lui était apparue sous l’apparence de Warren. Il leur raconte que la Force l’a poussé à trouver un poignard particulier et l’a manipulé pour s’en servir contre Jonathan dans Conversations with dead people.
Grâce à ce couteau, retrouvé dans la cuisine des Summers, Willow se met aux recherches et trouve un moyen de désactiver le sceau. Buffy y amène donc Andrew, Wood et Spike, les deux derniers se chargeant de couvrir leurs arrières.
Arrivés au lycée, certains élèves, sous l’influence de la Bouche de l’Enfer, les attaquent mais Buffy et Andrew réussissent à accéder au sceau, interrompant une cérémonie de création de Bringers. Buffy les combat et se tourne alors vers Andrew : le seul moyen de désactiver le sceau est le sang de celui qui l’a ouvert, donc l’heure de la mort est venue pour Andrew. Terrorisé, il supplie Buffy de ne pas le tuer mais celle-ci est inflexible. Devant la mort, il regarde enfin la vérité en face : il a tué son meilleur ami et savait que ce n’était pas Warren qui lui demandait de le faire. Pendant ces révélations, il se met à pleurer et ses larmes coulent sur le sceau, qui se désactive. Il n’avait donc pas besoin de sang mais de larmes. Une fois éteint, Buffy le relâche et lui révèle qu’elle n’a jamais eu l’intention de le tuer.
Parallèlement, Spike et Wood se font à nouveau attaquer par des lycéens, et Wood profite de l’occasion pour essayer de tuer Spike, mais un élève l’empêchera de s’exécuter.
De retour à la maison, Andrew conclue son documentaire : il a tué son meilleur ami. Une chose horrible se prépare et il se peut qu’il n’y survive pas, d’ailleurs c’est peut être tout ce qu’il mérite.
Les moments hilarants ne se comptent pas dans cet épisode : que ce soit dans la présentation des personnages où dans certaines répliquent qui tuent, j’étais clairement mort de rire. Les moments qui m’ont le plus fait rire sont la réplique d’Anya dans le teaser et le vent monumental que se prend Amanda dans la cuisine. Il y en a d’autres : Spike qui fait semblant d’être énervé par la caméra d’Andrew avant que celui-ci lui demande de refaire la scène, Andrew qui se casse pendant les discours de Buffy parce qu’ils « ont tendance à s’éterniser »...
Jane Espenson prouve donc encore son talent pour l’écriture comique car la première moitié de l’épisode n’est qu’un immense délire, et la série en prend pour son grade : Andrew résume ainsi la base de la série sous sa forme la plus simpliste : une femme forte combat les démons, et c’est son but dans la vie (simplification qu’utilisent aussi allègrement les détracteurs de la série) et fait de même pour Dawn en filmant une vulgaire clé sur la table pour décrire ce qu’elle était ! (« Je n’ai pas très bien compris ce que ça veut dire » : MRD)
Andrew caricature largement la relation de Buffy avec Spike, à l’aide d’une scène qui fait fortement penser à une scène de film érotique (ralentis, petite musique, photographie dans les tons jaune et orange et présence du raisin !) Il tourne en ridicule le personnage de Buffy en la montrant comme une rabat-joie dont les discours à rallonge ennuient tout le monde y compris ses amis les plus proches !
Le gros délire qui caractérise la première partie de l’épisode est visible aussi dans les flash-backs de la vie d’Andrew : la scène rejouée de Two to go dans lequel il fantasme d’avoir résisté à Willow, et surtout le passage au Mexique, dans lequel il imagine le Trio dans un pré en train de chanter « Nous sommes des Dieux ! », marguerites, toges blanches et harpes à l’appui !
Mais si l’épisode est clairement un des plus drôles de la série, il sait également être touchant et dramatique. En effet, il met un point final à la relation entre Alex et Anya et leur conversation dans laquelle ils s’avouent leurs sentiments est assez émouvante et interprétée avec justesse.
La fin surtout est très dramatique et très émouvante : Andrew face à la mort craque et s’avoue son crime. Toute cette scène était puissante en émotions et en impact dramatique, car Buffy semblait décidée à le tuer et cette scène aurait donc pu être la dernière d’Andrew, surtout quand on connaît Joss Whedon et son impitoyable manière de tuer des second rôles attachants n’importe quand dans la saison.
Ensuite, la dernière scène, dans laquelle Andrew fait le point sur lui-même, est sobrement interprétée par Tom Lenk qui véhicule de l’émotion dans son jeu.
En fin d’épisode apparaît également une tension que le gros délire du début avait effacé : Wood est plus que jamais décidé à tuer Spike même s’il est dans son camp, et la Force est une menace toujours aussi puissante.
Pour revenir sur la seconde intrigue de l’épisode, à savoir le couple Alex-Anya, j’ai maintenant très peur pour l’avenir d’Anya dans la série. Selfless a révélé tout ce qu’il manquait sur son personnage et a conclu son intrigue démon, et Storyteller met un point final à sa relation avec Alex.
Etant donné que la boucle est bouclée sur son personnage, va-t-elle survivre au final ?
*** Les citations de l’épisode ***
Anya : « Tu ne peux pas simplement te masturber comme nous tous ? »
Buffy : « Et un imbécile en réanimation, ça te plairait ? »
Andrew : « Dans la cuisine, l’angoisse est palpable...
Dawn : Oh ! On a plus de barre de céréales.
Anya : Je vais le noter sur la liste.
Andrew : Comme je vous le disais, l’angoisse est à son comble. »
Buffy : « Je suis en train d’attendre le bus toute nue, c’est un rêve ; une armée de vampires préhistoriques, c’est une vision. »
Andrew : « Observez Spike et le proviseur... Il y a une tension sexuelle à couper au couteau »
Buffy : « Tu as poignardé Jonathan, ne me dis pas que tu voulais seulement le raser de près ! »
Andrew : « J’ai tué mon meilleur ami. On va vers une grande bataille, et je ne suis pas sûr d’y survivre. Et c’est probablement tout ce que je mérite »
Excellent et indispensable épisode, qui développe le personnage d’Andrew, qui était jusque là mis en retrait, et qui conclue définitivement et de manière douce amère la relation Alex-Anya. Jane Espenson signe son meilleur épisode, une mise en abyme de la série par un énorme délire, autant visuel que par ses répliques.
La deuxième partie revient à l’action et au côté dramatique et conclue l’épisode sur une note émouvante.
En bref un épisode spécial qui comporte tout ce qu’on aime dans la série : l’aspect mythologique, l’action, l’humour, le suspence et l’émotion, le tout présenté de manière très originale.
La troisième perle de la saison 7.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires