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5.03 - Where’s Johnny ?

Don’t you love me ?

Cherche Johnny Désespérément

dimanche 12 septembre 2004, par KB

Après un 1er épisode présentant la situation actuelle de la vie privée de Tony et un 2è épisode en faisant de même du côté du bizinessi, ce 3è épisode sonne le tocsin. Les choses sérieuses commencent.

Excellent épisode. Un vrai plaisir.


Le titre de l’épisode est assez évocateur des états d’âmes des personnages de part et d’autre.


D’une part, de l’état de santé d’Oncle Junior qui se dégrade tellement, que ce dernier en vient à errer d’un endroit à un autre, se rendant dans son ancien quartier du temps de sa jeunesse, à la recherche de son frère Johnny comme il est à la recherche du bon vieux temps, là où les ennuis judiciaires latents et médicaux ne sont pas au rendez-vous, là où il est respecté, a réellement de l’autorité.

- "Where’s Johnny ?"

- "He’s gone, my friend."


D’autre part, de la lutte entre Johnny Sack et Carmine Lupertazzi Jr et ce dernier qui teste l’autorité et la volonté de John, sans oublier Angelo Garepe, récemment sorti de prison, qui joue plus que le rôle de trouble-fête sachant qu’il a été pendant 30 ans le Consigliere de Carmine Lupertazzi Sr, décédé depuis.
Carmine défie Johnny Sack en envoyant Lorraine Calluzo (dit "Lady Shylock" par Christopher Moltisanti), amie de longue date, faire la récolte de billets chez les commerçants en compagnie de son amant et associé, Jason Evanina.


Johnny l’a avertie à deux reprises, lui demandant d’arrêter, et finit finalement par se montrer concrètement en envoyant son homme de main, récemment sorti de prison également, Phil Leotardo (très bonne prestation d’ailleurs). Ce dernier, aux méthodes et pensées de la vieille école, ne fait pas dans la dentelle.
"Tu joues le bonhomme, on te frappe comme un bonhomme." telle est probablement sa devise. Et la petite froussarde mouille méchamment si bien qu’elle en arrive à dire : "I’ll suck your cocks, all you guys."
Mais ce n’est pas du goût de Leotardo qui pose un bottin téléphonique sur sa poitrine et tire à bout portant sur le botin qui n’est percé qu’à moitié. Lui et son groupe s’en vont après avoir prévenu une dernière fois : "Next time, there’ll be no next time."
Tony essaie d’arranger la situation en proposant un pouvoir partagé à 3. Proposition à laquelle Johnny répond par un cinglant "Fuck that !"

- "Where’s Johnny ?"

- "There he is !"


La situation dans laquelle se trouve Tony Soprano est au plus mal.
Il est isolé au niveau familial avec une Carmela absente et une Meadow qui ne vient pas au repas familial du dimanche. La seule famille qu’il voit régulièrement, en dehors de son fils, est son oncle, sa soeur et son mari, et son cousin Tony B.
Les attitudes des uns et des autres n’arrangent pas les relations.


Bobby Bacala est devenu "la seule personne en qui Tony ait confiance". Le fait qu’il soit légèrement en retrait niveau biz par rapport aux autres joue en sa faveur, les affaires n’empiétant pas sur les relations familiales. Le hic, c’est que Bobby "veut avoir plus de responsabilités", veut palper plus de billets verts ce qui signifie de facto s’occuper moins souvent de Junior ce qui n’enchante pas T qui, néanmoins, "verra ce qu’il pourra faire". Et si la confiance accordée à Bobby lui permettait de se rapprocher de Tony dans les affaires et de devenir le bras droit, l’homme de confiance que T recherche ?


Tony Blundetto, sorti de prison, préfère travailler légalement, ce qui embarasse Tony Soprano qui le voyait sans doute comme homme de confiance.


La relation plus ou moins apaisée entre Tony et Janice depuis la mort de Richie Aprile et de Livia Soprano a très probablement volé en éclats. Un violent face-à-face en présence de Bobby et de... Artie (qui, décidément, n’est pas chanceux) voit Tony balancer des tas de critiques acerbes à la figure de sa soeur qui, excédée le gifle. T, sûrement par respect pour Bobby, se maîtrise et ne fait que la saisir par le cou. Artie, intervenu pour calmer les esprits, se mange une golden par Janice avant qu’elle ne quitte les lieux en furie sous le regard à la fois ahuri et désespéré de Bobby.
"Tu veux des responsabilités ? En voilà !" lance Tony à Bobby en lui suggérant "d’aller la contrôler."


Oncle Junior, lui, voit sa mémoire flancher, ce qui met Tony hors de lui quand il évoque à nouveau ses qualités limitées en tant qu’athlète alors que T lui avait demandé de ne plus parler de ça.
Qui sait ce que son oncle peut balancer comme info si les Fédés le coincent dans cet état ?
Ca me fait penser à ce que disait ce dernier à son neveu à propos de Christopher qui avait touché le fond à cause de la drogue (4.10) :
"Quand un chien attrape la rage, la seule solution qui reste est de l’abattre."
Tony n’avait pas suivi cette voie et a décidé d’aider Christopher qui s’en est sorti. Peut-être en fera-t-il de même avec son oncle. Sûrement d’ailleurs. Il se rend chez lui en essayant de comprendre ses critiques répétées à son égard.
"Why’s it always have to be something mean ? Why not somethin’ good ?"
"Don’t you love me ?"



Et voilà comment les questions de Tony renvoient à la relation qu’il avait avec sa mère et, dans une moindre mesure, à celle avec Carmela juste avant leur séparation.


Tony se pose des questions, se demande comment les choses en sont arrivées là, comment se fait-il que Christopher ouvre ses fesses lors d’une table ronde ô combien importante alors qu’il lui avait expressément demandé de ne rien dire, comment une femme (Janice) a osé levé la main sur lui, "The Boss of this Family", comment faire pour apaiser la situation à New York sans se compromettre tout en en tirant avantage.


Toutes ces questions, il se les pose intérieurement, en imaginant ce que son père, Johnny Soprano, aurait fait à sa place.
Le "Where’s Johnny ?" sous-entend également via le nom du chef de famille "Comment la famille Soprano a pu en arriver là ?" avec Corrado malade, avec Janice qui roupille toute la journée (et, à vrai dire, depuis toute sa vie), avec la séparation entre Carmela et T.

- "Where’s Johnny ?"

- "Who the fuck knows..."


Excellent épisode qui met sur le devant de la scène un personnage que j’aime beaucoup : Oncle Junior. Cet épisode met aussi l’accent sur les rancoeurs familiales toujours présentes dans les esprits. Quant au pauvre Artie, à peine il débarque chez Tony qu’il se mange une golden (LoL). Sinon, la séquence qui me fait éclater de rire est celle où Phil Leotardo demande à Jason Evanina, le petit ami de Lorraine Calluzo, si cette dernière est douée pour les pipes, avant d’ajouter : "Pourquoi je demande ça à toi ? Tu lui as sans doute appris." (MDR).