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5.07 - In Camelot

There’s no chemical solution to a spiritual problem

Gentleman Tony

dimanche 26 septembre 2004, par KB

Cette rencontre avec l’une des maîtresses de Johnny, le père de Tony, établit un lien entre le passé, le présent et le futur.

Un peu comme l’épisode précédent, on n’a pas affaire à du très grand Soprano mais on progresse tout de même.


Au niveau du passé car Tony découvre des choses sur son père. Son image de modèle fait plus que s’effriter lorsqu’il apprend qu’il a donné Tippy le chien à sa maîtresse alors que Tony et Janice avaient des versions différentes sur sa disparition. Et on sait que Tony aime les animaux et est très émotif quand il s’agit d’eux.
L’image qu’a T de son père se dégrade davantage lorsqu’il se rend compte (ou plutôt lorsqu’il accepte la réalité de la situation de l’époque) de son attitude un jour où Livia se mit à saigner, étant enceinte. Le père se trouvait chez sa maîtresse et ne viendra la voir à l’hôpital que le lendemain malgré les appels incessants de Tony, âgé de 16 ans à l’époque.


L’image qu’il accorde à la maîtresse de Johnny prend la même tournure lors de cet épisode.
Les premiers moments sont empreints de joie, de respect à l’idée de mieux connaître son père à travers elle. Mais plus on avance dans cet épisode, et plus Tony éprouve du dégoût à son égard, parallèlement à la déception issue de certains comportements de son père. Ca commence avec l’utilisation qu’elle fait de l’argent que Tony lui a récupéré. Au lieu de payer ses factures comme lui conseillait T, elle préfère acheter des chaussures de luxe. Ce qui déplait à Tony qui, au passage, s’embrouille avec Phil Leotardo.
Ca continue avec la remarque qu’elle fait à propos de Livia "She looked like a refugee on New Years." Certes, Tony ne porte pas sa mère dans son coeur mais il n’est pas prêt d’accepter qu’elle soit l’objet incessant de remarques irrespectueuses.
Egalement le fait qu’elle continuait à fumer malgré l’emphysème de Johnny. Juste après ça, Tony refuse une tasse de café et s’en va.
Sans oublier la scène où elle porte la casquette ayant appartenu à JFK et entonne le "Happy birthday, Mr. President." On voit Tony tirer une tronche de dégoût. Je pense qu’à ce moment, lui est venu l’envie de se la faire et tout de suite après le rejet immédiat de ce qu’il vient de désirer, qui annonce un point de non-retour dans l’image plus ou moins respectueuse qu’il se faisait d’elle.


Un parallèle est aussi établi entre Tony et Christopher où ce dernier se retrouve dans une situation où son pote rencontré en désintox lui doit de la maille. Un peu à l’image de Tony Soprano avec David Scatino (le proprio du magasin de sport qui a dû vendre le 4x4 de son fils pour payer sa dette). Christopher profite de la situation tout comme l’a fait Tony à l’époque.


Je crois que cet épisode est susceptible de marquer la réconciliation entre Tony et Carmela.
L’épisode précédent, Sentimental Education, montrait une Carmela incapable de gérer une situation sentimentale en dehors de Tony, culpabilisant alors qu’ils sont séparés, le craignant alors qu’elle se veut indépendante.
Cet épisode nous montre un Tony se rendant réellement compte de la situation détestable dans laquelle il se trouve sentimentalement. Il comprend à travers les actes de son père ce qu’il a fait à Carmela et ce que cette dernière a pu vraiment ressentir. Il comprend (ou accepte finalement l’idée) que les maîtresses ne sont attirées que par le matériel, ne portant guère d’intérêt réel aux mecs qu’elles se font, pour la plupart d’entre elles (la maîtresse de Johnny qui fume alors qu’il a une emphysème, achète des chaussures de luxe alors qu’elle a des factures à payer).
Et que les mafiosi ne couchent avec elles que pour le plaisir de la chair sans réel amour. Pendant que Tony saute Valentina, cette dernière lui dit [i]"Montre à Valentina que tu l’aimes"[/i] ce qu’est incapable de dire Tony alors qu’il regarde la photo d’un chien, renforçant son incapacité, tout en rappelant la situation de son père, la sienne, tout ce qu’il commence à rejeter.


Tony se rend compte qu’il vaut mieux être avec la femme de ses enfants plutôt que de passer son temps avec toutes ces putes qui ne lui apportent rien, concrètement.
"There is no chemical solution to a spiritual problem" dixit Christopher.


Ce sentiment est renforcé par le sermon de Père Intintola lors de l’enterrement d’Oncle Zio où il loue la relation entre le défunt et sa femme : "They had each other" comme pour exhorter Carmela et Tony à se remettre dans le droit chemin. Peut-être que le changement de couleur du SUV (Escalade) de Tony (noire à blanche) est le signe d’un changement en profondeur.


Toujours est-il qu’au Bing, l’hypocrisie est toujours de mise. A l’image de Christopher et de Paulie dans Two Tonys (5.01) où ils évoquent leur histoire avec le Russe dans Pine Barrens (3.11) comme étant un bon moment alors qu’on sait qu’ils ont failli y rester, Tony enjolive la situation en racontant à ses potes que la maîtresse de son père a été celle de JFK pendant 3 ans. Et pour faire passer ce mensonge qui le ronge intérieurement, cette situation qu’il déteste au fond de lui, pour faire passer l’image de ses filles dansant à poil représentant la futilité, Tony essaie d’oublier en buvant à la va-vite son whisky et en fumant hâtivement son cigare, laissant la fumée obstruer la vision réelle des choses.
7,5/10.