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2.05 - Precipitate

La chaîne rouge de la vie ou la théorie des dominos

samedi 28 février 2004, par Le Trekker Greg

Johnny est renversé par une voiture et a besoin d’une transfusion. Il subit alors des visions qui le placent dans la peau des six donneurs desquels provient le plasma qu’il a reçu. Il découvre que l’un d’eux va mourir.


"Urgences/Precipitate" est spécial. C’est bien sûr un épisode d’une série TV mais c’est aussi un gros spot publicitaire de 42 minutes pour le don du sang. Cet épisode fut écrit en vue de la semaine annuelle du don du sang aux USA. C’était un épisode de commande, donc potentiellement contraignant créativement.


En effet ce n’est pas forcement facile de fournir une histoire solide quand on impose à une équipe de scénaristes un thème ou un but même quand c’est pour la bonne cause comme ici.

Et pourtant, l’épisode s’en sort très bien. On aurait pu craindre un ton grave assez lourd jusqu’à tomber dans le mélo mais les scénaristes, à contre-pied, nous offrent une histoire légère, drôle et assez loufoque malgré l’enjeu : la vie d’une personne.


D’abord, l’idée de départ donne le ton. Johnny, gravement accidenté, doit recevoir une transfusion. Rien d’extraordinaire pour un homme ordinaire mais pour Johnny et son don, c’est tout de suite plus détonnant. La transfusion qu’il a reçu provient de 6 donneurs différents et à chaque fois que le physio circule dans sa Dead Zone, il entre dans la peau de l’un d’eux et expérimente ce qu’il font ou feront. Une idée à la fois simple et ingénieuse qui étend (encore) les situations dans lesquelles son don peut le plonger.


Dans un premier temps, c’est l’occassion de voir Johnny sauter dans la peau de l’un puis de l’autre où Anthony Hall s’en donne à coeur joie (on regrette de ne pas savoir ce que ça donne en VO) dans des scènes cocasses (um... des huîtres au céréale de bon matin quel bonheur). Petites présentations des six donneurs et donc des six identités de Johnny :



- Bob : employé de bureau célibataire qui cherche l’âme soeur sur internet


- Jonah : employé dépressif dans une librairie qui aspire à devenir écrivain de science-fiction mais sans succès.


- un mystérieux coursier casqué acrobate en VTT


- Mort : un SDF bronchitteux, ancien combatant de la Guerre du Golf


- Barclay : l’homme d’affaire gros mangeur. Plat préféré : les huîtres


- Shari : femme enceintre travaillant dans le box voisin de Bob. Récemment séparé de son petit-ami biker et plein de muscle.


Puis l’élément dramatique survient : Johnny découvre que l’un de ses donneurs va mourir aujourd’hui sur les coups de 15h. Il a deux heures pour repérer ses donneurs, identifier celui qui va mourir et empêcher le drame. Sa tâche est d’un côté facilitée et de l’autre compliquée quand il découvre que ces donneurs fréquentent la même petite place d’un centre d’affaire et de commerce surplombé par le carillon qui dans sa vision sonne les trois coup de la mort de l’un d’eux.


Aidé par Bruce, Johnny ne sait pas où donner de la tête. L’urgence de la situation fait tomber le personnage dans la frénésie la plus totale pour notre plus grand plaisir, loin de l’homme posé que l’on a l’habitude de voir. Hall est excellent. Tel un ange gardien surbooké (d’1m80 celui là quand même ;), il se mêle de façon express de la vie de ses 6 donneurs pour identifier celui en danger et prévenir le drame.


Mais les trois coup fatidiques sonnent et Johnny n’a pas pu mettre la main sur le mystérieux acrobate en vélo. Toutefois Johnny a une dernière vision quelques instants avant le drame supposé. Il découvre que par ses interventions auprès des cinq autres donneurs, il a mis en place une chaîne d’événements suivant la théorie des dominos où chacun d’entre eux jouent un rôle clé qui débouche sur le sauvetage de la fille au VTT.
C’est très bien écrit mais c’est surtout très bien mis en scène avec cette toujours sublime suspension du temps de certaines visions de Johnny. Il se déplace au milieu du mécanisme qu’il a inconsciemment construit : il a réuni Bob et Shari, cette dernière heureuse offre une fleur à l’homme d’affaire obèse qui, guilleret, consent à donner une pièce au SDF ; en récupérant l’argent celui-ci éblouit avec son gobelet l’écrivain en herbe qui assit sur les marches lève la tête de son bouquin pour se rendre compte que la cycliste est sur le point de traverser la rue plein pot sans voir arriver une voiture et prévient ainsi l’accident. Moralité de l’histoire ou slogan publicitaire : "Donner son sang peut sauver des vies".


Une histoire légère et cocasse bien scriptée et surtout très bien exécutée avec un Anthony C.Hall très en verve pour au final un épisode civique.